Royal Dutch Shell avait dépêché 30 navires et installé deux plateformes de forage sur la mer de Tchouktches au nord-ouest de l’Alaska. Le groupe pétrolier anglo-néerlandais voulait profiter de la période estivale 2015, quand la glace fond, pour prospecter dans la région. Mais Shell n’a rien trouvé, a reconnu l’entreprise le 28 septembre.

   Bredouille, elle a annoncé renoncer à son programme de prospection en Arctique. Le groupe anglo-néerlandais a décidé d’arrêter les frais, après avoir investi sept milliards de dollars dans le projet.

   “La défaite de Shell en Arctique met fin au rêve d’une nouvelle frontière”,commente le Financial Times à Londres. Car, malgré la chute des prix du baril, et le désengagement de ses concurrents dans une région où l’exploitation est jugée trop chère, Shell espérait encore il y a quelques semaines mettre la main sur une réserve récupérable de quatre milliards de barils de brut, note le journal.(...)

   (...) La décision de Shell a été saluée sans tarder par la banque ABN Amro et par la caisse de retraites néerlandaise ABP, un des actionnaires les plus importants de Shell, rapporte, depuis Amsterdam, le quotidien De Volkskrant. “Beaucoup de caisses de retraites sont en effet sous pression pour diminuer leurs investissements dans les énergies fossiles au bénéfice d’investissements dans le développement durable, explique le journal.

   La décision sera “bénéfique pour l’environnement et l’être humain, mais aussi pour Shell lui-même”, souligne de son côté le Algemeen Dagblad à Rotterdam.“Car si l’entreprise souhaite éviter de rester coincée comme un dinosaure dans un monde qui n’est plus, elle a intérêt à se rendre à l’évidence que l’époque des énergies fossiles est révolue, estime le quotidien.

   Le géant pétrolier avait entamé fin juillet ses opérations de forage au large de l’Alaska après avoir obtenu le feu vert des autorités américaines. Barack Obama avait été alors vivement critiqué par des organisations de protection de l’environnement pour cette décision.(...)

   (...) “L’abandon par Shell de son programme de forage en Arctique reflète essentiellement la réalité liée à la chute du prix du pétrole au niveau mondial”, analyse Michael C. Lynch, le président de Strategic Energy and Economic Research, un organisme qui conseille les pétroliers et les banques d’investissement, cité par le New York Times. “L’industrie [pétrolière] a réduit ses investissements de 20 % cette année et s’est séparé de 200 000 travailleurs dans le monde, soit près de 5 % de l’ensemble de la main d’oeuvre du secteur”, relève le journal qui précise : “Les groupes pétroliers américains ont fermé plus de la moitié de leurs plateformes de forage en un an et la production commence à baisser aux Etats-Unis”.

   Pour le FT, l’échec de Shell va pour sûr décourager les autres pétroliers à explorer l’Arctique nord américain. “Certains dirigeants avaient laissé entendre qu’ils laissaient Shell agir en pionnier dans la région, afin de tester les technologies, évaluer les questions géologiques et réglementaires et se confronter à l’opposition écologiste. Personne ne sera prêt à se lancer maintenant.”