Adieu les salaires généreux et les conditions de vie idéales à l’étranger. Les salaires des expatriés baissent. C’est en tout cas la Singapore Business Review qui publie cette mauvaise nouvelle. Alors que la ville-État reste l’une des plus chères du monde, le cabinet de consultants ECA International a remarqué lors d’une étude que les “packages” d’expatriés avaient baissé en 2017 de 6 %. Même chose à Hong Kong, dans de moindres proportions, puisque le recul n’est que de 2 %.

   Si la baisse en valeur du traditionnel package d’expatrié est en partie due au taux de change et au recul de la monnaie locale face au dollar américain, cette dernière devise étant utilisée pour les calculs des packages à l’échelle mondiale, il n’en reste pas moins qu’un nombre croissant de professionnels de Singapour et d’expatriés venant des marchés émergents, Chine et Inde, font que la concurrence est plus rude pour les Occidentaux à Singapour. Une situation qui a tendance à limiter les augmentations de salaires des middle managers. (...)

   (...) Seuls les professionnels très expérimentés parviennent à obtenir des conditions très attrayantes. Il n’en reste pas moins, fait valoir la revue, que les salaires des middle managers sont, en dollars de Singapour, à leurs plus hauts niveaux depuis cinq ans et que les taux d’imposition relativement bas permettent de maintenir l’attrait du lieu, d’autant qu’au-delà des avantages financiers, la ville reste un endroit agréable pour vivre et travailler. Et de souligner l’intérêt d’une expérience asiatique pour une belle carrière… Au point que certains expatriés, toujours en quête, misent désormais sur Taïwan pour l’obtenir.

   Mais il n’y a pas que les salaires, et il n’y a pas que Singapour. “Les temps vont être plus durs”annonce le magazine International Investment, basé à Londres. Pourquoi ? Parce que l’âge d’or des expatriés occidentaux, celui de la mondialisation des années 1980 et 1990 est révolu. “Avant même le Brexit et l’élection de Donald Trump, les expatriés avaient commencé à se rendre compte que nombre de pays n’étaient plus aussi accueillants pour des gens comme eux”, fait remarquer la publication spécialisée.

   C’est sans dans le golfe Arabo-Persique que la dégradation des conditions pour les expatriés – depuis la chute du prix du pétrole – est la plus visible. Au Koweït, par exemple, où deux tiers de la population sont des étrangers, un dispositif a été adopté au début 2017, qui augmente (jusqu’à 500 %) le prix des soins de santé pour les expatriés. Même les étrangers qui n’ont qu’un visa de tourisme doivent souscrire à une assurance santé. Et Dubaï devrait appliquer un plan rendant obligatoire la couverture santé pour tous à la fin 2017. En outre, si les expats à Dubaï ne paient toujours pas d’impôts sur leurs salaires, ils doivent désormais payer l’école pour leurs enfants.

   D’autres pays du Golfe ont cherché à introduire des taxes sur les transferts d’argent de la part des expatriés – “une pratique contre laquelle le Fonds monétaire international a mis en garde en décembre 2016” – précise le magazine spécialisé. Enfin, en Arabie Saoudite, dans le cadre d’un nouveau plan économique visant à sevrer son économie en mal de revenus du pétrole, de sa dépendance aux travailleurs étrangers, priorité est donnée, au moins dans les discours, aux candidats saoudiens plutôt qu’aux travailleurs étrangers. Et pour ce faire, le royaume lève, depuis le 1er juillet 2017, un impôt mensuel (de l’ordre de 25 euros par personne) pour les personnes dépendant des salariés expatriés.

   Même dans les pays développés, comme aux États-Unis et en Australie, l’idée de réduire le nombre de visas pour les professionnels étrangers qualifiés, par exemple, fait son chemin.