/ Une affaire de l’ampleur de celle concernant Penelope Fillon serait-elle envisageable au Danemark ?

   Si une telle affaire éclatait au Danemark ou ailleurs en Scandinavie, le candidat serait cuit depuis longtemps. Notre Premier ministre actuel a eu des ennuis parce qu’il avait payé trop de bières et pris trop souvent le taxi en utilisant des fonds publics. 

   Au Danemark, on a du mal à expliquer aux auditeurs comment ce candidat peut continuer à faire campagne. Si Fillon se retire, il est envisagé que Juppé le remplace alors qu’il a été condamné par la justice en 2004. En France, un candidat ne peut plus se présenter s’il est mis en examen, mais s’il a déjà été condamné, ce n’est pas un problème. 

   / Qu’est-ce que cette affaire révèle du système politique français ? 

   La société française évolue sur ces questions. La création en 2013 de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a contribué à cette évolution, c’est une des choses à mettre au crédit de Hollande. Fillon et d’autres députés ont dû arrêter leur collaboration avec leur femme à ce moment-là. Les hommes politiques osent un peu moins, ça s’améliore doucement. 

   / Fillon peut-il s’en sortir ? 

   C’était le premier candidat en France à promettre du sang, de la sueur et des larmes, et non des rêves. Son programme économique était crédible, avec la vision d’une France en faillite qui doit vite se redresser. Désormais, c’est en contradiction totale avec ses propres actes, avec le fait de payer sa femme sept ou huit fois le salaire minimal pour un travail douteux. Son programme ne tient plus la route. S’il continue, il va traîner cette casserole pendant toute la campagne puis, s’il est élu, son quinquennat. Depuis ces révélations, le jeu est complètement ouvert. Je peux vous donner quatre ou cinq scénarios qui aboutissent à quatre ou cinq présidents possibles. C’est comme ça que ça se passe en France : le moins mauvais sera élu à la fin.

Propos recueillis par Corentin Pennarguear