Lors de son rendez-vous dominical avec ses compatriotes, dans une émission télévisée, le président Nicolás Maduro a annoncé le 3 décembre la création “d’un nouveau système de cryptomonnaie, le ‘petro’, basé sur des réserves pétrolières, pour avancer sur le développement économique du pays”, tweete la chaîne publique Venezolana de Televisión. La date de lancement n’a pas été précisée.

   La valeur de cette monnaie sera adossée aux réserves pétrolières du Venezuela – les plus importantes au monde –, ainsi qu’à celles de gaz, d’or et de diamants, a précisé le chef de l’État. Les monnaies virtuelles “ne sont garanties ni par un gouvernement ni par des banques centrales”, rappelle The Guardian, reprenant une dépêche de l’agence Reuters.

   Les Vénézuéliens, ajoute le journal, connaissent très bien le bitcoin qu’ils sont nombreux à acheter pour contourner la monnaie vénézuélienne et mettre leurs économies à l’abri. En août dernier, le président Maduro avait dévalué la monnaie nationale, le bolívar, à un niveau historiquement bas de – 91 % par rapport au dollar. Nicolás Maduro évoque “la souveraineté monétaire”, cette monnaie permettant par conséquent de “vaincre l’embargo financier imposé par les États-Unis”.

   Depuis août 2017, les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions financières au Venezuela, en interdisant aux banques et aux fonds américains d’investissement d’acheter ou de vendre des obligations émises par le régime vénézuélien ou par son principal fleuron économique, la compagnie nationale de pétrole PDVSA. En novembre dernier, l’agence américaine de notation Standard & Poor’s a déclaré le Venezuela et PDVSA au bord de la faillite, en tout cas en “défaut partiel” sur une échéance de remboursement d’une dette de 200 millions de dollars.

   Les indicateurs économiques du pays sont au rouge : le Venezuela a une dette extérieure de plus de 100 milliards de dollars, mais ses réserves en devises ne dépassent pas 9,7 milliards. Il affiche une inflation de 720 % selon le FMISa production pétrolière, principale source de devises, est en chute et ne permet ni de rembourser sa dette ni d’importer les produits nécessaires.

   Avec la monnaie virtuelle, Nicolás Maduro cherche donc à contourner les sanctions américaines “en cherchant de nouvelles formes de financement pour disposer d’alternatives pour sauver l’économie nationale”, explique le quotidien vénézuélien El NacionalCité par El Nacional, un économiste vénézuélien en doute : “La confiance [des investisseurs] dans une monnaie dépend de celle que l’on accorde aux gouvernements et aux systèmes économiques qui l’utilisent. Et une monnaie virtuelle n’échappe pas à cette règle. Or le Venezuela ne dispose pas de cette confiance.”

   Du côté de l’opposition, le projet ne recueille pas davantage d’approbation. Dans un tweet, le député de l’opposition Angel Alvarado estime que “le petro ne peut pas être qualifié de ‘cryptomonnaie’, puisqu’il est adossé à une marchandise (les réserves pétrolières). Aux yeux de cet économiste, le projet “n’est qu’une manière sophistiquée de renoncer à la souveraineté pétrolière pour payer les créanciers”.