• +++
    Pensées pour nous-mêmes:
    (LAISSE-TOI EMPORTER
    PAR LA DANSE DU TEMPS)

    +++

    "Fais attention à ta cibiche... 
    Tu sais ce qui est arrivé la dernière fois, hein?
    - J'étais bourré, c'est tout.
    Et puis tes cheveux ont repoussé, non?"



    +++

    "Tu as vu, le monde ouvrier nous tend les bras! 
    - Tu es sûr?"



    « Comment le mouvement ouvrier chinois 
    peut changer le monde »
    Pierre Haski | Cofondateur de Rue 89

       (...) Han Dongfang est un activiste chinois pas comme les autres. Basé à Hong Kong, il défend les droits des ouvriers chinois en favorisant les négociations collectives dans les conflits sociaux, une approche constructive, qu’il veut déconnecter au maximum des enjeux idéologiques et de pouvoir.
       Agé de 50 ans, cet ancien syndicaliste engagé dans le mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, emprisonné puis exilé, explique sa démarche dans un livre, « Mon combat pour les ouvriers chinois » (éd. Michel Lafon, 16 janvier 2014), écrit avec le journaliste français Michaël Sztanke.
       De passage à Paris, il explique à Rue89 en quoi son approche pragmatique de l’action sociale dans un pays autoritaire peut transformer la Chine, mais aussi avoir un impact sur le reste du monde en faisant passer les travailleurs chinois du statut de victime ou de concurrent des ouvriers occidentaux à celui d’alliés dans un monde globalisé, en faveur de meilleures normes sociales.
       / Rue89 : Vous appartenez à la génération des activistes de Tiananmen en exil, mais vous ne vous définissez pas comme « dissident » et ne participez pas au combat pour la démocratie mais pour les droits des travailleurs. Pourquoi ce choix ?
       - Han Dongfang : En 1992, quand j’ai pu quitter la Chine, j’ai passé un an aux Etats-Unis à observer le mouvement dissident en exil. J’étais malade, sous traitement, incapable de faire quoi que ce soit, et ça a été une « chance ». J’avais déjà décidé de tenter de rentrer en Chine, car je suis un militant du mouvement social, et vous ne pouvez pas agir loin des travailleurs.
       Et, quand j’ai essayé de rentrer en Chine, j’ai eu la chance que le gouvernement chinois m’expulse vers Hong Kong [territoire autonome au sein de la Chine, ndlr], pas vers les Etats-Unis ou l’Europe. C’est une chance car Hong Kong est en prise directe sur la Chine continentale. Vous ne pouvez pas traverser la frontière, mais vous êtes juste de l’autre côté.
       Quand j’ai démarré mon programme sur Radio Free Asia [une radio financée par le Congrès américain, ndlr] mon émission s’est vite transformée de commentaire en conversation téléphonique permanente avec des ouvriers en Chine. Ça me permettait de ne pas être éloigné de la réalité quotidienne des Chinois.
       Tout ceci a conduit à la création du China Labour Bulletin, à Hong Kong, et son implication de plus en plus grande dans l’aide aux travailleurs chinois dans leur action, en particulier sur le terrain légal, pour faire valoir leurs droits.
       Mais pour cela, il faut reconnaître l’autorité des tribunaux, même si c’est dans un système corrompu. Reconnaître l’autorité, cela ne signifie pas que vous en acceptez la réalité. Mais vous entrez dans un dialogue avec ce système corrompu pour le changer. L’implication des travailleurs dans ce combat, sur leurs propres dossiers, permet de faire la différence.
       / Vous pensez qu’il existe une possibilité de changer le système de l’intérieur?

       - Oui, il y a toujours un espace pour ça, sinon c’est désespérant de penser que quelque chose est immuable. J’ai visité la Pologne. Beaucoup de gens pensent que la voie polonaise [Solidarité, l’action clandestine, etc., ndlr] est la seule voie. Mais ce qui me dérange, c’est que j’ai fait de la prison, ce n’est pas une expérience agréable même si on apprend beaucoup.
       Je suis à Hong Kong, et c’est moralement insupportable de me dire que je pourrais envoyer en prison les gens avec qui je travaillerais dans la clandestinité, tandis que je resterais confortablement dans mon refuge hongkongais. J’ai cherché d’autres voies que le syndicat clandestin sur le modèle de Solidarité en Pologne. La victoire de Solidarité est historique, unique, pas nécessairement reproductible. En Chine, nous ne pouvons pas attendre le moment où il sera possible d’en faire de même...
       / En vingt ans, le paysage social chinois a beaucoup changé. Quels en sont pour vous les principales raisons ?
       - Il y a plusieurs différences. D’abord le facteur générationnel. Les jeunes nés après 1989, qui ont maintenant 23-24 ans, dont beaucoup travaillent en usine depuis plusieurs années, ne connaissent pas la peur. Ils n’ont pas l’angoisse de 1989 [le massacre de Tiananmen, ndlr], or la peur est un facteur puissant qui affecte l’esprit et l’action des gens. Si vous avez peur, c’est elle qui vous contrôle, si vous n’avez pas peur, vous faites ce que vous pensez juste.
       Lorsque cette génération se met en grève, elle n’a pas le réflexe de la génération précédente, qui s’attend immédiatement à la répression du gouvernement. Ce n’est pas dans leur tête. Ils pensent que leur action n’a rien à voir avec le gouvernement, qu’elle est juste dirigée contre leur patron qui les traite mal. Je me mets en grève pour mes droits, un point c’est tout. Et comme ils n’ont pas peur, le gouvernement n’a pas non plus besoin d’avoir peur. La peur de l’un génère la peur de l’autre, car la peur cache souvent un agenda parallèle. L’absence de peur permet des possibilités nouvelles.
       La deuxième raison est économique. La Chine a globalement réussi sa transformation d’économie planifiée en économie de marché. Il y a plein de problèmes, mais c’est globalement une réussite.  Mais si les biens de consommation sont soumis aux prix du marché, le coût du travail, lui, n’est pas soumis au marché. C’est une décision unilatérale des employeurs, et le niveau de salaire ne correspond pas aux besoins de consommation des gens. Il y a un fossé trop grand et il doit être réajusté.
       Il n’y a pas de système de négociation en Chine, et lorsque les gens pensent qu’une situation est injuste, ils se mettent en grève pour faire connaître leurs revendications. Enfin, Internet et les médias sociaux ont changé la donne. Les gens participent activement.

       / Le développement économique de la Chine a été longtemps basé sur le faible coût de la main-d’œuvre. C’est en train de disparaître avec la fin du modèle entièrement tourné vers les exportations. Mais quelle est la place des travailleurs dans cette mutation ?
       - C’est un moment idéal pour l’émergence d’un mouvement ouvrier qui pousse à la création d’un système de négociations collectives.
       Au cours des 30-35 années de réforme économique [depuis la mort de Mao Zedong en 1976 et le lancement des réformes par Deng Xiaoping en 1979, ndlr], le gouvernement n’a réalisé qu’une partie de la promesse faite au peuple. Un groupe de millionnaires a émergé, mais pour des centaines de millions de personnes, c’est encore une économie de survie.
       Aujourd’hui, les gens en sont conscients grâce à la circulation de l’information. Avant, les gens pouvaient se dire « je n’ai pas de chance, je suis stupide, je n’ai pas eu la chance de faire des études »... Aujourd’hui, ils savent ce qui se passe aux quatre coins du pays, les gens se plaignent sur les médias sociaux des mêmes choses.  Une conscience de classe, et pas seulement individuelle, émerge, et ça fait une grande différenceSi vous voulez réorienter l’économie vers la consommation plutôt que l’exportation, comme le dit le gouvernement, vous ne pouvez pas échapper au sujet de l’amélioration de la vie des ouvriers.
       Nous ne nous voyons pas seulement comme des ouvriers faisant des objets pour un faible salaire, mais comme des éléments d’une activité économique globale. Ça nous permet de convaincre le gouvernement d’accepter l’idée des négociations collectives, pour aider les ouvriers dans l’économie moderne avec un pouvoir de consommation. (...)

    Suite de l'entretien sur:


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    (Les deux jolies souris d'hôtel
    avant une de leurs sorties nocturnes)



    +++
    Benoît Barvin

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:
    (TOUS LES JOURS
    SOIS SAGE MODEREMENT)

    @@@

    (La Fille aux yeux marrons regrettait
    de ne pas les avoir d'une autre couleur)

    sfilate:

    FeiFei Sun in Art Pop photographed
     by David Sims for US Vogue, January 2013
    @@@

    "Tu veux fêter quoi, exactement?
    - Devine.."
    

    Henrich Kley
     Ariel Sharon,
    la fin d’un criminel de guerre

     Alain Gresh
       (...) Le général Ariel Sharon s’est donc éteint le samedi 11 janvier 2014, après de longues années de coma. Le président François Hollande a publié un communiqué qualifié par Le Point de « lapidaire » : il « a été un acteur majeur dans l’histoire de son pays. Après une longue carrière militaire et politique, il a fait le choix de se tourner vers le dialogue avec les Palestiniens. Je présente mes condoléances sincères à sa famille et au peuple d’Israël ».  (...)
       (...) On a connu effectivement des textes plus chaleureux, mais fallait-il vraiment présenter ses condoléances au peuple d’Israël ? Il aurait mieux valu les offrir aux Palestiniens et aux milliers de victimes dues à l’action directe de cet officierLa plus célèbre, si l’on peut dire, est celle des camps de Sabra et Chatila. Mais le parcours de Sharon est jonché de cadavres et il n’est pas inutile de rappeler quelques-uns de ses exploits.
       Le premier connu eut lieu le 14 octobre 1953 dans le village de Qibya, en Cisjordanie (à l’époque sous souveraineté jordanienne). En représailles à une action de commandos palestiniens qui avait fait plusieurs victimes civiles, l’unité 101 de l’armée israélienne, sous le commandement de Sharon, pénètre dans le village et dynamite une cinquantaine de maisons avec leurs habitants. Bilan : soixante-neuf morts palestiniens.
       Lors de l’agression israélienne contre l’Egypte en octobre 1956 (qui fait suite à la nationalisation de la compagnie du canal de Suez par Gamal Abdel Nasser), une unité commandée par Sharon s’empare de la passe de Mitla. On devait apprendre en 1995 que plusieurs dizaines de prisonniers égyptiens, mais aussi une cinquantaine d’ouvriers capturés par hasard ainsi qu’une cinquantaine de fedayin palestiniens avaient été tués lors de cette opération (parmi d’autres massacres durant la guerre de 1956 révélés dans les années 1990 — lire la biographie de Sharon dans Les 100 clés du Proche-Orient, Alain Gresh et Dominique Vidal, Fayard, Paris, 2011) ; et aussi la magnifique bande dessinée de Joe Sacco, Gaza 1956. En marge de l’histoire, Futuropolis, Paris, 2010).
       Il faudrait dire aussi un mot du « rétablissement de l’ordre » à Gaza en 1970-1971, une opération qui a duré des mois et a abouti à la destruction de centaines de maisons, et à la mort d’un nombre incalculable de Palestiniens (avez-vous remarqué que, dès qu’il s’agit de morts palestiniens, on ne connaît jamais les chiffres exacts ? Ils forment toujours une masse sans noms et sans visages). (...) 
       (...) Mais l’exploit le plus éclatant de Sharon sont les massacres de Sabra et Chatila, qui ont lieu à la suite de l’invasion israélienne du Liban à l’été 1982, invasion qui en soit est déjà un crime passible de la justice internationale et qui provoquera des milliers de morts.
       Human Rights Watch rappelle, dans un communiqué publié le 11 janvier 2014, « Israel : Ariel Sharon’s Troubling Legacy. Evaded Prosecution Over Sabra and Shatilla Massacres » sa responsabilité dans les massacres des (camps palestiniens) Sabra et Chatila au Liban, durant lesquels des centaines (là aussi les chiffres varient, mais sans doute plus d’un millier) de Palestiniens, hommes, femmes, vieillards et enfants furent sauvagement exterminés. Ces atrocités ont été commises par les Phalanges libanaises, alliées d’Israël, sous l’oeil de l’armée israélienne qui encerclait les camps palestiniens.
       « En février 1983, la Commission Kahane, commission officielle d’enquête israélienne sur ces événements, note HRW, a estimé que “Sharon n’a pas pris sérieusement en considération… le fait que les phalangistes étaient susceptibles de commettre des atrocités...” La commission a estimé que le mépris que Sharon avait manifesté “à l’égard de la possibilité d’un massacre” était “impossible à justifier”. Elle a recommandé sa destitution en tant que ministre de la défense. Il est resté dans le cabinet israélien en tant que ministre sans portefeuille et est devenu plus tard premier ministre en 2001, poste qu’il a occupé jusqu’à son attaque (cérébrale) en janvier 2006.
       Les autorités judiciaires israéliennes n’ont jamais mené une enquête criminelle pour déterminer si Sharon et d’autres responsables militaires israéliens portaient une responsabilité pénale. En 2001, les survivants (des massacres de Sabra et Chatila) ont porté plainte en Belgique pour demander que Sharon soit poursuivi en vertu de la “compétence universelle” de la loi belge. Des pressions politiques ont conduit le Parlement belge à modifier la loi en avril 2003 et à l’abroger purement et simplement en août, ce qui amena le plus haut tribunal de Belgique à abandonner l’affaire contre Sharon au mois de septembre. »(...)
       (...) De nombreux témoignages montrent que le rôle de l’armée israélienne ne fut pas seulement « passif ». Le journaliste israélien (et collaborateur duMonde diplomatique Amnon Kapeliouk l’avait montré dans un livre célèbre publié à chaud, Sabra et Chatila, enquête sur un massacre (Le Seuil, Paris, 1982). Il allait y revenir à plusieurs reprises, notamment dans un article publié dans Le Monde diplomatique (juin 1983), « Les insuffisances de l’enquête israélienne sur les massacres de Sabra et Chatila ».
       « L’un des défauts les plus graves du rapport Kahane est relatif à la question de la responsabilité du massacre. Sur ce point, les conclusions de la commission sont en contradiction avec les faits qu’elle-même rapporte. L’armée israélienne a occupé Beyrouth-Ouest ; elle était donc responsable de la paix et de la sécurité de sa population civile, aux termes des lois internationales les plus élémentaires. D’ailleurs, le prétexte invoqué pour justifier son entrée à Beyrouth-Ouest était bien la volonté “d’éviter les risques de violences, les effusions de sang et le chaos” (§ 41). 
       Le 16 septembre 1982, au lendemain de l’occupation de Beyrouth-Ouest, le bureau du ministre de la défense diffuse un document où il est dit notamment : “F) Un seul élément, et cet élément sera l’armée israélienne, commandera les forces sur le terrain. Quant à l’opération dans les camps, ce sont les Phalanges qui y seront envoyées” (§ 32). Selon l’interprétation du chef du bureau des renseignements militaires de l’armée, “cela signifiait que toutes les forces opérant sur le terrain, y compris les Phalanges, se trouveraient sous l’autorité de Tsahal et agiraient selon ses directives” (ibid.). » (…)
       « Après quoi, les trois enquêteurs (de la commission Kahane) affirment que la responsabilité de MM. Begin, Sharon, Eytan, etc. est indirecte. La meilleure réponse à cette affirmation est venue de la plume d’Amos Oz, le plus connu des écrivains israéliens : “Celui qui invite l’éventreur du Yorkshire à passer deux nuits dans un orphelinat de jeunes filles ne peut ensuite prétendre, en voyant l’amoncellement de cadavres, qu’il s’était entendu avec lui pour qu’il se contente de laver la tête des enfants.” Le romancier Izhar Smilansky a lui aussi ironisé : “On a lâché des lions affamés dans l’arène. Ils ont dévoré des hommes. Donc les lions sont coupables.” D’après le paragraphe 298 du code pénal israélien de 1977, “sera accusé de meurtre quiconque aura provoqué par un acte ou par une incurie la mort d’une personne”. Le paragraphe 26 du même code définit les complices d’un meurtre et les considère comme des responsables directs. Comment ne pas conclure alors que la responsabilité israélienne était directe avant le début du massacre, et à plus forte raison après l’entrée des “forces libanaises” dans les camps. »
       Autant de crimes pour lesquels Sharon ne sera jamais jugé. Et les pays occidentaux, si prompts à envoyer devant la Cour pénale internationale tel ou tel dictateur africain, ont tout fait pour éviter que le général ait des comptes à rendre devant la justice (les responsables israéliens en général, ceux qui sont responsables de la guerre du Liban de 2006 comme de l’invasion de Gaza en 2008-2009, ont aussi échappé à tout procès et ils sont accueillis à bras ouverts en Europe ou aux Etats-Unis). Comment une telle partialité n’alimenterait pas les discours complotistes et antisémites tels que les véhicule Dieudonné ? Israël (et les juifs à travers le monde, bien sûr, puisqu’Israël se veut l’Etat du peuple juif) dirigerait le monde. La meilleure manière de combattre ces dérives est d’affirmer clairement qu’un crime contre l’humanité est un crime contre l’humanité, qu’il soit commis par un général israélien ou par un président soudanais. On en est loin. (...)

    @@@

    "Allo? Qu'est-ce que vous dites?
    Que je suis belle? Vous êtes sûrs?
    Mais belle comment?"

    @@@
    Luc Desle

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TON CŒUR EGALEMENT
    SAIT VOIR)

    +++

    (L'Homme aux jolis biceps
    aimait également beaucoup son cou)



    +++

    (Siouper Doupont in is favoraïte combat
    against Amazon)



    Parlons (Inter) Net
    Un livre, un béret, 
    une baguette, un kil de rouge… 
    le bonheur, quoi !

       Vous avez vu que la loi interdit désormais à Amazon.fr, géant états-unien de vente des livres par correspondance qui impose à ses personnels, en France, des conditions de travail dignes du XIXème siècle, de cumuler la gratuité des frais de port avec la remise autorisée de 5%.

       Nos élus ne sont donc pas toujours aveugles et sourds, surtout quand un autre scandale éclate sur les rapports de ce mastodonte avec le fisc français qui regarde l’argent des impôts d’Amazon.fr filer au Luxembourg, comme une vache socialisante regarde passer le train (des promesses non tenues par Pépère).

       Avec quelque 3.500 librairies traditionnelles, la France dispose d’un des réseaux de librairies les plus denses au monde. Or, tenez-vous bien, beaucoup pratiquent, en plus de leurs activités traditionnelles, la vente par correspondance. Comme Amazon, mais sans expédier votre argent aux USA via un paradis fiscal.

       Et hop ! Et hop ! Celui qui ne saute pas (sur l’occasion de faire circuler ce billet) n’est pas un grandsoiriste.

       Théophraste R. (lecteur, béret, baguette de pain, kil de, rouge. Et alors ?).


    +++

    (SCANDALE!
    Marie Poppins fait travailler de jeunes enfants!)



    +++
    Benoît Barvin

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  • ¤¤¤
    Pensées pour nous-mêmes:

    (N'OUBLIE PAS 
    QUE LA VIE EST UN PARTAGE)

    ¤¤¤

    "L'Espoir? Il est parti là-bas.
     Tu l'as raté de peu.
    - Encore!"


    ARTHUR HACKER(1858-1919) -PERSEPHONE

    ¤¤¤

    (Sans se décourager, le Peuple
    combattait le gras et méprisant Capitalisme)



    Gauche de droite, Gauche de combat :
    la social démocratie et nous.

    Antoine MANESSIS

       (...) La social-démocratie est un terme et une réalité politique polysémiques. Fondée par les pères du marxisme, Marx et Engels, la social-démocratie (S-D) fut la forme organisée du mouvementent révolutionnaire. Même si, notons-le, des courants réformistes existaient au sein de la social-démocratie. Des courants plus ou moins contrôlés du vivant des deux fondateurs et du dernier d’entre eux, Engels, qui mourut en 1895. Marx lui-même décrit la naissance de la S-D ainsi :

       « une coalition entre petits-bourgeois et ouvriers [...] enleva aux revendications sociales du prolétariat leur pointe révolutionnaire et [...] leur donna une tournure démocratique. On enleva aux revendications démocratiques de la petite-bourgeoisie leur forme purement politique et on fit ressortir leur pointe socialiste. C’est ainsi que fut créée la social-démocratie. » Marx (...)

       (...) En 1875, les mouvements socialistes allemands fusionnent lors d’un congrès à Gotha. Le programme adopté lors de l’absorption de l’ADAV (association générale des travailleurs allemands de Lassalle) par le SDAP (parti ouvrier social-démocrate de Bebel et Liebknecht) est un texte de compromis d’inspiration marxiste, mais faisant une large place aux idées lassalliennes. Marx et Engels se montrent mécontents de ce programme, qui leur paraît opportuniste et antiscientifique, sans rompre pour autant avec le parti social-démocrate. Marx rédige à cette occasion la Critique du programme de Gotha et affine la notion de dictature du prolétariat. C’est en 1890 que le SPD (parti social-démocrate d’Allemagne) prend son nom définitif. La social-démocratie se définit alors comme une alliance étroite formée par le parti politique socialiste et les syndicats pour constituer une expression politique unie du mouvement ouvrier. (...)

       (...) A la fin du XIXe siècle, Édouard Bernstein, un des exécuteurs testamentaires d’Engels, constatant que le capitalisme ne s’est pas effondré et tend même au contraire à se consolider, publie entre 1896 et 1898 une série d’articles défendant la thèse selon laquelle la transformation socialiste de la société devient possible par le parachèvement et l’élargissement des institutions politiques et économiques existantes. L’État, en se démocratisant et en adoptant le suffrage universel, devient l’instrument de la démocratisation : il n’est donc plus à conquérir, mais à « libérer » de son contenu de classe. Pour Bernstein, la social-démocratie doit cesser de se penser comme le parti du prolétariat pour devenir un vaste parti populaire et démocratique et, au lieu de préconiser la révolution, proposer simplement des réformes visant à une plus grande justice sociale.

       Ces thèses sont vivement combattues par les marxistes « orthodoxes » comme Bebel et Kautsky, autre exécuteur testamentaire d’Engels. Bebel déclare : « Je ne tolérerai pas qu’on brise la colonne vertébrale de la social-démocratie, qu’on remplace son principe : la lutte de classe contre les classes possédantes et contre le pouvoir d’État, par une tactique boiteuse et par la poursuite exclusive de buts soi-disant pratiques ». (...)

       (...) La S-D s’étend en Autriche-Hongrie, en Scandinavie, en Grande-Bretagne. Le mouvement social-démocrate suédois s’écarte de la tradition marxiste en rejetant toute idée de révolution ; en Grande-Bretagne, où le marxisme ne s’est jamais implanté durablement, le mouvement ouvrier fédéré au sein du Trade Union Congress (TUC) évolue rapidement vers un réformisme partisan de la paix sociale. En Russie en revanche, le Parti Ouvrier Social-Démocrate (POSDR) est aussitôt réduit à la clandestinité ou, pour une grande partie de ses membres, à l’exil. Les sociaux-démocrates russes, confrontés à un pouvoir politique répressif, demeurent donc dans une optique révolutionnaire. rapidement le POSDR connaît une scission de fait entre Bolcheviks (= Majoritaires) et Mencheviks (= Minoritaires). (...) 

       (...) C’est la Première Guerre mondiale qui verra l’éclatement de la social-démocratie.La social-démocratie européenne, et plus largement le mouvement socialiste, politiquement de plus en plus réformiste, se divise profondément. Les partis socialistes se rangent dans leur majorité à la politique d’« Union sacrée », soutenant l’engagement guerrier de leurs gouvernements respectifs, voire participant au pouvoir dans ce contexte. Les socialistes et sociaux-démocrates pacifistes sont minoritaires. Une autre tendance, représentée notamment par Lénine, prône le « défaitisme révolutionnaire » qui conduirait les partis socialistes à souhaiter la défaite de leur propre gouvernement, le conflit étant l’occasion d’amener à la révolution prolétarienne. Si la ligne de Lénine demeure minoritaire, l’opposition à la guerre gagne du terrain à mesure que dure un conflit particulièrement meurtrier : les sociaux-démocrates allemands se divisent et les pacifistes, exclus, fondent le Parti Social-Démocrate Indépendant d’Allemagne (USPD) au sein duquel les révolutionnaires constituent une tendance autonome, la Ligue Spartacus. (...) 

       (...) La Révolution d’Octobre 1917 change totalement la donne au sein du mouvement ouvrier international et bientôt la rupture entre les deux courants, réformiste et révolutionnaire, devient radicale avec la fondation de la IIIe Internationale communiste (IC). Les anciens partis sociaux-démocrates font le choix de rejoindre l’IC, soit de façon majoritaire, soit minoritaire. Ils choisissent de changer de nom pour rompre symboliquement avec le réformisme et se baptisent communistes. Le courant réformiste reste au sein de la IIe Internationale et maintiennent les parti sociaux-démocrates. En Europe et particulièrement en Allemagne la rupture sera dramatique puisque le SPD dirige l’action contre-révolutionnaire face à la révolution des communistes regroupés dans la Ligue Spartacus et contribue au premier chef à l’écrasement et à la répression anticommuniste. Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht seront même assassinés sur ordre du gouvernement SPD. (...) 

       (...) Dès lors dans chaque pays deux partis se réclameront du socialisme, un parti réformiste et un parti communiste. Bien évidemment, dans chaque pays, la rupture ne se fait pas dans les conditions extrêmes que connaît l’Allemagne et les relations entre les deux courants ne seront pas identiques partout. De plus la manière dont s’est produite la scission, la rupture entre communistes et sociaux-démocrates, et cela malgré les 21 conditions à l’adhésion à la IIIe Internationale, fait que des éléments constitutifs de la pratique sociale-démocrate subsistent dans certains partis communistes et que certains partis socialistes continuent à se référer, au moins théoriquement, à des concepts révolutionnaires marxistes comme la SFIO qui prétend lutter pour la dictature du prolétariat. Toujours est-il qu’après Octobre 1917, la rupture est irrémédiable entre réformisme et révolution.

       Une phase de radicalisation des relations entre les deux courants va suivre la fin de la Première Guerre. D’un côté il s’agit d’affirmer le caractère révolutionnaire des PC qui, sous l’impulsion de l’IC, dominée par le Parti bolchevik, impose la « bolchevisation » des sections de l’Internationale. De l’autre il s’agit pour les affiliés de la IIe Internationale de s’opposer avec véhémence aux communistes pour justifier la préservation de « la vieille maison ». Et des deux côtés on s’affirme en s’opposant. En Allemagne le KPD devient l’ennemi principal du SPD et en France Aragon lance : « Feu sur les ours savants de la social-démocratie ! ». (...) 

       (...) L’IC, un temps sur des positions sectaires, tire les conséquences de la défaite du mouvement ouvrier allemand face au nazisme en 1933 et effectue un tournant lors de son VIIe Congrès sous l’égide de son secrétaire général, Georges Dimitrov. C’est la ligne prônée par le parti français, celle du Front Populaire, qui s’impose. Quant à la S-D elle continue de camper dans beaucoup de pays sur des positions sectaires, anticommunistes, qui empêchent l’unité d’action antifasciste de se déployer. Dans d’autres pays, comme la France ou l’Espagne, le Front Populaire peut se constituer et tenter de barrer la route au fascisme. Cette stratégie de l’IC, au-delà même des acquis sociaux et de l’expérience acquise par la classe ouvrière et la paysannerie, jette les bases de ce que sera la Résistance durant la Deuxième Guerre, stratégie qui sera mise en œuvre au sein de Fronts comme le CNR en France ou le PEEA en Grèce ou le Comité de libération nationale en Italie. Elle permet aux partis communistes de devenir des partis de masse et des partis nationaux, dans le sens gramscien des partis « nationaux-populaires ». (...) 

       (...) Adaptation de la stratégie léniniste de Front unique, cette ligne du VIIe Congrès de l’IC, vise à la fois à lutter contre l’isolement des communistes et contre le réformisme et l’opportunisme y compris dans des alliances, des fronts, des blocs avec la S-D. Car combattre la division et l’inertie que celle-ci engendre c’est aussi combattre l’influence réformiste. Isoler et battre l’ennemi principal est une des grandes leçons du léninisme y compris avec « un allié temporaire, chancelant, conditionnel, peu solide et peu sûr » (Lénine, La maladie infantile du communisme). Renoncer au Front unique c’est baisser les bras devant le réformisme et la S-D. Bien entendu cette politique implique que les communistes gardent leur autonomie, leur indépendance, leur entière liberté car « la S-D est foncièrement un parti bourgeois » (Lénine, Ibid.). Le Front unique c’est la poursuite de la lutte des classes y compris dans une entente tactique avec la S-D pour que « l’expérience politique des masses » (Ibid.) les amène à rejeter le réformisme au profit de la révolution. 

       Ce qui compte c’est que le Front serve à mettre les masses en mouvement et que les communistes jouent leur rôle d’avant-garde au sein du Front. Bref, comme le dit encore Lénine, « toute l’histoire du bolchevisme, avant et après la Révolution d’Octobre, abonde en exemples de louvoiement, d’ententes et de compromis avec les autres partis, sans en excepter les partis bourgeois ! ». (...) 

       (...) La menace fasciste, sa victoire en Italie et surtout en Allemagne en 1933 font bouger les lignes au sein de l’IC. En effet le résultat concret de la ligne « classe contre classe » de l’Internationale et d’un puissant, combatif et héroïque parti communiste, le KPD, fort de 250 000 adhérents, fut une défaite terrible et une impasse. Certes la responsabilité de la S-D fut écrasante, de la répression contre la révolution spartakiste au vote pour Hindenburg au nom du moindre mal. Son hostilité agressive à l’égard des communistes et à toute perspective d’unité d’action fait du SPD, sans contestation possible, un des fourriers de nazisme. Il reste que proclamer que « l’arbre fasciste ne doit pas cacher la forêt social-fasciste » ne fut pas la réponse adéquate à la situation. Lorsque l’arbre s’abattit sur le mouvement ouvrier, nombreux furent ceux qui regrettèrent la forêt. (...)

       (...) Le réformisme et la S-D ont connu depuis le Front populaire des évolutions : la base ouvrière s’est effritée, l’osmose entre les dirigeants sociaux-démocrates et la grande bourgeoisie s’est encore renforcée. Profitant du rapport des forces entre l’URSS, le camp socialiste, le mouvement de libération nationale et le mouvement ouvrier révolutionnaire, essentiellement les partis communistes, et le capitalisme, la S-D a tenté de s’identifier à l’« État providence », c’est-à-dire au compromis imposé au capitalisme durant les « Trente glorieuses », tentant de faire oublier cette vérité que Lénine avait déjà signalée : « les réformes sont toujours le résultat de l’action révolutionnaire » et non de la bonne volonté du capital. Ainsi le programme du CNR et les réformes mises en œuvre à la Libération en France par les ministres communistes sont le résultat d’un rapport des forces, de la puissance du PC, de l’URSS et non du réformisme social-démocrate. Ceci explique la « crise » contemporaine de la S-D et son incapacité à proposer une alternative au capitalisme voire une « humanisation » du capitalisme, depuis la chute de l’URSS et la mutation réformiste et opportuniste de nombre de PC. L’impuissance politique de la S-D et son rôle néfaste, réactionnaire apparaît ainsi de façon de plus en plus évidente.

       D’ailleurs tant l’évolution sociologique que politique de la S-D implique de s’interroger sur l’identification du réformisme avec les partis sociaux-démocrates. En somme de quoi la S-D est-elle aujourd’hui le nom ? Certes depuis 1914, la S-D c’est la bourgeoisie dans les rangs ouvriers. Mais nous l’avons vu plus haut sa nature de classe n’empêche pas ce courant politique d’évoluer, de bouger au grès des situations et des rapports de forces, en particulier avec le courant révolutionnaire. C’est bien avec la S-D que les communistes ont tenté, parfois échoué (dans les pays scandinaves) et parfois réussi (en France, en Espagne, au Chili) à constituer dans les années 1930 des Fronts antifascistes. 

       C’est que pour les communistes il n’y a ni politique du moindre mal, ni politique du pire. Il y a analyse des possibilités, des contradictions portées par telle ou telle situation concrète et action pour mettre les masses en mouvement et défendre en leur sein la ligne rouge, la ligne de la cohérence et de l’efficacité, la ligne de classe. Et puis les communistes choisissent leur ennemi : il serait irresponsable et absurde de mettre un signe d’équivalence absolu entre toutes les forces bourgeoises. Madame Bachelet, Présidente social-démocrate du Chili n’équivaut pas le général Pinochet. Le capitalisme règne sous l’une et l’autre mais ne pas tenir compte des différences entre l’une et l’autre pour les conditions de la lutte de la classe ouvrière et l’avenir même du socialisme serait criminel du point de vue des intérêts de la classe, du peuple et du pays. (...)

       (...) La S-D est devenue progressivement une sorte de social-libéralisme, parfois implanté en milieu populaire grâce à un syndicalisme puissant mais fondamentalement et ouvertement de collaboration de classe, visant à déserter la lutte des classes, à pacifier les rapports sociaux. Un capitalisme aménagé, un État-providence plus ou moins présent, une redistribution partielle des revenus aux couches populaires, la « modération » salariale (en fait l’austérité plus ou moins accentuée selon la conjoncture économique) assurée au patronat, une pratique économique libérale assez classique finalement, agrémentée de quelques améliorations sociales : voilà la pratique S-D sur la longue durée. Mais là encore on ne peut pas ne pas tenir compte des situations spécifiques de tel ou tel pays, de tel ou tel rapport de forces. Ainsi la SFIO et le PS Italien soutiennent la ligne de Front populaire proposée par les communistes contre les partis S-D des pays nordiques acharnés à combattre le Front populaire au sein de l’Internationale Ouvrière Socialiste. (...)

       (...) Cette évolution social-libérale entraîne un rétrécissement de l’espace politique de la S-D. Et son positionnement de plus en plus à droite sur l’échiquier politique. Le keynésianisme n’est plus à l’ordre du jour pour le capital car rien ne l’y contraint. En revanche les contradictions du capitalisme travaillent toujours la société et le capitalisme, débarrassé de sa peur de la révolution, se lance dans une politique de recul social d’une telle ampleur qu’on peut parler de recul civilisationnel. Le visage « exterministe » (G. Gastaud, Mondialisation capitaliste et projet communiste le temps des cerises 1997) du capitalisme et de son stade impérialiste apparaît dans toute son hideuse monstruosité tant sur le plan social qu’environnemental. De plus, la nouvelle mondialisation capitaliste implique pour le grand capital la destruction des États-Nations, qui constituent des pôles potentiels de résistance à sa domination puisque l’espace national reste l’espace d’organisation et d’action de la classe ouvrière. Ce qui n’exclue pas la nécessaire coordination internationaliste prolétarienne, bien au contraire. (...) 

       (...) Le principe de Newton de l’action et de la réaction selon lequel à toute action correspond une réaction d’intensité égale mais de sens opposé, est une loi physique mais aussi politique. Ainsi la violence de l’action capitaliste contre les classes ouvrières, les masses populaires et leurs patries donne une base matérielle à une stratégie de Front populaire et patriotique en réaction à la politique du capital. Car pour qui veut bien s’aider de l’analyse matérialiste de la situation, cette analyse concrète de la situation concrète qui plutôt que de faire référence à ce pseudo marxisme théorique d’étagère, figé en dogme, sait s’appuyer résolument sur un marxisme créateur guide pour l’action *, il apparaît clairement qu’unir les communistes – à une époque où le Mouvement Communiste International est à l’état gazeux-,unir les patriotes – c’est à dire ceux qui considèrent, pour paraphraser le marxiste irlandais James Connolly, que la « cause du travail est la cause de la patrie et la cause de la patrie est la cause du travail »- à unir les antifascistes – à l’heure où la fascisation de l’UE et des États bourgeois est à l’œuvre – est la réponse révolutionnaire à la situation actuelle.

    La social-démocratie, le réformisme sont en opposition totale avec cette stratégie : ils prônent et collaborent à la criminalisation du communisme et des communistes, ils prônent la dissolution de fait des nations dans des conglomérats supranationaux voulus et forgés par le grand capital et pour son seul intérêt au niveau mondial comme régional avec, par exemple, l’UE en Europe. Enfin, ils nient la fascisation et la facilitent par l’anticommunisme et l’antipatriotisme, rejoignant en cela un certain gauchisme dogmatique et nihiliste national, au-delà des postures « de gauche ».

    Alors que l’opportunisme et le dogmatisme aboutissent à l’isolement et à l’impuissance du mouvement ouvrier et populaire, le marxisme et le léninisme permettent d’unir les masses à partir de leur niveau de conscience et de leur expérience concrète et de mettre en mouvement celles-ci dans une dynamique politique qui offre des perspectives immédiates et une issue politique.

    (*) En pratique, ne faut il pas savoir dire « il existe le marxisme théorique et le marxisme créateur. Je reste sur la base de ce dernier »

    Pour lire l'article entier, voir sur:


    ¤¤¤

    (La fille au chapeau ridicule
    avait cependant de jolis avantages)


    (SOURCE: GIFTVINTAGE, VIAMUDWERKS)

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    Luc Desle

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TON COEUR EST UNE PLANTE FRAGILE)

    °°°
    (La femme des lavabos inspirait de doux
    sentiments poétiques)


    cafe lehmitz 1970. Anders Petersen

    °°°
    "Oh, merci Calimero pour ce joli bouquet!
    - Et toutes ces fleurs étaient volontaires
    pour que ze les cueille"




    « Les plantes bougent, sentent et réagissent 
    mais nous ne sommes pas capables de le voir »


       (...) Bruno Moulia est directeur de recherche à l’Inra (Institut national de recherche agronomique) dans l’Unité mixte de recherche « Physique et physiologie intégratives de l’arbre forestier ou fruitier ». Il a participé à plusieurs études prouvant les capacités de perception des plantes, notamment l’une, datant de décembre dernier, qui a permis de comprendre que les plantes sont capables de percevoir leur propre forme et d’adapter leur croissance et leurs mouvements en fonction.

       / On pense souvent que seuls les hommes et les animaux sont dotés d’intelligence et de capacité de perception. Les plantes, elles, sont vues comme des êtres vivants mais inertes. Vos travaux démontrent le contraire. Peut-on dire que les plantes ont, elles aussi, une forme d’intelligence ?

       - Bruno Moulia : Vous assimilez intelligence et perception, comme on a souvent tendance à le faire. Mais on peut tout à fait recevoir des informations de son environnement et y réagir sans aucune intelligence. Quand un médecin frappe avec un petit marteau sur votre genou vous tendez la jambe, c’est un réflexe systématique, votre intelligence n’y est pour rien. Parler d’intelligence est donc peut-être exagéré pour les plantes. Mais il est sûr qu’elles sont dotées de capacité de perception et de réaction étonnantes.

       / Comment est-ce possible alors qu’elles n’ont pas, comme nous, de cerveau ?

       - Les plantes n’ont bien sûr par de sens comme les nôtres, mais elles ont des capacités qui s’en approchent. La vision est un bon exemple. Nous sommes capables de voir grâce à des pigments de nos yeux qui sont sensibles à la lumière. Les plantes ont, elles aussi, des pigments de ce type, qui sont répartis sur l’ensemble de leur surface. Elles parviennent ainsi à très bien distinguer la couleur bleu, ce qui revient à pouvoir « détecter » les sources de lumière autour d’elles. Et elles parviennent ensuite à faire un mouvement réflexe pour se tourner vers la lumière. Vous pouvez faire le test, c’est très flagrant avec les plantes d’appartement que l’on place près d’une fenêtre.

       Et ce n’est pas tout. Elles ont aussi une autre capacité très originale que nous n’avons pas, c’est un pigment qui leur permet de savoir si elles reçoivent plus de rouge sombre que de rouge clair ou inversement. Et c’est très important ! Je m’explique. Les végétaux réfléchissent beaucoup le rouge sombre et absorbent presque totalement le rouge clair. Donc une plante qui reçoit une lumière avec beaucoup de rouge sombre et très peu de rouge clair peut savoir qu’une autre plante se trouve près d’elle. Si c’est l’inverse, c’est que leur voisin n’est pas un végétal. On a montré qu’elles peuvent le faire jusqu’à cinq mètres de distance. Et qu’elles peuvent, par exemple, augmenter leur croissance vers le haut avec anticipation pour capter plus de lumière que leurs voisines.

       / Peut-on parler là d’une forme de communication entre les plantes ? Y a-t-il d’autres exemples ?

       - Tout à fait ! Pour le montrer, on raconte souvent l’histoire des antilopes koudous d’Afrique du Sud. Ces animaux se nourrissent de feuilles d’acacias et les humains les ont toujours chassés pour se nourrir. Dans les années 1980, les zootechniciens ont tenté de créer un élevage d’antilopes et les ont donc placées dans un enclos avec une quantité d’acacia suffisante pour les nourrir. Mais, très vite, les antilopes sont mortes de faim alors qu’elles avaient le ventre bourré de feuilles ! Les techniciens ont fait appel à des botanistes et ont fini par comprendre. Quand il est secoué, l’acacia produit du tanin qui rend ses feuilles indigestes. Mais il produit aussi du gaz éthylène qui fonctionne comme une alerte, c’est-à-dire que tous les arbres qui le détectent fabriquent eux aussi du tanin. 

       En liberté, les koudous contournent cette astuce en se dirigeant dans le sens inverse du vent pour brouter. Dans cet enclos, ce n’était plus possible. Cette histoire montre que les plantes sentent quand elles sont touchées, et qu’elles peuvent aussi détecter certaines odeurs et même s’envoyer des messages d’alerte. On a cru que cette histoire était une exception exotique mais en fait toutes les plantes le font. On le voit dans notre laboratoire, où l’on doit isoler les plantes quand on mène des expériences.

       / Ces découvertes sont très récentes. Comment expliquer qu’on n’ait pas perçu ces réactions plus tôt ?

       - Parce que notre propre système de perception n’en est pas capable ! Certaines plantes ont des réactions plus rapides, comme le Mimosa sensitiva qui se referme si on le touche. Mais elles étaient vues comme des exceptions, on les mettait dans des cabinets de curiosité. Tout a changé avec le cinéma, qui nous a permis de filmer les mouvements des plantes et de les montrer en accéléré (Voir ici la plus ancienne utilisation du cinématographe pour l’étude cinématique des mouvements de croissance, œuvre du botaniste et biophysicien allemand Wilhelm Pfeffer entre 1898 et 1900 ou encore la vidéo réalisée en 2012 par le vidéaste Daniel Csobot ). 

       On s’est alors peu à peu rendu compte que les plantes bougent, sentent et réagissent et que c’était simplement nous qui n’étions pas capables de les voir. Aujourd’hui on peut aller beaucoup plus loin, on peut mesurer et quantifier ces mouvements, on peut aller regarder les gènes qui sont impliqués... Dans notre laboratoire, cela nous a permis de voir que les plantes savent très bien percevoir le vent et son intensité. C’est très important puisque le vent est un énorme danger pour elles. Si elles sont exposées au vent, elles vont s’adapter et limiter leur croissance en hauteur, augmenter leur croissance en diamètre et donc être plus trapues.


       / Ces découvertes peuvent-elles être appliquées à l’agriculture ? Et permettre de trouver des méthodes plus durables ?

       - Je l’espère. Le vent est justement un gros problème agricole et forestier. On estime que dans le monde 10% à 20% du rendement des blés est perdu à cause du vent. Pour lutter contre ce phénomène, on a sélectionné pendant des décennies des plantes plus petites, on a choisi des nains génétiques. Mais ces espèces plus petites ont donc également des racines plus courtes et peuvent puiser moins loin les ressources du sol. Ce n’était pas un problème tant qu’on leur donnait des engrais à tire-larigot mais vu les conséquences économiques et environnementales c’en est devenu un. Vu qu’on ne savait pas que les plantes perçoivent le vent quand on a fait ces sélections, on a peut-être délaissé des espèces capables de se renforcer face à lui. On pourrait essayer de faire de nouvelles sélections avec ce critère. De même, nous avons beaucoup travaillé sur la capacité des plantes à se tenir droites et à se redresser. On pourrait aussi sélectionner les plantes les plus résilientes.

       / Des travaux de ce type ont-ils commencé ?

       - Non, pas à ma connaissance, tout cela est très récent. Par contre ces découvertes nous ont permis de travailler sur des méthodes de culture des rosiers avec moins de produits chimiques. Quand ils sont produits en serre, les rosiers poussent plus haut et sont plus fins parce qu’ils ne sont pas stimulés par le vent. Jusque-là, on compensait avec des produit chimiques. Mais nous sommes parvenus à de bons résultats en faisant passer régulièrement une barre de métal sur le haut de la plante pour la fléchir. On arrive ainsi à contrôler la taille et même le nombre de fleurs.

       / L’agriculture moderne a donc été conçue en méconnaissant de nombreuses capacités des plantes ?

       - La prise de conscience est très récente, oui. Quand j’ai commencé à travailler sur ces sujets à la fin des années 1990, beaucoup de gens étaient très sceptiques. Mais les récentes découvertes ont fait évoluer les esprits. Elles changent radicalement notre vision des plantes, c’est une petite révolution. Ça va conditionner notre manière de les cultiver mais ça va encore au delà, les relations qu’on a avec les plantes vont être changées. On ne peut pas se contenter de leur balancer des produits. Il faut utiliser notre intelligence pour mettre à profit leurs capacités. C’est un dialogue que nous devons inventer. (...)



    °°°
    (L'Homme-Télé était définitivement éteint)


    Matthias Schaller

    °°°
    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (ADOPTE LE SILENCE COMME AMI)

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    "J'aime bien fumer un peu après un bon exercice"



    Bruce Weber’s Adventures in Hollywood
    Photographer: Bruce Weber


    +++

    "Heu... Ma Chérie... Ce n'est pas exactement
    comme ça que je voyais cette photo, tu comprends..."



    Et si la “civilisation de l’image”
    avait du plomb dans l’aile?

    André Gunthert

       (...) La nouvelle direction du quotidien gratuit 20 Minutes a révélé jeudi le projet de supprimer l’essentiel de son service photo, soit 13 postes, pour ne conserver que deux rédacteurs-éditeurs. Les rugissements de matimeline ne se sont pas fait attendre. Tout à la joie mauvaise du “je vous l’avais bien dit”, les experts en c’était-mieux-avant se hâtent de rallumer les bougies du deuil du photojournalisme et entonnent le chant du “y’a plus photo“.

       Plus d’images demain à 20 Minutes? Pas tout à fait. En réalité, les colonnes du journal comme les pages du site web ne changeront guère d’aspect: le quotidien conserve son abonnement à l’AFP, principal fournisseur de la presse française, et à Sipa. Je n’ai pas fait le compte, mais il n’est pas très risqué de parier que la majorité de l’iconographie du journal provient d’ores et déjà de ces sources. Comme celle du Chicago Sun-Times, qui a supprimé son service photo en juin 2013, la direction de 20 Minutes envisage également de demander à ses enquêteurs de produire photos et vidéos, de réutiliser ses archives, et de recourir accessoirement à un service de commercialisation de crowdsourcing, le finlandais Scoopshot.

       Une telle décision n’est pas une bonne nouvelle pour les professionnels, ne serait-ce que parce qu’elle atteste la dévalorisation des métiers de l’image. Mais faut-il en rester à la grille de l’approche spécialisée pour aborder un tel symptôme? La déploration du c’était-mieux-avant s’appuie sur l’a-priori qu’une illustration de qualité est par définition meilleure pour la presse qu’une illustration low cost. La preuve: un organe comme Mediapart, qui a une politique visuelle à peu près inexistante, est au bord du dépôt de bilan, alors que Libération, qui est le quotidien le plus volontariste en matière iconographique, caracole en tête des ventes. — Ah non! Désolé, on me dit dans l’oreillette que c’est le contraire! Comment est-ce possible? La photo n’aurait-elle pas toutes les vertus en matière journalistique? Jean-François Leroy et Christian Caujolle nous auraient-ils menti?

       A l’évidence, la presse ne fonctionne pas sur les mêmes critères qu’un festival photo ou une galerie d’art. La réponse au mythe de la qualité est facile à apercevoir et s’étale déjà à longueur de colonnes. Alors que 20 Minutes n’est pas connu pour son inventivité graphique, le gratuit est le premier quotidien national (avec une diffusion revendiquée de 979.440 exemplaires et 4,3 millions de lecteurs).

       Pour dépasser le niveau habituel des clichés de la déploration, rappelons un point de repère utile: l’arrêt de la publication en 1972 de Life, champion toutes catégories du “pictorial journalism” et de l’iconisation de la photographie, pour des raisons qui relevaient déjà de la baisse des budgets publicitaires, alors absorbés par l’essor de la télévision.

       N’en déplaise au contempteurs du numérique, des amateurs ou de l’air du temps, la banalisation de l’image est un processus engagé de longue date. En matière de photographie comme de journalisme, les contenus de qualité coutent cher à produire, et ne sont rentables que s’ils apportent un avantage compétitif. Le luxe de la production artisanale pouvait se justifier au temps où la manne de la publicité dopait une industrie peu regardante. On aimerait penser que le goût du public l’amène naturellement à préférer une image bien composée à un visuel médiocre. Mais la vérité est que ce facteur n’agit que de façon marginale, et influe surtout sur la perception des professionnels eux-mêmes.

       A quoi sert la photo dans un journal? Libération, on s’en souvient, avait égaré la réponse à cette question. Le projet de suppression du service photo de 20 Minutes nous la rappelle: en matière de presse, avant d’informer, la photo sert d’abord à vendre. Et l’écart entre ceux qui l’affichent pleine page et ceux qui choisissent la gestion low cost ne correspond nullement à une différence de vertu, mais seulement de stratégie. En fonction du public auquel il s’adressent, les premiers estiment que l’image constitue un investissement rentable, les seconds, que la plus-value d’un travail qualitatif a disparu.

       C’est en réalité l’ensemble de nos usages visuels qui reposent sur des critères plus utilitaires que ceux que les acteurs de l’image souhaiteraient leur voir appliquer. En l’absence d’une éducation visuelle digne de ce nom, et à moins de croire que le goût s’éveille naturellement, on ne peut pas vraiment s’en étonner. Ce constat, je le répète, n’est pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui s’occupent d’images – et je m’inclus dans le lot. Mais il ne sert à rien de déplorer la sottise des patrons de presse, pas plus que de maudire le mauvais goût du public. Ces signaux nous indiquent que l’image n’est pas exactement à la place que lui assigne la supposée ”civilisation de l’image”. Plutôt que de nous en indigner, nous ferions mieux d’en tenir compte. (...)


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    (Le gardien de la fameuse "Grotte Pourrie" avait le spleen)



    +++
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUE SAIS-TU DE LA BEAUTÉ DU MONDE?)

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    (La fille aux cheveux de vent,

    entre deux bourrasques,
    se repose parfois un peu)


    (Source: buffbuns)

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    (Le Revenu de Base permettrait-il de s'acheter
    la photo d'un yacht sur papier brillant?)



    Simple, juste et efficace :
    le revenu de base pour tous

    Karima Delli
    Députée européenne

       (...) Oui, c’est la crise, en France comme en Europe. Les derniers chiffres disponibles nous disent que plus de 26 millions de personnes sont en recherche d’emploi, soit 10,9 % des actifs européens. Les jeunes sont encore plus touchés avec un taux de chômage moyen de 24 %, qui atteint même 55 % en Espagne et en Grèce ! Ce sont des niveaux jamais vus depuis très longtemps.

       Parmi les européens qui ont encore un emploi, 30 millions vivent sous le seuil de pauvreté. Cette pauvreté prend désormais de nouveaux visages, puisque les familles, les personnes âgées, les parents isolés en deviennent les nouvelles victimes. En tout, on compte 120 millions de personnes au bord ou dans la pauvreté, soit l’équivalent de deux fois la population française !

       L’épuisement de la croissance et la concentration des profits dans les mains de quelques-uns impose un changement de paradigme. Si je vous dis qu’il existe un outil simple, juste, efficace, émancipateur, qui permette un partage plus équitable des richesses, ça intéresse quelqu’un ? Un revenu de base pour toutes et tous, est-ce crédible ? Je dis oui, trois fois oui, et grâce à la mise en place d’une Initiative citoyenne européenne, Près de 200 000 personnes ont déjà demandé à la Commission européenne de faire une proposition en la matière ! Partout dans le monde, des voix s’élèvent pour défendre cette idée novatrice. Ils ont bien raison, car le revenu de base pour tous, sans conditions… (...)

       (...) Les diverses aides sociales pécuniaires sont fondées, aujourd’hui, sur la mutualisation des revenus du travail. Mais depuis une quinzaine d’années, les conditions d’accès aux droits sociaux se sont restreintes, de plus en plus d’individus ont été exclus des filets de protection sociale. Pour ceux qui restent bénéficiaires des aides, la complexité et la durée des procédures les poussent souvent à abandonner leurs démarches, sans toucher leurs droits. In fine, c’est la cohésion sociale, et la participation du citoyen à la vie de la cité, qui en a pris un coup.

       Le revenu de base inconditionnel répare ces dégâts et crée un vrai progrès social, puisqu’il repose sur un principe de solidarité universelle liée à la dignité humaine et aux droits humains. Peu importe le « mérite » (impossible à déterminer) ou le salaire (qui ne récompense pas la création de richesse hors du cadre salarié) : chacun a le droit à cette aide, point barre. La cohésion sociale, le lien entre tous les milieux sociaux, l’intégration des populations étrangères seraient incontestablement favorisés par la mise en place d’un revenu de base inconditionnel. (...) 

       Beaucoup de sceptiques froncent le sourcil quand on leur parle du revenu de base, et selon les périodes, on considère que soit ce n’est pas nécessaire, soit ce n’est pas finançable. Difficile de dire qu’aujourd’hui cette aide serait malvenue, il suffit de voir les millions de personnes qui ont renoncé à demander leur RSA. Sur le coût, rappelons que si on met en place un revenu de base, on peut revoir à la baisse, voire supprimer un tas d’autres aides aujourd’hui trop diffuses pour être efficaces.

       Quant à l’argument selon lequel, même les personnes aisées pourraient bénéficier de cette aide universelle alors qu’elles n’en ont pas besoin, il ne vaut pas car ces personnes rembourseraient l’allocation au moment de payer leur impôt sur le revenu. (...)

       La plus grande objection au revenu de base, c’est que les gens aient droit à un revenu sans travailler. En gros, le revenu de base serait une « usine à feignasses ». Désolé, mais cette idée ne résiste pas à l’épreuve des faits ! Sur le principe, rappelons déjà que dans une communauté humaine, où chacun vit en relation avec les autres, et au vu du gigantesque stock de richesse accumulé, nous avons tous droit à une petite part de la richesse collective. (...) 

       Par ailleurs, des expérimentations menées en Amérique du Nord entre 1970 et 1980 ont permis de montrer que le revenu de base n’est pas une utopie. Certes, ces expériences restent encore beaucoup trop sporadiques, mais elles attestent de résultats concrets et très encourageants. Par exemple, que l’instauration du revenu de base n’a découragé personne de travailler. En revanche, les gens ont pris plus de temps pour chercher une activité qui leur convenait véritablement. Les adolescents ont abandonné les petits jobs étudiants les plus ingrats. Les jeunes mamans ont gagné un temps suffisant pour profiter de leurs nouveau-nés. Les femmes ont tiré leur épingle du jeu en gagnant une autonomie face au mari seul fournisseur du revenu. Mieux, si la pauvreté a disparu, le niveau d’éducation a grimpé tandis que le nombre d’hospitalisations et les frais collectifs qui en découlent chutaient. (...)

       Versé à tous, le revenu de base inconditionnel permettrait d’abord de garantir un niveau de revenu suffisant pour vivre dans la dignité. Mais ce n’est pas tout. Il permettra de supprimer le travail administratif lié à la surveillance des bénéficiaires de l’aide sociale, discutable du fait de son caractère humiliant, intrusif et moralisateur. Vecteur de respect de soi-même, il permettra de lutter contre la stigmatisation des plus démunis. Il rendra solvables certains travaux ou certaines tâches créatives ou de lien social qui ne seraient autrement pas rentables, augmentant la liberté des individus de vivre comme bon leur semble, en harmonie avec leurs voisins. Il permettra de rendre le pouvoir de négociation à ceux qui en ont le moins aujourd’hui : exclus du marché du travail, salariés précaires, jeunes...

       L’Europe n’est pas qu’un grand machin néolibéral (on travaille à changer ça, il y a encore du boulot). L’Europe, c’est aussi une formidable occasion d’avancer. Le moment est venu de remplacer le compromis social basé sur la croissance par un nouveau compromis basé sur un revenu de base inconditionnel. Alors qu’attendez-vous pour signer l’initiative citoyenne pour un revenu de base inconditionnel ? Il nous reste jusqu’au 14 janvier 2014 pour donner le poids le plus lourd possible à cette demande !



    +++

    (L'Homme Invisible avait des amusements basiques)

    +++
    Benoît Barvin

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS HEUREUX DU SUCCÈS DE TON AMI,
    UN AUTRE TOI-MÊME)

    @@@

    (Devant la mauvaise foi de ce politicien,
    sa Bonne Conscience péta un câble)


    Pinocchion (1940) Walt Disney


    @@@

    "Comment? On aide les journaux politiques
    de gauche, maintenant?
    - Meuh non, on n'aide que les feuilles de chou.
    - Ouf... Les vraies valeurs ne se perdent donc pas..."

    Peter Bowen.


    « Closer » écrase « Le Monde diplomatique »

       (...) La publication par le ministère de la culture et de la communication du tableau des deux cents titres de presse les plus aidés en 2012 permet d’apprécier la sollicitude des pouvoirs publics envers Le Monde diplomatique.

       Notre journal se classe au 178e rang. C’est-à-dire très loin derrière des publications aussi cossues et adorées des annonceurs que Le Nouvel Observateur (8e), L’Express (9e), Télé 7 jours (10e), Paris Match (12e) et Valeurs Actuelles (66e).

       Plus édifiant, des titres aussi indispensables au débat public queTélécâble Satellite Hebdo (27e), Grazia (74e), Point de Vue (86e), Closer (91e), Le Journal de Mickey (93e), Gala (95e), Voici (113e), Prions en église (121e), Auto Moto (124e), Mieux vivre votre argent(131e), Détente Jardin (167e), Spirou (172e) se retrouvent devant Le Monde diplomatique...

       Un rapport récent de la Cour des comptes a estimé que les aides publiques représentaient entre 7,5 % et 11 % du chiffre d’affaires global des éditeurs (1). Dans le cas du Monde diplomatique, qui a obtenu 188 339 euros en 2012, cette proportion est plus proche de 2%. C’est dire la part décisive que prennent au financement de notre travail nos acheteurs, nos abonnés et ceux qui, chaque année plus nombreux, nous versent des dons.

       L’an prochain, il est possible que nous ne figurions plus du tout dans le tableau du ministère de la culture. En effet, la moitié des aides reçues par Le Monde diplomatique en 2012 l’ont été au titre de notre diffusion à l’étranger. Or, en 2013, cette aide au développement de notre lectorat international a été divisée par cinq, passant de 95 900 euros à 18 600 euros. Ajoutons à cela le relèvement important des tarifs postaux qui va nous concerner, alors même que le président de la République vient d’en annuler l’essentiel pour les quotidiens et pour les magazines d’actualité hebdomadaires, et chacun pourra se faire une idée de l’affectation étrangement ciblée des aides à la presse. C’est-à-dire en définitive de l’argent des contribuables.

       Il y a trente ans, le Parti socialiste proclamait : « Un réaménagement des aides à la presse est indispensable. (...) Il faut mettre un terme à un système qui fait que les plus riches sont les plus aidés, et les plus pauvres les plus délaissés. (...) La réforme des aides à la presse devrait également mieux différencier la nature des titres et ne pas traiter de la même façon la presse politique et d’informations générales et la presse récréative. Elle devrait distinguer, en particulier en matière d’aides postales, la presse bénéficiant d’un fort volume de publicités et celle qui en est dépourvue (2). »

       Les données officielles récemment rendues publiques ainsi que les derniers arbitrages présidentiels en matière de presse démontrent que cette analyse, à laquelle nous ne pouvons que souscrire, n’a pas reçu le moindre début d’exécution. Faute de quoi, comment expliquer que Télé 7 jours ait reçu trente-huit fois plus d’argent public que Le Monde diplomatique ?

       En nous versant un don, que vous pourrez partiellement déduire de vos impôts, vous corrigerez à notre avantage cette répartition fantaisiste des sommes que l’Etat verse chaque année à la presse.


    (1) « Les aides de l’Etat à la presse écrite » (PDF), communication de la Cour des comptes à la commission des finances du Sénat, juillet 2013. Le tableau détaillé des publications aidées se trouve page 40.

    (2) Cité dans l’article de Serge Halimi, « Nous ne sommes pas des robots », Le Monde diplomatique, octobre 2013.


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    (Sous le panier les fleurs)




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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE EST UN FOU
    QUI S'EST ASSAGI)

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    "Mon mari et moi faisons quelques courses...
    - Votre mari?
    - Chuutt... C'est pour le politiquement correct..."


    J.C Leyendecker


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    "Je viens des siècles précédents pour te ficher une branlée.
    - Ça tombe bien, j'ai la même intention"






    Le XXIe siècle selon Saint-Augustin

    Robert D. Kaplan
    Traduit par Bérengère Viennot

       (...) La Pax Romana fut une période de paix et de stabilité relatives dans toute la zone méditerranéenne. Mais l’histoire est souvent prise de convulsions. En 200, l’Empire romain vivait encore dans l’ombre de l’empereur et philosophe païen Marc-Aurèle, mort depuis peu –dans une époque où, selon l’historien de Princeton Peter Brown, «un petit cercle de conservateurs acharnés» imposait l’ordre dans le monde. Au cours des cinq siècles qui suivirent, tout changea.

       En 700, l’Empire romain s’était volatilisé de la carte de l’Occident, l’Empire perse sassanide avait disparu du Proche-Orient, l’Europe était devenue chrétienne tandis que le Proche-Orient et la majeure partie de l’Afrique du Nord s’étaient convertis à l’islam. Dans l’intervalle, hérétiques chrétiens et membres de sectes –donatistes, moines incitant à la révolte, etc– pauvres, illettrés et extrémistes s’étaient dispersés tout autour du bassin méditerranéen, semant la terreur et brûlant synagogues et temples païens, avant d’être eux-mêmes dépassés en Afrique du Nord par des armées arabes prônant une religion nouvelle, plus austère. Pendant ce temps, les Goths ravageaient l’Europe et l’Asie Mineure était au bord d’un conflit entre chrétiens vénérant icônes et autres images sacrées et ceux qui glorifiaient leur destruction. Peter Brown, au fil du travail érudit de toute une vie, donna un nom à cette époque piquante au cours de laquelle le monde connut un bouleversement total: l’Antiquité tardive. (...)

       (...) L’Antiquité tardive ne nous semble spectaculaire que parce que nous connaissons son début et sa fin. Mais au cours de n’importe quelle journée de ce demi-millénaire, le monde méditerranéen n’aurait sans doute pas paru impressionnant du tout, et peu auraient su dire quelle direction prenaient les événements.

       Bien sûr, l’horloge de l’histoire avance bien plus rapidement aujourd’hui, et des milliers de mots –rien que dans ces pages– ont été écrits sur le Printemps arabe, l’intensification de la puissance militaire de la Chine, le tumulte dans l’Union européenne, la nucléarisation de l’Iran et le délabrement de l’hégémonie américaine post-Guerre froide. Mais pouvons-nous pour autant mieux discerner que les hommes de l’Antiquité tardive la direction que prennent les événements? (...)

       L’érosion du rôle de puissance organisatrice de l’Amérique, qui jusqu’ici s’appuyait sur l’assentiment public et l’incapacité de tous les autres d’ébranler le statu quo, a désorienté les élites de Washington et de New York dont le bien-être professionnel est intimement lié à l’implication proactive de l’Amérique à l’étranger. Et peu de situations mieux que celle de la Syrie n’évoquent aussi bien le sentiment de splendide isolement qui gagne de nouveau les citoyens américains ou n’expliquent plus complètement l’affaiblissement des Etats-Unis.

       La Syrie c’est le Levant, le cœur géographique de l’Antiquité tardive. Et sa désintégration, tout comme l’écroulement de la Libye, du Yémen et de l’Irak, ainsi que les troubles chroniques en Tunisie et en Egypte, n’est pas synonyme de liberté nouvelle mais d’effondrement de l’autorité centrale. Rome n’a pas pu sauver l’Afrique du Nord, et les Etats-Unis ne sauveront pas le Proche-Orient –car comme le montrent les sondages, l’Amérique en a plus qu’assez des imbroglios militaires à l’étranger. C’est l’anarchie, peut-être suivie de nouvelles formes d’hégémonie, qui en résultera.

       Si une vie et une seule incarne ce que fut l’Antiquité tardive, c’est bien celle de saint Augustin, Berbère né en 354 à Thagaste, aujourd’hui Souk Ahras en Algérie, près de la frontière tunisienne. En passant de la philosophie païenne au manichéisme pour finalement embrasser le christianisme, qu’il soumit à la logique de Platon et de Cicéron, saint Augustin était à cheval sur la Rome classique et le Moyen-Age. Son poème préféré était l’Enéide de Virgile, qui célèbre la fondation de la civilisation universelle de Rome. Il voua aux gémonies les donatistes radicaux (des Berbères schismatiques), dont l’hérésie menaçait de saper la stabilité du Maghreb, tout en constatant les bénéfices de liens traditionnels comme ceux du tribalisme. Il mourut à 76 ans, en 430, au milieu de l’attaque par les Vandales de Genséric de l’Afrique proconsulaire, première colonie romaine d’Afrique.

       Sa grande œuvre, La cité de dieu, écrit l’érudit Garry Wills, cherche à consoler les chrétiens désorientés de la perte par Rome du statut de principe organisateur du monde connu. Rome, écrit saint Augustin, n’aurait jamais pu satisfaire les cœurs des hommes: seule la Cité de Dieu en était capable. Par conséquent, à mesure que Rome s’affaiblissait, la religiosité prenait de l’ampleur.

       Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère susceptible de s’avérer tout aussi chaotique et qui pourrait nous tomber dessus bien plus vite étant donné la manière dont les révolutions électroniques et des communications, associées à une explosion démographique, ont comprimé l’histoire.

       Songez qu’en 1989, à la fin de la Guerre froide, les Etats-Unis étaient le colosse militaire et économique unipolaire, la démocratie libérale et triomphaliste décrite par le philosophe politique Francis Fukuyama dans son article «La fin de l’histoire?» Depuis, l’Union européenne s’est étendue à l’Europe centrale et de l’Est, promettant de mettre un terme aux furies du passé de ce continent. Bien sûr, le Moyen-Orient, de l’océan Atlantique au sous-continent indien, est resté plongé dans l’ignorance et l’intolérance jusqu’aux premières années du XXIe siècle. Mais au moins il était tranquille, en tout cas selon ses propres lamentables critères.

       Et puis le monde s’est effondré. Un attentat commis sur le sol américain par des extrémistes musulmans a débouché sur deux grandes invasions terrestres par les Etats-Unis au Moyen-Orient, ce qui a contribué à mettre la région en mouvement. Des autocraties décadentes se sont écroulées et des monarchies conservatrices se sont vu forcées de faire des concessions sans précédent, tandis que le programme de libération du président George W. Bush n’avait pas les résultats escomptés. L’Afrique du Nord s’est depuis décomposée en un monde flou formé de gangs, de milices, de tribus, de terroristes transnationaux, de forces expéditionnaires antiterroristes et de régimes faibles frappés d’immobilisme. Le Levant voisin a explosé dans une guerre rampante et de longue durée, ne laissant que deux entités légales fortes entre le bord le plus oriental de la Méditerranée et le plateau d’Asie centrale: un Etat juif et un Etat persan (d’où l’importance d’un rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis).

       Pendant ce temps, l’Union européenne commençait à sérieusement chanceler. Une crise de la dette, une croissance négative et des niveaux indécents de chômage se sont installés pendant des années et l’Etat-providence –cette réussite morale des politiciens européens d’après-guerre– est en passe de devenir, dans une large mesure, inabordable.

       La conséquence est que l’Union européenne elle-même, si dominante au cours des deux premières décennies qui ont suivi la chute du mur de Berlin, a perdu une partie de sa force géopolitique en Europe centrale et de l’Est, juste au moment où la Russie revenait sur le devant de la scène, autoritaire et puissante, grâce aux revenus des hydrocarbures. La carte de l’Europe est en train de perdre sa couleur homogène pour revenir à des nuances divergentes, où les identités nationales –qu’on croyait en repli– sont en pleine résurgence.
    Le retour des tribus

       Quant à la Chine –ce monstre démographique et géographique devenu le moteur du commerce mondial– après une trentaine d’années de croissance sans précédent, elle voit son économie finalement ralentir. Si l’économie et l’armée chinoises continuent de croître de façon massive en valeur absolue, l’avenir de l’Empire du Milieu est moins certain qu’il ne l’était il y a dix ans. Avec des minorités ethniques et la majorité Han assoiffées de libertés alors que les opportunités se raréfient, il est bien possible que le destin de la Chine ne vive un jour une variation sur le thème de l’Union soviétique.

       L’autorité, autrefois si sûre et si commodément répartie sur la planète, semble en voie de désintégration tandis que les sectes et les hérésies –salafistes, cybercriminels, etc– entrent par la petite porte. Les Etats-Unis s’imposent encore en souverains tant économiquement que militairement, bénéficiant d’immenses réserves de ressources naturelles. Cependant, la puissance américaine se voit de plus en plus barrer la route par ces forces nouvelles et imprévisibles. La force pure –chars et avions de chasse, bombes atomiques et porte-avions– prend de plus en plus des airs de produits d’une époque industrielle qui n’en finit pas de s’éloigner. Et pourtant la version post-moderne de l’Antiquité tardive vient juste de commencer. (...) 


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    "Je suis le nouveau sage de la Nouvelle Ere..."




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    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE EST UN LÉGATEUR
    UNIVERSEL DE SAGESSE)

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    "Quiconque dira un mot de trop sur J.M Charlier
    aura affaire à moi!"


    Kim Devil de l'inimitable et chaleureux Gérald Forton

    (excellent site que nous conseillons aux aficionados)

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    "J'ai plus de séries que si j'avais 1000 ans"


    Charlier, l’alpha et l’oméga
    Bayon


       En 1988, c’était entendu, Jean-Michel Charlier, notre grand romancier classique BD, devait raconter en «mémoires» sa vie épique illustrée pour Quai Voltaire, la maison d’édition parisienne bleue lancée de la saison. Entre Paul Bowles, le Club des longues moustaches et Selby, on se régalait de percer enfin le mystère de la production titanesque de cet Homère liégeois aux cent Barbe-Rouge, Buck Danny, Blueberry, Tanguy et Laverdure, Marc Dacier, Jean Valhardi, Guy Lebleu, Kim Devil, Jacques Le Gall, Tiger Joe, Ron Clarke, Ned Tiger, Brice Bolt, Clairette, Jim Flokers, Rosine, Belloy, André Lefort, Simba Lee, Joë La Tornade, Thierry le chevalier, Max Larcher, Marc Laurent… et tant d’autres séries (la Patrouille des Castors, le Privé, Los Gringos, Mississippi River…), sans compter les annexesTarawa, Mermoz, Surcouf, Dan Cooper, Jean Bart, Tempête à l’ouest, les Belles Histoires de l’oncle Paul par poignées, romans Bibliothèque verte, «Dossiers noirs» et enquêtes, scénarios, émissions et feuilletons - en tout, 500 livres au moins liés à la BD. 

       On s’enchantait de découvrir enfin, via ce témoin inouï, comment dessinèrent vraiment Victor Hubinon, Jean Giraud, comment, pourquoi et quand œuvraient, voyageaient, aimaient, mangeaient, buvaient, fumaient, crayonnaient Jijé, les Funcken, Forton, Uderzo, Poïvet et consorts Graton ou Attanasio innombrables, travailleurs obscurs de «la littérature illustrée». (...) 

       Sur quoi Charlier, mort en 1989, vanitas, on l’enterra, Libé et Mach 3 au rappel, avec ses secrets de dessinateur docteur en droit licencié en lettres et en criminologie baroudeur écrivain pilote de ligne Sabena journaliste globe-trotter bon vivant investigateur acteur speaker homme de plume, de presse, de radio, de télévision, de cinéma et de mémoire - dommageablement… Un mémoire de sortie vient, dans la lignée du Heroic de référence consacré à Tillieux il y a deux ans, réparer en majesté ce deuil documentaire : Jean-Michel Charlier vous raconte…

       Cartonnées en bloc, 320 pages sur beau papier mat, en six chapitres richement documentés d’archives familiales, photos, planches originales, manuscrits, état civil, caricatures, inédits, calques, reprints de romans-photos, épreuves, courriers, notes, articles, de celui qui se flattait de tirer dix scénarios de tout périodique - dont il commençait toujours par arracher la pub pour ne garder que le journal. Ce livre somme est signé Gilles Ratier, bibliothécaire à Limoges, mandarin BD versé en Charlier, et préfacé par Patrice Leconte - cinéaste du Père Noël est une ordure qui débuta dessinateur à l’ombre de Charlier, se sentant «un rigolo par rapport à sa production immense». (...) 

       La matière première de Charlier vous raconte consiste en «cinquante entretiens techniques» avec le sujet, redistribués au fil des entrées. Cela se lit ou se feuillette, étude ou malle au trésor. Sur une photo de groupe digne du Fantin-Latour d’Orsay montrant Rimbaud et Verlaine, on voit Charlier jeune dandy cravaté à pochette d’après-guerre, cigarette cool aux doigts, cheveu blond mi-Mermoz, mi-Jerry Lee Lewis, attablé entre Eddy Paape aux airs Roosevelt, Sirius habité, Troisfontaines assez smart et Uderzo zazou…

       C’est le temps où le fringant Wallon Charlier attaque la carrière en donnant, adolescent juriste, sa voix légale au lumpen graphique et scénaristique exploité de la presse pour la jeunesse - quitte à s’en trouver blacklisté par le sombre milieu «ligne claire», solidairement avec tels Gérald Forton, Sempé, Mitacq ou Paape, sous le joug de la World’s P. Press, dont Charlier sera bientôt directeur artistique. De même, Charlier, auteur aventurier, se fait-il aviateur pour raconter du dedans, en nouveau journalisme avant l’heure, les exploits de Tumbler, Tuckson, Danny et Lady X (la Milady masquée en jodhpurs talonnés de ses Trois Mousquetaires volants US), en 1949. (...)

      (...) Pilier turbulent de Spirou, journal rival du très catho Tintin où il s’est aussi formé dès le début des années 40 sous le nom de Michel Philippe, le notoirement cordial Charlier révolutionnera en 1960 la BD en imposant, avec Goscinny, le magazine Pilote comme organe et vivier de la relève BD européenne, au sein d’une «nouvelle vague» illustrée. Pétillon, Bilal, Forest, Druillet, Cabu, Lob, Lauzier, Fred, Mézières, Veyron, Mandryka, Gotlib, Moebius et Pilote accoucheront de Fluide glacial,l’Echo des savanes, Métal hurlant, (A suivre…) - sans compter tel El Vibora catalan…

       Sur une autre photo, Charlier pharaon, déjà la tête ailleurs - la télévision et le cinéma, chapitre final du récit, occuperont ses années 70-80, jouant dans Staviskyd’Alain Resnais (1974) ou signant le script des Diamants du Président en 1978 -, trinque à Pilote avec John Wayne. «Mâtin, quel journal !» Quel type. Laissons le héros conclure ses antémémoires : «Il y a les conteurs arabes, les conteurs à la veillée, ceux qui faisaient le tour des fermes, qu’on payait pour raconter et que les gens écoutaient religieusement. C’est exactement comme cela que je me considère. Dans la continuité des grands feuilletonistes du temps passé.»

    "Jean-Michel Charlier vous raconte…" de Gilles Ratier Le Castor astral, 320 pp., 45€.


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    "Un plat spécial de pâtes pour Monsieur Charlier!
    Dépêchons, cela n'attend pas!"



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    Benoît Barvin

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