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    Pensées pour nous-mêmes:

    (DANS L’ŒIL DU MAÎTRE
    TU NE TE VERRAS PAS FORCÉMENT)

    ¤¤¤
    Nouveau court récit au long cours (28)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       L’apprenti sociologue Jean-Michel se perd dans ses réflexions, en compagnie de Daniel et de Rachel quand l'île se met à trembler...


    poseidon-ou-neptune-dans-la-mythologie-romaine-le-dieu-de-la-mer


       Tout en bas, il y a comme un remue-ménage parmi les rochers et les arbres. On est trop loin pour deviner ce qui se passe. On ne distingue que les contours de la presqu’île, le grand parc verdoyant et la baie sablonneuse ourlée d’immeubles blancs. Soudain, c’est toute une suite de détonations qui résonnent dans la vallée. Un panache de fumée orange s’élève au dessus du Village. La mer elle-même semble en furie, bousculée par la terre qui s’effondre. De là-haut, on ne voit que des moutons blancs déferlant sur la verdure, et on entend quelques exclamations plus en bas dans les oliveraies. 

       C’est à peine si le sol sous leurs pieds tressaille comme devait tressaillir jadis, le mont Olympe sous les coups de tonnerre. Jean-Michel et Rachel se regardent interloqués. Daniel avait donc vu juste. C’est effrayant et en même temps fascinant. Rachel pense au pêcheur du ponton. Lui aussi disait vrai. Elle espère fortement que tous auront réalisé à temps le danger et qu’il n’y aura pas de victimes. 

       - Alors, vous saviez ? interroge Jean-Michel. Franchement, je vous ai suivis jusqu’ici, mais je n’y croyais pas. 

       Daniel se tait. Il sait bien que personne ne pouvait croire en ce qui ressemblait trop à des divagations. Mais il est sûr que certains auront eu l’intelligence de suivre son dernier conseil. 

       Il regarde la baie, silencieux. Une minuscule presqu’île engloutie, c’est peu de chose finalement, et ça ne suffira sûrement pas à faire changer le monde, juste à modifier la topographie d’un lieu que des bulldozers remodèleront sans vergogne. 

       Qui s’en souciera hormis ceux qui se nourrissaient des senteurs marines, qui aimaient la caresse du vent à cet endroit et qui ressentaient de l’amour pour les vieilles roches et les arbres tutélaires d’Ipsos ? 

       Rares sont ceux qui trouvent encore plaisir à danser des sirtakis sur une plage. 

       C’est ainsi, et Daniel se sent délivré d’un poids. Celui de sa supposée mission. Il sait que toute l’Histoire est sujette au doute et que la sienne n’échappe pas à cette règle, mais face à cette terre qui a tremblé parce que c’était le moment pour elle de trembler, il est saisi d’une certitude : il est inutile qu’il continue de se raconter des histoires. 

       Il est à Corfou, au dessus d’Ipsos, dans les collines. 

       Ils sont trois rescapés. 
     
       Ils se tiennent par la main. 

       Cela suffit pour le moment 

    (A Suivre)

    ¤¤¤

    (Ces tortues en jute étaient de sacrées coquines)


    Miniature “Therapeutic Toy” Turtle in natural jute. 
    Originally designed by Renate Müller in 1969.


    ¤¤¤

    (Parmi ces 4 célébrités, une seule n'est pas une contrefaçon.
    Sauras-tu la désigner?)


    purepeople.com

    Les agriculteurs seront-ils bientôt 
    poursuivis pour contrefaçon ?

    Amélie Mougey

       (...) Haro sur les faux sacs Vuitton et la reproduction illicite… de grains de maïs. Le Sénat a voté, mercredi 20 novembre, une proposition de loi « tendant à renforcer la lutte contre la contrefaçon ». Aussitôt, la coordination rurale, le comité Semons la biodiversité, et la CNDSF (Coordination nationale pour la défense des semences fermières) se sont fendus de communiqués enflammés fustigeant une « loi scélérate » ou réclamant des amendements avant son examen à l’Assemblée. Les raisons de leur colère ?

       Sur la liste des branches de la propriété intellectuelle concernées par le texte on retrouve les « obtentions végétales », c’est-à-dire les variétés vendues aux agriculteurs par les semenciers. Le Réseau semences paysannes voit dans ce texte «un arsenal répressif» mis à disposition des semenciers pour venir à bout des agriculteurs récalcitrants à leur passer commande tous les ans. Le Groupement national interprofessionnel des semenciers (Gnis) parle de « fantasmes ». Terra eco fait le point.

       / En France, un agriculteur peut-il être accusé de contrefaçon ?

       - Oui. C’est là la principale source de crispations. « Etre assimilés aux réseaux mafieux et bandes organisées alors qu’on perpétue une pratique agricole vieille de plusieurs millénaires, c’est humiliant », s’emporte Jean-Louis Courtot, président de la CNDSF. Le texte en question, destiné à donner plus de moyens d’action aux douaniers, ravive le débat délicat des droits de propriété sur le vivant. « Mettre sur le même plan une semence, une montre et une pièce détachée automobile est insensé », renchérit Guy Kastler, délégué général du Réseau semences paysannes. Ce traitement juridique sans distinction n’est pourtant pas nouveau : la loi sur la contrefaçon de 2007 mentionnait déjà les obtentions végétales.

       / Comment expliquer que les agriculteurs qui récupèrent des semences d’une année sur l’autre soient hors-la-loi ?

       - En évoquant la propriété intellectuelle. Depuis la Convention internationale de l’Union pour la protection des obtentions végétales (UPOV) de 1961, la plupart des semences sont protégées par un Certificat d’obtention végétale (COV). Sortes de brevets allégés, les COV autorisent la recherche et la sélection sur les variétés protégées mais interdisent de les reproduire en vue de les réutiliser une deuxième année. Les semenciers voient dans ce compromis la garantie d’un juste retour sur investissement. « Il s’agit de soutenir et de protéger la recherche, si les agriculteurs arrêtent de payer après la première année, les obtenteurs (les créateurs de nouvelles variétés, ndlr) ne récoltent jamais le fruit de leur travail », expose Isabelle Ferrière, responsable de la communication au sein de l’Union française des semenciers (UFS). Pour Guy Kastler au contraire,« les semenciers monétisent le fruit de siècles de sélections de variétés réalisées gratuitement par les agriculteurs ».

       / Quelle part des cultures françaises est concernée ?

       Les Certificats d’obtention végétale couvrent plus de 95% des cultures françaises. La quasi-totalité des agriculteurs qui produisent des semences de ferme sont donc hors-la-loi. Seuls les utilisateurs de variétés tombées dans le domaine public (400 sur les 6000 répertoriées) et un petit millier d’agriculteurs militant pour la préservation et la multiplication des variétés anciennes (1), non protégées par un certificat, font figure d’exceptions.

       / La loi est-elle respectée ?

       - Pas vraiment. En dépit de l’interdiction, la moitié des récoltes de colza sont issues de semences de ferme. Pourtant, en dix ans, la Sicasov, sorte de Sacem de la graine, n’a instruit que 103 dossiers. Après 55 passages au tribunal, 26 agriculteurs ont été condamnés. « La Sicasov ne se concentre que sur les gros cas, les plus symboliques, quand il y a commercialisation », avance François Burgaud, directeur des relations publiques du Gnis. L’explication de Guy Kastler diffère : « La contrefaçon de semences est très difficile à prouver, les analyses coûtent cher. » Alors, depuis le 8 décembre 2011 une loi autorise, pour 21 espèces, les agriculteurs à produire des semences de ferme à condition qu’ils rémunèrent l’obtenteur chaque année.

       / Certains agriculteurs paient-ils déjà pour la réutilisation de semences protégées ?

       Uniquement s’ils produisent du blé tendre. Dans ce cas, 70 centimes d’euro pour chaque tonne produite sont prélevés à la source. Mais si un agriculteur rachète des semences l’année suivante, preuve qu’il n’en a pas produit lui-même, il est remboursé. En 2014, l’orge et l’avoine seront soumis au même système. « Pour l’instant cela ne dissuade personne de produire des semences de ferme, le montant est relativement faible et le système peu étendu », reconnaît Jean-Louis Courtot. Mais après la dernière hausse de 20 centimes d’euro en juin dernier, il craint de nouvelles augmentations « qui pourraient rendre la production de semences de ferme rédhibitoire d’un point de vue financier » . Or, selon lui, la pratique ne doit surtout pas disparaitre : « Contrairement aux produits des semenciers, traités sans discrimination, les semences de ferme permettent à l’agriculteur de limiter l’usage d’intrants (pesticides, fongicides...) en adaptant les traitement aux besoins spécifiques de chaque champ. »

       / Si elle est adoptée, la loi sur la contrefaçon va-t-elle mettre les agriculteurs face aux douaniers ?

       - Le texte n’introduit pas de nouvelle interdiction. Mais la proposition de loi discutée la semaine dernière au Sénat stipule que « l’administration des douanes peut, sur demandes écrites du détenteur d’un certificat d’obtention, retenir les marchandises ». Pour Guy Kastler, cela signifie que« la simple présomption de contrefaçon permettra aux semenciers de demander la destruction des stocks ». Hélène Lipietz, députée Europe Ecologie - Les Verts de Seine-et-Marne, tempère : « S’ils accusent à tort ils devront en porter la responsabilité. » Du côté des semenciers, on refrène tout enthousiasme : « Ce texte ne va rien changer », assure François Burgaud.

       / Un agriculteur qui cultivera des semences paysannes, ces variétés anciennes non protégées, peut-il être accusé à tort ?

       - Si son champ est contaminé par des semences protégées par des COV, et qu’un obtenteur saisit les douanes, ce scénario n’est pas exclu. C’est ce que redoute le Réseau semences paysannes.« Les champs de maïs surtout, du fait des caractères génétiques, sont vulnérables aux contaminations », précise Véronique Chable, ingénieure en génétique végétale à l’Inra, l’Institut national de la recherche agronomique. Selon elle, les législateurs prennent le problème à l’envers :« Ils partent du principe que ce sont les semences modernes qu’il convient de protéger car elles ont plus de valeur économique que les semences paysannes, souligne la scientifique, mais du point de vue de la biodiversité, c’est tout le contraire. »

    (1) A ne pas confondre avec les semences de ferme issues de la multiplication des semences modernes, fournies par des semenciers.



    ¤¤¤

    (Femmes Afghanes hyper voilées regardant vers... 
    Heu... Regardant quoi, exactement?)



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    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'ESPOIR C'EST AUJOURD'HUI
    ET MAINTENANT)

    %%%

    Nouveau court récit au long cours (27)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       Daniel ne serait-il qu'un malade mental échappé de l'hôpital psychiatrique? Et quid de Rachel et de Jean-Mich' qui ont l'air de trafiquer Dieu sait quoi? Le chef du Club sent que quelque chose ne tourne pas rond.


    EPILOGUE

       Sur les hauteurs d’Ipsos, la vue est époustouflante. Jean-Michel ne regrette pas d’avoir pris ses jumelles.

       Il est heureux de faire enfin une pause. C’est la première depuis son arrivée au Club. Il a suivi Rachel et Daniel jusque-là pour tuer son ennui et c’est assez réussi jusqu’à présent.

       Il y a eu l’effort de la montée, le rire de Rachel qui n’arrête pas de se moquer des élucubrations de Daniel. Quand elle lui a dit qu’il avait reçu un message, il s’est montré furieux. Qu’est-ce qu’ils lui voulaient encore ? Il est vrai que depuis sa nuit sur le ponton avec Rachel, il n’a plus donné de nouvelles. Ils s’inquiétaient pour lui certainement. Avaient-ils peur pour sa santé ou peur qu’il ne suive pas les bonnes consignes ?

       Il faut dire qu’il est assez imprévisible Daniel, plutôt farfelu, catégorie inclassable, c’est bien cela. Pourtant, on peut parier que certains psys ont dû lui trouver une névrose liée à un trouble dégénératif. Peut-être souffre-t-il de dromomanie et fait-il partie de ces voyageurs pathologiques qui partent sans avertir quiconque et arpentent la planète en quête d’un monde idéal ? En tout cas, Jean-Michel se sent en affinité avec ce vieux baroudeur.

       Quant à Rachel, il la trouve délicieuse de simplicité. Il n’y a que le vouvoiement qui le gêne, mais il s’y fera car il est pour le mélange des genres, l’étude des différences. Tout l’intéresse même si au fond de lui stagne un ennui tenace. D’ailleurs, il peut bien le reconnaître, paradoxalement cet ennui même le passionne. Même la connerie, même la folie des hommes. Il a décidé d’en faire son objet d’étude. Ce n’est pas un engagement à la légère. Il finira par comprendre le pourquoi du chaos, le sens de l’ordre, leur interaction nécessaire, bref ce qu’est la vie.

       Un grondement sourd interrompt ses réflexions. Rachel, assise à ses côtés, sur une roche, se fige. Daniel, qui était debout, s’assied près d’elle, tout pâle.

    (A Suivre)


    %%%

    (Jean Seberg for ever)


    À bout de souffle

    %%%

    "C'est bien joli, ton câlin,
    mais est-ce que tu m'as rapporté
    quelque chose d'Arabie Saoudite?
    - De l'espoir..."


    Bouguereau_Premier_Baiser


    ARABIE SAOUDITE
    Les "free hugs" ébranlent
     les fondements de la morale

    PHILIPPE MISCHKOWSKY

       (...) Le royaume wahhabite est un pays extrêment conservateur, mais les jeunes ruent dans les brancards. En témoigne la vidéo d'un Saoudien qui propose des "calins gratuits" sur les trottoirs de Riyad. Deux autres qui en faisaient de même ont été arrêtés par la police. (...)

       (...) "Les autorités ont arrêté mercredi 20 novembre deux jeunes qui se promenaient dans les rues de la capitale avec une pancarte portant l'inscription 'free hugs', rapporte le site saoudien Sabq. Ils s'adonnaient à des embrassades en pleine rue." Heureusement, les gardiens de la morale étaient là ! 

       En effet, "une patrouille de la Commission pour la promotion de la vertu et la répression du vice [police religieuse] les ont repérés et transférés au poste avant de convoquer leurs pères. Quant aux pancartes, elles ont été confisquées." Ces deux jeunes, estime Sabq, cherchent à "répandre des pratiques non conformes aux us et coutumes locaux." Mais les interventions sourcilleuses de la Commission pour la promotion de la vertu n'ont pas empêché cette vidéo de faire un tabac en quelques jours. (...)

       Un autre Saoudien, Bandar Al-Swed, 21 ans (voici son compte Twitter), a mis en ligne une vidéo  qui le montre lui aussi en train d'embrasser ses compatriotes, en pleine rue, à Riyad – tous des hommes, la rue leur étant réservée. En regardant cette vidéo, on constate aussi que les seuls à réagir positivement sont des jeunes gens habillés à l'occidentale. Les garçons portant la dichdacha [tunique] à la saoudienne ne bronchent pas. Mieux, notre jeune ne semble même pas songer à les approcher. 

       "Bandar Al-Swed espère détrôner d'autres vidéos saoudiennes qui ont battu des records de popularité", rapporte la Saudi Gazette, telle la chanson No Women No Drive, version détournée de la chanson de Bob Marley No Woman, No Cry.

       Sur les réseaux sociaux, Bandar Al-Swed se fait lui aussi attaquer et critiquer. Tantôt parce qu'il auraient des problèmes psychologiques, tantôt parce qu'il imiterait inconsidérément les mœurs occidentales. Mais, n'en déplaise aux gardiens de la morale, les réactions positives prévalent, selon la Saudi Gazette. Bandar "veut apporter du bonheur en Arabie Saoudite", rapporte le journal, et beaucoup de twitteurs n'y trouvent rien à redire.


    %%%

    (Ce quidam, mal placé, faisait de la

    mauvaise publicité au magasin)

    Jacques Prévert


    %%%
    Luc Desle

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (FUIS LES HONNEURS COMME
    AUTANT DE SERPENTS VENIMEUX)


    °°°
    Nouveau court récit au long cours (26)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       En fin de compte, Daniel ne voulait pas jouer au terroriste. Il annonce simplement que l'île d'Ipsos risque de subir un tremblement de terre...




       - Est-ce que vous avez vu le vieux toqué et sa copine ? Ils ont désactivé leur puce et je n’arrive plus à les suivre depuis ce matin.

       - Ils viennent de passer au bar et le gars s’est mis à haranguer les clients. Le grand jeu barjo de celui qui annonce un cataclysme.

       - C’est effectivement un doux dingue. Y’a un psychiatre de Nîmes, un certain docteur Raphaël, qui vient de m’envoyer un mail. Il recherche notre pèlerin depuis trois jours. Il serait parti sans véritable traitement, avec des essais placébos expérimentaux prescrits en double aveugle. Bref, je ne sais pas s’il s’est échappé d’un asile ou si c’est juste une inquiétude de toubib pour un patient un peu spécial, mais mine de rien, on a à faire à un malade. 

       Dès qu’il se présentera à l’Accueil, on prévient le service sanitaire et on le réexpédie en France illico sur le prochain charter. Dans sa démence, il peut causer quelques dégâts et on a autre chose à faire qu’à surveiller les déjantés de son âge. Ca suffit avec les jeunes !

       Ptiboss fulmine, d’autant plus qu’il s’est rendu compte que le vieux avait aussi trafiqué le système vidéo de leurs cases. Il va envoyer un rapport à la direction afin que soit mis en place rapidement une limitation d’âge pour les destinations Club Mad.

       C’est alors qu’il voit Rachel sortant de la case de Jean-Mich’. Qu’est-ce qu’ils manigancent tous les deux ? La demoiselle aurait elle une envie de chair fraîche?

       - Vous savez où se trouve votre ami ?

       Rachel se méfie, c’est évident. Elle répond qu’il est parti se promener. Sûrement un bobard, vu que c’est l’heure du repas. Et là, Ptiboss réalise qu’il va le coincer, car avec son sigle désactivé, il va faire sonner l’alarme des buffets.

       - C’est assez urgent. Dites-lui de passer à l’Accueil. Il y a un message pour lui.

       - Bien, je le lui dirai.

       - Et vous vous ferez retamponner la main par la même occasion.

       Quel regard de tigresse elle peut avoir cette nana quand elle est en colère ! Ca donne envie de la dompter.

    (A Suivre)


    °°°
    (Femme attendant en vain un homme, un vrai)



    °°°



    Mohamed VI, le "roi des pauvres",
     dépense sans compter

    SALAH ELAYOUBI
    DEMAIN ONLINE
    AFP

       (...) "Dignité pour tous !" fut la revendication maîtresse du Mouvement du 20 février [mouvement de contestation lancé le 20 février 2011]. Elle signifiait, et signifie encore, égalité de traitement pour les puissants comme pour les plus faibles. A bientôt trois ans du fameux soulèvement populaire, je réalise combien nous sommes encore éloignés de toute dignité. Ce qui était supposé rendre le Maroc meilleur s'est révélé pure escroquerie.

       Pour s'en convaincre, il fallait se trouver le 11 novembre 2013 à la séance de la commission des finances du Parlement marocain. Il s'agissait d'examiner le projet de budget du palais royal. Une séance pour la forme. Clairsemée et expéditive, elle raconte l'histoire indigne de douze députés qui, en moins de dix minutes et sans coup férir, ont augmenté le budget d'un seul homme de 8 678 000 dirhams [774 455 euros], pour mettre à sa disposition 2 585 447 000 dirhams [230 734 295 euros], quand des départements ministériels aussi sensibles que la santé publique, l'éducation nationale, la jeunesse et les sports ou encore la culture doivent se glisser dans le chas de l'aiguille pour faire passer des budgets au demeurant dérisoires au vu de l'ampleur de la tâche qui leur incombe. (...)

       (...) Si l'énormité du budget ou plutôt du butin en question met à rude épreuve le mythe du "roi des pauvres", soigneusement entretenu par un entourage royal véreux, la disproportion de traitement entre le palais et les autres départements explique en grande partie le train de vie surréaliste de la monarchie marocaine, l'enrichissement exponentiel du roi et de sa famille, et la place qui est celle de notre pays : à la traîne de tous les indices mondiaux du développement.

       Et c'est précisément parce que le diable se cache dans les détails que l'opacité, l'omerta et un halo de mystère enveloppent un peu plus, d'une loi de finance à l'autre, les dépenses du palais comme son budget de fonctionnement, qui équivaut à celui de quatre ministères réunis: les Transports et l'Equipement, la Jeunesse et les Sports, la Culture, et enfin l'Habitat et l'Urbanisme.

       D'autres détails trahissent encore le peu de scrupules que manifeste Mohammed VI à puiser sans compter dans les deniers publics, comme cette ligne pompeusement surnommée "Dotations de souveraineté". Rien de moins qu'une caisse noire mise à la disposition du roi, qui représentera cette année 517 164 000 dirhams [46 153 517 euros] que l'intéressé s'acharnera sans aucun doute à consommer, comme de coutume, en totalité, sans que personne ne vienne jamais s'enquérir de la façon dont les fonds ont été épuisés. (...)

       Et que dire de ces frais de bouche qui engloutissent 2 % du budget de l'Etat, après avoir fait l'objet d'une brutale augmentation de plus de 55 %, en 2001? A croire que la disparition de Hassan II [en juillet 1999] et l'accession au trône de Mohammed VI auraient déclenché chez ce dernier une fringale soudaine, confinant à une boulimie pantagruélique.

       Une fois n'est pas coutume, une voix bien timide, celle du député du PJD [Parti de la justice et du développement], Abdelaziz Aftati, s'est élevée, pour réclamer que des administrateurs viennent s'expliquer sur le montant de l'enveloppe pharaonique que le palais projetait de s'adjuger. Peine perdue, car comme ces vieux singes à qui l'on n'apprend plus à grimacer, nos parlementaires ont passé outre, ayant appris à discerner chez leurs pairs les gesticulations pour la galerie. De simples faire-valoir, qui constituent la façade démocratique du régime marocain.

       Alors, de tous ces chiffres astronomiques, je préfère n'en retenir qu'un seul : 200. C'est le nombre de postes budgétaires que nos parlementaires d'un autre âge ont octroyé au palais royal pour l'année 2014, alors que la crise bat son plein et que tous les ministères en sont à contracter leurs effectifs et manquent cruellement de moyens. Deux cents postes et des millions de dirhams qui manqueront cruellement dans l'Atlas, où l'on continuera, sans doute, de mourir de froid, d'inanition, d'enclavement et de misère, lorsque l'hiver sera venu.

       Deux cents raisons de conclure, enfin, que le régime politique marocain s'est structuré pour se mettre au service d'un seul homme, empruntant aux plus sinistres mafias leurs coups de main, leurs brutalités, leur collecte de fonds, leur loi du silence, au point qu'il n'a désormais plus rien à leur envier.


    °°°

    (Une intruse est dissimulée dans cette photo.
    Sauras-tu la retrouver?)



    John Drysdale


    °°°
    Luc Desle

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  • µµµ
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MANÈGE DE LA VIE,
    TU N'ES PAS OBLIGÉ DE
    LE FAIRE TOURNER TROP VITE)


    µµµ


    Nouveau court récit au long cours (25)


    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

    Le vieux Daniel serait-il un chaman?


       Au retour, Rachel n’a pas su pas comment Daniel avait pu accéder au micro. C’était juste au moment des jeux-apéritif, quand l’animateur allait faire les annonces du jour. La sono était branchée, Daniel est monté sur le podium.

       - J’ai une super annonce pour vous tous et pour ceux qui dorment encore, si vous voulez bien écouter puis aller le leur dire… Ce n’est pas une plaisanterie… Je suis un ancien expert-géologue et d’après les calculs que j’ai effectués ces jours-ci sur le site de Corfou Ipsos… c’est grave, vous devriez écouter… Cette après-midi, la presqu’île va s’effondrer dans mer, il s’en suivra un petit raz de marée qui engloutira toutes les cases et une partie des voies d’accès. Vous devez quitter le Club avant seize heures…

       Le chef du bar l’interpelle avec son micro personnel.

       - Hé, ringard, les petites blagues style Club Med, avec évacuation du village et arrivée d’extra-terrestres, ça n’a plus cours ici.

       - Je voulais juste vous prévenir, c’est tout. Je parle sérieusement.

       Daniel redescend en tremblant. Rachel va vers lui.

       - Qu’est-ce qui vous prend ? Vous êtes malade ?

       - Non, je les ai avertis, c’est tout. Et ce serait bien que tu joignes Jean-Michel. Il t’a dit hier qu’il serait de repos aujourd’hui. Dis-lui qu’il vienne nous retrouver. On l’attendra sur la place du petit village au dessus d’Ipsos.

       - Vous êtes vraiment bizarre Daniel. Vous auriez dû prendre ce traitement. Au lieu de cela vous l’avez jeté. J’ai vu les fioles vides sur votre sac en me levant.

       - J’ai toujours été déraisonnable Rachel. De toutes façons ce n’étaient que des placébos. J’ai testé tout ça. Les toubibs ne m’auront pas aussi facilement !

    (A Suivre)

    µµµ

    (Vu la tête des pilotes, on comprenait mieux

    les bavures de l'aviation américaine



    µµµ

    (Montres - mal - construites
    dans un pays d’Extrême-Orient)



    Les Lip, quarante après

    Benoît Borrits

       (...) La lutte des Lip a déjà quarante ans. Une des premières luttes sur l’emploi et le maintien de la production. Parmi les nombreux événements de Besançon relatant ce conflit historique, une réunion rassemblait les anciens de Lip venus débattre avec quelques entreprises en lutte ou récemment reprises en SCOP.

       Samedi 16 novembre une réunion soutenue par AC !, Attac et les partis du Front de gauche était organisée par BESAC (Besançon, Écologie, Solidarité, Autogestion, Citoyenneté) et l’Association Autogestion dans le quartier populaire de Palente, cœur du conflit Lip de 1973, a 50 mètres du Gymnase Jean Zay qui servit de lieu d’Assemblée générale après l’évacuation de l’usine par les forces de l’ordre. L’usine est depuis bien longtemps rasée et laisse place à des immeubles de bureau. Charles Piaget, Monique Piton, François Laurent et d’autres anciens de ce conflit étaient là pour témoigner et échanger avec les plus jeunes générations. La SCOP Ceralep de Saint Vallier dans la Drôme, relancée en 2004 par ses salariés, une représentante des Fralib et un syndicaliste de Pilpa (Carcassonne), deux conflits où la perspective d’une reprise en SCOP est posée, participaient à ce débat avec la salle et les anciens de Lip.

       Charles Piaget, l’ancien porte-parole CFDT, relate les principaux moments de la lutte. Ce conflit éclate le 12 juin 1973 lorsque les salariés découvrent un plan de fermeture de l’usine Lip rachetée en 1968 par le groupe suisse Ebauche SA. D’emblée, Charles Piaget positionne la lutte : « Nous voulions le maintien de la totalité des emplois, nous ne nous battions pas pour des indemnités plus fortes. » Les salariés occupent immédiatement l’usine et réquisitionnent un stock de 45 000 montres. « Nous en avons donné symboliquement une à l’archevêque qui l’a acceptée » rappelle malicieusement Charles Piaget. Le site est ouvert à l’ensemble des sympathisants. Le lieu devient une ruche bouillonnante où se tiennent assemblées générales, commissions, repas et travaux d’entretien. Afin de maintenir les salaires, la production est relancée et revendue dans toute la France.

       Sur ordre du gouvernement, les gardes mobiles interviennent le 14 août pour évacuer le site. En dépit de cela, la production va se poursuivre dans le quartier et dans différents endroits de l’agglomération de Besançon. Le 29 septembre, une grande marche sur Besançon est appelée. 100 000 personnes viendront des quatre coins du pays pour y participer.

       Le 15 octobre, le premier ministre, Pierre Messmer, annonçait :« Lip, c’est fini ! ». En coulisse, une solution s’ébauche. C’est finalement Claude Neuschwander, alors numéro deux du groupe Publicis et membre du PSU, qui accepte de prendre les rênes de l’entreprise. Les accords de Dole sont signés le 29 janvier 1974 qui promettent la réembauche dans l’année de la totalité des 850 ouvriers. L’engagement sera tenu.

       Tout en rappelant que « cette lutte de 1973 était formidable », Monique Piton a mentionné la difficulté des femmes de se faire entendre et ce, même si elles représentaient plus de la moitié des salariés. Le débat relatera aussi la seconde lutte de 1976, celle où on cherche à tuer Lip par la suspension sans préavis des commandes de Renault et l’exigence du tribunal de commerce d’honorer les six millions de dettes de l’ancienne entreprise auprès des fournisseurs, exigence contraire aux accords de Dole. L’entreprise est liquidée le 12 septembre 1977. Les salariés de Lip vivront alors une période difficile. Monique Piton garde un souvenir terrible de cette période, alors que son collègue François Laurent « ne partage pas le même pessimisme ». Les salariés de Lip créeront sept coopératives dont deux fonctionnent toujours.

       Les années 1970 marquent l’irruption du chômage de masse dans la société française. « On fabrique, on vend, on se paie »disaient les Lip en leur temps, signifiant par là-même qu’il est possible de se passer du patron. C’est la classe politique qui, dans un premier temps, a préféré maintenir Lip pour éviter la confrontation. Elle l’abandonnera quelques années plus tard. C’est cette situation de laissez-faire économique qui pousse de nombreux salariés à envisager aujourd’hui la reprise de leur entreprise sous forme coopérative. Depuis 2010, ces reprises se multiplient : Helio-Corbeil (91), Fontanille (43), Arfeo (53), SET (74), Pilpa (11) pour n’en citer que quelques unes. Le conflit Lip dans les années 1970 a été emblématique de cette évolution.

       L’INSEE pointe que le taux de survie à trois ans des SCOP est de 82,3 %, largement supérieur à celui des entreprises classiques de 66 %. La maîtrise du travail par les salariés s’avère donc être un atout économique. Néanmoins, la forme coopérative n’est pas une baguette magique qui marcherait à tous les coups. L’économie est tout sauf un « marché libre et non faussé ». Comme en 1973 dans la solution qui a été trouvée pour Lip, la multiplication de ces entreprises nécessite une volonté politique, passant notamment par plus de coopération et moins de marché. (...)


    µµµ

    "Dans l'espace... glub! Nul ne t'entend crier..."



    µµµ
    Benoît Barvin

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS LE VENT QUI CARESSE LA PEAU)

    +++
    Nouveau court récit au long cours (24)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       Daniel va-t-il vraiment mettre son projet à exécution?


        Daniel a eu un comportement vraiment étrange tout ce matin. Encore plus étrange que les jours précédents. Au réveil, Rachel l’a entendu parler d’action, de menace, d’hécatombe. Il est vraisemblablement très perturbé par son passé. Elle avait pensé un moment, suite à ce qu’il lui avait dit au sortir du night, soit disant en plaisantant, que ses fioles contenaient en fait des produits dangereux. Eh bien, dès qu’il s’est endormi, elle a fait très vite. 

       Elle s’est levée pour vérifier ces fameuses fioles, elle les a ouvertes une à une et après les avoir senties, elle a constaté qu’elles étaient totalement inodores. Elle s’est même risquée à tester les bouchons sur sa langue. Le goût en était insipide. Tout au plus, empreint d’une légère saveur sucrée.

       Elle a voulu le brancher sur le sujet au petit déjeuner mais lui ne voulait parler que de Corfou et de ses criques. Qu’ils devraient prendre un bateau pour aller visiter l’autre côté de l’île, pourquoi pas cette après midi.

       Ensuite, ils sont allés marcher le long de la plage, encore plus loin qu’elle l’avait fait la veille. De là-bas on voit toute la montagne en arrière plan qui dévale vers la mer.

       Le vieux pêcheur, curieusement, n’était pas sur son ponton.

       Pendant qu’ils admiraient le paysage, Daniel s’est mis à faire des passes magnétiques au-dessus de la main de Rachel, puis de la sienne

       - J’en ai assez que l’on nous suive à la trace avec ces fichues puces ! Il est temps de s’en débarrasser. 

    (A Suivre)

    +++

    (Femme légère dansant avec un chat noir
    pour conjurer le sort)


    Illustration by Chéri Hérouard for La Vie Parisienne c. 1923 

    +++



    BRÉSIL
    Le journaliste blogueur 
    qui dérange

       (...) Le journaliste José Cristian Góes a été condamné le 4 juillet dernier à 7 mois de prison pour un article satirique posté sur son blog. Pour le vice-président du tribunal d’Aracaju, Edson Ulisses, la chronique attentait à son honneur et à celui de son beau-frère, gouverneur de l’Etat, Marcelo Déda. Voici l’article incriminé.

       "Il m’est de plus en plus difficile de sauver les apparences en me prétendant démocrate. Je ne le suis pas, et au fond vous le savez tous. Je commande et je décommande. Je fais et je défais. Tout cela au gré de ma seule volonté. Je ne tolère pas que mes envies soient contrariées. Je suis intelligent, autoritaire et vindicatif. Et alors ? 

       Cependant, au nom d’une démocratie de façade, je suis moi aussi obligé d’entretenir une façade, l’apparence de ce que je ne suis pas. 

       Ma fazenda [grand domaine agricole] s’est étendue. Elle a dépassé les limites de la capitale pour gagner l’Etat. De nombreuses personnes sont arrivées, le contrôle est désormais plus difficile. D’où cette nécessité pour moi d’entretenir mon autorité. C’est à moi qu’appartient l’argent, quoi qu’en pensent ceux qui croient que l’argent est public. 

       Je suis le grand patron. C’est moi qui nomme, moi qui congédie. C’est moi qui engage les flatteurs, les nervis, les serviteurs de tout grade et des bouffons de cour pour tous les goûts

       Malgré ce pouvoir divin, je suis contraint de me soumettre aux élections – c’est absurde. Mais ce n’est là qu’une façade de plus. Fort de tout ce pouvoir et de tout cet argent, avec des médias à ma botte et quelques phrases bien tournées et dans l’air du temps sur la démocratie, je suis imbattable. Il suffit d’attendre le jour J, et le peuple s’en va tout heureux voter pour moi. Il vote pour que je commande. 

       O peuple ignorant ! Un jour, ils m’ont contrarié : certains se sont mis en grève et ont envahi une partie des cuisines d’une des plantations. Ils disaient que la grève faisait partie de la démocratie et que je devais accepter. Accepter, rien du tout oui. J’ai fait venir un homme de main et de justice, par ailleurs (et pas par hasard) marié à ma sœur, et j’ai mis au peuple un bon coup de pied au cul. 

       J’ai envoyé des sbires de la police retirer de la circulation tous ces pauvres, ces Noirs et ceux qui parlent de droits à tout bout de champ. Le seul qui ait des droits, c’est moi. Le colonel des temps révolus vit toujours en moi, il est plus vivant que jamais. Ce colonel que je suis et que j’ai toujours été est nourri par ce peuple tout heureux qui, dans sa senzala[habitation réservée aux esclaves sur les fazendas], célèbre ma nécessaire existence. 

    José Cristian Góes
    Publié le 29 mai 2012" (...)


    +++

    (Dans cette famille, la Fraternité
    commençait au berceau)



    +++
    Benoît Barvin

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  • $$$
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS, A JAMAIS,
    UN SOURIRE IMPERFIDE)


    $$$

    Nouveau court récit au long cours (23)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD


       Daniel parle d'un étrange projet qu'il aurait, celui de faire exploser le lieu de "perdition" qu'est devenu le Club. Il prétend qu'il s'agit d'une plaisanterie. Mais doit-on le croire?



    CHAPITRE 7

    « De l’homme à l’homme vrai, le chemin passe par l’homme fou. »
    Michel Foucault

       Il s’est levé pendant la nuit et, par choix, est allé pisser dehors, par dessus la falaise qui est là, juste devant la case. Le vent venait d’Albanie, circulant sans problème par delà les frontières artificielles. Le sol ne vibrait plus. Quelques rumeurs montaient des cases situées près de la plage. Une lueur d’aube délavait le ciel.

       Alors il a pris les fioles et ses instruments de mesures, sans réveiller Rachel. Il est passé par les sentiers oubliés, direction le night. Il a fait ses calculs d’apprenti sorcier, réalisé quelques savants mélanges, puis il est venu se recoucher près de sa nouvelle âme.

       Il sait que son acte ne rime à rien, que ça ne fera réfléchir que ceux qui réfléchissent déjà sans autre succès que de trouver des solutions qui resteront des belles paroles comme autant d’œuvres d’art incomprises. Là par contre, il va y avoir des dégâts matériels et humains. Au moins mille cinq cents personnes s’ils ne réagissent pas massivement à son appel. Les événements de ce début de siècle lui disent bien pourtant que les hécatombes humaines dues à des attentats, ne font globalement pas plus bouger les mentalités qu’une épidémie de grippe en Angola ou un séisme en Turquie. Alors, à quoi bon ?

       Il n’a aucune revendication religieuse, aucun idéal politique. Il espère simplement que de petites actions comme la sienne et comme celles qui sont menées actuellement par d’autres confrères viendront à bout de l’arrogance et de la domination.

       - Qu’est-ce que vous dites ? murmure Rachel dans un demi-sommeil. Vous parlez tout seul ? Ou à vos anges peut-être ?

       - Je prononce toujours quelques mantras le matin. Cela me lave l’esprit.

       - Je devrais faire comme vous. Montrez-moi. Mais au fait, vous êtes bien sûr que personne ne nous espionne ?

       - Non, les circuits de la Real TV sont hors service.

    (A Suivre)

    $$$

    (Cette image pornographique échappa à la sagacité
    des censeurs d'un fameux réseau social)



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    (La nouvelle vision de la culture par les
    décideurs européens était un rien particulière...)

    (via talkytina)


    EDUCATION :
    La culture, essentielle et populaire

    Mia Doornaert

       (...) Jusqu’où doivent s’étendre les frontières de l’Union européenne? “Jusqu’aux frontières du gothique”, a répondu un jour un grand Européen, le chrétien-démocrate Helmut Kohl, chancelier de l’Allemagne fédérale de 1982 à 1998. Helmut Kohl a par là même apporté une réponse essentiellement culturelle, et par conséquent européenne. Une interview publiée le 16 novembre dans De Standaard y a fait écho : celle du géant Cees Nooteboom, qui compte parmi les meilleurs écrivains n’ayant jamais reçu le prix Nobel de littérature. 

       Nooteboom est très désabusé par le débat européen, car il ne porte plus sur la culture, sur les idées, mais sur les centimes et les pourcentages. L’Europe dont nous devrions parler, dit-il, est celle “d’Erasme et de Voltaire, de Tolstoï et de Thomas Mann, de Rembrandt et de Botticelli, d’Hegel et de Hume”, et non l’Europe“des trois virgule zéro pour cent” [le rapport PIB/déficit admis par les critères de convergence de l’euro]. C’est tout à fait juste, et Nooteboom est l’incarnation de cette Europe. (...)

       Une caractéristique intéressante de sa liste est que tous les noms, sauf un, sont issus de l’Europe occidentale, l’Europe qui utilise l’écriture latine, l’Europe de la Renaissance et des Lumières, l’Europe qui a lancé les idées de tolérance et de gouvernements devant rendre des comptes à des citoyens qui sont plus que de simples sujets. Ce n’est pas exactement le modèle que Tolstoï imaginait. Si la Russie de Vladimir Poutine ne répond pas vraiment à l’idée que nous nous faisons d’une démocratie, cela vient en grande partie de l’évolution très différente qu’a connue l’Europe byzantine, l’Europe de l’alphabet cyrillique. (...) 

       (...) Cette constatation ne relève pas d’un déterminisme historique. Elle signifie en revanche que l'Europe occidentale et centrale se se retrouve davantage dans les idées et les idéaux des “pères fondateurs” que la partie byzantine – la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie, une majeure partie des Balkans – qui en outre a été coupée des Lumières, et donc de Voltaire, Hegel, Hume et leurs descendants pendant des siècles d’occupation ottomane. En s’élargissant vers le sud-est de l’Europe, l’Union a partiellement changé d’identité, et cela se remarque et se sent. (...)

       (...) Un autre facteur intervient. L’Europe que Nooteboom et bon nombre d’autres véritables Européens ont à l’esprit, est une Europe qui risque d’être estampillée “élitiste”. Ici, dans ce pays, on utilise ce mot à tort et à travers, contre tous ceux qui défendent un bon usage de la langue et un enseignement axé sur l’acquisition de connaissances et d’une certaine sagacité, et non sur l’acquisition de compétences utilitaires. Comment entendons-nous former des générations d’Européens sans un solide enseignement de leur propre langue et d’autres langues ?(...)

      (...) Un autre homme de culture, [le philosophe flamand] Luc Devoldere, s’est montré un véritable Européen lors de sa conférence sur la pacification à Breda [Pays-Bas], le 9 novembre. Il a conclu son intervention intitulée, “Egarés dans nos langues”, qui devrait constituer une lecture obligatoire partout aux Pays-Bas et en Flandres, par les propos suivants : “Peut-être qu’aux derniers instants de ma vie, moi qui fais preuve d’un sentimentalisme pragmatique envers les langues, je soupirerai à l’idée du celte que j’ai perdu, je marmonnerai quelques mots en latin, je chanterai en italien, je rêverai en français et je mourrai dans mon flamand occidental. Mais j’aurais veillé en néerlandais et au néerlandais. Voilà”. 

       Ou comment devenir un vrai Européen, en étant enraciné dans sa propre langue et sa propre culture et en les aimant. La nation est effectivement un tremplin vers l’Europe, et non, comme les partis populistes le proclament actuellement, un repli sur son propre petit monde.

       Joseph Goebbels, confident d’HitIer et responsable de sa propagande, a dit un jour : “Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver”. L’Union européenne est construite sur l’idée totalement opposée que, lorsque nous voyons un revolver, nous sortons notre culture. Si nous voulons éduquer les jeunes générations dans la paix, dans l’Europe, nous devons les éduquer dans cette culture, qui n’est pas “élitiste”, mais fait partie de notre héritage à tous. (...)

    Traduction : Isabelle Rosselin



    $$$


    (Désinvolte, l'amour se lovait là où il le désirait)

    (Source: praiadoprazer, via dropdead61)


    $$$
    Luc Desle

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  • ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AMOUR N'EST-IL QU'UN CORPS?)


    ***
    Nouveau court récit au long cours (23)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD


       Rachel et Daniel assistent à une gigantesque rave-partie qui semble faire trembler les bases même de l'île où se trouve le Club.




       Rachel ressent comme un étourdissement. Elle revoit la grande cabane au fond du jardin, composée de deux pièces. Dans la première, son père y avait fait son établi et son débarras. Là, s’entassaient vieilles paperasses, maquettes d’avions, et bidons d’essence. La seconde pièce était réservée aux enfants.

       A l’adolescence, Michel avait réclamé un coin pour lui tout seul, pour faire de la musique. Elle avait laissé son frère s’approprier cette portion d’enfance. Les murs avaient été insonorisés. La fenêtre, condamnée, pour bénéficier de la plus grande obscurité. La porte aussi donnant dans l’établi, avait été capitonnée, de façon à laisser filtrer le moins possible de décibels. Le fait était que malgré toutes ces précautions, leur père ne pouvait pas rester plus de cinq minutes à bricoler là-bas quand Michel mettait ses musiques de sauvage. L’ambiance était devenue hard.

       Et puis, il y avait eu cet incendie. Michel était rentré de chez un copain avec un nouveau CD techno. Il avait voulu l’essayer à fond tout de suite. Le père justement réparait tranquillement un outil. Agacé par l’arrivée de son fils, il avait préféré remettre à plus tard son bricolage dominical, sans réaliser qu’il laissait un poste de soudure allumé. Bref, il y avait eu une explosion et le feu s’était très vite propagé vers la porte mitoyenne rendant toute approche impossible. Rachel et ses parents, en attendant les pompiers, avaient essayé d’alerter Michel, de démolir les volets, en vain. 

       Il restait sourd à leurs appels, la tête et le corps emportés par le souffle de la musique de Manu le Malin. Peut-être, au dernier moment avait-il essayé de dégager la fenêtre ou de braver les flammes qui s’attaquaient à la porte. De toute façon les secours n’avaient pas pu le sauver.

       Daniel tient Rachel par l’épaule. Il lui dit qu’elle n’y peut rien, que les images sont très fortes et qu’elles lui reviendront souvent, quoi qu’elle fasse, à moins d’être frappée d’amnésie. Lui aussi, a perdu son frère, son aîné de dix ans pour lequel il avait une adoration sans limite.

       Rachel fixe Daniel. Elle veut connaître son histoire pour conjurer la sienne, pour l’annuler. Alors Daniel raconte comment Gabriel, âgé à cette époque de quarante neuf ans, a été retrouvé mort dans des calanques au nord de Majorque, île sur laquelle il travaillait en vue de l’implantation de grandes marinas. La thèse de l’accident a été retenue. Mais Daniel qui avait été engagé dans la même boîte, a su tout de suite qu’il s’agissait d’un règlement de compte. Gabriel était trop réglo, avec des vues considérées comme passéistes. Du coup, il gênait. Et Daniel a su que le même sort lui serait réservé s’il continuait à mettre des bâtons dans les roues aux promoteurs.

       Il a changé d’entreprise, a intenté un procès à ses anciens employeurs en pure perte, mais avec le sentiment d’avoir réagi, d’avoir tenté quelque chose. Il a perdu le goût du travail à ce moment-là, tout en se montrant tellement intransigeant que l’on hésitait à l’envoyer en mission là où la magouille était reine.

       - La suite, tu la connais, j’en ai eu marre, j’ai tout fichu en l’air. Mais la nuit, je fais des rêves, de plus en plus souvent. Et je crois entendre Gabriel qui me parle. Parfois ce n’est qu’une voix anonyme sous laquelle je le devine. D’autres fois, je le vois lui, sous sa forme humaine ou comme une ombre de lumière. Et il me dit ce qu’il serait utile que je fasse. De là où il est, il perçoit très bien ce qui ne va pas. C’est la raison pour laquelle je suis à Corfou. Une goutte d’eau dans l’océan des choses à rectifier. Cependant, je dois écouter ce qu’il me dit, n’est-ce pas ?

       Rachel est perplexe. Est-elle face à du désarroi, à de la folie, à l’être qui, quelques secondes auparavant, tenait des propos sensés ?

       - Que comptez-vous faire, Daniel ?

       - Je dois faire sauter tout cela. Il faut éradiquer cette nuisance qui risque de perturber à jamais les jeunes générations.

       - Et comment ?

       - En mélangeant le contenu des fioles qui sont dans mon sac de voyage, et en plaçant le tout dans les conduites d’aération de la discothèque. Effet à retardement de huit heures pour une température extérieure de 21°. Il suffit de décider de l’heure du grand boum local et de faire des règles de trois.

       Est-il sérieux ? Peut-elle dire qu’elle le connaît assez pour affirmer qu’il ne peut pas faire preuve de violence ? N’est-il pas assez intelligent pour comprendre qu’il ne sert à rien de s’attaquer à une structure qui sera rebâtie aussitôt ? Fort heureusement, il se met à rire

       - Je plaisante. Hé ! Ne me dis pas que tu m’as cru ! De toutes les façons, la nature n’a pas besoin de moi pour se débarrasser de ce qui la dérange. Souviens-toi de la Légende.

       Rachel préfère cela.

       - Vous m’avez fait peur avec votre histoire de vengeance. Vous en serez quitte pour me rassurer et me supporter toute la nuit.

       Daniel sait qu’il la supporterait bien plus encore. Mais que c’est lui-même qu’il ne supporte plus. Pourquoi est-il allé parler de toutes ces histoires à Rachel ? Ne s’est-il pas promis de la ménager ? Il ne se reconnaît plus. Peut-être perd-il la tête ? En tout cas, son corps est là qui réagit et lui donne le goût de vivre. Lui serait-il possible de se contenter de caresses et d’amour ?

    (A Suivre)


    ***


    Julie London
       Julie London, de son vrai nom Gayle Peck, est une chanteuse et actrice américaine née le 26 septembre 1926 à Santa Rosa et morte le 18 octobre 2000 à Encino en Californie.
       Célèbre pour sa voix grave et sensuelle, première interprète de la chanson Cry Me a River en 1955, elle connaît la gloire durant les années 1950. Sa carrière d'actrice s'étend sur plus de 35 ans, jusqu'à son rôle de l'infirmière Dixie McCall, dans la série télévisée Emergency! (1972–1979).
    ***

     Julie London - Bye Bye Blackbird



    Bye Bye Blackbird

    Pick up all my care and woe
    here i go singin' low
    bye bye blackbird
    Where somebody waits for me
    sugar's sweet , so is he
    bye bye blackbird
    No one here can love or understand me
    or what hard luck stories they all hand me
    Make my bed and light the light
    i'll arrive late tonight
    blackbird, bye bye
    Make my bed and light the light
    i'll arrive late tonight
    blackbird, bye bye.

    http://www.parolesmania.com/paroles_peggy_lee_32069/paroles_bye_bye_blackbird_1346252.html

    ***

    Julie London - You Go to My Head



    You Go To My Head

    You go to my head,

    And you linger like a haunting refrain

    And I find you spinning round in my brain

    Like the bubbles in a glass of champagne.


    You go to my head
    Like a sip of sparkling burgundy brew
    And I find the very mention of you
    Like the kicker in a julep or two.

    The thrill of the thought
    That you might give a thought to my plea
    Casts a spell over me
    So I say to myself: get a hold of yourself
    Can't you see that it never can be?

    You go to my head
    With smile that makes my temperature rise
    Like a summer with a thousand Julys
    You intoxicate my soul with your eyes
    Tho I'm certain that this heart of mine
    Hasn't a ghost of a chance in this crazy romance,
    You go to my head.

    http://www.parolesmania.com/paroles_diana_krall_2286/paroles_you_go_to_my_head_676180.html

    ***
    Julie London- Why don't you do right




    Why Don't  You Do Right?

    You had plenty money, 1921
    You let other women make a fool of you
    Why don't you do right, like some other men do?
    Get out of here and get me some money, too


    You're sitting down wondering what it's all about
    You ain't got no money, they will put you out
    Why don't you do right, like some other men do?
    Get out of here and get me some money, too


    If you had prepared twenty years ago
    You wouldn't be a-wandering now from door to door
    Why don't you do right, like some other men do?
    Get out of here and get me some money, too


    I fell for your jiving and I took you in
    Now all you got to offer me is a drink of gin
    Why don't you do right, like some other men do?
    Get out of here and get me some money, too


    Why don't you do right, like some other men do?
    Like some other men do


    ***
    Nadine Estrella

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  • ¤¤¤
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS LE CIEL TRANSPARENT
    ET LE CIEL BLEU AZUR)

    ¤¤¤
    Nouveau court récit au long cours (22)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       Ptit Boss ayant mis dans certaines cases des caméras vidéo, Rachel pense à sa séance de "massage" avec Daniel et elle se demande si le chef du Club va passer ces images compromettantes.



       Daniel a compris que l’on pouvait à loisir les espionner et il sait qu’il peut repérer les micros et les caméras rien qu’en auscultant les deux cases d’un peu plus près.

       Il n’a pas de mal en effet à trouver les caches et à déconnecter proprement les systèmes, quand bien même la maintenance les remettrait en service chaque jour.

       - Tu peux faire ce qu’il te plaît, dire ce qui te passe par la tête. Nous sommes à nouveau seuls.

       Rachel sourit. Elle n’a pas forcément l’intention d’être seule. Elle a plutôt envie d’être entourée par quelques êtres de qualité. Elle aimerait faire plus ample connaissance avec Jean-Michel, rencontrer des garçons et des filles capables de converser avec elle.

       Elle enfile une tenue passe-partout pour le night. Elle compte visiter rapidement le lieu mystérieux et revenir à la case avant que les nighteurs ne se déchaînent. Pour l’instant, ils sont tous au bar, occupés à grouiller sur les Mad Mouvements.

       Des loupiotes éclairent les chemins. Pour un peu, on se perdrait dans les bosquets. Une guirlande de lumières éclaire la baie en contre-bas. La discothèque ouvre juste. La technique se met en place.

       Les spots ne sont pas tous allumés, ce qui donne à l’ensemble des contours diffus et des dimensions irréelles. Au fond de la grange, il y a ce fameux escalier qui s’enfonce largement sous la terre.. Et là, c’est faramineux… on arrive dans un hall circulaire gigantesque dont le pourtour est constellé de fauteuils profonds. Par delà ces fauteuils, encerclant ce hall, descendent des escaliers qui débouchent tous sur une salle encore plus vaste, ronde elle aussi, entourée d’un écran 360° et de baffles démesurées.

       - Quel travail de Titans ! Regardez Daniel, il y a même une maquette de la presqu’île en coupe. Apparemment, derrière ces grilles, là-bas, il y aurait encore d’autres salles, pas encore en service. Je lis « restaurant d’hiver », « accès direct aux cases », « accès piscine chauffée », « accès boutiques et bar ». C’est tout un complexe qui a été réalisé en sous-sol !

       Daniel ne dit rien. Il observe avec un regard froid toute cette débauche d’acier chromé et de matériaux synthétiques, tout cet espace creusé dans la roche, qui défie la presqu’île toute entière en lui rongeant les entrailles.

       Soudain, il porte ses mains à ses oreilles. Rachel fait de même dans un geste de protection hélas inefficace, contre un tonnerre sonore d’au moins cinq mille watts qui jaillit des tréfonds de la presqu’île. Alors, ils sentent le sol trembler sous l’effet de cette cataracte furieuse qui va se briser sur les murs et ébranler la voûte, à en être secoués jusqu’à la moelle. 

       Sur les écrans géants, se profile un paysage nocturne entouré de hauts plateaux. Il s’agit certainement d’une free-party filmée en plein air. La salle où ils se trouvent, semble alors faire partie de ce décor projeté où s’agite toute une faune d’accros et où l’on distingue sur un immense podium, un matos explosif.

    Daniel et Rachel sont comme figés. Une force, sur variations sonores de Carl Cox, les cloue sur place, les enracine, tandis que des Gravepartistes, bien réels ceux-là, commencent à envahir la salle, les bousculant au passage. Ils parviennent cependant, peu à peu, à regagner un escalier périphérique et à s’extirper de ce magma décibélique. Ils mettent dix minutes de plus pour atteindre l’escalier principal et encore manquent-ils de se perdre, des nighteurs tentant de retenir Rachel parmi eux.

       Parvenus à l’air libre, ils ont l’impression d’avoir réchappé à une grande catastrophe du genre dancing en feu ou tremblement de terre sous un building. Rachel serre la main de Daniel. Le sol vibre toujours sous leurs pieds, mais de manière moins forte en surface. Tous les jeunes du Club ou presque sont déjà à l’intérieur. D’autres arrivent par cars entiers.

    (A Suivre)

    ¤¤¤

    "Chérie, chasse ce méchant cauchemar de ta jolie cervelle...

    Les Pauvres le resteront toujours, crois-en mon expérience"



    ¤¤¤

    (Cette amie à louer
    attendait le client)


    MISAWA HIROSHI


    “KARA” : LE VIDE

    —Kazuhiko Yatabe
    Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori


       “Loue amie à prix raisonnable”. Faut-il admirer l’inventivité des entreprises japonaises ou s’en indigner ? Que ce genre de business puisse devenir une affaire rentable s’avère, en tout cas, pour le moins surprenant. 

       Cynisme d’un capitalisme amoral qui entend faire de la solitude un marché ? Aboutissement logique du secteur tertiaire ? Raffinement ultime de l’esprit de compassion ? Toujours est-il que ce genre d’entreprise met en lumière au moins deux aspects de la société japonaise. 

       D’une part, il souligne le fait que, si l’archipel a mis en place durant les dernières décennies un Etat providence, la place du service public n’est pas aussi grande qu’elle peut l’être dans un pays comme la France. Quelle que soit la nature de la souffrance qui les affecte, se tourner vers l’Etat pour demander protection n’est pas un réflexe naturel chez les Japonais. D’autre part, la possibilité même de penser en termes de “location d’amie” nous informe sur les méandres de la psychologie nippone, où le sentiment de vide mêle solitude, timidité et hantise d’importuner l’autre – même quand il s’agit de proches. 

       C’est sans doute dans ce vaste espace entre l’Etat providence et le vide intérieur que vient se lover ce marché de l’amitié où le client est loin d’être dupe. Lui et son “amie” s’adonneraient bien plutôt à un jeu de simulacre assumé qui, sur le mode tragi-comique, exprime tout à la fois l’insouciance d’une transaction dûment négociée et la gravité du désarroi, bien palpable, de l’Homo japonicus. 

       Quoi qu’il en soit, l’amitié a désormais un prix : 40 euros l’heure


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    (Cet artiste changeait de tête comme qui rigole)


    John Bryson- Yul Brynner, vers 1958 (projet de reportage pour Paris Match)

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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (RESPECTE L'HUMAIN
    QUI EST EN TOI)

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    Nouveau court récit au long cours (21)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

    PtitBoss, le chef du Club joue les voyeurs, ce qui en dit long sur l'ambiance qui règne dans l'île...



    CHAPITRE 6

    « On peut habiter le monde sans le comprendre… » Michel Houellebecq


       Rachel se demande bien ce qui lui arrive. Elle flotte, soudain détachée des contingences.

       Au dîner, ils sont parmi les derniers, et parmi les retardataires se trouve Jean-Michel. Elle s’était imaginé ce midi, qu’elle allait se passionner pour l’étude de ce dernier et puis voilà qu’il parle et elle l’écoute à peine.

       - … Je viens donc achever une étude générale sur l’ennui comme vecteur de profit. C’est un système très perspicace, très fin dans le raisonnement. Tout d’abord, les instances dirigeantes font en sorte de générer de l’ennui chez les consommateurs de tout poils, un ennui profond. Et ensuite, ils s’arrangent pour inventer en factice, en superflu, des objets, des concepts, susceptibles de masquer cet ennui. Et ceci dans tous les domaines touchant les biens de consommation, de l’alimentaire au ludique. 

       Mon groupe de recherche m’a donc attribué le créneau bien spécifique du secteur touristique et plus précisément des Clubs de Vacances, afin d’y étudier cette clientèle qui veut oublier l’ennui du quotidien. Afin de voir quels sont ses désirs, s’il lui en reste, ce qu’elle vient chercher là et si ce que l’on met à sa disposition l’oriente bien vers les objectifs fixés en haut lieu…

       "Voilà qui est certainement très intéressant, très juste", pense-t-elle. Mais cela l’ennuie tout à coup. Elle ne veut plus penser à tous ces sujets. Elle a assez philosophé. Elle se sent ouverte à d’autres possibles.

       Jean-Michel, visiblement, attend une réaction de sa part.

       - Je ne sais plus que vous dire, si ce n’est que je lirai volontiers votre travail quand il sera fini, je vous le répète. Pour l’instant, j’ai envie d’oublier les manigances, je veux faire l’autruche. Vous savez, j’avais une case très bruyante et on a bien voulu m’en donner une autre. Je vais profiter de ces quelques jours pour décompresser comme on dit. Cet hiver, on reparlera de tout cela.

       Elle se traite d’imbécile, car ce n’est pas exactement cela qu’elle veut dire à Jean-Michel. Pour un peu, elle lui proposerait un massage !

       Jean-Michel, très disert, dit qu’il comprend, que lui-même a bien envie d’arrêter, que l’on fait tout pour le décourager. Ainsi, il lui est interdit d’interroger les clients et pourtant, il lui aurait été bien nécessaire de faire circuler un questionnaire dans les cases.

       Rachel lui dit qu’elle pourrait distribuer les questions pendant l’heure d’attente qui leur sera imposée à l’aéroport le jour du départ, que ce sera un très bon moyen de patienter. De toute façon, dès qu’elle aura quitté Ipsos, elle ne sera plus entre parenthèses. Il lui faudra se replonger dans les histoires sociales.

       Sa proposition plaît au garçon.

       - Vous pourrez déposer vos questionnaires à ma case « Diane » ou à celle de Daniel, la « Zeus ».

       - Tiens, on vous a mis aux cases réservées pour le Real TV. Le Ptiboss vous gâte !

       Daniel intervient.

       - Que voulez-vous dire au sujet de ces cases ? Nous ne sommes pas au courant.

       - Apparemment seuls les G.O. et la direction ont été prévenus. L’émission ne sera diffusée qu’à l’automne, mais les G.M. devront ignorer de quoi il s’agit même s’ils sont amenés à croiser quelques caméras pendant leur séjour. On ne leur dira pas de quoi il retourne véritablement pour que les réactions de tous restent naturelles. Cinq cases, dont les vôtres, sont équipées pour être sous surveillance vingt quatre heures sur vingt quatre. Je pense qu’elles ne seront opérationnelles que le jour J, c’est à dire lundi prochain.

       Rachel regarde Daniel. Elle hésite entre le rire nerveux et le fou rire. La situation est loufoque. Elle repense à la séance de massage et aux ébats qui s’en sont suivi. A retardement, elle se rejoue la scène dans la peau d’une exhibitionniste. Tout cela aurait pu l’exciter. Mais pas avec Ptiboss comme voyeur !

    (A Suivre)
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    (Élégante choisissant un horrible chapeau
    avant d'être assassinée par 
    un homme de bon goût, lui)


    french postcard circa 1908

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    "Pour une fois qu'on ne nous demande
    rien en échange, Eve, profites-en!"



    INDONÉSIE
    Des arbres fruitiers dans la ville

       (...) Planter des manguiers et des durions sur le bords des avenues et des rues de la ville : c'est l'idée d'un nouveau programme lancé par le maire "star" de Jakarta, Jokowi. Les habitants seront libres d'en récolter les fruits.

       Le maire de Jakarta, Joko Widodo, alias Jokowi, vient de lancer un programme de plantation de 40 000 arbres fruitiers le long des rues, avenues et terrains vacants de la capitale indonésienne. Les plantations commenceront fin novembre, avec l’arrivée de la mousson : manguiers, durions, jambosiers et autres letchis chevelus broderont les voies publiques…

       Libre aux dix millions de citadins d’en récolter les fruits, a déclaré Jokowi au quotidien Kompas, en ajoutant : "Une ville se doit d’être esthétique, verte et nutritive". Les arbres serviront également d’ombrage aux piétons et de couloirs aériens pour les aigles de Sibérie, qui migrent chaque année en septembre vers des contrées plus chaudes et pour lesquelles Jakarta est une des ultimes étapes

       Voilà qui va encore grandir la popularité de Jokowi, que tous les sondages donnent déjà gagnant aux élections présidentielles de 2014, alors qu’il ne s’est pas encore déclaré candidat.


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    (Face aux pauvres et à la culture,
    il semblerait que les Etats-Unis étaient durs d'oreille)


    Les Etats-Unis et Israël 
    perdent leur droit de vote à l'Unesco

       (...) Les Etats-Unis et Israël ont perdu automatiquement, vendredi 8 novembre, leur droit de vote à l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture). Ces deux pays ont en effet cessé de payer leur contribution après l'admission de la Palestine en 2011 au sein de l'agence onusienne. (...) 

       Washington ne s'est pas acquitté de sa cotisation en 2011, 2012 et 2013. "Les Etats qui n'avaient pas réglé leur cotisation avaient jusqu'à 10 heures aujourd'hui pour présenter une justification de non-paiement et un plan de paiement des arriérés, a-t-on précisé à l'Unesco, dont l'Assemblée générale se tient à Paris. A 10 heures, rien n'a été reçu de la part des Etats-Unis." 

       Cette procédure automatique a lieu au moment où les Etats-Unis tentent de sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes qui se déroulent dans un climat tendu depuis l'annonce de la relance de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. (...)

       L'Unesco est devenue en octobre 2011 la première agence des Nations unies à accueillir la Palestine en tant que membre à part entière, une adhésion qui a suscité une vague d'espoir dans le monde arabe, qui y a vu un pas de plus vers une reconnaissance en tant qu'Etat à l'Organisation des Nations unies (ONU).

        Mais l'adhésion de la Palestine a entraîné la suspension des financements américains, Washington mettant en avant la législation américaine en vigueur depuis les années 1990. Cette dernière interdit tout financement d'une agence de l'ONU qui admet en son sein des groupes ou des organisations ne possédant pas"tous les attributs internationalement reconnus d'un Etat".

       La perte du droit de vote américain porte un nouveau coup à l'organisation internationale, dont près d'un quart du budget venait des Etats-Unis. L'an dernier, Irina Bokova, sa directrice générale, avait déclaré que l'Unesco se trouvait paralysée en raison du gel de la contribution américaine qui a contraint l'Unesco à stopper des embauches, annuler des projets et réduire ses dépenses.

       La perte du vote américain constitue le dernier accroc en date dans les relations mouvementées entre l'agence onusienne et Washington. En 1984, l'administration Reagan avait décidé de quitter l'Unesco, invoquant entre autres une mauvaise gestion et une politisation de l'organisation.

       En 2003 – sous l'administration Bush –, après près de vingt ans d'absence, les Etats-Unis faisaient leur grand retour à l'Unesco et s'engageaient à participer activement aux programmes de l'agence, qui intervient notamment en faveur de l'éducation et de la protection du patrimoine mondial.


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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA BONTÉ EST ÉTERNELLE)

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    Nouveau court récit au long cours (20)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD

       Le rapprochement entre Daniel et Rachel prend forme, peu à peu, dans une ambiance pourtant peu propice à ce genre de situation.


       (...) Rachel se laisse enduire le corps d’huile et elle s’abandonne au massage. Le toucher est tonique, très enveloppant. Elle découvre. C’est d’une grande qualité. Elle a les yeux fermés et ses pensées vagabondent. Le corps oublie les repères traditionnels et ne s’en tient qu’à ce qu’il ressent là sous les paumes qui l’englobent. C’est du jamais encore ressenti et elle s’ouvre à ce qui est semblable à la caresse, à ce bain de peau fait de cellules au bord de l’éparpillement. Et le plaisir de se fondre la submerge.

    ***

       Le Ptiboss a pesté tout l’après-midi. Les essais techniques se sont très bien passés, mais les deux estivants étaient partis en vadrouille et il a fallu faire venir Katerina et Tessia pour les essais image et son. A la base, c’était bien prévu comme cela, mais Ptiboss s’était fait un film et il aurait aimé surprendre Rachel et Daniel dans leurs cases, comme ça, rien que pour savoir ce qu’ils mijotaient tous les deux. On ne les avait pas encore vus au bar et on ne signalait aucun achat de leur part. Le genre de clients commercialement indésirables, catégorie non rentable.

       Maintenant qu’il est seul, il essaie de rebrancher le système vidéo, mais il doit y avoir un code spécial. Et tous les techniciens sont repartis à leur hôtel. Ils ne reviendront que demain, mais ils s’occuperont exclusivement des caméras extérieures, un gros boulot à boucler en sept jours.

       Alors, il tripatouille les fiches et parvient à capter du son. Pas génial, mais il y a peut-être moyen d’affiner. A première audition, ce ne sont pas des paroles qui s’échangent à la case « Zeus », mais plutôt des gémissements, comme des râles de plaisir. Ça l’échauffe immédiatement d’autant plus que depuis le début de la saison il n’a pas eu l’occasion de se laisser distraire par le cul de toutes ces nanas qui gravitent autour de lui dans les bureaux. Les temps où l’on s’envoyait en l’air à longueur de journée, sont terminés depuis longtemps. On a même dû jeter des stocks de préservatifs périmés. L’ambiance n’est plus à la baise, mais à trouver comment rentrer au plus vite un max’ de tunes.

       Pourtant, il y a des fois où la nature reprend le dessus et de façon brutale, et ceci, malgré l’éclate cérébrale orgasmique qu’il se procure chaque nuit grâce aux techno-parties.

       Présentement, c’est donc une autre espèce de sons qui commence à l’exciter sérieusement. Les gémissements deviennent des cris et il réalise trop tard qu’il est en train de gicler sur la table de mixage. Le pied ! Ça va être coton pour nettoyer les touches et les haut-parleurs incorporés.

       De ces derniers, s’élève alors une voix douce, celle de Rachel.

       - L’amour avec toi, c’est vraiment un délice. Un vrai bain de douceur. On pourrait penser que c’est le prolongement naturel du massage.

       Ptiboss a un haut-le-cœur. Hors contexte, il se demande comment il a pu se branler sur les râles d’un vieillard du quatrième âge, qui se met à ânonner, qui plus est, un discours lénifiant.

       - Pour moi, c’est cela la formule du bonheur : pouvoir passer des moments de joie totale avec des êtres qui me correspondent, en partageant des instants de vie, que ce soit faire l’amour ou se balader c’est pareil. Ca me comble.

       Si vous croyez que le Club n’a que cela à faire, à veiller sur le confort émotionnel de ses clients ! C’était bon à ses débuts, ce système. On n’en veut plus de ces parasites qui sont comblés en vingt quatre heures et qui, pendant tout le restant de leur séjour, vont vivre dans leur autarcie relationnelle, hédonistement, en profitant tout de même largement des repas et des structures mises à disposition, de celles qui ne leur coûtent rien surtout, comme le soleil et la mer. Jamais un pied au bar, à la boutique ou au stand excursions, non, les balades, vous les faites tout seuls. Vous êtes une race touristique à rejeter. 

       S’il n’y avait que des clients comme vous, on en serait encore à chanter « y’a du soleil et des nanas ». Et encore, avec des gonzes comme vous deux, même les jeux-apéritifs seraient voués à l’échec. Mais heureusement, vous ne faites pas d’adeptes. Votre bonheur emmerde la jeunesse. Trop pépère. On a mieux à leur offrir.

       Un peu après l'an 2000, les jeunes en ont eu marre qu’on leur interdise d’organiser des rassemblements dans des entrepôts ou dans des coins reculés. S’en sont suivi des free-parties sauvages tout azimut et une répression modérée par souci de ne pas donner une mauvaise image politique. Il fallait trouver une solution. Il apparaissait comme évident que ces jeunes avaient besoin de défoulement, qu’ils réclamaient à hauts cris ce qui autrefois leur était octroyé sous forme de Carnaval, et autres festivités. Des sociologues se sont penchés sur la question et ont montré qu’il était urgent de donner à la jeunesse des espaces de liberté totale, où ils puissent défouler leurs instincts et sortir pour une période courte de la grisaille de la vie quotidienne. 

       La nuit devait redevenir pour eux leur royaume. Plus question de couvre-feu ou autres restrictions. Alors, le concept est vraiment né, recevant l’aval des responsables sécuritaires qui ont vu d’un bon œil que le mouvement soit récupéré par des adultes capables de structurer ce défoulement, sans gêner la société, qui plus est, en générant du profit.

       Et ce produit abouti, c’est le Club Mad, qui offre chaque nuit une méga rave party à un public conquis d’avance, en manque d’éclate et de lieu fédérateur.

    (A Suivre)


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    (Prince des mers faisant le beau,
    avant d'être capturé par un baleinier japonais)



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    "Paraît qu'on a le choix...

    - Le choix de quoi?
    - Le choix des chaînes..."

    Publication de l’Accord secret de Partenariat Trans-Pacifique -
     Chapitre portant sur la Propriété Intellectuelle

    Wikileaks

       (...) Le 13 Novembre 2013, WikiLeaks a publié le projet de texte secret négocié pour l’ensemble du chapitre du TPP (Trans-Pacific Partnership ) portant sur la Propriété intellectuelle. Le TPP est le traité économique le plus important jamais négocié et englobe les nations représentant plus de 40 pour cent du PIB mondial. La publication de ce document par WikiLeaks s’inscrit dans la perspective du sommet décisif des négociateurs en chef du TPP à Salt Lake City, Utah, le 19-24 Novembre 2013.

       Le chapitre publié par WikiLeaks est peut-être le chapitre le plus controversé du TPP en raison de ses multiples effets sur les médicaments, les éditeurs, les services Internet, les libertés civiles et les brevets biologiques. De manière significative, le texte publié comprend les positions de négociation et de désaccords entre les 12 états membres potentiels.

       Le TPP est le précurseur du pacte également secret entre les États-Unis et l’Union Européenne (Transatlantic Trade et Investment Partnership ), pour lequel le président Obama a entamé des négociations américano-européennes en Janvier 2013. Ensemble, le TPP et le TTIP couvriront plus de 60 pour cent du PIB mondial. Les deux pactes excluent la Chine.

       Depuis le début des négociations sur le TPP, le processus de rédaction et de négociation autour des chapitres du traité a été entouré d’un niveau de secret sans précédent. L’accès aux projets des chapitres du TPP est protégé du grand public. Les membres du Congrès américain ne sont en mesure de consulter que certaines parties choisies des documents relatifs aux traités et dans des conditions très restrictives et sous stricte surveillance. Il a été précédemment révélé que seulement trois personnes dans chaque pays concerné par le TPP ont accès au texte intégral de l’accord, tandis que 600 « conseillers commerciaux » - les lobbyistes qui défendent les intérêts des grandes sociétés américaines comme Chevron, Halliburton, Monsanto et Walmart – ont un accès privilégié aux sections cruciales du texte du traité.

       Les négociations du TPP sont actuellement à une étape critique. L’administration Obama se prépare à accélérer le traité TPP d’une manière qui empêchera le Congrès américain de discuter ou de modifier tout ou une partie du traité. De nombreux chefs d’État du TPP et hauts responsables de gouvernement, dont le président Obama, ont déclaré leur intention de signer et de ratifier le PPT avant la fin de 2013.

       Le Rédacteur en chef de WikiLeaks, Julian Assange, a déclaré : « L’administration américaine pousse de manière agressive et à la sauvette le TPP dans le processus législatif américain ». Le projet avancé du chapitre sur la propriété intellectuelle, publié par WikiLeaks le 13 Novembre 2013, fournit au public la meilleure possibilité jusqu’à présent de se familiariser avec les détails et les implications du TPP.

       Le chapitre de 95 pages et 30.000 mots énonce des dispositions pour instituer un régime juridique et d’application transnational de grande envergure, qui modifiera ou remplacera les lois en vigueur dans les États membres du TPP. Les paragraphes du chapitre comprennent des accords en matière de brevets (qui peuvent produire des biens ou des médicaments), de droits d’auteurs (qui peuvent transmettre des informations ), de marques déposées (qui peuvent décrire ou authentifier des biens) et de conception industrielle.

       La section la plus longue du chapitre - « mise en œuvre » - est consacrée à détailler de nouvelles mesures de police, avec de profondes implications pour les droits individuels, les libertés civiles, les éditeurs, les fournisseurs de services Internet et la vie privée sur Internet, ainsi que pour le patrimoine de création, intellectuel, biologique et environnemental. Parmi les mesures proposées on trouve en particulier des tribunaux de contentieux supranationaux à qui les tribunaux nationaux sont censés céder leur souveraineté, mais sans aucune garanties en matière de droits de l’homme. Le Chapitre du TPP précise que ces tribunaux peuvent tenir des audiences avec des preuves tenues secrètes. Le chapitre reprend également de nombreuses dispositions de surveillance et d’application des traités SOPA et ACTA qui avaient été écartées.

       Le texte de synthèse obtenu par WikiLeaks après la réunion du 26-30 Août 2013 à Brunei - contrairement à tous les autres documents liés au TPP qui ont été diffusés au public - contient des annotations détaillant les positions de chaque pays sur les questions en cours de négociation. Julian Assange souligne que l’Australie, « extrêmement obséquieuse », est le pays le plus susceptible de soutenir la position intransigeante des négociateurs américains contre d’autres pays, alors que des états dont le Vietnam, le Chili et la Malaisie sont plus susceptibles d’être dans l’opposition. De nombreux pays du contour Pacifique et proches - dont l’Argentine, l’Équateur, la Colombie, la Corée du Sud, l’Indonésie, les Philippines et, surtout, la Russie et la Chine - n’ont pas été impliqués dans la rédaction du traité.

       Selon Julian Assange, le rédacteur en chef de WikiLeaks, « Si ce traité est institué, le régime de propriété intellectuelle du TPP piétinera les droits individuels et la liberté d’expression, et foulera aux pieds le patrimoine intellectuel et créatif. Si vous lisez, écrivez, publiez, pensez, écoutez, dansez, chantez ou inventez, si vous cultivez ou consommez des aliments, si vous êtes actuellement malade ou si un jour vous tombez malade, le TPP vous a dans sa ligne de mire ».

       Actuellement, les états membres de la négociation TPP sont les États-Unis, le Japon, le Mexique, le Canada, l’Australie, la Malaisie, le Chili, Singapour, le Pérou, le Vietnam, la Nouvelle-Zélande et Brunei.

    Traduction "encore merci à la grande presse pour nous tenir si bien informés" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

    Le document est téléchargeable ici : https://wikileaks.org/tpp/

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    (Chuchoté)

    "Ton chapeau est ridicule...
    - Et le tien encore plus!"

    (Il semblait évident que ce mariage
    partait sous de mauvais auspices)

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    Benoît Barvin (avec Jacou Damboise)

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