• ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE EST-IL UN MAÎTRE
    POUR LE MAÎTRE?)

    ***
    (L'Homme qui allait enfin éclairer le Monde
    était-il encore loin?)



    ***
    "Non, non, ne me mangez pas!
    - Ne-t'inquiète-pas, nous-ne-voulons-
    que-te-violer...
    - Ah, bon, vous me rassurez..."


    Tiens donc, un Américain sur cinq
    doit se battre pour manger à sa faim
    Le Yéti

       (...) Pas qu’en France que les inégalités et la pauvreté progressent. Selon une étude Gallup à paraître au 16 septembre et révélée par l’agence Reuters, un Américain sur cinq avoue devoir se battre pour se nourrir correctement, lui et sa famille, en 2013. Souvent obligé de sauter des repas et de recourir à des bons d’alimentation (foodstamps).

       Reprise, vous avez dit reprise ? En tout cas pas pour tout le monde, même aux Etats-Unis, et surtout pas pour ces 20 % d’infortunés dont le nombre est revenu au triste niveau des années noires de la crise des subprimes, en hausse de 5,5 points par rapport à l’an passé si l’on se réfère au chiffre officiel de l’insécurité alimentaire 2012 publié par le gouvernement fédéral.

       Et puisqu’on est dans les chiffres qui fâchent, ajoutons celui-ci, révélateur d’une situation bien différente du tableau peint par les experts en délire et les médias à œillères : en 2013, selon le dernier relevé du US Census Bureau, 48 millions d’Américains bénéficiaient de bons alimentaires pour se nourrir, soit 2 millions de plus que fin 2012. (...)

       (...) La conclusion de Gallup est toute en finesse, avouant des inégalités grandissantes de redistribution des richesses, mais se refusant mordicus à mettre en cause la réalité de cette « fucking » reprise (rappelons que la Banque fédérale américaine paie cette « reprise » riquiqui au prix fort en injectant artificiellement 85 milliards chaque mois dans le circuit ). 

       Gallup : « Ces résultats suggèrent que la reprise économique pourrait être disproportionnée et bénéficier plus aux Américains à revenu élevé plutôt que ceux qui ont du mal à satisfaire leurs besoins essentiels. »

       Tiens donc ! Voilà qui tombe en tout cas très mal au moment où le Congrès US hésite à remettre en cause le programme de bons alimentaires, pour cause de fiscal cliff chronique (en octobre, le Congrès va devoir se battre pour relever encore le plafond de la dette une nouvelle fois atteint), et où les salaires du pays stagnent obstinément. Gallup admet que la situation sera sans doute pire en 2014 : « Encore plus d’Américains pourraient avoir du mal à se nourrir dans un proche avenir. »

       Reprise, vous avez dit reprise ? Rigolez pas, les franchouillards, sinon je vous dresse le tableau de la situation des inégalités en France aujourd’hui. Mais bon, je suis pas vache, les masos pourront toujours aller se torturer la bonne conscience et les illusions en lisant la série publiée sur le sujet par l’incontournable Olivier Berruyer des Crises.fr. (...)


    ***
    (Suzy la Narcisse en pleine contemplation
    admirative de son cerveau)



    ***
    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE 
    EST LE MAÎTRE DE SES PULSIONS)

    ¤¤¤

       Une superbe chanson (n'est-ce pas Lili Bidaut?) avec diverses interprétations pour un dimanche de septembre. Shake, d'abord (qui remue la chanson à l'aune du disco), puis Patrick Fiori (dans La Chance aux chansons, si je ne m'abuse), une jolie interprétation de Marie Myriam (quoiqu'un peu trop en voix par instants) et une curieuse Sarah Brightman qui en fait toujours un peu trop. Mais "Etrangère au Paradis" n'en ressort jamais amoindrie, preuve qu'un tube est éternel...

    ¤¤¤
    L'Etranger au paradis

    Shake


    ¤¤¤

    Patrick Fiori


    ¤¤¤
    Marie Myriam


    ¤¤¤
    Stranger in a paradise

    Sarah Brightman



    ¤¤¤
    Nadine Estrella

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA SAGESSE EST
    MAUVAISE DÉPENSIÈRE)

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    (La Mort usait de tous les subterfuges)



    $$$

    "Ils m'ont... Hips! Pris pour un... Hips! Dissident!"

    pcf.fr

    KAZAKHSTAN :
    Des mandats d’arrêt d’Interpol utilisés 
    pour “poursuivre des dissidents” dans l’UE


       (...) "Le Kazakhstan utilise Interpol, la police commune dont le siège est à Lyon, pour mener une véritable vendetta au coeur de l’UE", écrit EUobserverdans une enquête spéciale consacrée aux mauvais traitements présumés infligés aux dissidents politiques de ce pays d’Asie centrale selon les dires de Open Dialog Foundation.

       Cette ONG basée à Varsovie a établi que Astana, ces derniers mois, avait utilisé Interpol pour poursuivre des dissidents dans des pays de l’UE. Dans une certaine mesure, les requêtes d’Interpol sont utilisées à des fins de relations publiques dans le sens où elles essaient de donner de la crédibilité aux revendications du Kazakhstan qui soutient que les opposants sont des criminels.

       L’article de EUobserver relate le cas de ce membre de l’opposition, Muratbek Ketebayev, arrêté en Pologne à la suite d’une alerte lancée par Interpol pour incitation à la haine raciale, mais libéré au bout de 24 heures avant qu’Interpol "n’efface de sa base les dossiers qui attestaient que cette affaire avait des motivations politiques."

       Dans une autre affaire, la femme et la fille de 6 ans d’un autre opposant, Mukhtar Ablyazov, actuellement détenu en France, ont été détenues en Italie pour possession de documents falsifiés et ont été précipitamment rapatriées au Kazakhstan par un vol privé avant qu’elles n’aient pu contester l’ordre d’expulsion.

       EUobserver estime que avant de donner son approbation aux requêtes kazakhe, russe ou ukrainienne, Interpol devrait faire preuve d’une extrême prudence. Avant d’extrader un ressortissant dans son pays, les tribunaux européens et les ministères de l’Intérieur devraient réfléchir à deux fois aux conséquences politiques de telles décisions. (...)


    $$$

    (Le fils du Chat Botté rentrant
    d'une soirée bien arrosée)


    $$$


    Luc Desle

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  • ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE LAISSE PAS LA SAGESSE
    DANS LES TOILETTES)

    ***
    (La fille de papier est bien curieuse...)


    Ilya Panfilov - Beyond…

    ***
    "Me protéger contre les ondes cancéreuses?
    Ahaha... J'ai habité pendant des années
    à Fukushima, alors..."


    A midi ou à minuit, 
    les ondes vous suivent (presque) partout
    AMÉLIE MOUGEY

       (...) Les ondes électromagnétiques sont difficiles à saisir. Jusqu’au Grenelle des ondes de 2009, on connaissait peu l’impact des 50 000 antennes-relais françaises (voir leur emplacement sur une carte) qui permettent aux quelque68,5 millions d’utilisateurs de mobiles de communiquer. Depuis, pour dissiper ce flou, plusieurs rapports ont été publiés. Ce lundi, le Comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile (Comop devenu Copic) a remis sa dernière synthèse au gouvernement. 

       Malgré les critiques de l’association Robin des toits, qui ont entraîné la suspension de sa participation aux travaux du comité en janvier, ce diagnostic guidera les politiques de réduction de l’exposition. Où et quand est-on le plus traversé par les ondes ? Quelle est la part de responsabilité des antennes-relais ? Comment y remédier ? Passant outre les soupçons des associations, le Copic donne des premières réponses. Terra eco décrypte ses conclusions.

        Le danger des niveaux d’exposition relativisé

       Les ondes électromagnétiques en France ? Une broutille ! Si l’on considère les normes actuelles, qui fixent les valeurs limites réglementaires à 40 et 61 volts par mètre, la France est une élève modèle. De fait, dans les 16 zones d’expérimentation de l’étude, 99% des niveaux d’exposition enregistrés se sont révélés inférieurs à 2,7 V/m. Une marge qui permet au Copic de rassurer en évoquant un « niveau globalement faible d’exposition » du public. 

       Mais si l’on prend le seuil prôné par l’association Robin des toits, qui correspond à la limitation à 0,6 V/m retenue par le conseil de l’Europe, le tableau est moins reluisant. Toutes zones confondues – urbaine, périurbaine ou rurale – 10% des niveaux d’exposition modélisés par l’étude sont supérieurs à ce seuil. Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits doute de la validité de ces chiffres qui, selon lui, arrangent les industriels, mais en profite pour réitérer sa demande de réglementation : « Nous voulons que les industriels soient contraints à des efforts financiers qui permettraient de combiner les exigences de la téléphonie mobile et celle de protection de la santé. »

        Quelle que soit l’heure de la journée, nous sommes exposés.

       Les ondes électromagnétique ne nous laissent aucun répit. C’est l’une des conclusions de la synthèse du Copic. Qu’on soit en plein dans la tranche horaire de la frénésie de téléphonie – 18h à 21h - ou au beau milieu de la nuit, le degré d’exposition aux ondes provenant des antennes varie peu. L’écart observé est tout au plus de 30%. « Quelle que soit l’heure à laquelle les mesures d’exposition sont réalisées, celles-ci sont toujours proches de la valeur moyenne sur une journée », constatent sans l’expliquer les auteurs de la synthèse.

        Ville et montagne, les zones sensibles

       Le lieu par contre est déterminant. L’étude indique qu’habiter à la campagne limite l’exposition. A l’inverse, en zone urbaine, plus l’habitat est dense et moins les constructions sont modernes, plus le champ électrique est important. Ainsi, parmi les mesures effectuées sur les points les plus exposés, c’est dans les centres-villes à l’habitat ancien et dense que les niveaux maximums sont mesurés.

        A quelques mètres près, on peut recevoir au moins deux fois plus d’ondes

       Dans le même pâté de maison, le niveau d’exposition aux ondes peut varier du simple au double. Des mesures réalisées à Alésia, dans le XIVème arrondissement de Paris, sont éloquentes. Sur la façade de deux immeubles situés sur le même carrefour, les niveaux sont de 0,6 V/m d’un côté de la rue et 1,3 V/m de l’autre, à un étage de différence seulement. L’orientation des différents faisceaux partant de l’antenne explique ces disparités. Si vous êtes dans l’un de ces axes, mieux vaut avoir une façade aveugle pour lui faire face. Un mur bloque 80% des ondes tandis qu’une fenêtre simple vitrage n’atténue le niveau d’exposition que de 20%. Sauf si vous avez installé des vitres avec traitement athermique, utilisé pour les pare-brise des voitures. Dans ce cas, votre fenêtre vaudra un mur. Mais à l’intérieur même du logement, les écarts de niveaux sont encore plus marqués. Sauf que les antennes-relais ne sont plus les seules coupables.

        Wifi, radio, téléphone sans fil : les complices de l’antenne-relai.

       Dans 20% des points les plus exposés relevés par l’étude, l’antenne-relai n’est pas la principale source d’ondes électromagnétiques. La proximité d’appareils type téléphones portables, base d’un téléphone sans fil, boîtier wifi ou encore radio FM prennent le dessus. Ainsi, du simple fait de leur présence, de la salle de bains au salon, le niveau d’exposition peut tripler.

        Peut-on diminuer l’exposition aux ondes sans perdre du réseau ?

       Le Copic estime que c’est possible. D’abord, avec des mesures d’ingénierie : en jouant sur la direction, l’inclinaison, l’emplacement ou la hauteur de l’antenne-relai. « Plus l’antenne est haute, moins il y a de chance que son faisceau principal rencontre les bâtiments », indique le rapport. Ensuite, en baissant la puissance moyenne des antennes. Sauf que, selon les signataires de la synthèse (professionnels de la téléphonie et représentants de l’État principalement), l’ambition d’atteindre l’objectif de 0,6 V/m n’est pas compatible avec le maintien de la qualité du réseau. Une affirmation que conteste l’association Robin des toits : « Cela exigerait une réglementation et un coût que les industriels ne sont pas prêts à payer », affirme Etienne Cendrier. 

       Comme lors de sa précédente version, l’étude indique que pour baisser le niveau sans trop de dommages il faudrait installer trois fois plus d’antennes. Mais c’est sans compter l’arrivée de la 4G. L’étude indique qu’avec la généralisation du très haut débit pour mobile, l’exposition aux ondes augmenterait en moyenne de 50%. Face à l’annonce de ce bouleversement imminent la Priartem, l’Association pour une réglementation des implantations des antennes-relais de téléphonie mobile, également auditionnée par le Copic, met en garde contre « une lecture caricaturale » qui consisterait « à ne rien faire et ne rien décider pour l’instant ». (...)


    ***

    (Ce nouveau foulard islamique pour non voyant fit un bide)



    Improvised3 by Vladimir Zotov

    *** 
    Luc Desle

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  • $$$
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SILENCE EST-IL TON AMI?)

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    (Le battant de cette cloche, bien qu'original,
    n'était pas très solide)


    Carrie Baker’s just hanging out in Dracula Has Risen From The Grave(1968)

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    "Tiens, un p'tit coup de lacrymo derrière les
    oreilles... Juste pour les déboucher!"



    Le lucratif commerce du gaz lacrymogène
    par temps de crise

    DANIEL CORONELL

       (...) C'est devenu un lieu commun : on a tous à perdre avec les grèves. L'idée est aussi fausse que rebattue. Car, à chaque manifestation, il y en a qui s'en mettent plein les poches. Le secteur des "armes non létales" tire d'énormes profits de la répression des manifestations, en Colombie comme dans le reste du monde. 

       Par les temps qui courent, le gaz lacrymogène a le vent en poupe. Même si les Nations unies le qualifient d'arme chimique, de puissants intérêts ont permis à ce gaz d'être commercialisé sur l'ensemble de la planète en tant qu'"arme non létale".

       Le plus grand producteur de gaz lacrymogène est Combined Systems. Cette société est établie à Jamestown, un pacifique village de moins de 700 habitants en Pennsylvanie.

       Selon son site web, son métier consiste à "fabriquer des munitions tactiques et des dispositifs de contrôle des masses, destinés aux forces armées, à la police, aux autorités carcérales et aux agences de sécurité nationale du monde entier".

       Cette société est une machine à produire de l'argent. Plus le monde va mal, mieux elle se porte. Une récente étude menée par Anna Feigenbaum, professeure à l'université de Bournemouth (Grande-Bretagne), prouve que pendant les périodes de crise économique les dépenses antiémeutes grimpent en flèche. (...)

       Le journaliste Marcelo Justo a réalisé un reportage pour BBC Mundo [site web hispanophone de la BBC], qui montre notamment le cas de l'Espagne. Tandis que le gouvernement Rajoy a réduit le budget de 2013 dans presque tous les domaines, à commencer par la santé et l'éducation, celui du poste "antiémeutes" a été multiplié par 17 (!), passant de 173 000 à 3 millions d'euros

       La Colombie est un très bon client de Combined Systems. Selon une publication de Source Watch, les principaux pays à se fournir auprès de ce fabricant de gaz lacrymogène sont par ordre d'importance : les Etats-Unis, Israël, l'Egypte, la Colombie et le Yémen.

       En 2007, on a enregistré 800 manifestations en Colombie. Le 26 décembre de cette année, au beau milieu des fêtes de Noël et de nouvel an, le gouvernement d'alors a signé pour le compte de la police nationale un contrat avec les représentants locaux de Combined Systems d'une valeur de 2 262 936 dollars [soit environ 1,5 million d'euros].

       Le contrat portait sur l'achat de lances-grenades et autres munitions antiémeutes. La signataire du contrat, en qualité de directrice administrative et financière de la police, était Luz Marina Bustos Castañeda, alors colonelle. Elle est aujourd'hui générale, et, sous sa signature, elle a revu et augmenté ce contrat à hauteur de plusieurs millions.

       L'une de ces révisions permet de voir ce que coûte chaque tir antiémeutes au contribuable colombien. Pour chacune des grenades de fumée blanche, nous payons 43 880 pesos [17 euros]. Chaque cartouche de gaz nous coûte 27 183 pesos [plus de 10 euros].

       Un autre contrat, cette fois passé avec le Fonds de roulement de la police (Forpo), indique que la Colombie a acheté à Combined Systems des fusils lance-grenades pour 242 604 960 pesos [ soit environ 94 000 euros].

       Les principaux actionnaires de Combined Systems sont Point Lookout Capital Partners et The Carlyle Group. Le groupe Carlyle est un conglomérat aux multiples intérêts, qui vont du secteur bancaire international à l'agroalimentaire (avec Syangro Technologies), en passant par la production de lait en Inde (Tirumala Milk). Carlyle possède également l'agence Duff & Phelps, qui évalue la sécurité des investissements en Colombie et ailleurs.

       Notre pays est magnanime avec les conglomérats qui exploitent nos ressources et nous vendent ce dont nous n'avons pas besoin dans le cadre du "généreux" TLC [traité de libre-échange Colombie/Etats-Unis]. Il est à la fois avare avec les paysans qui produisent des aliments, sévère avec ceux qui osent manifester et généreux avec les vendeurs d'instruments de répression.

       Pour conclure, ces derniers raflent tout le fric et il ne nous reste que les yeux pour pleurer. Dans la fumée des lacrymos.


    $$$

    "Hammer Man n'avait pas besoin
    d'instruments compliqués pour
    enfoncer les portes ouvertes"


    (Source: space-vendetta, via nise3kawan)

    $$$
    Benoît Barvin

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  • µµµ
    Pensées pour nous-mêmes:

    (PARLE AVEC TON COEUR
    ET PAS AVEC TA BOUCHE)

    µµµ

    "Mais non, ma Chérie, il n'a pas fait exprès
    de mal te dessiner... Il a eu une nuit un peu
    difficile, tu comprends, et ce matin, il a la
    tête à l'envers, c'est tout..."


    Edvard Munch, Consolation

    µµµ

    "J'ai pas compris si cette bêche doit servir pour la terre
    ou pour l'envoyer dans la tronche
     des propriétaires fonciers..."


    TLAXCALA: Le massacre des bananeraies (Colombie, 1928)

    Colombie :
     Violence, terre et territoire

    Philippe Revelli [1]

       (...) Si la violence est un ingrédient indissociable de l’accaparement des terres, nulle part sans doute autant qu’en Colombie, elle ne se manifeste dans toute sa terrible brutalité. (...)

       Au lendemain de l’assassinat du leader populiste Carlos Galan (1949), la Colombie, déchirée entre libéraux et conservateurs, s’enfonce dans la violence. Dans les régions montagneuses du centre du pays, des groupes de paysans libéraux prennent les armes pour défendre leurs terres contre les milices conservatrices. Parmi eux, un certain Pedro Marin, il a dix-huit ans. Quelques années plus tard, sous le nom de guerre de Manuel Marulanda, il sera l’un des fondateurs de la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Il en sera l’un des chefs jusqu’à sa mort, en 2008. Fidèle à ses racines rurales, l’insurrection armée a fait de la réforme agraire une revendication fondamentale et des milliers de paysans, chassés de leurs terres, rejoindront ses rangs.

       Aujourd’hui encore, la question agraire demeure une des clés du conflit armé et figure à la première place de l’agenda des négociations de paix qui, en août 2012, se sont ouvertes à la Havane entre le gouvernement du président Juan Manuel Santos et la guérilla des FARC. (...)

       Toute l’histoire de la Colombie est marquée par la violence exercée contre les paysans par de grands propriétaires terriens, qui se sont constitué à leurs dépens de vastes domaines souvent consacrés à l’élevage extensif – ceux-ci couvrent aujourd’hui quelque 39 millions d’hectares, alors que seulement 5 millions d’hectares sont dédiés à l’agriculture.

       Les multinationales bananières sont également présentes de longue date sur le territoire colombien. Dans « Cent ans de solitude », le romancier Gabriel Garcia Marquez évoque déjà le massacre de plusieurs centaines de travailleurs des bananeraies de la région de Santa Marta. Et aujourd’hui, en Uraba, c’est encore sur le territoire de communautés paysannes que les compagnies cherchent à étendre leurs opérations.

       « Plus récemment, et surtout depuis la dernière décennie, explique le sociologue Jairo Estrada, on assiste à la mise en œuvre d’un modèle économique « extractiviste ». Exploitation minière – charbon, or – ou d’hydrocarbures, construction de centrales hydroélectriques, de zones franches ou activités agro-industrielles – surfant notamment sur la vague des agrocarburants – sont autant d’activités orientées vers l’exportation et pour lesquelles d’immenses portions du territoire sont concédées à des investisseurs étrangers ». Et tandis que le président Santos déclare que la Colombie a pour vocation de « nourrir le monde », le pays est aujourd’hui un importateur net d’aliments et l’agriculture familiale et vivrière est le parent pauvre des programmes de développement, quand elle n’est pas tout simplement sommée de laisser la place. (...) 

       « Avec cette évolution, reprend Jairo Estrada, on passe d’une logique d’appropriation de la terre à une logique de contrôle du territoire. Et c’est dans ce contexte que doivent être analysés les choix stratégiques effectués par l’état-major au nom de la lutte contre-insurrectionnelle, ainsi que la collusion entre l’armée et les groupes paramilitaires ». Au cours des vingt dernières années, plus de 5 millions de personnes ont été déplacées par suite du conflit armé et quelques 8 millions d’hectares ont été arrachés aux communautés paysannes et indigènes. « La guerre menée contre l’insurrection armée, analyse Jairo Estrada, apparaît dès lors comme un prétexte à l’exercice de la violence mise au service d’un projet politico-économique. Un projet qui passe par le « nettoyage » et le contrôle du territoire afin de pouvoir garantir la sécurité des investissements étrangers ». (...)

       Dans ce sombre paysage, les communautés rurales ne restent cependant pas les bras croisés et tentent, à leur tour, de construire une autre territorialité, paysanne celle-là. Communautés de paix, zones humanitaires, conseils communautaires, zones de réserve indigène ou paysanne... pacifiques et citoyennes, ces initiatives sont généralement le fait de groupes chassées par la violence et qui s’organisent pour défricher et coloniser de nouvelles terres ou retourner chez eux. Certaines – communautés de paix, zones humanitaires – se placent sous la protection morale de l’opinion publique et d’organismes internationaux de défense des droits humains. D’autres – conseils communautaires (voir encadré), zones de réserve paysanne ou indigène – font appel à des figures juridiques existantes.

        « Mais dans tous les cas, insiste Jairo Estrada, il s’agit d’une construction depuis la base, une construction sociale du territoire, qui existe en amont de sa reconnaissance légale ». Dans ces communautés, des rapports humains basés sur la solidarité sont la règle, et des modes de production alliant savoirs traditionnels et modernité de l’agroécologie sont mis en œuvre. Elles deviennent ainsi des foyers de résistance où l’on revendique la souveraineté alimentaire et le respect de l’environnement, et s’affirment comme alternative à un libéralisme déprédateur.


    [1] Partenaire du CCFD-Terre Solidaire, l’Association des conseils communautaires du Bas Atrato (ASCOBA) a été fondée en 2003. Elle fédère 58 conseils communautaires – organes représentatifs des communautés afro-colombiennes – et 7 coopératives de production et de crédit, bénéficiant ainsi à quelque 15.000 personnes. Soutenue par le CINEP (autre partenaire du CCFD-Terre Solidaire), l’association œuvre à renforcer les mécanismes de solidarité communautaire dans une stratégie de résistance civile pacifique, apporte une assistance aux victimes de la violence, contribue à la revalorisation du patrimoine culturel afro-colombien, sensibilise aux menaces que représentent les méga-projets miniers ou agro-industriels, agit pour la défense et de la récupérations des territoires communautaires reconnus par la loi de 1993, dite « de négritude » – cette mobilisation pour la récupération des terres communautaires a récemment valu à plusieurs dirigeants d’ASCOBA de recevoir des menaces de mort de la part de groupes paramilitaires.


    µµµ

    "Mais... Mais, Monsieur mon Mari,
    pourquoi travaillez-vous ainsi
    en tenue d'Adam? Il ne fait pourtant
    pas très chaud si j'en crois la taille de votre...
    hem... bougie..."


    Ludwik de Laveaux, Przestrach (Fear), 1890.
    µµµ
    Luc Desle (et l'égrillard Jacou Damboise)

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUELLE PART DU CIEL
    AS-TU EN TOI?)

    @@@

    "Tu viens avec moi pour sauver la Syrie?
    - Non, moi je viens de Syrie..."





    @@@

    "J'écoute sur mon IPhone
    'Djisus que ma Joie demeure',
    pour oublier un peu la c... des humains..."


    -WILL MURAI-


    Miliciennes et Miss India :
     même entraînement
    THE CARAVAN
     AILEEN BLANEY


       (...) C'est en mai 2010 qu'a commencé le tournage de The World Before Her(Le monde devant elle), le documentaire de la cinéaste canadienne Nisha Pahuja sur les Durga Vahini, la milice féminine du mouvement nationaliste hindou, au camp d'entraînement d'Aurangabad [dans l'Etat du Maharashtra, dans le centre du pays].

       Le premier jour, toute l'équipe s'est levée à 4 heures du matin, en même temps que les jeunes recrues, pour filmer une journée d'entraînement et de conférences censée marquer le début de leur "transformation en tigresses", si l'on en croit la présidente du mouvement, Malaben Rawal.

       Mais dans la soirée l'équipe a été invitée, à sa grande surprise, à remballer caméras et effets personnels et à quitter le camp. "Une participante qui n'avait pas été informée était terrifiée par notre présence", raconte Nisha Pahuja. La réalisatrice a refusé de s'incliner. Elle est allée trouver les responsables du camp pour leur signifier son refus de partir. N'ayant rien à perdre, elle s'est ensuite battue bec et ongles pour que son film voie le jour : "J'ai discuté pendant deux ans avec des responsables du mouvement pour parvenir à mes fins", se souvient-elle.

       Ses appels ont fini par être entendus. "Malaben nous a aidées à trouver un arrangement, explique-t-elle. Mais notre accès a été limité et nous n'avons plus été autorisées à assister aux conférences lors desquelles a lieu le lavage de cerveau." (...)

       (...) Le tournage de dix jours négocié par l'équipe n'en fut pas moins une première dans l'histoire des Durga Vahini, un mouvement qui a commencé à faire parler de lui au début des années 1990. Sorti en 2012 [au Canada et le 18 janvier 2013 en France], The World Before Hermêle des scènes tournées dans ce camp avec des images de jeunes filles pratiquant un entraînement d'un genre radicalement différent : le défilé pour l'élection de Miss India qui se tient à Bombay. Le film, qui doit sortir en Inde en décembre prochain, a déjà été présenté à de nombreux festivals internationaux et a remporté, l'an dernier, le prix du meilleur documentaire au festival de Tribeca, à New York, et à celui de Hot Docs, à Toronto.

       Dans le camp d'entraînement de Miss India comme dans celui des Durga Vahini, on cherche à remodeler corps et esprits. "Lorsqu'on s'entraîne pendant deux heures et demie en pleine chaleur, on prend confiance en soi", promet Malaben Rawal à ses recrues. Et dans le camp de Miss India, un médecin brandit une seringue de botox pour embellir des visages aux proportions "imparfaites". "Si j'augmente un peu le menton en ajoutant du volume ici, ce sera parfait... plus harmonieux", dit-elle. Le matin de la remise des diplômes, les valises des recrues du camp des Durga Vahini sont pleines de miroirs, de peignes, de nœuds et d'écharpes couleur safran [la couleur de l'hindouisme] ; une jeune femme euphorique se compare même aux finalistes de Miss India avec leur écharpe en bandoulière. (...)

       (...) Le documentaire de Nisha Pahuja comporte aussi des scènes plus dures, comme ce terrain d'entraînement où des jeunes filles au visage rayonnant chantent en chœur : "Demandez-nous du lait, nous vous donnerons du kheer [riz au lait], demandez-nous le Cachemire, nous vous trancherons la gorge." On entend aussi une responsable du camp, Prachi, lancer devant la caméra : "Franchement, je hais Gandhi [assassiné par une extrémiste hindou en 1948 pour ses appels au dialogue entre hindous et musulmans]. J'aimerais devenir la prochaine Pragya Singh [terroriste responsable d'attentats à la bombe en 2008]. Vous avez sans doute entendu parler d'elle. C'est une sainte, une sadhvi [ascète hindoue]". Dans une autre scène, des adolescentes de 14 ans défilent dans une rue animée en scandant le slogan : "Maculez vos fronts de sang et accueillez vos ennemis par une pluie de balles." (...)


    @@@

    "Vous ne voulez que du rouge sang?
    Vous êtes sûrs?"


    AGATHISM [AGATHOLOGY]

    @@@
    Benoît Barvin

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SAVOIR QUE TU SAIS NE SUFFIT PAS)

    +++

    "Fu Manchu? Désolée, il est occupé"


    +++

    (Cette danseuse blonde s'entraînait dur en vue
    des prochaines compétitions)


    +++

    "C'est un chapeau peu amovible, j'en conviens...
    Et alors?"


    +++

    (Alice subit l'influence évidente du petit lapin pressé)


    +++
    Jacques Damboise

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AMOUR A-T-IL UNE COULEUR?)

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    "OK, OK, je vais me revoiler...
    Ben dis donc, la patience et toi,
    ça fait deux, hein?"


    (Source: olderoticart)


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    "Rendez-moi mes 0,6 % de pertes de pouvoir d'achat,
    sinon je fais tout sauter!"


    RÉFORME DES RETRAITES : 
    LIBÉ DÉNONCE UNE "GROSSE MANIP"
    Sébastien Rochat

       (...) Les journalistes de Libération s'y sont mis à trois pendant deux jours pour comprendre l'entourloupe. Parmi la batterie de mesures annoncée par Jean-Marc Ayrault le 27 août, il y a le décalage de six mois de la hausse des pensions de retraite en fonction de l'inflation. Une mesure qui aurait pu passer inaperçue, vu la sobriété avec laquelle Jean-Marc Ayrault l'a présentée dans son discours.

       "Il est hors de question de recalculer ou de baisser les retraites ! Le gouvernement refuse de sous-indexer les pensions pour plusieurs années. Les retraités seront néanmoins mis à contribution", a déclaré Ayrault. Oui, mais comment ? "Au lieu d’intervenir au 1er avril, la revalorisation annuelle des pensions, qui interviendra encore chaque année, bien sûr, aura lieu au 1er octobre. L’augmentation sera donc régulière, elle sera simplement décalée". Dit comme ça, difficile d'évaluer l'impact de cette mesure. Or, dans le dossier de presse (document PDF), un tableau récapitulatif indique les gains espérés par ce simple décalage : 600 millions euros dès 2014 et jusqu'à 1,4 milliard en 2020. Pour un simple décalage de date ?

       C'est Libération qui a réalisé l'impact de cette mesure qui se voulait discrète. "Les retraités, y compris les plus modestes d’entre eux, seront bien touchés par la réforme. Jusqu’aux bénéficiaires du minimum vieillesse !", dénonce le quotidien qui rappelle que François Hollande avait promis de ne pas toucher aux petites retraites. 

       Jusqu'à présent, les pensions de retraite étaient revalorisées en fonction de l'inflation, chaque année, au 1er avril. En décalant de six mois cette revalorisation pour toutes les pensions de retraite du régime général, de substantielles économies vont être réalisées. Interrogé par Libération, Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estime que c'est une perte de pouvoir d'achat : "En 2014, par exemple, avec une inflation à 1,2%, les retraités vont donc passer six mois supplémentaires sans bénéficier de la revalorisation qu’ils auraient eue sans la réforme. C’est 0,6% de perte de leur pouvoir d’achat". 

       Libé a également sorti la calculette avec un cas pratique : "Dans le cas d’une inflation de 2%, un retraité avec une pension de 1 200 euros par mois touchera ainsi 144 euros de moins que ce qu’il aurait gagné sans la réforme". Un manque à gagner qui se cumulera chaque année, puisque tous les retraités auront toujours leur augmentation avec six mois de retard... Et plus l'inflation sera élevée, plus les économies réalisées par les caisses de retraites seront élevées.

       Si Libération met au grand jour cette baisse discrète du pouvoir d'achat, cela n'avait pas été le cas en 2009. Car François Fillon avait déjà décalé de trois mois (du 1er janvier au 1er avril) la revalorisation des retraites en modifiantl'article 79 de la loi de financement de la sécurité sociale 2009. A l'époque, la mesure était passée inaperçue et avait même donné des idées : en 2012, la revalorisation des prestations familiales avait été décalée du 1er janvier au 1er avril. Un décalage maintenu en 2013 par Hollande (président social-démocrate...). (...)



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    "Miroir, gentil miroir, dis-moi: parmi
    mes amies, quelle est la plus moche?"

    Fritz Willis

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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SI TU AVANCES EN PLEIN ORAGE 
    TU SERAS TREMPÉ)

    Pcc Jacques Damboise

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    (La Démocratie selon Facebook?)




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    "Alors, comme ça, je fais partie de la race 
    des moustachus antipathiques?
    - Exactement.
    - Et vous, Môssieur, vous faites
    partie de la race des malotrus!"


    Un mari presque fidèle (1955) de Sidney Gilliat 
    avec Rex Harrison

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    SIX NAÏVETÉS À PROPOS 
    DU MOT «RACE» 
    Supprimer le mot ne supprime pas le fait
    Nathalie Heinich* 

       (...) Le projet de suppression du mot «race» de la Constitution française repose sur plusieurs raisonnements implicites qui constituent autant de naïvetés, doublées d’un chantage sous-jacent à la rectitude morale. Tâchons d’y voir plus clair dans ces bêtises argumentatives.

       1. S’insurger contre l’idée qu’existeraient des races humaines sous-entend que c’est leur réalité objective qui serait en question. Or, comme toute représentation, les races sont des conceptions de l’esprit humain consistant à agréger d’une certaine façon les faits observés (couleur de peau ou types de chevelures). Elles existent donc bien, mais seulement à titre de modes de catégorisation, exactement comme les «classes» sociales. Vouloir supprimer le mot pour tuer une chose qui n’existe que dans les esprits, c’est partir à la chasse aux fantômes (ou aux moulins à vent). Première naïveté.

       2. Nier qu’il existerait des catégories «raciales» suppose de considérer que la notion de race renverrait à des regroupements non seulement réels mais aussi clairement différenciés, avec des frontières discontinues, de sorte qu’un être humain appartiendrait ou n’appartiendrait pas à telle ou telle race. C’est oublier qu’en matière de condition humaine les «catégories» sont rarissimes, alors qu’on a beaucoup plus souvent affaire à des «types», c’est-à-dire à des regroupements flous, de l’ordre du «plus ou moins» - de sorte qu’un être humain appartient plus ou moins à tel ou tel type racial (blanc, noir, asiatique, indien...). 

       La notion de catégorie relève plutôt de la logique, alors que celle de type est plus adaptée à la réalité observée. Ceux qui «croient» à l’«existence» réelle de «catégories» raciales regardent aussi peu autour d’eux dans la rue que ceux qui n’y «croient» pas : les uns comme les autres confondent tant le type avec la catégorie que la réalité avec les représentations. Deuxième naïveté.

       3. Vouloir supprimer le mot race parce qu’il ne renverrait pas à une réalité génétique, donc à un fait de «nature», n’a de sens qu’en vertu du raisonnement implicite selon lequel tout ce qui est «naturel» serait nécessaire et intangible, alors que tout ce qui est «social» serait arbitraire, donc modifiable. Pour pouvoir modifier un phénomène contraire à nos valeurs, il faudrait donc prouver qu’il est «socialement construit» - et donc, par exemple, que la race n’a aucun fondement génétique, ce qui rendrait cette notion arbitraire et le mot inutile. 

       Classique méprise : en matière humaine, le «social», les institutions, les règles de vie commune, le langage etc., sont des réalités autrement plus contraignantes - ou «nécessaires» - que les réalités présumées «naturelles». Vouloir dénier tout fondement naturel à la perception des différences raciales (comme, sur un autre plan, des différences sexuées) n’enlève rien à la réalité, ni aux éventuels effets problématiques de ce phénomène social qu’est la perception des différences d’apparence. Troisième naïveté.

       4. La dénégation des différences (de race, de sexe ou de catégorie sociale) repose sur un raisonnement implicite : toute différence impliquerait forcément une discrimination. C’est là la classique confusion entre similitude et égalité, qui plombe également une grande part du mouvement féministe actuel, persuadé qu’il faut nier la différence des sexes pour lutter contre les inégalités sexistes. Mais le racisme, contrairement à ce qu’on entend souvent, ne consiste pas à «croire que les hommes sont différents entre eux» : il consiste à croire qu’il existe entre eux des inégalités fondées sur la race. Vouloir remonter de l’inégalité à la différence pour mieux combattre la première est aussi intelligent que d’utiliser un marteau pour venir à bout d’une colonie de mouches dans un magasin de porcelaine. Quatrième naïveté.

       5. Les opinions racistes ne sont pas fondées sur des arguments scientifiques, mais sur des affects, comme tout ce qui touche à l’amour et à la haine du prochain. Si ces opinions utilisent à l’occasion le langage de la «preuve» et la caution de la «science», ce n’est qu’à titre de rationalisation et d’argument de persuasion d’une opinion déjà constituée. Les spécialistes de psychosociologie des représentations savent bien qu’il ne sert à rien de combattre des croyances, des affects ou des rapports aux valeurs avec des contre-arguments scientifiques : on ne les combat qu’avec d’autres valeurs et, s’il le faut, avec des lois (qui, en matière de lutte contre le racisme, existent déjà). S’imaginer que la science génétique serait à même d’éradiquer le racisme est tout aussi irréaliste que d’imaginer qu’elle serait à même de le conforter. Cinquième naïveté.

       6. Pour lutter contre une chose, il faut disposer de mots adéquats. Pour lutter contre la réalité du racisme, il faut bien pouvoir se considérer comme «antiraciste», stigmatiser les «racistes», et expliquer que quel que soit le degré d’existence ou de non-existence de différences fondées sur des types «raciaux», le comportement moral exige qu’on ne juge et traite les individus qu’en fonction des caractéristiques dont ils sont personnellement responsables, et non en fonction de propriétés avec lesquelles ils sont nés, telles que l’appartenance à un type racial, à un sexe, à une religion ou à un milieu social. Se priver de ces mots, c’est se priver des instruments pour combattre la chose. Sixième naïveté. 

       Arrivés à ce point, la conclusion s’impose : animé des meilleures intentions mais digne des pires régimes totalitaires, ce projet «politiquement correct» de modification autoritaire de la langue est simplement stupide.

       Auteur du «Bêtisier du sociologue» (éd. Klincksieck, 2009). Dernier ouvrage paru : «Maisons perdues» (éd. Thierry Marchaisse).

    * Sociologue au CNRS, article paru dans Libération du 25 juillet 2013 et dans Libération.fr
    Les sous-titres et illustrations sont de la rédaction (...)


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    (L'Homme à la tête sur la table
    en pleine action)

    Borges reflected in the glass of a a table. - Ferdinando Scianna

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    Luc Desle

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