“Au profit du développement, on est en train d’appauvrir des personnes. On ne peut pas parler d’émergence dans ce cas”,   raconte un ex-ingénieur sénégalais originaire de Bargny. C’est toute la problématique posée par le webdocumentaire des réalisateurs belges Pierre Vanneste et Laurence Grun.

   C’est en 2014 que le président sénégalais, Macky Sall, promeut un nouveau modèle de développement “pour accélérer la marche du pays vers l’émergence”.

   “Une promesse certes séduisante, mais qui n’est pas sans conséquence” pour Bargny, une commune de 70 000 habitants située dans la banlieue de Dakar, au cœur de ce programme. Spéculation immobilière, expropriations, pollution, appauvrissement des ressources… Historiquement propriétaires de leurs concessions familiales de génération en génération, les habitants de Bargny sont peu à peu poussés à la location et rendus dépendants des industries installées dans la région, dépossédés de toutes ressources.”

   En passe de devenir la nouvelle banlieue industrielle de Dakar, Bargny souffre aussi d’un autre mal : l’érosion côtière qui fait rage depuis plusieurs dizaines d’années. Résultat, ce projet d’“émergence” pour Bargny, qui comprend entre autres la construction d’une centrale électrique à charbon et d’un port minéralier et vraquier, pousse les habitants à “se déchirer” : Si les habitants – qu’ils soient partisans ou opposants – s’accordent sur le caractère néfaste de ces projets divers pour l’environnement et l’économie locale, la précarité en conduit un certain nombre à s’aligner, espérant obtenir un emploi.”