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    Pensées pour nous-mêmes:

    (VIVRE TUE... PARFOIS)

    £££

    "Waouh! T'es un mec supeeerrr!!!

    - Heu, oui, mais... T'en fais pas un peu trop?"

    (via shakethatthing)

    £££

    "Chérie! Hum... T'as oublié ta culotte...

    - Justement, je la cherche"

    (Source: lovejoannlove, via shakethatthing)

    £££

    "Mâââkrrronnn, viens ici, que je te corrige!

    - Oui, maîtresse..."

    (Source: beforeiforgetisee)

    £££

    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (PENSER OU NE PAS PENSER

    À LA VIE COMME ELLE EST)

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    "Hé, y'a une tache!

    - Hein, où, où?

    - Là...

    - Mais où là?"

     auriferis929

    Edouard Frederic Wilhelm Richter (1844-1913)  The blue dress. Private collection

    %%%

     http://yvonlab.over-blog.com/2016/05/liberte-de-la-presse-la-france-tombe-a-la-45e-place-du-classement-mondial.html

     
     
     
     
    CITROËN C3
    Citroën C3 est équipée de 11 aides à la conduite dont l'alerte attention conducteur.
     
     
    MUTUELLE SENIOR
    Mutuelle spéciale + 55 ans : à partir de 7,48 euros
     
     

    Comment se porte la liberté de la presse en Autriche ?

    Pas très bien, à en croire un courrier électronique

    issu du ministère de l’Intérieur.

       Lundi 24 septembre, un e-mail envoyé la semaine précédente aux services de communication des directions de la police autrichienne a été transmis à plusieurs quotidiens. Le ministère, dirigé par un membre du parti populiste de droite FPÖ, Herbert Kickl, y suggère aux fonctionnaires de limiter l’accès aux informations de certains médias critiques.

       “Malheureusement certains médias fournissent plus que jamais une couverture très partiale et négative du ministère de l’Intérieur et de la police”, peut-on lire dans le document classé secret, qui cite nommément les quotidiens Der StandardKurier et l’hebdomadaire Falter (dont le rédacteur en chef a tweeté le mail ci-dessus). C’est pourquoi il se permet de “proposer de limiter la communication avec ces médias au strict nécessaire prévu par la loi et de ne pas leur accorder de récompense, par exemple une exclusivité, à moins qu’ils ne garantissent un article neutre, voire positif.”

       Il s’agit là d’une “suggestion” et non d’un ordre, précise le ministère, qui ne s’arrête pas là.

       Dans un souci de “transparence”, il souhaite également que, lorsque la police communique au sujet d’un délit, elle mentionne la nationalité d’un éventuel suspect, et qu’elle précise, le cas échéant, si celui-ci est en séjour régulier ou irrégulier. De quoi faire bondir la presse autrichienne.

       Pour Der Standard, l’un des quotidiens visés par le ministère, ce courrier est une attaque directe à la liberté de la presse. Les rapports entre les médias sérieux et le FPÖ sont tendus, pour dire les choses prudemment. Pour dire les choses moins prudemment : les Bleus [le FPÖ] considèrent les journalistes critiques comme leurs principaux ennemis et les qualifient par exemple d’‘auteurs ultragauchistes’ œuvrant pour les ‘médias du système’.”

       Avec ce document, estime Kurier, le ministre a dévoilé sa conception autoritaire de l’État. “Kickl se construit sa propre couverture médiatique, en employant aux frais du contribuable des équipes de tournage qui louent son action sur le site du ministère ou sur Facebook. Dans le même temps, il veut empêcher les bons journalistes de faire leur travail”, écrit le journal. Demander aux puissants de rendre compte de leurs actions, c’est le rôle de médias libres dans un monde libre. Limiter cette possibilité, c’est limiter la liberté, c’est en fait vouloir un autre système politique.”

       L’opposition interrogera Herbert Kickl mercredi au Parlement. Le chancelier Sebastien Kurz, en déplacement à New York, a rappelé son ministre à l’ordre en affirmant que les institutions gouvernementales étaient responsables d’assurer la liberté de la presse.

     https://www.courrierinternational.com/article/tolle-en-autriche-apres-la-missive-du-ministre-de-linterieur-pour-controler-la-presse

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA CONNAISSANCE NE SE

    PRATIQUE PAS LE VENTRE PLEIN)

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    "J'ai trop chaud. Si tu allumais le ventilateur?

    - Non, FB veille"

    http://driveintheaterofthemind.tumblr.com/image/177279751494

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    https://www.blagues-et-dessins.com/tag/edouard-philippe/

    Quand il suffit

    de traverser la rue

       Comme la vie devient facile sous le règne d’Emmanuel Macron ! Tellement facile que les citoyens en arrivent presque à se demander pourquoi ils se compliquaient l’existence jusqu’à l’avènement du majuscule pédagogue aux solutions évidentes pour toutes sortes de problèmes qui taraudaient auparavant nombre de fieffés inquiets. Ainsi, la question du chômage que nous trouvions terrible il y a peu de temps encore est beaucoup moins grave qu’il y paraît dès lors que l’on accepte d’être résolument positif. Du travail il y en a partout.

       On change de trottoir et les emplois pleuvent comme vache qui pisse. Il faut seulement ne pas avoir peur de traverser la chaussée. Nous avons donc bien changé d’époque puisque voilà les propos de comptoir érigés en vérités présidentielles. Les ouailles rassemblées virtuellement dans la grande Eglise macronienne sont bien sûr paternellement priés d’apprendre le nouveau catéchisme ultralibéral. Cependant, pour accéder à l’idée – érigée en dogme - de la « vie facile » insidieusement promue il conviendra de brûler d’abord tous les bons manuels de sociologie, de psychologie sociale et d’économie critiques devenus éminemment hérétiques par l’opération du Saint-Esprit fait homme.

       Ce qui est formidable avec la facilité macronnienne – pardon, jupitérienne ! – c’est qu’elle est contagieuse, donc extensible à souhait. Les serviles lieutenants du général en chef s’en font l’écho plus souvent qu’à leur tour et rivalisent d’imagination pour chasser la moindre occasion où la vie du fonctionnaire en voie de précarisation, de l’usager des services de moins en moins publics, de l’élu local aux moyens en baisse et aux responsabilités en hausse, sera grandement facilitée désormais !

       Aucun des serviteurs, grand ou petit, n’a été choqué par la pique envoyée par le monarque au naïf horticulteur qui lui parlait l’autre jour sérieusement de son chômage et qui espérait peut-être que le providentiel souverain l’embaucherait pour l’entretien de ses célèbres jardins. Pourquoi, diable, ce brave homme s’accroche-t-il paresseusement à son métier quand tous les cafetiers et restaurateurs du quartier de l’Elysée ou d’ailleurs n’attendent que lui pour le mettre généreusement à la tâche ?

       Sous les cieux radieux du macronisme les remèdes faciles se ramassent donc à la pelle. Quand Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education Nationale, a annoncé le mois dernier que mille quatre-cents postes d’enseignants seraient supprimés l’an prochain, des journalistes ont audacieusement demandé si cela n’allait pas conduire à un alourdissement du nombre d’élèves par classe. Le ministre s’attendait visiblement à cette terrible banderille : non puisqu’il va suffire que les professeurs fassent des heures supplémentaires, ce qui améliorera du même coup leur pouvoir d’achat. Comme c’est évident ! Et tant pis si les intéressés, déjà nombreux à faire des heures supplémentaires, ne souhaitent pas pour la plupart en faire davantage car ils préfèrent consacrer du temps à l’amélioration de la qualité de leur enseignement.

       Les forces de la police et de la gendarmerie nationales ne sont pas assez nombreuses pour afficher leur « présence Rassurante » partout sur le territoire ? Qu’à cela ne tienne : armons les polices municipales. Et tant pis si les policiers ainsi promus n’ont pas été formés à ce nouvel usage de leur emploi. Dans le domaine de l’urbanisme, le projet de loi Elan est destiné à permettre « de construire plus et moins cher ». Cependant, selon les promoteurs immobiliers il existerait trop de recours abusifs contre les projets de construction. Alors, le gouvernement prévoit de simplifier les normes et de « mieux encadrer les procédures contentieuses contre les permis de construire ». Quels seront les critères permettant d’apprécier le caractère abusif d’un recours contre un projet ? Les défenseurs de l’environnement déjà s’inquiètent de ces plus grandes facilités à bétonner. Comment ne pas les comprendre ?

       S’agissant de la vie facile, Emmanuel Macron parle d’expérience. Pour causer trivialement – comme lui-même se hasarde parfois à le faire – il en connaît un rayon ! Lui, n’a même jamais eu besoin de traverser la rue. Ni pour entrer à l’Elysée au début de la Présidence Hollande. Ni pour entrer à la banque Rothschild comme financier de haut-vol. Ni pour devenir ministre de l’économie. Ses diplômes, son talent et l’adoubement d’influents mentors, tel Jacques Attali, ont toujours ouvert un vrai boulevard à son ambition forgée tout au long d’une jeunesse dorée. Bref, le prodige est le pur produit d’un déterminisme social positif.

       Et cela bien sûr ne facilite pas sa compréhension du déterminisme social négatif qui frappe tant d’autres de ses congénères. La vie sourit aux uns, fait la grimace aux autres. Qu’un président de la République oublie trop souvent cela autorise à s’interroger sur la nature de ses lectures au cours de sa formation intellectuelle. Cependant, une chose saute aux yeux – et surtout aux oreilles – désormais : Emmanuel Macron cache de plus en plus mal son mépris de classe.

    https://www.legrandsoir.info/quand-il-suffit-de-traverser-la-rue.html

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    Benoît Barvin


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  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHAQUE JOUR

    EST UNE FIÈVRE)

    ***

    "Jolis, tes pectoraux"

    Reblogged from mennyfox55.

     

    ***

    http://projetfrance2012.canalblog.com/albums/humour_politique/photos/89608549-137007_600.html

    Washington se prépare à

    une autre guerre illimitée,

    en Syrie

       Après l'Afghanistan où l'armée américaine est embourbée depuis 17 ans, les Etats-Unis se préparent à une autre guerre illimitée, en Syrie cette fois: l'administration Trump a fait savoir cette semaine qu'elle restera sur le territoire syrien tant que l'Iran n'en partira pas.

       "Nous ne partirons pas tant que les forces iraniennes resteront en dehors des frontières iraniennes, et cela inclut les alliés de l'Iran et les milices armées", a déclaré lundi à des journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton.

       Ce n'est pas la première fois qu'un responsable américain laisse entrevoir une présence américaine prolongée sur le sol syrien, où Washington a déployé quelque 2.000 soldats, dans le cadre de la lutte internationale contre le groupe Etat islamique (EI): en janvier, le Pentagone avait fait savoir que les Etats-Unis maintiendraient une présence militaire en Syrie "aussi longtemps que nécessaire" pour prévenir tout retour de l'EI. Et en juin, le ministre de la Défense, Jim Mattis, avait prévenu les alliés des Etats-Unis que quitter la Syrie dès la fin des combats contre l'EI serait une "bourde stratégique".

       Mais c'est la première fois qu'un départ des forces américaines est lié aussi directement à la présence de soldats iraniens et pro-iraniens en Syrie. Et surtout, un lien aussi direct change la nature de l'intervention en Syrie, justifiée légalement par la lutte contre les jihadistes après plusieurs attentats meurtriers en Europe: il ne s'agit plus d'une guerre contre l'EI mais d'une guerre indirecte contre l'Iran.

       Questionné sur les propos de M. Bolton, M. Mattis a assuré que la politique américaine en Syrie n'avait pas changé. "Nous sommes en Syrie pour vaincre l'EI (...) et nous assurer qu'il ne revient pas dès que nous aurons tourné le dos", a-t-il déclaré. Le ministre de la Défense, qui apparaît souvent plus mesuré que le bouillant John Bolton, a affirmé "lire la même partition de musique" que lui. Mais la situation sur le terrain est "complexe", a-t-il ajouté. "Il y a des centaines de subtilités et de nuances, je suis le premier à le reconnaître."

       La perspective d'une telle guerre illimitée inquiète notamment la France. "C'est de la responsabilité de Bachar al-Assad, mais aussi de ceux qui le soutiennent, d'engager une solution politique (...) sinon on risque d'aller vers une forme de guerre perpétuelle dans la zone", a averti lundi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. "Il y a aujourd'hui cinq armées qui se font face en Syrie et les récents incidents montrent que le risque de guerre régionale est bien réel", a-t-il ajouté.

       Outre le risque de divergences au sein de la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis qui mène les opérations dans le nord de la Syrie en coopération avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants kurdes et arabes, ce virage stratégique est dangereux, souligne Andrew Parasiliti, du centre de réflexion Rand Corporation.

       "En tant que candidat et en tant que président, Trump a dit que la guerre en Irak était une erreur et qu'il voulait retirer les soldats américains de Syrie", rappelle cet expert des questions de sécurité nationale. "Mais la politique américaine est maintenant de rester en Syrie aussi longtemps que l'Iran y restera, et l'Iran ne semble pas pressé de partir", ajoute-t-il. "Il y a donc un risque d'escalade ou d'accidents avec l'armée russe, comme on l'a vu la semaine dernière avec Israël."

       Le 17 septembre, l'armée syrienne a en effet abattu au large de la Syrie un avion de son indéfectible allié russe avec 15 militaires à bord, Moscou faisant dans un premier temps porter la responsabilité à Israël avant d'évoquer des "circonstances accidentelles tragiques". La défense anti-aérienne syrienne avait ouvert le feu pour intercepter des missiles israéliens visant des dépôts de munitions dans la province de Lattaquié, un bastion du président Bachar al-Assad dans le nord-ouest du pays.

    https://www.courrierinternational.com/depeche/washington-se-prepare-une-autre-guerre-illimitee-en-syrie.afp.com.20180926.doc.19f9ix.xml

    ***

    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA DÉFENSE D'UNE INSULTE

    DÉPEND DE L’ÉLÉPHANT)

    Pcc Jacques Damboise

    µµµ

    "Ça va? Ça ne vous serre pas trop?"

    (Le Bourreau était toujours plein de

    prévenances pour les femmes)

    achasma:

    The Execution of Lady Jane Grey (detail) by Paul Delaroche, 1833.

    µµµ

     "Non, non, Monsieur Fesse de Bouc. Il ne s'agit pas de tétons,

    mais de poitrail. Oui, exactement..."

     http://karrova.tumblr.com/post/178283269593

    µµµ

     "Janice! On voit ta culotte!

    - Hein? Quoi?"

     http://karrova.tumblr.com/post/178159791329

    µµµ

    Jacques Damboise


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (MINUTE APRÈS MINUTE

    TU T’ÉPARPILLES

    DANS L'ESPACE)

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    Source: renarde20

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    http://www.blagues.lol/blague-courte-sur-les-impots/

    Actuel Moyen Âge -
    Charles V aurait-il dû prélever
    l’impôt à la source

       Le prélèvement de l’impôt à la source semble avoir semé le doute chez Emmanuel Macron qui a montré son hésitation à appliquer cette réforme. Le président est sans doute inquiet des effets qu’une telle réforme pourrait avoir sur une côte de popularité déjà en chute libre dans les sondages.

       L’impôt est ainsi un rouage de l’État à manier avec précaution par le gouvernement : il peut être source d’une grande impopularité s’il est mal géré et peut aussi servir d’argument dans les débats politiques. Or, c’est au Moyen Âge, dans la France de la Guerre de Cent Ans (1337-1453), que l’impôt prend une place nouvelle au sein d’une opinion publique naissante.

       La guerre de Cent Ans renforce l’idée qu’il faut un impôt régulier, notamment pour payer les armées et ainsi remporter la guerre contre l’Angleterre. Mais plus d’impôts, cela veut souvent dire plus de mécontentements, ce qui entraîne des tensions, en particulier dans les années 1356-1358. Le roi de France Jean II le Bon est alors prisonnier des Anglais et c’est son fils Charles V qui assure la régence. Il doit négocier avec les délégués des états généraux pour continuer à lever des impôts, ce qui est loin de se faire dans le calme : le prévôt des marchands Étienne Marcel et ses partisans font ainsi irruption dans la chambre du régent et ordonnent de mettre à mort deux de ses maréchaux pour faire pression.

       Aux XIVe-XVe siècle, la société française peine encore à accepter l’idée d’un impôt régulier. Vers 1410, dans son Livre des bonnes mœurs, le moine Jacques Legrand fait ainsi l’éloge du roi exemplaire qui refuse l’impôt et les cadeaux de ses sujets, pour ne vivre que des ressources de son domaine. Le roi peut certes être justicier, nourricier, protecteur mais il n’est pas question qu’il devienne percepteur d’impôts pour tout le royaume !

       À la fin du XIVe siècle, l’idée d’un impôt régulier commence à être acceptée, mais sous certaines conditions. Dans le Songe du Verger, texte politique écrit vers 1378, on présente l’impôt comme légitime seulement s’il sert le bien commun, si son montant est juste et s’il est consenti par le pays. Charles V comprend alors qu’il doit réformer l’impôt pour mieux le faire accepter. Il prend donc la décision de rééquilibrer ses sources de revenus : il limite autant que possible les impôts prélevés sur l’ensemble du royaume et, en compensation, améliore la perception des revenus de son domaine centré sur l’Île-de-France. Charles V se conforme ainsi à l’image du bon roi qui vit de son domaine.

       D’autre part, l’impôt qui finance la guerre est désormais utilisé plus directement là où il est prélevé, au lieu de s’envoler à Paris. Dans les régions en conflit, on voit ainsi les finances employées concrètement pour la fortification, la solde des armées sur place ou encore le rachat des forteresses ennemies afin de pacifier la région. Enfin, au plan militaire, Charles V décide d’adapter ses armées ainsi que sa tactique à des finances moins importantes.

       Prévoyant que la guerre serait longue, il fait le choix de petits effectifs (à savoir 3400 hommes environ), composés majoritairement de volontaires mobilisables en permanence et donc recevant une solde régulière. Ces troupes doivent pratiquer une guerre avant tout défensive, moins coûteuse que les sanglantes batailles rangées. De la sorte, l’effort militaire n’a absorbé que la moitié du budget de Charles V. Cette politique habile permit au roi de redorer son image. On le voit à travers la biographie que lui composa sa contemporaine, l’auteure Christine de Pizan, sous le titre du Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V.

       Il n’en reste pas moins que l’impôt régulier est une nouveauté pour le royaume de France et ses populations. Même Charles V, le père de l’impôt, peut se trouver pris à son propre jeu face à la nouvelle bureaucratie qu’il a mise en place. En bon souverain féodal, Charles souhaite par exemple récompenser le chevalier Étienne Poissonnat pour son loyalisme dans la guerre de Cent Ans, en lui offrant 100 livres de rente. Néanmoins, les officiers responsables de l’impôt, qui n’aimaient guère Étienne, n’ont pas manqué de se montrer pointilleux : ils bloquent le versement de la rente en arguant un vice de forme.

       En ce qui concerne les populations du royaume, elles se résignent à payer. Il existe cependant des résistances à l’impôt, mais elles ne s’exercent pas contre le roi : à l’heure où internet et le paiement en ligne n’existent pas, c’est contre les agents chargés de la perception de l’impôt que se déchaînent les mécontentements. Le percepteur Thomas du Godet est ainsi agressé et tué en pleine rue, le 12 janvier 1367, à Montivilliers dans le Pays de Caux. Ses assassins, des habitants du coin, refusent de se présenter devant la justice. Ils sont alors rattrapés et emprisonnés dans le monastère des environs. Là encore, les religieuses, solidaires de leur combat, les laissent discrètement sortir de leurs cellules pour retrouver leurs famille et amis.

       Charles V n’ignore pas ces tensions qui menacent l’ordre de son royaume. Sur son lit de mort, en 1380, on le trouve encore à supprimer un impôt exceptionnel, espérant ainsi calmer le mécontentement social en France.

       On comprend donc avec quelle précaution le gouvernement avance quand il s’agit d’impôts. On ne peut en effet séparer le fonctionnement technique de ce prélèvement des conséquences psychologiques qu’il peut avoir sur la société. C’est là que réside toute la complexité de la question de l’impôt dans notre société : c’est une contribution citoyenne indispensable que tout le monde devrait payer – l’évasion fiscale restant encore en partie impunie – et c’est en même temps un redoutable instrument de communication politique.

    Pour aller plus loin :

    - Christine de Pizan, Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles V, trad. J. Blanchard et M. Quereil, éd. Pocket, Paris, 2013.

    - Françoise Autrand, Charles V Le Sage, Paris, 1994.

    - Lydwine Scordia, Le roi doit vivre du sien : la théorie de l’impôt en France, XIIIe-XVe siècles, Paris, 2005.

    À lire aussi sur Nonfiction :

    - Florian Besson, « Actuel Moyen Âge - 1183, imposer l'impôt »

    - Pauline Guéna, « Actuel Moyen Âge - 1356, le prélèvement à la source »

    https://www.nonfiction.fr/article-9552-actuel-moyen-age-charles-v-aurait-il-du-prelever-limpot-a-la-source.htm

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (N'ÊTRE QU'UNE CONSCIENCE

    DÉLIVRÉE D'AFFECT)

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    (Dora attendait avec effroi l'arrivée de son invité,

    un certain Mâââkrrronnn)

    Barbara Steele in The Horrible Dr. Hichcock. (1962)

    Source: starrywisdomsect

    +++

    http://projetfrance2012.canalblog.com/albums/humour_islam_2/photos/108111393-islam_arabie_saoudite_humour.html

    Les Ouïghours musulmans :
    que faire pour eux ?
     
    Théophraste R. 
    Relativiseur et auteur des livres (à paraître) : « Conséquences de l’hémiplégie politique sur les indignations collectives », « Qu’est-ce qu’une campagne de presse mondiale ? » et « Que contenait la petite fiole brandie par Colin Powell à l’ONU avant la destruction de l’Irak ? ».

       L’homicide volontaire, tout contact sexuel extra-conjugal, l’athéisme (considéré comme du terrorisme), l’homosexualité, le viol, le vol à main armée, la sorcellerie, l’adultère, la sodomie, l’apostasie, le trafic de stupéfiants, le sabotage, l’espionnage, la trahison, les jeux de hasard, la défiance vis-à-vis des autorités, la sorcellerie sont passibles de mille coups de fouets, de dix ans de prison, voire de la peine capitale par lapidation, sabre, arme à feu ou crucifixion en Arabie saoudite.

       Depuis que le bon prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, ami de Macron, dirige son pays, le nombre d’exécutions capitales a doublé. Il y a eu depuis juin 2017 (date de son accession au pouvoir) 133 exécutions capitales contre 67 à la même période l’année précédente. Pour les 4 premiers mois de 2018, on comptait 48 exécutions.

       En nombre, les USA (308,5 millions habitants) comptent plus de prisonniers (2 292 000) que la Chine (1 650 000) peuplée de 1 milliard 350 millions d’habitants).

       Je vous parle de ça en bafouant le titre de ce billet parce que j’ai ouï dire qu’un administrateur du Grand Soir revient du Xinjiang (Chine), qu’il va en parler ici incessamment et qu’il importe de coiffer fissa des casques de moto (1). C’est une précaution qui ne fut pas inutile en 2002 quand LGS parlait de Castro, en 2008 de Reporters sans frontières (Ménard), ou du dalaï lama en 2010. Sur ces sujets-là, ça va beaucoup mieux, mais ce fut chaud brûlant.

       Note (1). 2 administrateurs sur 3 sont toujours sous la menace publique de coups de manches de pioches s’ils se montrent à Paris, d’où une lâche appétence pour les voyages lointains.

    https://www.legrandsoir.info/

    +++

    Benoît Barvin


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  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOURIS MÊME QUAND

    TA VIE EST DERRIÈRE TOI)

    ***

    "Oh Mon Dieu, faites qu'il y ait, ce jour,

    de nouveaux petits enfants au Séminaire"

    http://karrova.tumblr.com/post/178230877568

    ***

    "Aie! Mon lumbago"

    michael2618thefingerfuckingfemalefurythe-blog-where-it-happened:

    reddietrashmouthkamikazesoundsociety:

    ***

    "Mâââkrooon! Ouste, du balai!

    - Mêêhh, Maîtresse..."

    nucleo-nucleo:

    American Ballet Theatre: As part of the Spring Season 2012 at the MET Opera House in New York, the ABT presents a new production of “Onegin,” based in the novel in verse “Eugene Onegin" by Alexander Pushkin. With music of Tchaikovsky.

    From the ABT’s brochure, dancers Julie Kent and Marcelo Gomes, photographed by Fabrizio Ferri…

    ***

    Blanche Baptiste


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  • +++

    Pensées pour nous-mêmes:

    (VIVRE EST UNE

    GUERRE SANS FAIM)

    +++

    "J'me casse en douce, ils n'y verront que du feu"

    (Source: gifkikkers, via twitchygifs)

    +++

    https://www.vipeoples.net/La-corruption-en-Afrique-un-recul-au

    -Senegal-Burkina-et-en-Cote-d-Ivoire_a32945.html

    Sur la côte sénégalaise,

    les habitants paient

    le prix du développement

     
     
     
     
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       “Au profit du développement, on est en train d’appauvrir des personnes. On ne peut pas parler d’émergence dans ce cas”,   raconte un ex-ingénieur sénégalais originaire de Bargny. C’est toute la problématique posée par le webdocumentaire des réalisateurs belges Pierre Vanneste et Laurence Grun.

       C’est en 2014 que le président sénégalais, Macky Sall, promeut un nouveau modèle de développement “pour accélérer la marche du pays vers l’émergence”.

       “Une promesse certes séduisante, mais qui n’est pas sans conséquence” pour Bargny, une commune de 70 000 habitants située dans la banlieue de Dakar, au cœur de ce programme. Spéculation immobilière, expropriations, pollution, appauvrissement des ressources… Historiquement propriétaires de leurs concessions familiales de génération en génération, les habitants de Bargny sont peu à peu poussés à la location et rendus dépendants des industries installées dans la région, dépossédés de toutes ressources.”

       En passe de devenir la nouvelle banlieue industrielle de Dakar, Bargny souffre aussi d’un autre mal : l’érosion côtière qui fait rage depuis plusieurs dizaines d’années. Résultat, ce projet d’“émergence” pour Bargny, qui comprend entre autres la construction d’une centrale électrique à charbon et d’un port minéralier et vraquier, pousse les habitants à “se déchirer” : Si les habitants – qu’ils soient partisans ou opposants – s’accordent sur le caractère néfaste de ces projets divers pour l’environnement et l’économie locale, la précarité en conduit un certain nombre à s’aligner, espérant obtenir un emploi.”

    https://www.courrierinternational.com/article/sur-la-cote-senegalaise-les-habitants-paient-le-prix-du-developpement

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (MAÎTRE DU TEMPS

    TU N'AS PAS UNE

    MINUTE A TOI!)

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     (Source: crap-userrname16, via crap-userrname16)

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     https://autrementvu.wordpress.com/2015/01/05/de-la-dyspraxie-au-pied-de-la-lettre/

    Les pouvoirs de l’écrit
     

       La Logique de l’écriture de Jack Goody a été réédité chez Armand Colin au printemps dernier (2018), après une première publication en 1986. Cet ouvrage traite, comme son sous-titre l’indique, de «l’écrit et l’organisation de la société». Les quatre thèmes que fouille ici Goody sont la religion, l’économie, la politique et le droit. Autant de thématiques aujourd’hui fortement actuelles, pour qui fait l’hypothèse que nos octets et nos réseaux relèvent de l’écriture et constate qu’ils bousculent à leur façon nos normes, croyances et contrats sociaux, jusqu’à nos représentations de l’État.

       Cet ouvrage résulte d’ailleurs d’une série de conférences données par Goody à Chicago en l’honneur de L. A. Fallers, anthropologue spécialiste des nouvelles formes étatiques qu’expérimentait l’Afrique lors des décolonisations — Goody évoque plusieurs fois ce moment, qui fut aussi celui de belles utopies et fraternités, combiné à d’audacieuses réflexions désireuses de tirer les acquis de toutes les histoires. Comprendre le passé, débarrassé de tous les préjugés régionalistes ou culturalistes, et sortir des ornières des formations discursives qui nous fabriquent, en s’appuyant sur des faits et sur une rationalité érudite pour comprendre le contemporain et l’infléchir au mieux, tel est le projet de Goody. C’est ainsi qu’à le lire, environnés de tablettes et de migrants, de discours individualistes et de bruits de bottes, nous nous découvrons étonnamment proches des marchands sumériens et des paysans anglais du 12e siècle, et nous comprenons que les modes de communication ne doivent pas être négligés face aux modes de production, et que leur importance n’a rien de nouveau.

       Commençons par les religions. Goody montre qu’il existe «un lien intrinsèque entre les religions [qui s’affirment universelles] et le mode écrit lui-même, le moyen par lequel les croyances et le comportement religieux se communiquent et se transmettent» . En quoi une religion fondée sur des textes, voire sur un Livre, diffère-t-elle d’une autre, orale, comme celle des Achanti? Si les deux s’intéressent aux «mystères de la naissance et de la mort» , la seconde est plus mobile au fil du temps, plus flexible, et plus localisée politiquement, quand la première maintient plus fidèlement un état de la parole divine et facilite la conversion (sauf dans quelques cas particuliers comme la religion juive, même si, à ce sujet, Goody rappelle que les choses sont historiquement plus complexes). Pourquoi? Les religions écrites ont tendance à être plus universalistes dans la mesure où, d’une part, les «formulations écrites favorisent la généralisation des normes» , lesquelles doivent, du fait des conversions, s’appliquer à plus d’un groupe ou à plus d’une société.

       Goody évoque ensuite l’importance de la spécialisation, qui invite les organisations religieuses à se doter de cadres instruits, qui «contrôlent les connaissances tirées du Livre religieux». Longtemps, en Inde, en Europe, les spécialistes de la religion avaient un quasi-monopole sur l’enseignement et devaient maintenir leur compétence scribale pour «conserver leur rôle de gardien des idées» . Ces clergés avaient besoin de moyens pour maintenir bâtiments, écoles et personnel, et se sont souvent approprié (en Europe, en terres d’Islam, au Tibet, au Sri Lanka et dans l’Égypte ancienne) jusqu’à un tiers des terres cultivables, à des époques variées. Cette prédation s’est évidemment appuyée sur l’écriture, via les actes notariés et les testaments écrits. Ce qui peut relever d’une première preuve de la réflexivité de l’écriture, et de la façon dont elle influe, sans déterminisme, le cours de nos vies et plus encore, celui de nos catégories intellectuelles et politiques.

       En cela, l’écriture favorise aussi le retour aux sources: à un sectarisme fondé sur un respect idéal de la parole divine d’antan, qui peut vite s’opposer aux religions dominantes (sectes fondamentalistes, «hérétiques» médiévaux, chiisme, protestants ascétiques, etc.). Ce qui nous invite à abandonner l’idée d’une «interdépendance bien nette, fonctionnelle ou structurelle, entre la religion et la société, et à admettre l’idée que l’écriture, à savoir la présence du texte d’une parole, par opposition à son expression orale, ménage un rôle partiellement indépendant à l’idéologie, en lui donnant un certain degré d’autonomie structurelle dont elle ne dispose pas dans les sociétés orales» . Nous qui avons tant de mal à délier, par exemple quand est évoqué le «numérique» ce qui relève de l’idéologie, de la croyance ou de la part de vérité, pouvons d’autant plus méditer cette phrase que Goody enchaîne sur le rapport entre écriture et économie, après avoir donné des exemples des effets de l’écriture sur les clergés et les États (à partir du cas de l’Égypte antique, de Sumer, de la Phénicie).

       Goody se penche sur l’invention de la comptabilité au Moyen-Orient, aujourd’hui bien connue depuis ses travaux et ceux de Clarisse Herrenschmidt. Il rappelle que «comme de nos jours, le contrôle de la qualité et la standardisation des poids et mesures étaient [...] un des aspects importants du rôle de l’administration» . Il met en évidence la multiplicité de billets à ordre, ancêtres de nos chèques, pour l’organisation internationale du commerce en Mésopotamie, de livres de comptes pour celle des États. Nous comprenons que de tels systèmes ne pouvaient exister qu’avec l’écriture, mais n’imaginions pas leur sophistication. Goody rappelle à quel point cette économie différait de celle des États africains sans écriture.

       Ceux-ci «percevaient un équivalent des impôts [...] mais les systèmes complexes de taxation, la prévision la plus précise des besoins, des ressources et du revenu [....] dépendent de façon critique de l’emploi de l’écriture» . De façon analogue, le crédit au Ghana ne pouvait s’exercer qu’à court terme et avec un petit nombre de contractants. En revanche, dans toute l’Afrique commerciale (Sahara, Ouest du Soudan, Est africain), on rencontre des lettres de change écrites (en phénicien, grec, puis arabe). Car «sans livres, les commerçants rencontrent des difficultés dans le domaine des profits et pertes [... Et] quand les deux contractants maîtrisent l’écrit, une facture écrite permet d’en examiner et d’en vérifier le contenu: ce qui, en soi, lui confère un plus grand poids auprès de l’acheteur et du vendeur, sans compter l’utilité qu’elle peut avoir ultérieurement en cas de litige» .

       Avec l’écriture, toute une série de transactions et de tâches administratives sont rendues possibles, et là encore, on est surpris par leur complexité; d’autant que ces enregistrements de dons, de recensements, de provisions, de surplus, de transferts de terres et de biens, à la fois alimentaient et apaisaient les tensions entre clergé et pouvoir politique, ce qui menait à une amplification des usages de l’écrit et donc au développement d’une bureaucratie. Cette administration tous azimuts (des rapports de pouvoir, de l’échange, des populations) a eu de surprenantes implications cognitives: des manuels apparaissent, pour améliorer le rendement des troupeaux (Angleterre, Moyen-Âge), de la sériculture (en Chine, 12e siècle); et les premières mises en série concrètes (zoos, jardins botaniques) apparaissent dès le Moyen-Orient ancien. Goody précise que «ni le commerce sur de longues distances, ni l’irrigation ne sont des conséquences de l’écriture, et c’est peut-être l’inverse qui est vrai; mais l’écriture facilite le rassemblement et la classification des spécimens botaniques et zoologiques et des informations qui s’y rattachent».

       Dans la troisième partie, intitulée «L’État, le bureau et le dossier», Goody affirme d’emblée que «l’écriture joue un rôle décisif dans le développement des États bureaucratiques» et nuance aussitôt son propos: «bien que des formes de gouvernement relativement complexes puissent exister sans écriture». Il rappelle sa distance face au déterminisme technique et la lenteur des transformations induites par l’écriture, ce qui suppose un total métissage entre corps social et univers technique: «L’écriture n’a pas de conséquence aussi immédiate que le fusil. Il a fallu quelque cinq mille ans pour étendre la capacité de lire et d’écrire à tout le système social, pour en faire un instrument de démocratie, de pouvoir populaire, un instrument appartenant aux masses» .

       Il rappelle l’exemple des esclaves de Bahia en 1835, qui purent fomenter une révolution. Non parce qu’ils auraient été acculturés aux idées révolutionnaires de l’Europe via un Toussaint Louverture: parce que l’écriture qu’ils maîtrisaient (plus que les colons) leur donnaient des possibilités d’organisation. De façon générale, un État maîtrise mieux l’avenir avec l’écriture: gestion des biens durables, impôt, surveillance du percepteur (via l’enregistrement de la taxe acquise), jusqu’à la diplomatie (traités de paix).

       Dans ce chapitre parfois difficile à lire, tant Goody parcourt les siècles et les régions, le point le plus intéressant est certainement celui qui traite de la responsabilité: l’individuation chère à Simondon se déploie avec l’écriture; en effet, «il est moins facile de se soustraire à un ordre quand il a été porté par écrit et est accompagné d’une signature faisant autorité. Un tel engagement personnalisé ‘par écrit’ signifie aussi que la responsabilité de donner et de recevoir des ordres est plus fortement individualisée» . En revanche, dans une chaîne de messages oraux, la responsabilité se dilue car l’identité de l’émetteur ou de l’intermédiaire se perd. Ce qui aura une importance juridique considérable, comme le prouve Goody dans le dernier chapitre: «La lettre de la loi».

       Celui-ci est le plus audacieux. Goody s’en explique: «quand les spécialistes en sciences sociales abordent la question de la promulgation, de la codification des lois, ils adoptent parfois le point de vue selon lequel cette sphère de l’action sociale revêt un caractère si formel et technique qu’il vaut mieux en laisser l’analyse aux spécialistes de la matière» . Il rappelle que l’écrit facilite une nouvelle forme d’attention critique et d’interprétation puisque, «comme l’a constaté Platon, le texte ne peut répondre de lui-même aux questions que nous pourrions lui poser»  et parce qu’il peut solliciter une langue vieillotte ou passée, énoncée de façon sibylline (avec des numérotations, des renvois complexes).

       Il s’appuie sur la période de la décolonisation, à ses yeux fascinante car elle a permis de comprendre la différence entre la loi et la coutume, et a invité à imaginer comment la loi des nouveaux États pourrait intégrer la coutume des sociétés qui les précédaient. La chose n’est pas simple: «le fait de sceller dans pratiques orales sous la forme de règles écrites a des conséquences importantes pour les membres d’une société donnée». Quelque chose de nouveau se crée, qui déborde largement le troc ou l’imposition d’un nouvel «habillage culturel». Goody adresse une forte critique épistémologique aux partisans du particularisme culturel, qui ne tient pas assez compte des «différences et des analogies d’ordre général», et qui s’avère au final contradictoire puisqu’il sollicite des concepts auxquels il donne une application universelle .

    https://reseaufepstains.wordpress.com/category/rep-barbara/

       Il montre que dans les sociétés orales, le droit s’avère plastique par nécessité: le prix de la fiancée s’ajuste à l’économie. Il en est de même avec les codes écrits: «les anomalies qui, dans une société orale, auraient eu tendance à disparaître d’elles-mêmes» avec le temps, sont, ou supprimées par les parlements, ou oubliées au profit de textes plus modernes. Goody donne l’exemple du blasphème en Angleterre, toujours susceptible d’entraîner une condamnation à mort. Et la jurisprudence, qui peut être invoquée pour éviter une telle situation, renvoie à une maîtrise et à une analyse d’archives écrites qu’on ne peut solliciter en régime d’oralité.

       Ainsi l’histoire écrite génère-t-elle des contraintes qui vont alimenter l’interprétation et l’analyse des textes anciens: une seconde technicité, inutile et non déployée dans les sociétés orales. Pour le dire autrement, «l’idée et la nature des concepts et des règles se modifient véritablement avec l’écriture»  et non simplement le fait que cette dernière conduise à expliciter des catégories ou des règles. L’écriture est vraiment une technique réflexive, qui infléchit jusqu’aux concepts qui articulent notre pensée. Certes, des effets mineurs (mais fort visibles) se produisent aussi: des spécialistes lettrés investissent les professions juridiques, et «l’homme de la rue perd de plus en plus le contrôle du droit» . C’est avec la diffusion de l’écriture que le droit se distingue de la coutume. Cette dernière renvoie à ce que nous savons du premier, lui-même lié à l’interprétation par les professionnels et à des enjeux politiques.

       Goody insiste ensuite sur le testament écrit, qui permet des arrangements plus complexes et plus individualisés que les normes coutumières, et moins facilement remis en cause. Il rappelle aussi le pouvoir que prend la preuve écrite sur le témoignage oral, et ce depuis -2150 avant J. C. Ce qui renvoie à ses premières analyses sur les formes de raisonnement élaboré rendues possibles par l’écriture: la comparaison, la synthèse, la réduction de la contradiction . Il s’ensuit une dynamique à double tranchant: d’une part «le passage à l’écriture [...] favorise l’émergence d’un concept plus formel de la preuve, et en un certain sens, de la vérité elle-même» . D’autre part, il favorise la propriété individuelle aux dépens des communs: la contractualisation écrite (d’un titre de propriété, par exemple) ne peut expliciter la foison de droits, de dépendances, d’usufruits que l’on rencontre dans un régime d’oralité. Elle fige le régime de propriété, et l’adresse souvent à une personne (ou à un corps social: ecclésiastique, militaire, etc.).

       Cela se produit souvent quand celle-ci a sollicité un emprunt: le prêteur exige souvent un responsable explicite. Ainsi, «que ce fut à Fidji, à Porto-Rico ou dans le Sud-Ouest américain, les peuples n’utilisant pas l’écriture, analphabètes ou partiellement alphabétisés, ont été privés des terres leur appartenant à l’origine» . L’anthropologue ne peut s’empêcher de passer du droit de la production à celui de la reproduction, montrant comment l’écriture transforme la filiation et l’adoption: la preuve non écrite d’une paternité s’avère bien fragile face à sa contrepartie manuscrite. Au point que, dixit Goody, les responsabilités paternelles s’émoussent quand des groupes analphabètes sont confrontés à un droit écrit importé par le colonisateur. Faisant retour au foncier, Goody conclut ce chapitre par un long développement relatif à l’évolution de la société anglaise aux alentours du 12esiècle, où le droit écrit prend son essor, avec son lot d’expropriations et de formalisations de l’art de plaider, mais aussi de théorisations du droit.

       La logique de l’écrit est un livre paradoxal: il est facile à lire, passionnant, et lumineux. Goody y explicite les transformations qu’induit à long terme l’écriture dans les sociétés, et montre que cette technologie de l’intellect sollicite autant la création de nouveaux corps sociaux (prêtres, juristes, intellectuels) que de nouvelles règles sociales (l’individuation, la responsabilité); l’écriture facilite le commerce, le recensement, et donne un grand pouvoir aux groupes qui la maîtrisent ou se l’approprient. Mais plus que cela, elle transforme jusqu’à nos relations familiales et nos conceptions du monde. Pour le dire autrement, nous sommes tous tributaires de cette technique, même quand nous sommes persuadés de disposer d’un capital hautement spirituel, communément appelé intelligence. Voilà qui ébranle, et qui invite à réfléchir, en ces temps où l’écriture change profondément, et se voit appropriée par de nouvelles industries. En même temps, l’ouvrage est difficile d’usage, pour qui veut appuyer un argumentaire précis: il compare tant de contrées et d’époques qu’il donne le vertige à ses lecteurs.

       Ceci dit, ce livre nous aide à prendre la mesure de la somme de préjugés qui nous encombrent quand nous appréhendons le contemporain et l’altérité: nous jugeons trop vite autrui à sa couleur, à sa culture quand nous oublions que le fondement de ce jugement est notre propre inculture. Ce propos s’universalise, y compris pour les nouveaux théoriciens de ces notions de couleur et de culture: les moteurs de la domination et de l’émancipation s’appuient plus sur la technique que sur les formes héritées de catégorisations sociales. Certes, nos représentations sociales sont des fruits de l’écriture. Mais si nous voulons penser le changement, arraisonner le futur, nous avons avantage à comprendre, sur le long terme, comment cette écriture sculpte nos conceptions intellectuelles. Et combien sa maîtrise donne du pouvoir.

     https://www.nonfiction.fr/article-9537-les-pouvoirs-de-lecrit.htm

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    Luc Desle


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