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    Pensées pour nous-mêmes:

    (Ton âme n'est pas un bunker)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/26)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Elaine Cantagril s'interroge de plus en plus sur cette étrange couvent, peut-être habité par le Diable... 
    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
    Antonello da Messina

    CHAPITRE 10

       Sœur Jeanne la tira de son cauchemar en la secouant énergiquement. La vue de son visage pâle et duveteux effaça rapidement les derniers lambeaux de la scène cauchemardesque.

       - Tu as crié, expliqua la novice. Je ne dormais pas, récitant des Ave Maria pour rendre grâce à Notre Seigneur qui m’a aidée dans mon épreuve. Je suis accourue aussitôt. Soeur de la Miséricorde rôde souvent dans les parages... Je ne voulais pas qu’elle te fasse de mal.

       Elaine se blottit dans les bras de la jeune moniale. Des larmes jaillirent de ses yeux et, durant un moment, elle se libéra ainsi de ses épreuves nocturnes. Sœur Jeanne la tenait bien serrée contre elle, sans mot dire. Elle exhalait une odeur d’enfant. Comme elle semblait avoir repris ses esprits, Elaine put se laisser aller sans inquiétude dans ses bras.

       - Je vais mieux, fit-elle enfin en se dégageant. Je t’assure... C’était un cauchemar.

       Soeur Jeanne s’assit à côté d’elle. Baigné par les rayons de la lune qui s’insinuaient toujours par les barreaux du soupirail, son visage dégageait une grande pureté et elle souriait, comme illuminée par quelque pensée angélique.

       - Notre Seigneur Jésus nous envoie toutes sortes d’épreuves, fit doucement la novice. Il cherche souvent à nous éprouver. Nul recoin de notre cervelle n’est à l’abri de son regard... Il connaît nos pensées les plus secrètes, ainsi que tous nos vices. Il lit en nous comme dans un livre ouvert, Elaine. Il a deviné ta douleur et il veut que tu te débarrasses de ton sentiment de culpabilité...

       Soeur Jeanne lui caressa avec tendresse le plat de la main. Elaine retrouvait peu à peu son calme. La transformation de la Supérieure en un monstre diabolique n’était que la matérialisation de l’angoisse qui la taraudait, depuis la mort d’Adrien. 

       Avait-elle également rêvé que Soeur Camille de l’Incarnation se dévêtait sous la lueur complice de la lune et s’enduisait d’un onguent ? A cette question, hélas, elle dut répondre par la négative. 

       Cependant, rendue prudente par l’intervention du prêtre, Elaine décida de ne pas se confier à la novice. La jeune fille avait certes recouvré sa sérénité et était redevenue la Soeur Jeanne qu’elle connaissait depuis son entrée au couvent. Mais une nouvelle crise pouvait advenir, surtout si Elaine lui racontait ce qui venait de se passer.

       Non. Bien qu’il lui en coûtât, il lui fallait d’abord s’entretenir avec le père Grangeais. Elle avait l’intuition qu’avec lui, elle pourrait épancher son coeur et qu’il lui donnerait de précieux conseils. En outre, le prêtre avait l’air d’en savoir beaucoup plus qu’il ne le disait. 

       Les propos sibyllins qu’il lui avait tenus résonnaient encore à ses oreilles. Il semblait très proche de la Supérieure. Peut-être Elaine pourrait-elle l’interroger à ce sujet ? De toute façon, tous les deux étaient à présent liés par un lourd secret qui en faisait de véritables complices.

    ***
    (A Suivre)

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    "J'aime pas qu'les multinationales de
    l'alimentaire nous prennent pour
    des billes!"

    Valérie-Létourneau-Prézeau-Méchante-petite-fille

    UNE FILLETTE AU PDG DE MCDO: 
    «ARRÊTEZ DE TROMPER LES ENFANTS!»
    Lucie de la Héronnière

       (...) Une petite fille de 9 ans a adressé un message clair au PDG du géant du fast-food, rapporte NPRLors de l’assemblée annuelle des actionnaires de McDo, à Chicago, la jeune Hannah Robertson a pris la parole au moment des questions, pour s’adresser au grand chef Don Thompson«Ce serait bien d’arrêter de tromper les enfants en essayant de les faire manger chez vous tout le temps...» (...)

       (...) Hannah est venue avec sa mère, qui tient un blog pour parents souhaitant aider leurs enfants à faire de meilleurs choix alimentaires. Elle était présente grâce à son engagement dans l’ONG Corporate Accountability International, qui travaille sur les droits de l’homme, la santé publique et l’environnement.

       Par diverses actions, cette asso entend mettre un terme au «marketing prédateur envers les enfants» exercé par la grande chaîne de fast-food, explique NPR. Il y a deux ans, les membres ont ainsi essayé, en vain, de virer Ronald, la mascotte.

       Pour répondre à la fillette, le PDG Don Thompson a défendu les pratiques de son entreprise: «Nous avons vendu beaucoup de fruits et de légumes, et nous essayons de développer encore cela.» Pour lui, Ronald n’est «pas un mauvais gars», il est là pour amuser les enfants.

       Pas convaincant? On peut désormais soutenir l’intervention de Hannah en écrivant un petit mot à Don Thompson. Pendant cette même assemblée, un représentant de l’ONG Corporate Accountability International a fait une proposition visant à faire évaluer par McDo ses initiatives nutritionnelles et leur impact sur l’obésité infantile. Ce fut un échec: seulement 6,3% des actionnaires ont voté pour. (...)


    °°°
    "Le vol des assiettes"
    (sur l'air du "vol du bourdon")


    °°°
    (Justice juste - mais expéditive - contre 
    une multinationale de l'agroalimentaire...)

    Monsanto critiqué dans la rue 
    mais soutenu par la justice américaine
    Béatrice Héraud 
    © 2013 Novethic - Tous droits réservés

       (...) Samedi 25 mai, des « marches contre Monsanto » ont eu lieu dans plus de 250 villes du monde réunissant quelques milliers de personnes. En France, un sit-in sur la place du Trocadéro à Paris a réuni quelques centaines de manifestants et à Strasbourg, entre 350 et 450 manifestants ont défilé de la place du Parlement européen au centre-ville. A l’initiative de la démarche : le mouvement Occupy-Monsanto (qui avait notamment organisé la campagne pour l’étiquetage des OGM en Californie ) qui voulait ainsi attirer l’attention sur les dangers que posent les aliments génétiquement modifiés et les entreprises qui les produisent. En France, la marche était soutenue entre autres par le Mouvement Colibris, Combat Monsanto, Générations Futures, Kokopelli, la Fondation pour l’Ecologie politique, etc.

       Ces marches sont à resituer dans un contexte de multiplication des protestations contre la multinationale sur laquelle les anti-OGM focalisent leurs combats partout dans le monde et depuis de nombreuses années (Voir Le monde contre Monsanto et Au Mexique, l’industrie biotech se heurte à la mobilisation contre le maïs OGM ). (...)

       (...) Aux Etats-Unis cependant, la firme reste soutenue par les plus hautes autorités. Au printemps 2013, l’adoption d’un amendement dans la loi budgétaire garantissant la culture des OGM contre toute décision de justice, présenté comme un «Monsanto Protection Act » (valable 1 an) a fait scandale, au-delà même du cercle des opposants traditionnels aux OGM.

       Le 13 mai 2013, la Cour suprême américaine a donné raison au géant américain de l'agrochimie dans un litige qui l'opposait à un petit fermier de l'Indiana, accusé d'avoir enfreint ses brevets dans l'utilisation de graines de soja transgéniques. Après trois mois d’audience, les juges ont délibéré unanimement en faveur de Monsanto qui réclamait 85 000 dollars à un producteur de soja de 75 ans, déjà « dans une situation désespéré », selon les propos de l’avocat du fermier rapporté par l’AFP. L'agriculteur avait signé un contrat d'utilisation qui lui interdisait de conserver et de réutiliser ces semences après la récolte, afin de garantir l'achat de nouvelles semences chaque année.

       La protection intellectuelle « ne permet pas à un agriculteur de reproduire des graines brevetées en les plantant et en les récoltant, sans détenir une permission du propriétaire du brevet. (…) Si l'acheteur de ce produit peut fabriquer et vendre un nombre illimité de copies, alors le brevet ne protégerait plus l'invention efficacement que pour une seule vente », a-t-elle estimé. 

        « Si le simple fait de copier était autorisé, alors un brevet perdrait toute sa valeur dès la première vente », a continué la haute Cour, précise l’AFP. Or dans ce cas, « le monopole du brevet ne serait valable non pas 20 ans (comme la loi le prévoit) mais pour une seule transaction. Et cela résulterait en une baisse d'incitation à l'innovation (qui est, comme chacun sait, gouvernée par le fric...)».


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    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SI LE ROI N'EST PAS TON COUSIN,
    C'EST QU'IL EST TON FRÈRE)

    Pcc Jacques Damboise

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/25)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Elaine Cantagril, témoin malgré elle d'une scène équivoque mettant en scène la Mère Supérieure du couvent, en parle au Père Grangeais qui, étonnamment, défend la religieuse... Qu'est-ce à dire?

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
    Ciruelo - Diablesse. 

       C’est un frôlement de tissu qui « réveilla » Elaine en sursaut. La Mère Supérieure était devant elle et l’observait. Elle portait à présent une longue robe transparente et, dessous, Elaine constata que son corps avait des contours imprécis. D’ailleurs, si elle était persuadée qu’il s’agissait bien de Mère Camille de l’Incarnation, il y avait, dans le visage, la silhouette et les manières de la religieuse, quelque chose d’insolite qui lui serra le coeur. 

       Tout d’abord son visage était moins rond que d’habitude. Il semblait d’ailleurs s’allonger au fil des minutes et les yeux s’étiraient à présent en deux fentes desquelles sortit le double faisceau d’un jaune d’or à l’éclat mesmérique.

       Tout le bas du visage de la religieuse se déformait, s’effilait en un mufle qui prit la forme de celui d’un prédateur. Lorsque deux rangées de dents claquèrent l’une contre l’autre, Elaine se mit cette fois à suer, épouvantée, persuadée d’assister à une métamorphose diabolique. A cette seule pensée, son coeur s’emballa, ses jambes flageolèrent et, sous elle, la couche commença à tanguer.

       Cependant la métamorphose n’était pas terminée. Si la Mère Supérieure avait un museau de loup, le reste de son corps était encore proche de l’humain. Mais cela ne dura pas : la moniale secoua la tête et, après avoir poussé un sourd grognement, elle se pencha en avant. Elaine jugea plus prudent de reculer mais, hélas, elle était adossée au mur rugueux de sa cellule. Impossible d’échapper à l’apparition. 

       A présent, les bras de la religieuse s’étiraient à leur tour. Ses doigts devenaient noueux, ses ongles poussaient, se transformant en griffes. Lorsque l’animal-humain se retrouva à quatre pattes, que le grondement prit de l’ampleur et que, sur tout le corps - sans qu’elle s’en rendît compte, la longue robe avait craqué et la Mère Supérieure était de nouveau dénudée -, poussa à une vitesse accélérée une pelisse faite d’un crin long et brun, Elaine eut un hoquet apeuré : l’être qui se trouvait devant elle n’était autre que Lucifer.

       La gueule de Satan s’ouvrit et, ainsi qu’on le lui avait souvent raconté pendant les veillées, sa voix rauque retentit, faisant résonner les murs de la cellule. 

       - Ainsi donc, simple mortelle, tu as surpris ce que tu n’aurais jamais dû voir. Te voilà à présent détentrice d’un secret que tu pourrais divulguer... Cela ne se fera pas ! Tu vas devoir rejoindre mes troupes de damnés...

       Elaine, que la terreur immobilisait, pouvait détailler le mufle noir dans lequel les narines palpitaient. La double rangée de dents acérées n’arrêtait pas de s’entrechoquer et l’odeur pestilentielle que répandait cette gueule lui soulevait le coeur.

       Autour du monstre commencèrent à tourbillonner d’étranges visages qui tous hurlaient, faces de damnés à la souffrance intolérable et éternelle. Parmi ces faciès de malheureux qui payaient pour des fautes commises pendant leur passage terrestre, Elaine crut reconnaître celle d’Adrien.

       Elle en fut tellement bouleversée qu’elle cessa d’avoir peur. Elle appela son amoureux, les mains tendues frôlant la gueule béante de Satan.

       - Adrien, mon aimé ! Pourquoi te trouves-tu dans ces Enfers putrides ? Tu n’as pourtant commis aucune faute. C’est moi qui suis coupable... Seigneur de l’Innommable, je te supplie de le délivrer ! Moi seule suis responsable de sa mort ! Ne crois-tu pas qu’il a été assez puni comme cela ? Prends-moi à sa place, c’est moi qui dois expier, je t’en supplie !

       Submergée de chagrin, Elaine se propulsa en direction du maelstrom diabolique au sein duquel le visage de son bien-aimé hurlait de douleur.

    ***
    (A Suivre)


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    "Hell and Devil! Tu... Tu n'as aucune dent cariée...
    On est fait pour s'entendre!"

    A. Ford "VampZom Love"

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    "Ah on m'y reprendra à répondre à une annonce
    rédigée en allemand..."

    A. Ford "Valkyrie"

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    (Portrait en cap d'un père Ogre
    portant son repas)

    A.Ford "Fathers Day"

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    "Alors, Zonzon, content que je te sorte un peu?
    - Gargl... Miam... Boz..."

    Zombie

    (Ce zombie avait hélas peu de conversation)


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    Blanche Baptiste

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE EST UNE ILLUSOIRE NÉCESSITÉ)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/25)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Blessé dans sa chair, le jeune Angélus ne songe qu'à fuir ce pays qui l'a fait monstre...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    CHAPITRE 9 

       Elaine secoua enfin l’apathie qui s’était emparée d’elle, la rivant sur place, comme une statue de pierre. Elle se décida à sortir de derrière sa cachette. La religieuse finirait bien par l’apercevoir. Quelle serait alors sa réaction ? 

       En dépit de sa répugnance à accomplir un tel geste, quelque chose lui disait que c’était la seule façon honnête d’agir. Devant elle, la Supérieure de ce couvent avait une attitude licencieuse inacceptable. Elle devait s’expliquer sur les raisons de ce spectacle, sur les gestes qu’elle avait esquissés à l’endroit de son corps, telle une jeune fille narcissique, attitude profondément choquante de la part d’une religieuse chargée d’élever les âmes de ses condisciples. 

       Troublée, outrée et même furieuse, Elaine tenta de se découvrir, mais une main lourde l’en empêcha, une main qui se posa sur son épaule et la retint. Elle sursauta, poussa un soupir étouffé et se retourna, affolée. Le visage torturé du père Grangeais surgit de l’ombre. 

       - Chut ! lui intima-t-il, en posant son autre main sur sa bouche. Ne faites rien. Laissez-la tranquille. 

       Ses yeux brillaient, hypnotiques. 

       - Mais, je…, commença Elaine, le coeur battant à tout rompre. 

       - Taisez-vous ! Vous ne pouvez pas comprendre... Venez ! 

       D’autorité, le père Grangeais attira la jeune femme vers l’obscurité. Il se collait à elle, et elle sentit son odeur masculine tandis qu’une poigne de fer la menottait. Une brève seconde, à cause de cette odeur, elle confondit le Père Grangeais avec son regretté Adrien… Ensuite la douleur la submergea. La tête lui tourna. 

       Le prêtre, tout en lui parlant, l’obligeait à reculer, la soutenant comme l’aurait fait un danseur engagé dans un pas compliqué et qui retient sa partenaire pour l’empêcher de tomber. 

       - Notre Abbesse est habitée par le Saint-Esprit, souffla l’homme d’église. Cela lui arrive souvent et c’est pour se rapprocher de notre Seigneur qu’elle se dévêt ainsi. La nudité a été donnée à Eve car elle était, au tout début de la Création, pure et sainte comme une rose... 

       Ils traversèrent le couloir, toujours étroitement enlacés, et le prêtre la poussa brusquement dans sa cellule dont elle avait laissé la porte entrouverte. Elaine faillit tomber à terre mais réussit à se retenir à la petite table. De nature courageuse, elle pivota et darda un regard plein de défi sur le prêtre, en s’efforçant de calmer les battements désordonnés de son coeur. 

       La lueur réfrigérante de la lune qui tombait par la petite fenêtre donnait à la cellule un aspect surnaturel. Pendant le bref instant qu’avait duré leur petite équipée, la peur d’Elaine s’était métamorphosée en une colère froide qui, à présent, éclata. 

       - Mon père ! s’écria la jeune femme, en levant vers le religieux un doigt accusateur. Comment osez-vous défendre ce comportement ? Je ne suis pas versée dans les Saintes Écritures, mais je sais- Moi -, que l’attitude de l’abbesse est contraire à tous les usages. Pire, il contrevient aux lois Divines ! Jamais je n’ai entendu dire que, pour se rapprocher de Dieu, il fallait se mettre nue et entamer une danse qui rappelle par trop celle des sauvages… 

       - Ne vous emportez pas, ma fille, répondit le père Grangeais d’une voix rauque. Dieu a Sa logique qui n’est pas la vôtre. Vous êtes trop petite, trop misérable et trop bouleversée pour comprendre Ses mystères... Je vous en conjure, ne dites mot de ce que vous avez vu ! Pour l’amour du Dieu que je sers et dont vous êtes une des innombrables filles... 

       Il s’était lentement approché d’elle. La colère d’Elaine se mua de nouveau en crainte. En dépit de son âge avancé, le père Grangeais était un homme encore solide, redoutable. Sa soutane de mauvaise laine l’engonçait et lui donnait l’apparence d’une statue de pierre. Son visage, d’ordinaire peu expressif, était envahi de tics nerveux. On pouvait lire dedans comme dans un livre ouvert : colère, gêne et tristesse se livraient un combat qui brouillait ses traits. Des rides s’enchevêtraient sur son front, réunissant ses sourcils fournis en une barre broussailleuse tandis que, plus bas, la bouche sèche esquissait un sourire amer et douloureux. 

       - Je vous en conjure, mademoiselle, coassa-t-il. Il y a ici-bas des mystères dont vous n’avez aucune idée. 

       - Je sais ce que j’ai vu, mon Père ! Vous n’allez pas me dire qu’il est normal que la Supérieure de ce couvent se promène dans cette tenue pendant la nuit ? Et d’ailleurs, il n’y a pas que ça ! Avez-vous vu la douceur de sa peau ? 

       - Vous avez des propos impies, ma fille ! 

       Les yeux du prêtre lancèrent des éclairs et Elaine vit ses mains se refermer dans le vide, comme si elles serraient brutalement un objet invisible. 

       Soudain, la jeune femme comprit qu’elle ne devait absolument pas parler de ce qui l’avait réellement choquée, à savoir qu’en dépit de ses quarante ans, la religieuse en paraissait quinze de moins. 

       - Vous me parlez de choses que je ne saisis pas, mon enfant, reprit le prêtre, sur le ton d’un père qui, pour savoir le vrai, prêche le faux. Que vouliez-vous dire à propos de Mère Camille de l’Incarnation ? 

       Elaine avait la bouche sèche. Le curé était à présent tout contre elle et il la dominait. Dans la question, émise d’une voix doucereuse, la jeune fille devina un danger latent. Elle répondit donc, d’une voix tremblante. 

       - C’est cette plaie... Elle est si horrible... J’en ai encore la chair de poule. 

       Instantanément le prêtre se calma et lui répondit, sur un ton beaucoup plus aimable. 

       - Notre abbesse a l’habitude de porter un cilice, expliqua-t-il. Il s’agit d’une ceinture au milieu de laquelle ont été enchâssés des petits clous. Ce cilice, la Supérieure le porte toute la journée, ce qui explique cette constante ulcération... 

       - Mais pourquoi porter un tel engin de supplice ? 

       - Elle s’estime coupable de n’avoir pas veillé avec suffisamment d’attention sur son plus jeune frère, Jean. Elle se reproche sa mort et elle destine cette souffrance à la louange de Dieu. 

       Elaine esquissa une grimace et murmura, tout bas : « Quelle horreur ! ». Le prêtre prit délicatement le menton de la jeune femme. Il répéta, d’une voix si douce qu’elle dut prêter l’oreille pour l’entendre. 

       - Vous tairez ce dont vous avez été le témoin, mon Enfant. De toute manière, certaines manifestations de la Création ne nous sont pas vraiment intelligibles. Notre Seigneur m’a chargé de guider les brebis égarées sur la route de la Vérité. Je m’y emploie avec mes faibles forces. Il s’agit d’une tâche difficile mais ô combien exaltante. 

       Il parut réfléchir, son regard sondant Elaine jusqu’à l’âme. Celle-ci eut un vertige. Le père Grangeais répéta, la voix lasse, la respiration sifflante : 

       - Vous tairez ce que vous avez vu. Tout cela vous dépasse. Je me fais bien comprendre ? 

       La jeune femme hocha affirmativement la tête, hypnotisée par ce visage qui ressemblait maintenant à un masque en voie de consomption. 

       Le prêtre parut soudain épuisé. Il la lâcha puis s’en fut brusquement, sans mot dire, la laissant désorientée. Les pas du Père Grangeais résonnèrent longtemps dans son cerveau en fusion. 

    ***
    (A Suivre)

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    (Victime d'une irradiation de centrale antinomique?)


    Vice de fabrication, microfissures : 
    la Belgique est comme ses centrales nucléaires
    Diederick Legrain

       (...) Pendant l’été 2012, une inspection de routine a révélé la présence de milliers de microfissures dans les cuves de deux réacteurs nucléaires qui assurent un tiers de la production nucléaire belge. Les réacteurs ont été mis à l’arrêt dans l’attente de contrôles plus poussés. Après examen, l’hypothèse retenue par l’autorité de contrôle nucléaire consiste en un défaut de fabrication initial dont rien n’indique qu’il s’est aggravé avec le temps, ni qu’il risque de s’aggraver dans le futur. Cette hypothèse a été soumise à des experts internationaux, dont l’Agence française de sécurité nucléaire (ASN).(...)

      Le blog Histoires belges chroniquera, au moins jusqu’aux élections du 25 mai 2014, les microfissures et autres singularités de la société belge. Pour éviter à nos voisins français l’immense surprise d’une macrodéflagration politique à leurs portes le 26 mai 2014. Au moins, on pourra dire qu’on vous aura prévenus !

       L’avis de l’agence française donne la mesure d’une sorte d’ébahissement méthodologique : « La logique générale de la démonstration n’apparaît pas de façon claire », signale l’ASN. «En première analyse, il semble difficile de considérer que les arguments présentés constituent une démonstration de sûreté acceptable.»

       La démarche probabiliste des Belges, souligne l’ASN, « n’est pas admise en France ». Conclusion : «Un redémarrage des réacteurs ne nous paraît donc pas envisageable à ce jour.»

       C’est donc un euphémisme de dire que l’optimisme belge n’a pas convaincu le pays le plus nucléarisé au monde. De manière assez prévisible (sauf pour un observateur étranger), la Belgique n’y a néanmoins vu « aucun élément qui indique que les centrales doivent être mises à l’arrêt définitif. » Carpette ! (...)


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    (Le dialogue, dans ce couple,
    était à sens unique)


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    "L'Armée Révolutionnaire Capitaliste vous salue bien!"


    Pékin sème la zizanie parmi les Européens

       (...) La Chine défie l'Union européenne. Elle est en train de tester la capacité des 27 à maintenir la seule vraie politique commune existante : la politique commerciale. En tant qu'entité singulière sur la scène internationale, l'Europe n'existe qu'à un titre – le commerce. Les Européens vont-ils, là aussi, baisser les bras ?

       L'enjeu est important. L'épreuve se joue dans un domaine qui touche aux industries de l'avenir : le photovoltaïque. Le commissaire européen au Commerce, le Belge Karel De Gucht, soupçonne les industriels chinois du secteur de dumping massif. Il veut introduire d'ici au 5 juin un droit de douane provisoire de 47 % en moyenne sur les panneaux solaires chinois. Il entend défendre les fabricants européens du secteur. Quelque 25 000 emplois seraient menacés par les pratiques commerciales déloyales de leurs concurrents chinois.

       M. De Gucht est un homme brave. Son dossier est solide. Juriste de profession, le commissaire ne fait que mettre ses pas dans ceux des Américains. Lassés d'affronter des concurrents subventionnés, les Etats-Unis ont instauré au printemps 2012 une taxe de 31 % à 250 % sur les panneaux solaires chinois importés.

       Le dossier n'est pas si simple qu'il y paraît. En Europe, l'industrie du panneau solaire est déjà largement déclinante. Ceux qui ont la main haute sont les firmes européennes qui installent les dispositifs solaires. Elles ont intérêt à disposer de panneaux à bas prix – comprendre : chinois...

       Cela explique en partie l'opposition de quelque 17 membres de l'UE à l'offensive de M. De Gucht. Ils sont conduits par l'Allemagne, dont la Chine est le troisième partenaire commercial. Une Allemagne qui réalise près des deux tiers de son excédent commercial hors d'Europe, notamment en Asie, et particulièrement en Chine.(...)

       (...) Berlin ne veut pas de guerre commerciale avec Pékin, à aucun prix : les exportateurs d'outre-Rhin ont peur de perdre le marché chinois. Pour eux, ce marché-là compte plus que l'unité des Européens. Et, recevant son homologue chinois, Li Keqiang, la chancelière Angela Merkel a rejeté cette semaine le projet de taxation de la Commission de Bruxelles et proposé une négociation avec Pékin.

       Certains des arguments des Européens qui s'opposent à l'initiative de M. De Gucht sont sans doute recevables. Mais leur méthode est absurde et contre-productive. De ce point de vue, l'exemple donné par Mme Merkel est catastrophique. Car les Chinois n'aiment rien tant que voir les "Barbares" en ordre dispersé. Dans les relations commerciales comme ailleurs, la Chine sait exploiter la désunion des Européens. Elle a les moyens de faire pression sur l'Allemagne pour que Berlin entraîne ensuite le reste l'Union.

       La bonne stratégie eût été, pour l'ensemble des Européens, de coller publiquement à l'initiative de M. De Gucht pour arriver en position de force à une négociation avec la Chine. Bref, de faire comme les Etats-Unis, et pas, une fois de plus, comme les Bisounours du commerce international. (...)



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    Benoît Barvin

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