Le Premier ministre britannique a nommé 45 nouveaux membres de la Chambre des lords le 27 août, rapporte The Times, ce qui porte le nombre de ‘sénateurs’ actifs à 826. La démarche en a surpris plus d’un, compte tenu des critiques de longue date quant à la nature “non élue” – considérée comme peu démocratique –  et à la grande taille de cette Chambre : “C’est l’assemblée la plus grande au monde après l’Assemblée nationale populaire de Chine”, rappelle The Daily Telegraph. (...)

   (...) Le coût pour le contribuable britannique pour rémunérer ces 45 nouveaux lords  – dont 26 conservateurs –  s’élèvera à 1,2 million de livres [1,6 million d’euros] annuel supplémentaire, en sus des 94 millions de livres de fonctionnement que coûte la Chambre aujourd’hui.  “David Cameron a nommé plus de lords que n’importe quel autre Premier ministre de notre époque”, note The Times, ce qui est en contradiction avec sa promesse électorale de réduire la Chambre. Etant donné la politique actuelle d’austérité, cette annonce est une “insulte à la population”, a déclaré Katie Ghose, la directrice de l’Electoral Reform Society, un groupe de pression en faveur de réformes électorales, citée par The Guardian. (...)

   (...) Autre bémol : 12 personnes nommées hier ont été impliquées dans le scandale des notes de frais révélé en 2009. Parmi elles : Douglas Hogg, ancien député conservateur qui avait fait une note de frais illégale de 2  115 livres [2  euros] pour financer le nettoyage des douves de son manoir, son pied-à-terre à Lincolnshire, Angleterre. (...)

   (...) Les critiques ne s’arrêtent pas là. Cinq des nouveaux lords ne remplissaient pas les critères officiels de nomination, rapporte The Daily Telegraph. Il semblerait qu’il s’agisse de personnes qui ont fait des donations au Parti conservateur. “En remplissant les banquettes rouges d’amis, David Cameron s’est révélé un maître éhonté dans l’art du clientélisme”, observe The Guardian, qui regrette que “quand il s’agit de légiférer, il n’existe aucune règle dans ce pays. Les personnes qui occupent la Chambre des lords, leur nombre et leur répartition politique dépendent des caprices du Premier ministre. C’est un type de pouvoir qui ouvre grand la porte aux abus. Et en effet,  il a été abusé de manière flagrante hier.” (...)

   (...) The Spectator souligne que 11 des nouveaux lords sont des membres des Libéraux-Démocrates, un parti qui est “officiellement en faveur de l’abolition de la Chambre”, ce qui est “plutôt amusant”.  Pour The Daily Telegraph aussi, le fait que les lords libéraux-démocrates acceptent leurs nouvelles fonctions relève de l’“hypocrisie”. (...)

   (...) Certes, il peut être difficile de refuser une place chez les lords, puisqu’elle représente “une retraite dorée”, rappelle Martin Kettle dans The Guardian. En les nommant lords, M. Cameron a aussi “récompensé des hommes et des femmes qui ont mené le Parti travailliste et les Libéraux-Démocrates à une défaite électorale. Cela serait considéré comme scandaleux dans n’importe quelle autre profession. Mais dans le monde politique, il en est autrement”, regrette le chroniqueur. (...) 

   (...) Il estime que le nombre total des lords est “tellement absurde, que rien qu’en le citant, il paraît évident qu’il le faut réduire radicalement”, poursuit-il, en plaidant pour une chambre “élue équitablement, plus petite, sans membres à vie, et éventuellement avec un minimum d’âge de 50 ans et un maximum de 80”.

   Dans un éditorial, The Guardian aussi estime que “le peuple britannique devrait pouvoir élire tous ceux qui légifèrent en son nom. C’est une responsabilité que les citoyens, ailleurs, dans des démocraties mûres, assument parfaitement”. Suite au“déluge de critiques”, le Premier ministre devrait proposer une réduction du mandat des lords, note le journal.