“Les autorités locales disaient qu’il n’y avait pas d’esclavage. Mais à présent nous ne pouvons plus le nier et nous demandons pardon au monde pour l’avoir fait jusque-là”, a déclaré Susi Pudjiastuti, la ministre indonésienne des Affaires maritimes et de la Pêche,au site du magazine Tempo. Selon la ministre, un millier de pêcheurs, majoritairement birmans, travaillent clandestinement à Benjina, sur les petites îles Aru, aux Moluques, et sont dans l’impossibilité de rentrer chez eux. Entre 20 et 30 d’entre eux meurent chaque année à cause de mauvais traitements, voir de tortures.

   Ce scandale a été révélé le 26 mars dernier par l’agence de presse américaine Associated Press (AP), qui a mené une enquête de plus d’un an et a interviewé des pêcheurs, pour la plupart birmans. Ceux-ci ont affirmé être forcés de travailler jusqu’à vingt-deux heures par jour et être fouettés avec des lattes de galuchat (cuir de raie ou de requin), sans recevoir aucun salaire. Certains seraient mis en cage ou soumis à des courants électriques.  (...)

   (...) Le quotidien Jakarta Globe rapporte de son côté que le vendredi 3 avril, les forces de l’ordre ont fait une descente sur les bateaux de Pusaka Benjina Resources, l’entreprise incriminée par l’enquête d’AP. Plus de 300 pêcheurs, dont certains étaient tenus en esclavage depuis neuf ans, ont été rapatriés dans leur pays.

   Le quotidien Kompas cite également la ministre des Affaires maritimes, qui affirme que quelques 100 000 marins-pêcheurs originaires du Cambodge, de Birmanie et de Thaïlande subissent le même sort que ceux des navires de Pusaka Benjina Resources sur des îles indonésiennes très difficiles d’accès. “Ces pratiques esclavagistes sont une violation des droits de l’homme. Si le gouvernement n’agit pas rapidement, on pensera que nous tolérons l’esclavage, et nos exportations de poisson risquent d’être boycottées”, a déclaré au journal le chef de l’équipe d’investigation du ministère des Affaires maritimes, Mas Achmad Santosa. Il ajoute que ces pratiques ne se limitent sans doute pas à l’Indonésie, raison pour laquelle il est essentiel de travailler en coopération avec Interpol.

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