• ¤¤¤
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE NI NE SE JAUGE
    NI NE SE JUGE)

    ¤¤¤

    (Le Maestro exigeait que l'appétit de vivre
    joue plus fort dans l'orchestre)


    (Source: arratik)

    ¤¤¤

    (Jolies vierges attendant une équipe de dessinateurs...)



    Parlons (Inter) Net
    Un scandale ! Pas un seul général 
    dans la rue dimanche pour honorer 
    Charlie Hebdo.

       (...) François Hollande et Manuel Valls qui laissent crever la presse d’opinion, Nicolas Sarkozy qui confia France Inter à Philippe Val pour qu’il en expulse trois humoristes, Angela Merkel qui étrangle la Grèce, Benjamin Netanyahu (no comment), participent à la « marche républicaine » dimanche à Paris pour Charlie Hebdo. Marine Le Pen, dont le parti fit plus de dix procès à Charlie Hebdo enrage de ne pas en être.

       Il y aura aussi l’Espagnol Mariano Rajoy qui vient de faire voter des lois liberticides les plus brutales d’Europe, le président ukrainien Petro Porochenko (« Bal tragique à Odessa : 41 morts ») sans ses ministres nazis et sans son formulaire pour s’inscrire à l’OTAN (une école de dessin).

       Ah ! cette immense messe en plein air dans une inédite communion nationale : il n’y a pas de partis, pas de religions, pas de riches, pas de pauvres, pas d’ouvriers, pas de banquiers, pas de pacifistes, pas de va-t-en guerre, pas de chômeurs, pas de milliardaires, pas de journaux bourrés de thunes et de journaux de gauche qui crèvent ou qui se vendent au CAC40, seulement des Français.

       La farandole fraternelle des pompiers et des pyromanes, main dans la main, dans la forêt.
    La mascarade serait parfaite (pas vrai, Cabu ?) s’il y avait des généraux en uniforme. Il faudra se contenter de 5.500 policiers et militaires.

       Willem a déclaré « vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos amis... ». LGS aussi, qui a durement polémiqué naguère avec un Charlie Hebdo debout et qui ne va pas, lui, l’embrasser de force, aujourd’hui.

       Théophraste R. (On peut pleurer de tout, mais pas avec n’importe qui).

       PS. Achète éventail pour éloigner les mouches bleues.


    ¤¤¤

    "Bon sang, mais où sont passés ces dessineux?
    Toujours à traîner autour d'une bonne
    bouteille, hein?"


    2-crowes: Mircea Suciu

    ¤¤¤
    Luc Desle

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOURIS AUX SOURIRES
    QUI PASSENT)

    +++

    (Le taureau passa devant le matador
    en vérifiant l'angle d'attaque de ses cornes)


    Pocket-Books-771-1951-600x920


    +++

    "Tu es ridicule! Tout ça parce que
    j'ai fait brûler le gigot...
    Quel soupe au lait tu fais!"



    +++

    "Mais non, Chérie, il n'y a pas d'araignée
    suceuse de sang sur le bateau. Rendors-toi.
    - Tu es... hips... sûr?"



    +++

    "Mais enfin, puisque je te dis
     que tu la mérites, cette gifle!
    - Si tu me la donnes, 
    je me jette dans le vide"



    +++
    Blanche Baptiste

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  • %%%
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE TEMPS T'ENLACE 
    AMOUREUSEMENT)

    %%%

    "Mais Bon Dieu, j'étais sûr d'avoir rangé 
    ma Studebaker sur cette @%*$ de plage!!!"


    gary-burden-design_bob-seideman-photography_
    rick-griffin-lettering_neil-young_on-the-beach_reprise-1974 (1)


    %%%

    "Hell and Devil! La Marmite infernale
    nous a retrouvés!"


    frank-frazetta_into-the-aether_ny-dell-1974_3830


    %%%

    "Bon, on mettra la cuisinière ici...
    - Heu... On ne s'occupe pas d'abord du lit?"


    the-farmers-hotel_ny-bantam-books-1969_s4477


    %%%

    "Chouette! Un zeste de soleil cancérigène...
    Super!"


    fabio-nicoli-art-direction_paul-wakefield-design-and-photography_
    dick-ward-design_supertramp_crisis-what-crisis_AM-1975


    %%%
    Blanche Baptiste 
    (et Jacques Damboise, dit "Le Bon Beurre de ces Dames")

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA DESTINÉE N'A AUCUNE VOLONTÉ)

    @@@

    (Blonde attendant que sa chaîne Hifi fasse des grillades)


    Full image link → 1969


    @@@

    (Européenne répondant finement aux grossièretés américaines)


    funnyjunk.com

    Les cinq leçons du « fuck the EU ! »
    d'une diplomate américaine

    Sylvie Kauffmann
    Journaliste au Monde

       (...) On savait que les défunts présidents Johnson et Nixon parlaient comme des charretiers dans l'intimité du Bureau ovale ; on ignorait que certains responsables de la diplomatie américaine perpétuaient cette tradition encore aujourd'hui. Grâce aux Russes, on sait depuis jeudi 6 février que Victoria Nuland, chargée de l'Europe au département d'Etat, est une digne héritière du parler cru de la Maison Blanche, surtout lorsqu'elle évoque ses amis de l'Union européenne : « Qu'ils aillent se faire foutre ! »

       Le plus intéressant pourtant, dans cette conversation téléphonique entre MmeNuland et son ambassadeur à Kiev, Geoffrey Pyatt, délicatement enregistrée à leur insu par – présume-t-on – les services secrets russes, n'est pas le « And, you know… fuck the EU ! » qui ponctue la description par la responsable américaine de sa stratégie sur la crise ukrainienne. L'expression gagne en clarté ce qu'elle perd en élégance, et après tout, Dominique de Villepin au Quai d'Orsay ne faisait pas non plus dans la nuance en fustigeant les « connards » de tous bords. Le plus intéressant, en réalité, c'est tout ce qu'il y a autour de l'interjection. Cinq leçons peuvent en être tirées :

       /Moscou n'hésite pas à recourir aux vieilles ficelles du KGB

       Selon l'agence Reuters citant une source diplomatique, l'enregistrement a été diffusé sur YouTube jeudi par Dmitri Loskoutov, un collaborateur du vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, avec transcription de l'échange en russe, alors que Mme Nuland arrivait à Kiev. Une autre conversation téléphonique, moins toxique, entre une adjointe de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, Helga Schmidt, et l'ambassadeur de l'UE à Kiev, Jan Tombinski, a été postée sur YouTube au même moment. Message subliminal : les dirigeants occidentaux vont et viennent en Ukraine pour soutenir le mouvement de Maïdan, mais les services secrets russes sont chez eux.

       /Il n'y a plus de diplomatie secrète

       Les Américains sont pourtant bien placés pour le savoir, après la fuite géante des télégrammes diplomatiques de WikiLeaks en 2010 et l'affaire Snowden en 2013. La NSA écoute le monde entier, mais deux hauts responsables américains s'entretiennent d'une des crises mondiales les plus sensibles du moment sur leur téléphone portable sans se soucier d'être écoutés ? C'est l'arroseur arrosé. D'après la presse américaine, les diplomates américains de ce rang ne sont pas équipés de téléphones portables cryptés. Washington n'a pas confirmé l'authenticité de la bande audio, mais ne l'a pas démentie non plus, et Victoria Nuland s'est excusée auprès de l'UE.

       / Les propos de Victoria Nuland sont révélateurs des divergences profondes entre Américains et Européens sur l'Ukraine

       Les Etats-Unis traitent l'affaire ukrainienne comme une crise de la guerre froide : l'Occident contre la Russie. Ils veulent prendre des sanctions et ne comprennent pas que l'UE hésite. Les Européens, eux, voient dans l'Ukraine une crise qui concerne au premier chef l'UE et l'un de ses voisins, dont une partie de la population aspire à la rejoindre. En outre, les Etats-Unis sont un Etat fédéral, tandis qu'en Europe, les décisions se prennent à vingt-huit. C'est plus compliqué et ça exaspère Washington. Le mari de Victoria Nuland, Robert Kagan, est l'auteur d'un livre célèbre : La Puissance et la faiblesse (Plon, 2003), dans lequel il explique que « les Américains sont de Mars et les Européens de Vénus ». C'est, visiblement, une vision que partage Mme Nuland. Mais au-delà des sanctions, les Etats-Unis n'ont pas non plus de solution-clé en mains à proposer pour la crise ukrainienne.

      / La maladresse, voire l'arrogance, américaine

       La familiarité avec laquelle la vice-secrétaire d'Etat évoque les dirigeants de l'opposition ukrainienne (« Yats » pour Arseni Iatseniouk, « Klitsch » pour Vitali Klitschko) et les postes qu'elle leur attribue dans un éventuel gouvernement traduit une étonnante maladresse, voire arrogance, dans la méthode, compte tenu des échecs américains à installer des équipes au pouvoir dans des pays étrangers depuis dix ans. Elle-même et l'ambassadeur Pyatt parlent des protagonistes de la crise ukrainienne comme si leur sort dépendait d'eux, ce qui n'est pas le cas. Inévitablement, le titre de la bande audio sur YouTube, en russe, est : « Les marionnettes de Maïdan ».

       /L'exaspération allemande

       L'affaire enfonce un coin supplémentaire dans les relations entre l'Allemagne et les Etats-Unis, de plus en plus froides. Angela Merkel n'a toujours pas digéré d'avoir appris par Edward Snowden que la NSA écoutait son téléphone et le fait payer aux Américains depuis, en mettant en avant la fureur déclenchée dans l'opinion publique allemande par les révélations sur l'ampleur de la surveillance électronique. La chancelière a été la première à réagir, vendredi, en faisant savoir qu'elle considérait les propos tenus par Mme Nuland comme « absolument inacceptables », suivie samedi par Herman Von Rompuy, le président du Conseil européen, qui a utilisé le même terme : « inacceptable ». Les autres dirigeants européens préfèrent pour l'instant rire ou enrager sous cape, ou, comme l'ambassadeur de l'UE à Washington, Joao Vale de Almeida, riposter avec humour :

       Finalement, les dégâts pourraient être plus importants que ne le laissait penser au départ la dimension anecdotique de la gaffe Nuland. Encore un joli coup des Russes dans la partie d'échecs qui se joue depuis l'été dernier entre Moscou et les Occidentaux.


    @@@

    (Y avait-il eu un accord secret 
    entre le macaque et le pandore?
    Certains en mettaient leur main à couper)



    Illustration by Pem For "Le Sourire" September 1928

    @@@
    Luc Desle

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUE SAIS-TU DE LA BEAUTÉ DU MONDE?)

    +++

    (La fille aux cheveux de vent,

    entre deux bourrasques,
    se repose parfois un peu)


    (Source: buffbuns)

    +++

    (Le Revenu de Base permettrait-il de s'acheter
    la photo d'un yacht sur papier brillant?)



    Simple, juste et efficace :
    le revenu de base pour tous

    Karima Delli
    Députée européenne

       (...) Oui, c’est la crise, en France comme en Europe. Les derniers chiffres disponibles nous disent que plus de 26 millions de personnes sont en recherche d’emploi, soit 10,9 % des actifs européens. Les jeunes sont encore plus touchés avec un taux de chômage moyen de 24 %, qui atteint même 55 % en Espagne et en Grèce ! Ce sont des niveaux jamais vus depuis très longtemps.

       Parmi les européens qui ont encore un emploi, 30 millions vivent sous le seuil de pauvreté. Cette pauvreté prend désormais de nouveaux visages, puisque les familles, les personnes âgées, les parents isolés en deviennent les nouvelles victimes. En tout, on compte 120 millions de personnes au bord ou dans la pauvreté, soit l’équivalent de deux fois la population française !

       L’épuisement de la croissance et la concentration des profits dans les mains de quelques-uns impose un changement de paradigme. Si je vous dis qu’il existe un outil simple, juste, efficace, émancipateur, qui permette un partage plus équitable des richesses, ça intéresse quelqu’un ? Un revenu de base pour toutes et tous, est-ce crédible ? Je dis oui, trois fois oui, et grâce à la mise en place d’une Initiative citoyenne européenne, Près de 200 000 personnes ont déjà demandé à la Commission européenne de faire une proposition en la matière ! Partout dans le monde, des voix s’élèvent pour défendre cette idée novatrice. Ils ont bien raison, car le revenu de base pour tous, sans conditions… (...)

       (...) Les diverses aides sociales pécuniaires sont fondées, aujourd’hui, sur la mutualisation des revenus du travail. Mais depuis une quinzaine d’années, les conditions d’accès aux droits sociaux se sont restreintes, de plus en plus d’individus ont été exclus des filets de protection sociale. Pour ceux qui restent bénéficiaires des aides, la complexité et la durée des procédures les poussent souvent à abandonner leurs démarches, sans toucher leurs droits. In fine, c’est la cohésion sociale, et la participation du citoyen à la vie de la cité, qui en a pris un coup.

       Le revenu de base inconditionnel répare ces dégâts et crée un vrai progrès social, puisqu’il repose sur un principe de solidarité universelle liée à la dignité humaine et aux droits humains. Peu importe le « mérite » (impossible à déterminer) ou le salaire (qui ne récompense pas la création de richesse hors du cadre salarié) : chacun a le droit à cette aide, point barre. La cohésion sociale, le lien entre tous les milieux sociaux, l’intégration des populations étrangères seraient incontestablement favorisés par la mise en place d’un revenu de base inconditionnel. (...) 

       Beaucoup de sceptiques froncent le sourcil quand on leur parle du revenu de base, et selon les périodes, on considère que soit ce n’est pas nécessaire, soit ce n’est pas finançable. Difficile de dire qu’aujourd’hui cette aide serait malvenue, il suffit de voir les millions de personnes qui ont renoncé à demander leur RSA. Sur le coût, rappelons que si on met en place un revenu de base, on peut revoir à la baisse, voire supprimer un tas d’autres aides aujourd’hui trop diffuses pour être efficaces.

       Quant à l’argument selon lequel, même les personnes aisées pourraient bénéficier de cette aide universelle alors qu’elles n’en ont pas besoin, il ne vaut pas car ces personnes rembourseraient l’allocation au moment de payer leur impôt sur le revenu. (...)

       La plus grande objection au revenu de base, c’est que les gens aient droit à un revenu sans travailler. En gros, le revenu de base serait une « usine à feignasses ». Désolé, mais cette idée ne résiste pas à l’épreuve des faits ! Sur le principe, rappelons déjà que dans une communauté humaine, où chacun vit en relation avec les autres, et au vu du gigantesque stock de richesse accumulé, nous avons tous droit à une petite part de la richesse collective. (...) 

       Par ailleurs, des expérimentations menées en Amérique du Nord entre 1970 et 1980 ont permis de montrer que le revenu de base n’est pas une utopie. Certes, ces expériences restent encore beaucoup trop sporadiques, mais elles attestent de résultats concrets et très encourageants. Par exemple, que l’instauration du revenu de base n’a découragé personne de travailler. En revanche, les gens ont pris plus de temps pour chercher une activité qui leur convenait véritablement. Les adolescents ont abandonné les petits jobs étudiants les plus ingrats. Les jeunes mamans ont gagné un temps suffisant pour profiter de leurs nouveau-nés. Les femmes ont tiré leur épingle du jeu en gagnant une autonomie face au mari seul fournisseur du revenu. Mieux, si la pauvreté a disparu, le niveau d’éducation a grimpé tandis que le nombre d’hospitalisations et les frais collectifs qui en découlent chutaient. (...)

       Versé à tous, le revenu de base inconditionnel permettrait d’abord de garantir un niveau de revenu suffisant pour vivre dans la dignité. Mais ce n’est pas tout. Il permettra de supprimer le travail administratif lié à la surveillance des bénéficiaires de l’aide sociale, discutable du fait de son caractère humiliant, intrusif et moralisateur. Vecteur de respect de soi-même, il permettra de lutter contre la stigmatisation des plus démunis. Il rendra solvables certains travaux ou certaines tâches créatives ou de lien social qui ne seraient autrement pas rentables, augmentant la liberté des individus de vivre comme bon leur semble, en harmonie avec leurs voisins. Il permettra de rendre le pouvoir de négociation à ceux qui en ont le moins aujourd’hui : exclus du marché du travail, salariés précaires, jeunes...

       L’Europe n’est pas qu’un grand machin néolibéral (on travaille à changer ça, il y a encore du boulot). L’Europe, c’est aussi une formidable occasion d’avancer. Le moment est venu de remplacer le compromis social basé sur la croissance par un nouveau compromis basé sur un revenu de base inconditionnel. Alors qu’attendez-vous pour signer l’initiative citoyenne pour un revenu de base inconditionnel ? Il nous reste jusqu’au 14 janvier 2014 pour donner le poids le plus lourd possible à cette demande !



    +++

    (L'Homme Invisible avait des amusements basiques)

    +++
    Benoît Barvin

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS LE VENT QUI CARESSE LA PEAU)

    +++
    Nouveau court récit au long cours (24)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       Daniel va-t-il vraiment mettre son projet à exécution?


        Daniel a eu un comportement vraiment étrange tout ce matin. Encore plus étrange que les jours précédents. Au réveil, Rachel l’a entendu parler d’action, de menace, d’hécatombe. Il est vraisemblablement très perturbé par son passé. Elle avait pensé un moment, suite à ce qu’il lui avait dit au sortir du night, soit disant en plaisantant, que ses fioles contenaient en fait des produits dangereux. Eh bien, dès qu’il s’est endormi, elle a fait très vite. 

       Elle s’est levée pour vérifier ces fameuses fioles, elle les a ouvertes une à une et après les avoir senties, elle a constaté qu’elles étaient totalement inodores. Elle s’est même risquée à tester les bouchons sur sa langue. Le goût en était insipide. Tout au plus, empreint d’une légère saveur sucrée.

       Elle a voulu le brancher sur le sujet au petit déjeuner mais lui ne voulait parler que de Corfou et de ses criques. Qu’ils devraient prendre un bateau pour aller visiter l’autre côté de l’île, pourquoi pas cette après midi.

       Ensuite, ils sont allés marcher le long de la plage, encore plus loin qu’elle l’avait fait la veille. De là-bas on voit toute la montagne en arrière plan qui dévale vers la mer.

       Le vieux pêcheur, curieusement, n’était pas sur son ponton.

       Pendant qu’ils admiraient le paysage, Daniel s’est mis à faire des passes magnétiques au-dessus de la main de Rachel, puis de la sienne

       - J’en ai assez que l’on nous suive à la trace avec ces fichues puces ! Il est temps de s’en débarrasser. 

    (A Suivre)

    +++

    (Femme légère dansant avec un chat noir
    pour conjurer le sort)


    Illustration by Chéri Hérouard for La Vie Parisienne c. 1923 

    +++



    BRÉSIL
    Le journaliste blogueur 
    qui dérange

       (...) Le journaliste José Cristian Góes a été condamné le 4 juillet dernier à 7 mois de prison pour un article satirique posté sur son blog. Pour le vice-président du tribunal d’Aracaju, Edson Ulisses, la chronique attentait à son honneur et à celui de son beau-frère, gouverneur de l’Etat, Marcelo Déda. Voici l’article incriminé.

       "Il m’est de plus en plus difficile de sauver les apparences en me prétendant démocrate. Je ne le suis pas, et au fond vous le savez tous. Je commande et je décommande. Je fais et je défais. Tout cela au gré de ma seule volonté. Je ne tolère pas que mes envies soient contrariées. Je suis intelligent, autoritaire et vindicatif. Et alors ? 

       Cependant, au nom d’une démocratie de façade, je suis moi aussi obligé d’entretenir une façade, l’apparence de ce que je ne suis pas. 

       Ma fazenda [grand domaine agricole] s’est étendue. Elle a dépassé les limites de la capitale pour gagner l’Etat. De nombreuses personnes sont arrivées, le contrôle est désormais plus difficile. D’où cette nécessité pour moi d’entretenir mon autorité. C’est à moi qu’appartient l’argent, quoi qu’en pensent ceux qui croient que l’argent est public. 

       Je suis le grand patron. C’est moi qui nomme, moi qui congédie. C’est moi qui engage les flatteurs, les nervis, les serviteurs de tout grade et des bouffons de cour pour tous les goûts

       Malgré ce pouvoir divin, je suis contraint de me soumettre aux élections – c’est absurde. Mais ce n’est là qu’une façade de plus. Fort de tout ce pouvoir et de tout cet argent, avec des médias à ma botte et quelques phrases bien tournées et dans l’air du temps sur la démocratie, je suis imbattable. Il suffit d’attendre le jour J, et le peuple s’en va tout heureux voter pour moi. Il vote pour que je commande. 

       O peuple ignorant ! Un jour, ils m’ont contrarié : certains se sont mis en grève et ont envahi une partie des cuisines d’une des plantations. Ils disaient que la grève faisait partie de la démocratie et que je devais accepter. Accepter, rien du tout oui. J’ai fait venir un homme de main et de justice, par ailleurs (et pas par hasard) marié à ma sœur, et j’ai mis au peuple un bon coup de pied au cul. 

       J’ai envoyé des sbires de la police retirer de la circulation tous ces pauvres, ces Noirs et ceux qui parlent de droits à tout bout de champ. Le seul qui ait des droits, c’est moi. Le colonel des temps révolus vit toujours en moi, il est plus vivant que jamais. Ce colonel que je suis et que j’ai toujours été est nourri par ce peuple tout heureux qui, dans sa senzala[habitation réservée aux esclaves sur les fazendas], célèbre ma nécessaire existence. 

    José Cristian Góes
    Publié le 29 mai 2012" (...)


    +++

    (Dans cette famille, la Fraternité
    commençait au berceau)



    +++
    Benoît Barvin

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  • ***
    Pensées pour nous-mêmes: 

    (N'OUBLIE JAMAIS QUE LE
    PAPILLON EST UNE ANCIENNE
    CHENILLE)

    ***
    (Mon voisin me fait froid dans le dos)


    Waterline by Markus Walti


    ***

    "Aller dans le désert? Je suis partante...
    vous fournissez bien sûr le champagne, n'est-ce pas?"


    Hidden Gems – Madame Mirage : Panels on Pages


    ENERGIES VERTES : 
    Desertec, les leçons d’un échec
    Alexandra Borchardt
    SÜDDEUTSCHE ZEITUNG MUNICH

       (...) L’exploitation du soleil en plein désert pour approvisionner l’Europe en électricité était une idée grandiose. Mais elle peine à se réaliser. Comprendre les faiblesses du projet permettra de ne pas refaire les mêmes erreurs.

       Le projet tirait sa force des images qu’il véhiculait. Le soleil, d’abord, qui symbolisait la fin du dilemme énergétique, après le déclin du nucléaire. Puis le désert, qui évoquait l’immensité, l’espace, l’infini – y compris en matière d’idées. Le projet Desertec, dont l’objectif était de produire de l’électricité dans le Sahara pour l’acheminer en Europe, en a enthousiasmé plus d’un et fut qualifié de plus belle “idée verte" de ces dernières années. L’engouement fut tel que les grands groupes se bousculèrent au portillon. Siemens, Deutsche Bank, Munich Re – une cinquantaine d’entreprises locales ou étrangères apposèrent leur signature.

       Mais le train est en perte de vitesse. Des partenaires de premier plan se sont retirés, une des responsables du projet [Aglaia Wieland], qui entendait mener à bien la feuille de route initiale, a été remerciée. Tout ce projet n’était-il pas qu’un coup de communication reposant sur des chimères, une grande idée ruinée par les mesquineries de certains ?

       Ce serait une erreur de n’y voir qu’un simple ratage. Car le projet Desertec et les enseignements qu’il nous prodigue préfigurent l’avenir de la politique environnementale et la réussite ou l’échec de nombreux dossiers politiques qui se trouvent confrontés à de grandes inconnues. (...) 

       (...) Leçon n°1 : les ingénieurs, les managers et les scientifiques ne remplacent pas l’action politique. Il est certes tentant de voir la carte du monde ou d’un pays comme une simple feuille de papier sur laquelle on trace des lignes à loisir, grandes ou petites. Quiconque entend mettre en œuvre un grand projet serait toutefois bien inspiré de songer en premier lieu aux acteurs politiques, à leurs intérêts, aux frontières du pays et à ses régions. Il convient d’associer au projet les riverains et les voisins. Tant que l’on n’a pas pris langue avec l’ensemble des intéressés pour savoir ce qu’ils en pensent ou tout au moins pour leur dire ce qui les attend, on court le risque de se créer un adversaire potentiel : et une poignée d’adversaires peut suffire à faire capoter un projet. Dans les pays en plein chambardement, comme en Afrique du Nord, les partenaires peuvent répondre aux abonnés absents du jour au lendemain. Cet élément doit également être pris en compte par ceux qui prévoient de quadriller le pays de lignes électriques à la faveur de la transition énergétique.

       (...) Leçon n°2 : il ne faut pas confondre la communication avec le dialogue et le processus politiques. La communication est une grosse machine : présentations PowerPoint, vidéos d’entreprise, campagnes publicitaires... Des visages avenants au milieu des panneaux photovoltaïques, sur les voitures électriques ou sous le soleil du désert. C’est l’affaire des conseillers en communication. Pour autant, la campagne de communication n’est un succès que si le commanditaire parvient à imposer sa vision du projet.

       Au bout du processus politique, à l’inverse, on trouve généralement un compromis. Comme cela a été le cas pour le projet Desertec : les pays d’Afrique du Nord se serviront les premiers. Ce qui est loin d’être un mauvais compromis. Et si le résultat est bien différent du projet de départ, au moins le doit-on à des acteurs qui y sont directement intéressés.

       Certains membres du mouvement vert appellent de leurs vœux une politique environnementale à la mode chinoise : des Etats autoritaires dont les cadres dirigeants imposent leur conception de la politique au forceps. Or, l’expérience nous apprend que ce n’est jamais un seul "cerveau" qui sauve le monde, mais une multitude de têtes pensantes, en produisant des idées. Si elles peuvent retarder certaines prises de décision, la pluralité des acteurs et la défense de leurs intérêts respectifs rendent également ces décisions plus durables. Certes, il est toujours possible d’imposer telle ou telle technologie, mais si l’on souhaite une politique environnementale qui dure, il convient de changer les habitudes de consommation et les mentalités, les stratégies d’innovation et les processus de production.(...)

       (...) Leçon n°3 : préférer les projets locaux, décentralisés et réversibles, aux grands projets centralisateurs. Si l’on veut penser la croissance de manière intelligente, et donc respectueuse de l’environnement, une question se pose : qui décide ce qui est intelligent et de ce qui ne l’est pas ? Les défenseurs de l’atome, par exemple, pensaient jadis avoir trouvé la clé d’une énergie propre et inépuisable. Ne sont restés que des problèmes : que faire des centrales obsolètes et de leurs déchets ?

       Dans "La troisième révolution industrielle", le sociologue Jeremy Rifkin attribue le pouvoir révolutionnaire de l’énergie solaire aux possibilités qu’elle offre en matière de décentralisation. Chacun peut devenir producteur à domicile, écrit-il. D’autant qu’il sera bientôt possible d’incruster des cellules solaires de série sur les tuiles ou dans le crépi des maisons. Il ne sera plus besoin alors de faire venir l’électricité d’un autre continent.

       Les petits projets décentralisés n’ont pas seulement l’avantage d’être aisément ajustables en fonction du contexte, mais permettent aussi de promouvoir l’innovation et de vérifier leur acceptation par le grand public.

       Leçon n°4 : les grandes visions donnent naissance à de petits projets et à de petites idées. Ce qui a débuté comme un projet à 400 milliards visant à produire du courant dans le Sahara pour alimenter l’Europe se termine aujourd’hui par de simples centrales électriques en Afrique. Un fiasco ? Pas pour les gens qui en bénéficient sur place. Il est parfois besoin de voir large pour dégager un objectif qui vaille la peine d’être poursuivi. Si le processus est jalonné par de petites étapes clairement définies, cela peut même être un avantage. S’il est parfois nécessaire d’être radical dans ses visions, il l’est presque toujours d’être pragmatique [dans leur mise en œuvre.]

    Traduction : Jean-Baptiste Bor

    ***
    "Le monde ne tourne pas rond?
    Hahaha...
    Vous êtes un rigolo, vous..."



    ***
    Luc Desle

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  • §§§
    Pensées pour nous-mêmes:

    (PLAINS CELUI QUI TE HAIT
    CAR IL SE FAIT DU MAL)

    §§§


    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/54)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Lors d'une fête religieuse, la Mère Supérieure, piquée par des abeilles, accuse Angélus d'être un empoisonneur...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



    "Fallen  Angel" Alexandre Cabanel

       Les festivités durent être écourtées Il fallut se mettre à plusieurs pour tenir la Mère Supérieure qui, à présent, tremblait de tous ses membres, et la ramener au bourg s’avéra une tâche ardue. Elle marchait pieds nus, ayant dû ôter ses sandales car ses pieds avaient doublé de volume. 

       - Conduisez-moi chez Angélus ! criait-elle.

       - Cet Angélus est de toute évidence un Démon, s’exclama Elaine, au milieu de l’assistance qui se mit à l’écouter avec intérêt. Il ose s’introduire la nuit au monastère. Je l’y ai vu de mes propres yeux. De plus, il s’exhibe effrontément devant nos Soeurs, dénudé, à la rivière des Joncquières. Je peux hélas en témoigner, étant allée cueillir des fleurs à cet endroit, pas plus tard qu’hier. Certaines personnes ici présentes pourraient attester la véracité de mes dires...

       Et elle fixa avec insistance Sœur Adèle dont les yeux s’étaient remplis de larmes. Elle ajouta, de plus en plus enfiévrée.

       - Mais le plus grave, c’est que cet homme a causé la mort de mon fiancé en lui administrant les mêmes drogues qu’il vous vend, à vous tous ! J’en ai la preuve!

       L’orage à présent roulait au-dessus d’eux. La chaleur étouffante appesantissait les esprits, faisait courir des courants électriques sur tous les protagonistes. Parfois des éclairs venaient zébrer les nuages, déchirant leur ventre pansu. Plusieurs grondements de tonnerre se firent entendre, de plus en plus proches, comme autant de roulements de tambours. La luminosité avait décru, la foule ressemblait maintenant à une masse grouillante de silhouettes surexcitées. Les hommes, échauffés par l’alcool et par ce qu’ils avaient entendu, crièrent vengeance. Le Père Grangeais, hébété, ne fit rien pour les retenir, pas plus que le maire, le notaire et le docteur Gleize, tous trois prudemment à l’écart.

       Angélus, lui, s’était retiré à l’étage de sa boutique, dans son appartement dont aucun Fontserannais n’avait franchi le seuil. Il y avait là toute une débauche de soieries qui pendaient du plafond, des tentures de mousselines, des tissus venus de tous les coins du monde, tous choisis pour leur délicatesse et leur exceptionnelle douceur. 

       Angélus qui, en les caressant, avait fini par s’assoupir sur le petit sofa de velours, entendit, mêlée aux coups de tonnerre, une clameur lointaine qui prenait, de minute en minute, plus de force. Il sut aussitôt que ces exclamations, ces cris, lui étaient adressés. Alors, sans attendre, il sortit par la petite ouverture qui donnait sur l’arrière-boutique et, alors que la porte principale volait en éclat, il s’élança en direction du monastère pour y trouver refuge.

       Une pluie fine se mit à tomber. Atteignant le haut du chemin, aux abords du cimetière, il se retourna. Tout un groupe se lançait à sa poursuite. Il ne distinguait pas les visages, à travers le rideau de la pluie qui, à présent, enflait ; juste les silhouettes, dont une qui se traînait, comme portée par la foule. Il entendit une voix qui le supplia :

       - Angélus, sauve-moi, je t’en supplie !

       Alors, l’apothicaire, noyé sous un véritable déluge liquide, attendit. Il lui était désormais impossible de fuir alors que sa sœur l’appelait au secours. Il comprit que la fin du voyage approchait. 

       Quand le groupe fut parvenu à quelques mètres de lui, et alors que l’orage se calmait quelque peu, il faillit ne pas reconnaître Camille, tant cette dernière était défigurée. Ses pieds avaient gonflé, comme atteints d’éléphantiasis. Ils étaient en sang, excoriés, suintants, et ses mains étaient si enflées qu’on les aurait pris pour celles d’un poupon dodu. 

       Sa sœur se laissa tomber sur le sol argileux en sanglotant.

       - Oh, mon amour, je t’en conjure, viens à mon secours !

       Sans s’inquiéter de ce que venait de dire Camille et de ce qu’en pouvait conclure les villageois, Angélus s’approcha et s’agenouilla auprès d’elle. Le groupe, mû à la fois par la curiosité et pris de respect et de compassion pour cette pécheresse, victime de Satan, s’écarta de l’apothicaire pour le laisser œuvrer dernière fois.

       Trempé de la tête aux pieds, sa longue chevelure blonde gorgée d’eau lui donnant l’aspect d’un martyr comme on en voyait sur les images des missels, Angélus étendit ses mains au dessus du corps de Camille et demeura ainsi, silencieux.

       Sous la pluie qui se calmait peu à peu, il était comme auréolé de bonté. Ses cheveux pâles et ruisselants redonnaient aux traits de son visage une apparence angélique. Sa chemise blanche trempée collait à son buste. On eut dit ainsi une de ces statues grecques des musées à la beauté trop parfaite. 

       Sœur Adèle ne quittait pas Angélus des yeux, comme en extase. Et elle n’était pas la seule…

       Cet instant où le temps parut suspendre son vol s’interrompit soudain quand la Mère Supérieure poussa un soupir : lentement son corps reprenait forme humaine. Les traits de son visage se rétablissaient ; ses mains se désengorgeaient ; les plaies et escarres déformant ses pieds disparurent, comme effacés par enchantement. Stupéfaite, saisie par ce soudain miracle, la foule s’écarta un peu plus encore. Un murmure s’éleva, empli à la fois d’adoration et de terreur mystique. 

       L’apothicaire déposa un baiser sur le front redevenu lisse de la Mère Supérieure. A cet instant, un éclair zigzagua dans le ciel et la foudre frappa la grande croix du cimetière. Avec une sorte de gémissement, la sculpture, brisée en deux, s’effondra. Un cri unanime d’effroi accompagna ce prodige.

       - Sauve-toi, Angélus, murmura la religieuse, en tentant de se redresser. Ils en veulent à ta vie.

       En effet les hommes, retrouvant leur esprit, dans un élan furieux, tentèrent de s’emparer de l’apothicaire. Celui-ci se releva vivement, en repoussa deux d’entre eux et s’enfuit. Après une brève hésitation, les autres se mirent à le pourchasser, suivis par les femmes en furie. Des cris de « A bas le Démon ! » se mirent à fuser d’entre leurs lèvres tordues par la haine. Mais la foule était moins agile que le fuyard et elle se fit rapidement distancer.

       Angélus courait droit devant lui, la vue brouillée par la pluie qui recommençait à tomber dru. Il avisa le vaste séchoir et s’y réfugia. Il comportait une porte dans le fond pour les courants d’air nécessaires aux différents séchages des plantes. Par là le jeune homme pourrait s’enfuir et accéder à l’écurie où le docteur Gleize avait dû laisser son cheval ce matin. 

       Il ferma la porte de devant et, adossé au bois rugueux, demeura là quelques instants dans le calme et les senteurs des coquelicots séchés. Le cœur cognant à ses tempes, Angélus était encore sous le coup d’une forte émotion. Non pas d’avoir aidé Camille à trouver un répit à ce mal, aussi soudain que mystérieux, mais que sa sœur ait pu changer intérieurement à ce point relevait du miracle ; qu’elle ose révéler à tous l’attachement qu’elle lui portait tenait peut-être plus du délire qui l’avait prise que de la volonté de dire la vérité. Lui ne savait pas influencer les âmes. Il ne faisait que guérir l’enveloppe charnelle. Quelle force mystérieuse avait bien pu intervenir ? 

       Tout en réfléchissant, Angélus laissa courir ses deux mains sur les planches de la porte à laquelle il était adossé. L’espace d’un instant, il ne réalisa pas ce qui se passait là, sous sa paume. Mais soudain, la piqûre d’une écharde lui fit comprendre que sa main gauche était, après tant d’années, à nouveau réceptive aux sensations.

      Cependant les gens du bourg martelaient déjà le vantail. Il les entendit à peine. Il restait là, ravi, observant sa main, touchant les matières alentour et s’extasiant car à chaque objet correspondait une sensation oubliée. 

       Des roulements de tonnerre ponctuèrent les coups contre la porte et les cris de la foule. Angélus savait qu’il avait encore le temps de s’en aller. Il lui suffisait de courir vers l’issue du fond, de l’ouvrir et, avec son agilité, il n’aurait aucun mal à trouver le cheval, à l’enfourcher et à partir au galop loin, très loin. Mais le miracle qui venait de s’accomplir faisait disparaître en lui toute prudence.

       En extase il caressa son visage, et put noter que sa peau avait même perdu cette rigidité qui l’accompagnait depuis si longtemps, comme un stigmate de son échec patent. Un second prodige venait donc de s’accomplir, ou plutôt, il s’agissait d’un concours de circonstances exceptionnel, sûrement, dans lequel les énergies en présence, le tonnerre, la foudre, la pluie, avaient formé un mélange unique, une combinaison parfaite, une osmose inouïe...

       La foule, redoublant d’effort, faisait résonner le lourd battant de bois. Angélus sortit enfin de son rêve éveillé. Il avança vers la porte du fond. Alors le silence s’installa de nouveau, uniquement ponctué par les rafales de pluie fine qui tapotaient sur les tuiles, qui griffaient les murs chaulés et dont la musique avait quelque chose de rassurant.

       Le jeune homme resta immobile, au milieu du lieu, frissonnant à présent dans ses vêtements mouillés. Une odeur piquante vint chatouiller ses narines. Angélus la reconnut immédiatement : ces bougres étaient en train de mettre le feu au séchoir ! 

       Il entendit quelques insultes qu’on lui jetait et, toute la chair révulsée, Angélus se précipita vers l’autre ouverture. Il eut beau secouer le battant rugueux, il ne s’ouvrit pas. On l’avait fermé par un cadenas. 

       Alors il sut qu’il était perdu.

       Il joignit les deux mains, non pas pour prier, mais pour sentir entre ses deux paumes l’infime pellicule de sensation parfaite. Elle était là cette perception perdue lors de l’accident. Plus fine et perceptible qu’elle ne l’avait jamais été. A partir de ce toucher là, il pouvait de nouveau appréhender le monde, pénétrer la moindre des textures et faire corps avec elle, fût-elle subtile et impalpable pour le commun des mortels. 

       Qu’avait-il donc cherché pendant toutes ces années, si ce n’est cette faculté qui lui avait été dérobée ? Pourquoi vouloir créer d’autres matières, quand toutes celles existantes suffisaient à combler son toucher ? Le moindre galet de rivière, le moindre pétale de fleur pouvait être un trésor entre ses doigts. De cela il était désormais persuadé. Il n’avait rien à prouver à personne. A force d’essayer de recréer la perfection du monde, cette dernière venait enfin à lui, dans le creux de ses mains jointes, au cœur des minuscules particules de l’air ambiant.
    ***
    (A Suivre)

    §§§

    (Les blagues à Bouddha plaisaient
    beaucoup à Bébé)


    caroline-francois.centerblog.net

    La question islamiste 
    en terre bouddhiste
    Rémy Valat 

       (...) Le numéro de juillet de l’hebdomadaire américain Time aborde le problème de la radicalisation du clergé bouddhiste face à l’Islam en Asie (Thaïlande du Sud et Birmanie). L’article de Beech Hannah,When Buddhists go bad, fait actuellement scandale en Birmanie. Il a notamment heurté de nombreux membres de la communauté bouddhiste qui ne se sent pas solidaire du discours du moine islamophobe Ashin Wirathu. (...)

       (...) La guerre religieuse et d’indépendance, qui débuta en 2004, continue de faire rage dans le sud de la Thaïlande. La Thaïlande se compose d’une population majoritairement bouddhiste, mais le Bouddhisme n’est pas la religion officielle du pays. Les musulmans représentent 5 % de la population, dont la majorité (4/5e) sont des locuteurs malais (les musulmans thaïlandophones représentent environ 20%), implantés dans les cinq provinces frontalières à la Malaisie (Narathiwat, Pattani, Satun, Songkla et Yala). 

       Ces régions rurales et pauvres ont subi une politique d’assimilation forcée du gouvernement de Bangkok dans les années 1960. Deux mouvements indépendantistes, le Pattani United Liberation Organization (PULO) et le Barisan Revolusi Nasional (BRN) ont pris une première fois les armes entre 1976 et 1981, puis les mouvements se cantonnèrent dans l’activisme politique et l’extorsion de fonds. 

       En réponse aux mesures musclées du chef du gouvernement deThaskin Shinawatra, la minorité religieuse mit en avant ses droits et réclama notamment le port du Hijab pour les femmes musulmanes dans les lieux publics, l’ouverture de mosquées et l’expansion des études islamiques dans les écoles publiques. C’est sur ce terreau favorable que le conflit armé latent depuis 2001 débuta en 2004. Il oppose toujours les forces gouvernementales aux mouvements indépendantistes, essentiellement, aux groupes terroristes islamistes, le Pattani Islamic Mujahadeen Movement ou Gerakan Mujahideen Islam Pattani, qui a déclaré la djihad contre les populations bouddhistes et la monarchie-junte militaire thaïlandaise.(...)

       (...) Les sources de financement des groupes insurrectionnels ne sont pas claires : l’importation de techniques et de fonds serait la main du « terrorisme international » d’Al Qaida, selon les services de renseignement nord-américains, mais rien ne l’atteste irréfutablement. Le mouvement serait plutôt un cocktail religieux, identitaire et passéiste... Selon Pak Abu, un professeur d’école coranique et chef des affaires internes du Pulo, l’objectif du mouvement serait la « libération du Patani Darussalam - la terre islamique de Patani - de l'occupation des infidèles» et de revenir au temps idéalisé (mais révolu) du sultanat de Pattani.... 


    Localisation du conflit. Les cinq provinces malaises embrasées par la guerre religieuse et 
    d’indépendance ont été rattachées au Siam par le traité de Bangkok (10 mars 1909)
    signés par la Grande-Bretagne et le royaume du Siam

       (...) Un autre responsable du mouvement islamiste aurait déclaré à un journaliste du Figaro que les réseaux sont peu structurés, très violents et capables de planifier leurs actions: l’ensemble représenterait environ 3 000 individus majoritairement des jeunes de moins de 20 ans. Selon lui, le BRN-Coordination est une « coalition informelle d'individus», cimentée par un « haine commune à l’encontre des populations siamoises. «Nous avons fait, déclare-t-il, le serment de sacrifier notre vie pour libérer notre terre ancestrale de l'occupation des infidèles.» 

       Il précise que les jeunes combattants (les juwae) ont « été repérés à la crèche, recrutés dans les écoles coraniques et mènent une guérilla urbaine de plus en plus sophistiquée». Surtout, l’indicateur du Figaro reconnaît que «le degré de brutalité» de la nouvelle génération «est parfois une source d'embarras» et déplore la « criminalisation » des troupes: «30% des combattants vendent leurs services à la mafia et aux trafiquants de drogue». 

       Leurs méthodes sont en effet radicales : attentats à l’explosif contre des cibles civiles, embuscades sur les axes routiers, assassinats, incinérations vivantes, voire décapitations de civils, d’agents symboles de l’Etat (fonctionnaires thaïlandais et religieux bouddhistes). Plus de 5 000 morts et 8 000 blessés (globalement le bilan de la guerre civile algérienne en France entre 1955 et 1962) ont été recensés entre 2004 et 2012 et le bilan ne cesse de s’alourdir, les négociations étant toujours à l’heure actuelle dans l’impasse.(...)

       (...) Les agressions contre le personnel religieux bouddhiste ont obligé l’armée royale à transformer les monastères en bases militaires et à organiser les populations bouddhistes en groupes d’autodéfense (70 000 volontaires bouddhistes) : selon Duncan McCargo, enseignant à l’université de Leeds, des rumeurs courent sur la présence dans les communautés bouddhistes d’anciens militaires ordonnés moines et sur l’armement d’une fraction des religieux : une réminiscence des moines guerriers du Japon médiéval (les sôhei) ou de Shaolin ? Non, une simple ressemblance sur la forme sans plus, les moines guerriers nippons ayant surtout pour vocation de protéger leur temple et d'y maintenir l'ordre : ils étaient aussi une force politique et armée non négligeable. 

       Nous sommes ici dans un réel contexte de guerre de religions. Il ne fait aucun doute que le discours de quelques religieux bouddhistes tend à se radicaliser : « Il n’y a pas d’autres choix, nous ne pouvons plus séparer le bouddhisme des armes désormais », aurait déclaré le lieutenant Sawai Kongsit, de l’armée royale thaïlandaise (Time). Les moines estiment que les Musulmans utilisent les mosquées pour entreposer des armes, que chaque imam est armé : « L’islam est une religion de violence » déclare Phratong Jiratamo, un moine ayant servi dans le corps des troupes de marines thaïlandaises (Time).

       (...) Cette radicalisation est nette dans le discours islamophobe du moine bouddhiste Ashin Wirathu (Mandalay, Birmanie) : discours à l’origine de lynchages, de meurtres et de comportements racistes à l’encontre des musulmans birmans (les Rohingyas) qui représentent entre 4% et 9% de la population du pays. Ashin Wirathu appelle de ses voeux un schisme entre les populations bamars (majoritairement bouddhistes) et les Rohingyas musulmans.

       Un nouvel et tragique épisode du « choc des civilisations »...(...)


    §§§

    (Les coupes budgétaires commençaient
    à en effrayer plus d'un)


    §§§

    "Alors, cette surveillance des internautes?
    - Je ne surveille pas, je veille sur eux, nuance..."
    Le techno-totalitarisme, 
    c’est maintenant

       (...) Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme. Nul ne peut plus nier ce que les opposants à la tyrannie technologique dénoncent depuis des années : les objets intelligents qui envahissent nos vies (ordinateurs, Internet, téléphones mobiles et smartphones, GPS) donnent au pouvoir les moyens de la surveillance généralisée.

       En dévoilant des documents secrets, un ex-agent américain révèle que la NSA (Agence nationale de sécurité) espionne les internautes du monde entier, dans le cadre du programme clandestin « Prism » mis en place par George Bush et poursuivi par Barak Obama. Sont visés les utilisateurs d’Internet et des« réseaux sociaux » (Google, Facebook, Apple, Youtube, Yahoo, Skype, DropBox, Microsoft, AOL) soit, à l’ère numérique, à peu près tout le monde.

       Les esprits forts diront qu’ils le savaient déjà. Les esprits forts savent toujours tout. Edward Snowden, lui, prouve ce qu’il dit. Et les médias du monde entier ne peuvent faire autrement que de publier ses déclarations, alors que les dénonciations des esprits critiques restaient confinées et refoulées à quelques milieux restreints.

       Edward Snowden agit sans le soutien d’aucune organisation, d’aucun parti, d’aucun collectif. Heureusement – il n’aurait rien fait. Son geste relève de ce qu’Orwell nommait la « décence ordinaire ». « Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde au moyen de ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » (1)

       À 29 ans, il sacrifie sa carrière et sa vie personnelle, choisit la désertion, risque la prison pour trahison (comme le soldat Manning, auteur des fuites vers Wikileaks) voire un « accident ». Il affronte seul les services secrets de la première puissance mondiale.

       En France depuis le 10 juin 2013, aucune des organisations qui, avant ou depuis le meurtre de Clément Méric, clament l’urgence de la « lutte antifasciste », n’a pris la défense de Snowden. Aucune manifestation de soutien, aucun communiqué, aucun appel contre la surveillance totale, y compris celle de la DGSE française (services secrets extérieurs), comparée par un ex-agent à une « pêche au chalut ». (2) À ce jour, le seul appel pour l’asile politique de Snowden en France émane de Marine Le Pen. Un coup de pub dont le Front de Gauche n’a pas été capable.

       Edward Snowden : « Ma grande peur concernant la conséquence de ces révélations pour l’Amérique, c’est que rien ne changera. [Les gens] ne voudront pas prendre les risques indispensables pour se battre pour changer les choses... Et dans les mois à venir, les années à venir, cela ne va faire qu’empirer. [La NSA] dira que... à cause de la crise, des dangers auxquels nous devons faire face dans le monde, d’une nouvelle menace imprévisible, elle a besoin de plus de pouvoirs, et à ce moment-là personne ne pourra rien faire pour s’y opposer. Et ce sera une tyrannie clé-en-main. » (déjà en pratique...) (...)

    NOTES

    (1) Le Monde, 11/06/2013

    (2) Le Monde, 12/06/2013


    Lire la suite sur:
    §§§
    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE BEAU N'EST PAS SOLUBLE
    DANS LE RÉEL)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/49)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

          Angélus a commencé à expérimenter ses onguents sur sa soeur Camille...

    ANGÉLUS 
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Philippe PINEL (La Salpêtrière)

       Une semaine après ces appels à la raison adressés à l’apothicaire, un conseil fut réuni au sujet des étranges maladies qui semblaient n’atteindre que les gens du village. A ce conseil assistèrent le Père Grangeais ; Monsieur Plantade, le maire ; Maître Beaujean, le notaire, ainsi que des notables du bourg. Il en ressortit qu’effectivement la population semblait être la victime de quelque fléau, mais qu’il fallait se garder d’entrer dans des explications irrationnelles. 

       D’après les quelques plaintes déposées, tous les plaignants avaient eu à faire avec Messieurs Gabrielli et Gleize, ce qui était naturel vu leur métier respectif et le fait qu’ils étaient les seuls à exercer ces fonctions dans le bourg. 

       - On ne peut quand même pas accuser Gleize, diplômé de l’école de Montpellier ! s’insurgea le Maire. J’ai moi-même souffert à deux reprises de problèmes cutanés, et ils ont été grandement soulagés par les prescriptions du docteur. Quant à notre apothicaire, c’est librement que je l’ai consulté. Une de ses pommades m’a apporté un grand bien-être et je suis prêt à en témoigner devant n’importe quel tribunal ! 

       - Cependant, on m’a consulté pour faire suivre ces plaintes, fit Maître Beaujean. Pour l’instant, j’ai temporisé et j’ai préféré en parler aujourd’hui, au conseil... 

       - Quels sont les auteurs de ces plaintes ? demanda le Père Grangeais. 

       En entendant les noms de quelques victimes d’Angélus Gabrielli, le prêtre s’efforça de ne pas trahir son trouble. Il savait, pour les avoir entendus en confession, que ces gens avaient bel et bien été traités par l’apothicaire, et lui seul, et que c’est après avoir pris ses drogues que l’état des patients avaient empiré. Oh, certes, il ne s’agissait que d’une multiplication d’érythèmes, par exemple, ou de bubons malgracieux. Mais dans l’état d’effervescence où se trouvait Fontseranne, ces désagréments suffisaient. 

       Le prêtre s’efforça de minimiser les torts de Gabrielli. Il mentit, sachant combien la Supérieure avait en haute estime le jeune homme. C’était pour lui souffrance que de se faire l’apôtre de Satan lui-même, à moins que ce ne fût d’une de ses créatures. 

       Au fur et à mesure que le Père Grangeais essayait de blanchir l’apothicaire et le médecin, son coeur battait plus fort et une mauvaise sueur inondait son corps. 

       - Pourquoi me fais-je l’avocat du Diable ? pensait-il. Je cours à ma perte en agissant de la sorte. Mais si je parle, si je dis tout ce que je sais, qu’adviendra-t-il de ma chère Camille ? 

       Comme aucune preuve ne pouvait étayer les plaintes, le conseil décida de laisser les choses en l’état. Le Maire estimait qu’il valait mieux régler son linge sale dans la commune dont il avait la charge. On conseilla donc aux plaignants de ne plus recourir aux soins d’Angélus Gabrielli, et à ce dernier, de profiter de la fête votive de Fontseranne pour fermer boutique quelques jours 

       Au lieu de calmer les esprits, ces mesures les échauffèrent un peu plus encore et le bourg se mit à bruire d’un désir de vengeance à l’égard de l’apothicaire. 

    ***
    (A Suivre)

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    "Au moins, cette pomme empoisonnée 
    n'est pas contaminée par les OGM"


    Etats-Unis : 
    la contamination du blé par des OGM
    coûte très cher à l'économie américaine
    Propos recueillis par Magali Reinert


    L'analyse de Bill Freese, de l'ONG Center for food safety.

       (...) / Novethic : Quelles sont les conséquences économiques de la contamination d’un champ de blé par un OGM jamais autorisé à la consommation humaine ?

       - Bill Freese : La contamination par un blé expérimental de Monsanto a eu lieu dans l’Oregon, un État qui exporte 90 % de son blé. Rappelons, qu’aujourd’hui, il n’existe aucun blé OGM commercialisé dans le monde. Les conséquences de cette découverte fin mai ont été immédiates : le Japon et la Corée du Sud ont suspendu leurs importations, des gouvernements asiatiques et européens ont réclamé des tests pour surveiller la présence d’OGM, les cours du blé ont baissé. Depuis, plusieurs plaintes ont été déposées par des agriculteurs contre Monsanto, accusé d’être responsable de la contamination. Il faut bien comprendre que le montant des préjudices peut être très élevé. Une étude publiée en 2005 estimait qu’une contamination du blé par des OGM pourrait coûter une centaine de millions de dollars à l’agriculture américaine.

       / Y a-t-il eu des précédents ?

       - Plusieurs. En 2006, le riz expérimental Liberty Link de Bayer avait été retrouvé dans des produits alimentaires exportés en Europe et en Asie. En quelques jours, la baisse du prix du riz américain avait fait perdre des dizaines de millions de dollars aux producteurs du sud des États-Unis. 11 000 agriculteurs avaient alors porté plainte contre Bayer, qui les avait dédommagés cinq ans plus tard à hauteur de 750 millions de dollars. Et les contaminations vont continuer.

       / Pour quelles raisons ?

       - Parce que le système réglementaire américain est incapable de prévenir la contamination de la chaîne alimentaire par des OGM. Une compagnie biotech peut obtenir une autorisation en 30 jours de la part du ministère de l’agriculture (USDA) pour un essai en plein champ. Aucune exigence n’est imposée aux industriels, qui proposent leur propre procédure. Par exemple, l’USDA ne fixe pas de distances minimales à respecter entre un champ expérimental et les champs cultivés... Dans ce cas précis, Monsanto a conduit des essais en plein champ dans 16 États sur un millier d’hectares, entre 1998 et 2004. Les disséminations du blé expérimental résistant au Roundup sont inévitables dans ces conditions. Si on détecte une contamination seulement aujourd’hui, soit dix ans après la fin des essais, c’est faute de contrôle.Cette contamination intervient alors qu’une partie des Américains réclame une meilleure information sur les produits GM. 

       / Est-ce qu’une réglementation sur l’étiquetage a une chance de voir le jour ?

       - Le blé est un sujet très sensible, car c’est la base de notre alimentation. Ce qui n’est pas le cas des cultures OGM aux États-Unis comme le maïs et le soja, destinées majoritairement aux animaux. Cette contamination du blé renforce donc la mobilisation pour un étiquetage des produits OGM, qui a pris beaucoup d’ampleur cette année. Depuis l’échec de la Californie à légiférer sur un étiquetage obligatoire (voir l'article La Californie rejette l'étiquetage OGM ), 26 États ont engagé des actions similaires. Le Connecticut a voté une loi début juin, et le Maine et le Vermont semblent lui emboîter le pas. Certes, l’application de cette loi reste conditionnée à son adoption par un minimum de cinq autres États, mais elle ouvre la voie à une législation au niveau fédéral. Ce que pousse notre organisation soutenue par une pétition signée par 1,2 million de personnes. Face à ce phénomène, certaines grandes compagnies agro-alimentaires commencent même à se dire prêtes à accepter un étiquetage a minima au niveau fédéral. (...)


    +++

    (Jeune femme s'esclaffant à l'ex-cel-len-te
    blague d'un vieux milliardaire)



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    (Vieux emportant avec eux le matériel adéquat
    pour naviguer sur le Web)


    Les vieux déferlent sur YouTube
    GUERRIC PONCET

       (...) Qu'on se le dise, les séniors sont désormais 3,7 millions à regarder des vidéos sur Internet, soit 500 000 de plus qu'en novembre dernier. N'en déplaise aux clichés sur les geeks jeunes et branchés, c'est bien aux plus de 65 ans que les plateformes de vidéos comme YouTube ou Dailymotion doivent l'essentiel de leur progression du premier semestre 2013 ! Et non seulement les "vieux" sont plus nombreux, mais ils regardent toujours plus de vidéos : 36 % en avril 2013, contre 31 % en novembre 2012. De quoi faire évoluer les stratégies publicitaires des acteurs sur ce secteur très concurrentiel, qui rassemblait en avril 34,4 millions d'internautes sur un total de 53 millions de connectés en France.


       Autre surprise de cette étude Médiamétrie, trois nouveaux adeptes sur quatre (soit 705 000 nouveaux vidéonautes) sont des femmes. Les 15-24 ans, fer de lance historique du secteur, gardent toutefois la tête haute avec une progression tout juste inférieure à celle des séniors (+ 474 000 vidéonautes), et un temps moyen passé devant les vidéos toujours invaincu : onze heures deux minutes par mois. Soit vingt minutes par jour : deux fois plus que la moyenne. Les jeunes sont aussi largement vainqueurs en nombre de vidéos vues chaque mois, avec un score presque fou de 195, contre 89 en moyenne chez l'ensemble des vidéonautes. Ça en fait, des chatons en vidéo...(...)
    Lire sur:

    +++
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA SIMPLICITÉ EST LE DÉBUT
    DE LA SAGESSE)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/47)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Soeur Camille vient d'apprendre que son frère Angélus n'était pas mort, ainsi qu'elle s'en doutait. Le jeune homme lui narre rapidement ses aventures en Amérique...


    ANGÉLUS 
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Fuseli Satan Starting 1779

    CHAPITRE 18

       La cellule de la Mère Supérieure était située tout au bout de la galerie, du côté de celles des autres moniales. C’était là également qu’avait été construite la chapelle. On y accédait directement, alors que pour aller chez la Mère Supérieure il fallait monter une volée de marches, car la pièce avait été prise sur le grenier, afin de séparer la cellule de Camille de l’Incarnation de celles des autres soeurs.

       Depuis plusieurs nuits, Elaine surveillait les alentours. Elle s’était donné pour tâche d’exécuter un tour de garde toutes les deux ou trois heures afin de noter tout fait curieux. Son sommeil étant très léger, elle s’éveillait pour un rien : le bruit du vent dans les arbres ; le cri d’une orfraie ou les craquements du bois de la charpente sous le travail des capricornes. Au bout de près d’une semaine, la jeune femme arborait une mine de papier mâché.

       Ce soir-là, c’est tout à fait par hasard, alors qu’elle s’apprêtait à se coucher que, vers les minuits, elle remarqua une silhouette qui se glissait dans la galerie, après s’être faufilée rapidement dans le jardin. 

       Le coeur battant, la jeune femme se dissimula derrière une colonne. Le croissant de lune ne lui permettait pas de distinguer les traits de l’inconnu mais la silhouette était indubitablement celle d’un homme. S’agissait-il du Père Grangeais ? 

       Cependant, aux pieds des marches conduisant vers la cellule de la Mère Supérieure, l’intrus s’immobilisa et, dans un geste vif, se retourna en balayant du regard l’espace autour de lui. Dans ce mouvement, le capuchon qui cachait ses traits glissa, et Elaine reconnut Angélus Gabrielli.

       Bien que ce fût là la confirmation de ce qu’elle avait ardemment souhaité, la jeune femme sursauta et une onde glacée parcourut ses reins. L’apothicaire resta un moment immobile, scrutant les alentours comme s’il soupçonnait une quelconque présence, puis il se détourna vivement et monta silencieusement et quatre à quatre les marches conduisant à la cellule de la supérieure du couvent.

       Elaine attendit quelques minutes, l’esprit brouillé puis elle suivit Angélus. Elle se coula dans le renfoncement du mur, atteignit enfin la porte qui défendait la cellule et s’immobilisa, dos au mur, la respiration coupée. Elle savait que ce qu’elle faisait était mal. Elle craignait tellement l’apothicaire qu’elle se demandait s’il ne lui avait pas dressé un piège, sachant qu’elle était quelque part, à le surveiller. 

       Elaine se sentait peu à son aise face à cet homme. Une étrange attirance la poussait vers lui, attirance inexplicable et impie. Ne le soupçonnait-elle pas d’être responsable, au moins indirectement, de la mort abominable de son cher Adrien ?

       La jeune femme savait aussi qu’elle n’avait pas à surveiller les intrigues de la Mère Supérieure. Ses parents lui avaient toujours dit que la curiosité était un péché et, comme tel, qu’il méritait une punition. Pour échapper à ces remords, elle murmura :

       - Il ne m’est pourtant pas possible de laisser la Supérieure et l’apothicaire se rencontrer nuitamment... Camille de l’Incarnation ne doit-elle pas donner l’exemple d’une vie juste, tout entière consacrée à glorifier Notre Seigneur ? Elle me semble en proie à des passions coupables qui méritent une sanction impitoyable, si elles sont avérées réelles... Quant à Angélus Gabrielli, je ne sais pas ce qu’il attend de la Supérieure... Hélas, je dois avouer qu’un rien de jalousie me mordille le cœur à la simple pensée qu’il va visiter Sœur Camille de l’Incarnation...»

       La jeune femme hésita encore un peu, les pensées de plus en plus confuses. Pour finir, elle colla son oreille contre la porte, dans l’espoir d’entendre les propos échangés dans la pièce. 

       A sa grande surprise, l’huis se déroba légèrement sous sa poussée. La porte n’était pas fermée ! L’angoisse lui mordant le ventre, Elaine poussa un peu plus le battant, avant de glisser un œil dans la cellule.

       Un chandelier posé sur une table éclairait la scène, ce qui lui permit de distinguer la Mère Supérieure, debout devant la silhouette d’Angélus Gabrielli. Elle était à moitié dévêtue et l’apothicaire lui passait délicatement la paume de la main sur le haut de la poitrine.

    ***

       La jeune femme, les larmes aux yeux, s’adossa au mur. Elle ne savait plus que penser. L’apothicaire et la Mère Supérieure étaient-ils amants? Cette idée choquante, révulsante même, la mit dans tous ses états. N’était-elle pas folle d’avoir ainsi de pareilles pensées extravagantes ? Et, cependant, le spectacle auquel elle assistait était pour le moins équivoque... Elaine s’essuya les yeux brouillés par les larmes, hésita un peu avant de reprendre son observation, le coeur lourd.

       A présent, la Supérieure avait ôté sa robe mais l’apothicaire faisait souvent écran devant elle, de sorte qu’Elaine n’entrevoyait que des parties du corps déshabillé. 

       Le visage impénétrable, les yeux perdus dans le vague, solidement campée sur ses jambes, ses mains en conque cachant son sexe, la religieuse murmurait lentement mais distinctement un «Salve Regina» d’une voix un peu tremblante. Angélus Gabrielli continuait pendant ce temps-là à la masser, enduisant son corps d’une fine pellicule d’onguent qui luisait à la lueur des bougies. La lumière tremblotante jouait perversement avec les formes de la religieuse, accentuant ses rondeurs et la rendant plus jeune encore, semblait-il. 

       Angélus se mit à genoux et enduisit soigneusement les jambes puis les pieds de sa patiente. La Mère Supérieure se laissait faire, comme en extase. A présent, elle fixait une croix accrochée au mur d’en face, les yeux exorbités, la bouche entrouverte. On l’eût dit possédée par un quelconque démon.

       Cette vision se grava dans l’esprit enfiévré d’Elaine. Les formes de la Supérieure étaient trop proches de la perfection pour que cela ne fût pas le signe d’une présence maléfique. Seul le Maître des Enfers, songeait la jeune fille, horrifiée, pouvait ainsi gommer les stigmates du temps afin de nier l’œuvre de Dieu lui-même...

       L’apothicaire n’était-il donc qu’un des séides du Diable, un de ses dociles instruments qui métamorphosait à l’aide d’onguents magiques le corps d’une femme âgée en celui d’une jeune beauté ? Et la Supérieure, qui avait désormais pour son enveloppe charnelle les yeux de Chimène, n’avait-elle pas oublié les préceptes de la Religion et fait sienne l’un des sept péchés capitaux ? 

       Ce plaisir qu’Elaine la voyait éprouver, sous les doigts d’Angélus, ne s’appelait-il pas Luxure ? Comment Soeur Camille de l’Incarnation pouvait-elle oublier qu’en entrant chez les Bénédictines, elle avait fait voeux de chasteté ? Qu’est-ce qui la poussait à mentir aussi effrontément à la face de Dieu et du Monde ?

       Angélus Gabrielli venait d’oindre les pieds de la Supérieure et, comme pris d’une fièvre soudaine, il les embrassa alors que la Supérieure fermait les yeux, tout en murmurant une prière. Désarçonnée par cette attitude, la voyeuse sentit son cœur se serrer. L’apothicaire ne venait-il pas d’offenser ainsi la mémoire du Fils de Dieu qui lavait les pieds des pêcheurs en signe d’humilité ? Ce n’était plus maintenant du dégoût qui envahissait Elaine, mais un début de colère.

       Le jeune homme fit signe à sœur Camille de se retourner et, après que cette dernière eût obéi, il resta quelques secondes immobile, comme s’il fixait la blessure que portait toujours la Mère Supérieure au milieu des reins. C’est alors qu’il parla d’une voix douce, rompant ainsi le charme vénéneux du moment.

       - Tu es sûre, Camille, de ne pas vouloir de mon onguent pour soigner ta blessure ?

       La Supérieure tourna la tête et répondit, d’une voix lasse mais ferme.

       - Non, Angélus. Les élancements provoqués par la douleur me rappellent que je suis une impie, que je n’ai pas le droit de diriger ce couvent...

       - Tu es la meilleure personne que j’aie jamais connue ! s’écria l’apothicaire en avançant la main et en caressant le cou de la religieuse. Toi seule m’as toujours soutenu, même lorsque toutes les médisances stigmatisaient ma folie. Jamais tu n’as failli dans cet amour qui est, par moment, plus fort que celui que tu portes à Dieu lui-même !

       La religieuse sursauta, blêmit et se signa.

       - Je t’en prie, Angélus, ne blasphème pas, fit-elle en tremblant.

       - Je ne blasphème pas. Je dis la vérité et si ce Dieu que tu sers nous regarde, je m’adresse à lui pour lui demander ceci : comment Toi, qui es censé être la bonté même, oses-Tu faire subir ces horribles épreuves à tes pauvres créatures? J’en viens à penser, devant tant de douleurs, que Tu te régales de les voir ainsi contrefaites, percluses, abîmées dans leur corps et leur âme... Sous ton impitoyable férule, ces créatures ne sont que d’infimes fétus de paille dont Tu sembles te jouer, pour un dessein secret que Toi seul Tu as déterminé...

       - Tais-toi ! supplia Camille de l’Incarnation en se retournant et en lui mettant la main devant la bouche. Je t’en prie Angélus, Mon Angélus... Ne dis pas des choses pareilles ! Sinon mon sacrifice n’aura servi à rien. Je suis à toi, Angélus, fais de moi ce que tu veux, mais que plus jamais un seul propos sacrilège ne sorte de ta bouche !

       - Hé bien, ajouta l’apothicaire, continue simplement à te passer chaque jour de cette crème. Pour le reste n’en parlons plus.

       Elle lui faisait face dans sa nudité et le tenait fermement par les épaules, ses yeux rivés aux siens. Sur son visage soudain creusé et grave passaient des sentiments contradictoires, amour mêlé à la haine, crainte et véhémence étroitement embrassés.

       Elaine n’osait respirer, de peur que son souffle ne soit entendu. Glacée de la tête aux pieds, elle avait le sentiment de s’enfoncer dans des sables mouvants. Les propos de Sœur Camille confirmaient son horrible soupçon : la religieuse était amoureuse de l’apothicaire et cet amour contre-nature la remplissait d’une horreur sans nom. Accessoirement, aussi, ce qui lui avait été révélé confirmait une partie de ses soupçons. Angélus Gabrielli était bien, hélas, responsable de la mort d’Adrien. 

    ***

       Cette quasi-certitude laissait la place à un sentiment d’intense effroi. La jeune femme entrevoyait un plan démoniaque dans lequel s’étaient abîmés Angélus et Soeur Camille de l’Incarnation. Plus que tout, Elaine se rendait compte qu’elle était jalouse de cette femme dont elle enviait les relations privilégiées entretenues avec l’apothicaire. Ce médiocre sentiment l’atterrait. Comment expliquer qu’elle éprouvât de l’intérêt pour l’assassin de son amant ? Elle se promit que, désormais, elle n’y céderait plus et qu’elle ferait tout pour que l’infâme individu soit justement puni.

    ***
    (A Suivre)

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    "Alors, comme ça, tu refuses 
    de manger avec moi, hein?
    - Mais j'ai pas faim!
    - Et la convivialité, hein,
    la Con-vi-via-li-té?!"


    On ne mange plus pareil, 
    mange-t-on encore ensemble ?
    ALEXANDRA BOGAERT

      (...)  Crudivores, vegans, allergiques, croyants... Les demandes d'alimentations particulières se multiplient. L'individualisation par l'assiette menace-t-elle la convivialité française ? Claude Fischler, anthropologue, nous éclaire.

       / Terra eco : Certaines alimentations sont dites « particulières »... par rapport à quoi ?

       - Claude Fischler : L’alimentation en général est tout sauf particulière. Elle est collective, sociale, partagée. Dans de nombreux endroits du monde, on mange dans un plat commun avec sa cuillère ou sa main droite. Tout le monde est là, il y a des règles de savoir vivre à respecter comme pousser les beaux morceaux vers les anciens, parler à tel moment, ne pas parler, etc. Une personne qui mangerait seule serait très mal vue, elle s’extrairait du cercle de la commensalité (le fait de partager un repas, ndlr). Quel que soit l’endroit du monde, des soupçons émergeraient à son égard – jette-t-elle des sorts, a-t-elle empoisonné le plat ? De plus, une enquête menée aux Etats-Unis, en France et au Danemark a montré qu’on apprécie davantage un repas quand on le mange en compagnie que seul. Et si vous arrivez chez un étranger et que vous refusez sa nourriture, vous l’offensez, de la méfiance s’installe. Or, aujourd’hui, c’est précisément l’inverse qui se produit.

       /C’est-à-dire ?

       - Aujourd’hui, autour d’une table, vous pouvez avoir une personne qui mange cacher, l’autre est végétarienne, une autre est vegan, une énième est allergique à tel ou tel aliment, etc. Lors des repas se multiplient désormais les revendications médicales, éthico-religieuses, politiques. Et on constate un renversement de l’obligation de partage : désormais, c’est l’invité qui exige de l’invitant qu’il satisfasse ce que les anglophones appellent ses « dietary requirements » (régime alimentaire en français). On en arrive à des situations d’individualisation extrême de la nourriture.

       / La France est-elle affectée par ce phénomène ?

       - Ca commence. Jusqu’à il y a peu, il y avait deux visions de l’alimentation dans le monde occidental : l’une protestante, l’autre catholique. La première considère que l’alimentation est une consommation comme une autre d’un individu libre et responsable, qui exerce ses choix de façon rationnelle. C’est le discours des Américains, qui parlent plus de nutrition que d’alimentation, pour qui se nourrir est un acte privé, censé les maintenir en bonne santé – même si le taux d’obésité montre que ça ne marche pas toujours... Pour les Français en revanche, manger est un acte social, qui requiert des conditions de temps, de lieu, de structure : on mange à table, une entrée/un plat/un dessert, à horaires fixes, en compagnie. Souvent, si on n’a avalé qu’un sandwich le midi, on considère ne pas avoir fait un vrai repas. Donc pas avoir vraiment mangé.

       / A quoi est dû le développement des alimentations particulières ?

       - De nombreux mangeurs évoquent des arguments médicaux, comme les allergies, pour justifier de manger différemment du reste du groupe. D’après les spécialistes des allergies, 30% de la population déclare avoir une allergie alimentaire alors que le taux réel est inférieur à 4% (c’est notamment le cas de l’allergie au gluten, ndlr). Ceux qui s’auto diagnostiquent allergiques font souvent un rejet de l’alimentation transformée par les industriels. Ils se disent intolérants à tel ou tel additif, pensent réagir aux effets des pesticides, et privilégient les aliments « naturels ».

       / D’où l’engouement pour ces produits ?

       - En fait, les alimentations particulières sont souvent une manière de se réapproprier son alimentation quand on ne sait plus ce que l’on mange. Il existe un « principe d’incorporation »implicite mais universel, qui veut que l’on soit ce qu’on mange. Donc si vous êtes ce que vous mangez et que vous ne savez plus ce que vous mangez, il y a un problème ! Le moyen pour savoir ce qu’on mange, c’est de choisir son alimentation, en fonction de différents critères qui nous sont propres. C’est pour cette raison que se développent une infinité de régimes très étonnants parfois, comme celui adapté à chaque groupe sanguin, ou celui qui érige le jus de germes de blé comme aliment magique.

       / Les industries ont compris le filon, et développent ces produits dans les rayons des supermarchés. La demande est-elle vraiment forte ?

       - C’est surtout que depuis que l’Autorité européenne de sécurité des aliments a fait le ménage dans les allégations santé, les industriels de l’agro-alimentaire ne peuvent plus trop vanter les mérites des produits santé. Donc ils mettent le doigt sur ce qui est porteur et le développent.

       / Le fait de ne pas tous manger la même chose menace-t-il le « manger ensemble » propre aux Français ?

       - Pas forcément. Prenez cet exemple révélateur : lors du déjeuner de presse organisé pour le lancement du livre « Les Alimentations particulières », il a d’abord été envisagé de proposer quatre menus différents. Mais, d’un point de vue logistique, c’était compliqué. Donc il a été décidé de diviser les assiettes en quatre. C’est une façon très française de régler le problème car, au final, tout le monde a mangé la même chose ! On invente de nouvelles formes de commensalité. Ainsi, manger différemment ne signifie pas la fin du lien social. Le modèle convivial français résiste de façon étonnante, même si l’individualisation des assiettes se généralise. La preuve, les horaires des repas restent synchrones : à 13h, la moitié des Français sont à table. Au Royaume-Uni, ils ne sont jamais plus de 17% de la population à manger en même temps. Quant au temps passé à manger à table, il est de 135 minutes par jour selon une étude de l’OCDE. C’est le record mondial. (...) 


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    (Dans ce lointain pays, les femmes devaient
    user de certaines armes, non féminines,
    pour que les hommes consentent à se reproduire...)


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    "Pour les multinationales...
    Hip,hip, hip..."


    Irancartoon Web Gallery 

    Bono, la fausse voix de l'Afrique
    George Monbiot 

       (...) En 2005 déjà, il n'avait pas été très glorieux. Cette année-là, lors du sommet du G8 en Ecosse, Bono et Bob Geldof avaient tressé des lauriers à Tony Blair et George W. Bush, tout auréolés de leur boucherie irakienne. Geldof s'était assis sur les genoux du Premier ministre britannique, au sens propre comme au figuré, et des militants africains les avaient alors accusés de confondre leur campagne pour la justice mondiale avec un vaste mouvement de charité. 

       Cette fois, c'est pire. Alors que le Royaume-Uni a accueilli un nouveau sommet du G8, la campagne menée par Bono – et avec laquelle Geldof travaille étroitement – semble aujourd'hui absoudre l'action des pays du G8 en Afrique. 

       L'idée d'une "Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition" a été lancée en 2012 aux Etats-Unis, alors hôte du G8. Cette alliance pousse les pays africains à signer des accords permettant à des sociétés étrangères de faire main basse sur leurs terres, de breveter leurs semences et de verrouiller des monopoles sur leurs marchés alimentaires. Restant sourds aux voix de leurs peuples, six gouvernements africains ont déjà signé des accords avec des entreprises comme Monsanto, Cargill, Dupont, Syngenta, Nestlé et Unilever en échange de promesses d'aides de la part du Royaume-Uni et d'autres nations du G8. 

       De nombreux militants, aussi bien en Afrique qu'en Europe, dénoncent les pratiques de cette "nouvelle alliance", mais la campagne ONE – dont Bono est cofondateur – prend sa défense. Les responsables de ONE ont d'ailleurs publié un article la semaine dernière. Un article remarquable : il laisse complètement de côté l'intérêt des responsables africains et de leurs peuples, il exagère le rôle de petites entreprises africaines, mais surtout il ne mentionne à aucun moment l'injustice au cœur de la "nouvelle alliance", à savoir la nouvelle vague d'accaparement des terres qu'elle soutient. Cela a naturellement piqué ma curiosité. (...)

       (...) J'ai d'abord découvert que Bono avait déjà fait l'éloge de la "nouvelle alliance" juste avant l'ouverture du sommet du G8 de l'année dernière aux Etats-Unis. J'ai ensuite appris que la campagne ONE était essentiellement financée par la fondation de Bill et Melinda Gates, dont deux responsables exécutifs figurent parmi les membres du conseil d'administration. Cette fondation travaille avec le géant de l'agroalimentaire Cargill et le spécialiste des biotechnologies Monsanto (dont elle détient une part importante du capital). 

       Répondant aux accusations d'accaparement des terres en Afrique, Bill Gates a répondu que "bon nombre de ces accords étaient bénéfiques et qu'il serait dommage d'en bloquer certains à cause de l'approche particulière des sociétés occidentales" (vous remarquerez qu'une fois encore il n'est pas question des Africains). 

       Enfin, j'ai découvert que tout cela durait depuis bien longtemps. Dans la biographie brillante et caustique de Bono qui vient de paraître au Royaume-Uni (The Frontman : Bono, in the Name of Power), Harry Browne affirme que "depuis près de trente ans, Bono, en tant que personnalité publique, amplifie le discours des élites, défend des solutions inefficaces, fait la leçon aux pauvres et lèche les bottes des riches et des puissants". Son raisonnement est "un mélange habile de colonialisme commercial et missionnaire, dans lequel les pays pauvres ne sont qu'un défi que doivent relever les pays riches". 

       Browne accuse Bono d'être devenu "le visage compatissant de la technocratie mondiale", un homme qui, sans aucun mandat, s'est autoproclamé porte-parole de l'Afrique et a servi de "couverture humanitaire" aux responsables occidentaux. En présentant les pays occidentaux comme les sauveurs de l'Afrique sans parler des dégâts causés par le G8, il a affaibli les mouvements pour la justice et la transparence tout en apportant une légitimité au projet néolibéral. (...)

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    Luc Desle

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