“L’homme qui attise les colères françaises était supposé être un rempart pour le président”explique Le Temps dans un article consacré au ministre de l’Intérieur français. “Or chacune [des] sorties publiques [de Christophe Castaner] donne des armes à ses opposants.” Le quotidien suisse revient sur les bourdes de ce proche d’Emmanuel Macron et renchérit : Au sein de l’exécutif, un ministre de l’Intérieur sert d’habitude de paratonnerre. C’est vers lui que convergent les informations sensibles, les affaires politico-judiciaires et les colères populaires […]. Schéma inverse dans le cas de Christophe Castaner.”

   Suite aux rassemblements du 1er Mai, le ministre avait dénoncé “quasi en temps réel” une attaque “contre l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière par des commandos de manifestants”. Or rapidement des vidéos et les témoignages du personnel de l’établissement de santé montraient que “‘l’attaque’ était en fait une ruée de manifestants cherchant à échapper aux gaz lacrymogènes de la police. Un couac sur lequel est revenu Christophe Castaner vendredi 3 mai, après s’être attiré de nombreuses critiques.

   “Las ! poursuit l’article. Revoici ce politicien aux faux airs de Jean-Paul Belmondo dans le collimateur des opposants de tous bords”, dont certains vont jusqu’à demander sa démission.

   Le ministre n’en est pas à son premier faux pas. “La personnalité extravertie de ce Méridional qui, lorsqu’il avait 20 ans, jouait abondamment au poker et côtoyait des caïds à Manosque, où il a grandi… plus voyou que flic à l’époque”, lui est souvent reprochée, note le journal suisse, qui évoque encore le “comportement ‘fil du rasoir’”qui avait fait polémique en mars dernier, “lorsqu’il a été piégé dans une boîte de nuit parisienne en train d’embrasser une inconnue”.

   De fait, en rallumant “les braises sociales à force de déclarations et de comportements intempestifs”, l’ex-figure socialiste ralliée à Emmanuel Macron “ressemble de plus en plus à une étincelle ambulante”. Le “goût des formules chocs, de la communication et de la mise en scène” de Castaner, mais aussi son “manque d’empathie” pour les “gilets jaunes” dont il a comparé la mobilisation à “une ‘sorte de monstre qui est sorti de sa boîte et [qui] continue à s’agiter’” sont également cités comme des motifs de crispation.

   D’autant, souligne Le Temps, que d’autres doutes planent sur la capacité de Christophe Castaner à tenir son ministère, des conditions de sa nomination suite à la démission de Gérard Collomb jusqu’à “sa marge de manœuvre par rapport à son adjoint, l’ancien chef du renseignement intérieur Laurent Nuñez, présenté comme le ‘vrai’ ministre”.

https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-suisse-christophe-castaner-letincelle-ambulante