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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE CHEMIN QUI MÈNE A
    LA SAGESSE N'A PAS DE NOM)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/3)
    pcc Benoît Barvin

       Tom Drake, son collègue Duncan et leur patron, Eliot Ness, chef du FBI, se sont réunis avec les huiles de Chicago, sur les lieux même d'un massacre: celui des malheureuses danseuses d'une boîte, le "Blue Circle". Le FBI est officieusement chargé de l'enquête, malgré l'opposition du procureur.

    Ace G-Man Stories [v 1 #1, May-June 1936] 
    (Popular Publications, pulp, ...


       Ness nous donna ses instructions. Nous devions assister aux derniers interrogatoires, après que les flics nous eussent fourni les indices trouvés sur place. 

       Les ambulances s’étaient dispersées comme une volée de moineaux affolés, ainsi d’ailleurs que le commissaire, le procureur et le patron. Ne restaient plus que les inspecteurs et, derrière les barrières, une foule considérable de badauds qui, en dépit du froid, s’excitaient à la vue des flaques de sang et de l’ambiance de fin du monde qui régnait dans le quartier. 

       J’interrogeai à mon tour le portier. C’était un vieux noir qui tremblait de tous ses membres. Je ne recueillis aucune information supplémentaire. Il me répéta ce qu’il avait bégayé aux inspecteurs. 

       "Patron, j'ai rien vu... Rien..."

       Je rongeais mon frein. Dès le début, à la première seconde où, pénétrant sur la scène du crime, j’avais vu tous ces cadavres, quelque chose m’avait tracassé. Mais quoi ? Mon esprit, habitué à penser scientifiquement, pédalait dans la choucroute. Le nombre de morts ; le fait qu’il s’agissait exclusivement de membres du sexe dit faible ; la similitude avec le massacre de l’année précédente, tout se mélangeait dans mon crâne porté à ébullition. M'empêchant de penser de manière cohérente.

       - Duncan? Tu pourrais me dire si..., commençai-je en me tournant vers mon collègue… qui brilla par son absence. 

       Surpris, je cherchai sa silhouette parmi les flics qui m’entouraient, puis j’interrogeai quelques inspecteurs pour savoir s’ils l’avaient vu mais, au bout de dix minutes, je dus me rendre à l’évidence : Duncan s’était carapaté. Où était-il donc passé ? 

       C’est alors que mes neurones se remirent à fonctionner normalement. D’un seul coup. 

       J’avais à peine remarqué la fille avec laquelle mon collègue avait passé la nuit. Cependant, quelque chose avait attiré mon attention, du couloir où je me trouvais, mon regard plongeant dans la chambre: Il s’agissait d’une robe à paillettes, largement échancrée. Une robe qui avait été posée négligemment sur une chaise, près du lit de Duncan. Une robe qui appartenait sans l’ombre d’un doute à la fille qui se prélassait à côté de lui. 

       La robe d’une danseuse…

    (A Suivre)

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    "Moi-même un dollar par jour je vivre"


    Dollars détournés par James Charles


    Donner la parole à ceux 
    qui vivent avec un dollar par jour

       (...) La crise économique mondiale génère des déficits qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars. Pourtant, dans les pays en développement, des hommes et des femmes travaillent au quotidien pour gagner quelques billets verts. C’est ce constat qui a conduit le réalisateur cambodgien Rithy Panh à proposer la création de One Dollar, une plateforme interactive construite à partir de portraits vidéo de ceux qui font la petite économie des pays en développement. Il s’agit d’interroger la relation entre le travail et l’argent, et la valeur travail. 

       "Ce projet est une passerelle qui reconnecte le monde virtuel et le monde réel. Les hommes et les femmes ne sont plus des indicateurs ou des statistiques dans des rapports d’institutions internationales, mais des voix, des regards, des corps qui nous ramènent à la réalité", écrit Rithy Panh dans sa note d’intention. 

       L’appel à participation, lancé en mars 2013, s’adresse aux réalisateurs, expérimentés ou débutants, aux geeks et aux membres d’ONG, séduits par la thématique. Ils sont invités à réaliser des courts-métrages de sept minutes racontant le quotidien de personnes qui vivent avec approximativement un dollar par jour. Les portraits seront mis en ligne sur une carte du monde qui servira de plateforme interactive. Ainsi, citoyens, artistes, chercheurs économistes pourront alimenter le site de leurs commentaires, une manière de générer une réflexion de fond sur des problématiques transversales. 

       Cette plateforme interactive sert également de matrice à la conception d’une application de création vidéo pour smartphones et tablettes, libre de droits. Car l’ambition va au-delà de la mise en ligne des portraits. Les producteurs de One Dollar développent un outil permettant de concevoir en quelques clics des contenus pour les nouveaux supports numériques. C’est en observant des habitants de Phnom Penh victimes d’expulsions que le directeur de production du projet, Damien Sueur, s’est rendu compte de l’importance d’offrir une application. 

       "Les habitants de ce quartier étaient équipés d’une tablette qui leur permettait d’archiver le quotidien de la lutte militante de leur communauté, constate-t-il. Nous voulons donc créer un outil qui permettra de maîtriser toute la chaîne de production du tournage à la mise en ligne en passant par le montage. Cela sera utile aux créateurs, militants, journalistes citoyens." 

       La plateforme sera mise en ligne début 2014. Elle offrira une photographie de l’extrême pauvreté quelques mois avant l’échéance des objectifs du millénaire fixée par les Nations unies, dont le premier était de réduire de moitié le nombre de personnes qui vivent avec moins de un dollar par jour. (...)



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    (Jeunes, les célèbres frères Bogdanoeuds pensaient déjà
    différemment que tout le monde)



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    "Si j'ai besoin d'un générique?
    Heu... D'une dizaine
    au moins, peut-être plus, plutôt..."

    SIDA, ne plus considérer les médicaments 
    comme des marchandises
    Sophie Courval

       (...) « Les produits pharmaceutiques sont considérés comme des produits commerciaux. Ils tombent sous le coup des règles de la propriété intellectuelle, sans qu’on s’interroge davantage sur les conséquences pour les malades, s’insurge Céline Grillon, chargée du plaidoyer international à Act Up Paris. Il faut arrêter de considérer les médicaments comme des produits du commerce et les envisager comme des biens communs. » Considérer les médicaments comme des biens communs, qu’est-ce à dire ? Tout simplement les libérer du joug des brevets qui entravent leur fabrication et leur circulation, autrement dit encourager la production des médicaments génériques. Une bataille rude qui oppose les lobbies de l’industrie pharmaceutique contre les partisans de ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui le « libre ».

       Or la guerre du libre est souvent une guerre de l’ombre qui se mène dans différents champs, de l’audiovisuel aux médicaments, peu médiatisée (sauf Hadopi) car très technique. Difficile de rendre compte des combats sans se perdre dans les méandres du droit international. Accords de libre échange, ACTA, CETA, TAFTA…Autant d’accords internationaux tortueux qui régissent les droits de propriété intellectuelle. Rien de virtuel au regard des enjeux qui, eux, sont très concrets. Si Act Up figure parmi les organisations en lutte sur le front de la propriété intellectuelle, c’est pour permettre l’accès aux soins des personnes séropositives, et ce à l’échelle mondiale. Oui, les traitements existent, oui les anti-rétroviraux sont une arme efficace, mais malheureusement les pharmacies des pays en développement ne sont pas aussi garnies que celles des pays riches. Et ce, pour cause de brevets, donc de gros sous.

       Alors qu’en juillet dernier, le parlement européen rejetait la ratification de l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), une victoire gagnée de haute lutte, Barack Obama, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne lançaient le 13 février 2013 le début des négociations d’un nouvel accord entre l’UE et les USA : le Transatlantique Free Trade Agreement, autrement appelé TAFTA. La guerre du libre est une guerre sans fin et… sans transparence. Car la particularité de ces accords est qu’ils se négocient dans le plus grand secret. Les militants recueillant ça et là les « fuites » pour pouvoir réagir. 

       « Officiellement, TAFTA n’a pas vocation à remplacer ACTA, mais en fait TAFTA est en quelque sorte le spectre d’ACTA, confie Céline Grillon. Le lobby industriel pousse tellement fort, qu’on s’y attendait un peu. On ne sait pas exactement encore de quoi il retourne, mais nous réclamons dores et déjà plus de transparence, et Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, semble aller dans notre sens, mais nous restons prudents car l’actuel commissaire européen au commerce, Karel De Gurcht, a fait d’ACTA un échec personnel. Il a la volonté de finir son mandat avec un autre résultat. »

       Pour Act Up, la bataille se mène sur le front des génériques, c’est-à-dire la possibilité pour des industries pharmaceutiques des pays du Sud de fabriquer et de commercialiser des médicaments à moindre coût. Et dans le domaine du SIDA, les génériques sont la planche de salut de nombreux malades. 80% des médicaments utilisés pour traiter le VIH dans les pays en développement sont produits en Inde. Or, en ce moment même, la commission européenne fait pression sur l’Inde pour qu’elle accepte de signer un accord de libre échange qui renforcerait les droits de propriété intellectuelle des industries pharmaceutiques des pays du Nord et compromettrait gravement l’accès aux soins des malades séropositifs. 

       En 2012, on comptait 34 millions de personnes vivant avec le VIH contre 33,5 millions en 2010. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient l’épidémie a repris. En Afrique subsaharienne, ce sont près de 69,1% des personnes qui sont atteintes du VIH. « Seules 50% des personnes séropositives vivant dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires ont accès à un traitement, déclare la militante d’Act Up. Sans compter que ce n’est pas parce qu’on a eu accès une fois à un traitement qu’on est sous traitement. »

       De fait, on ne soigne pas de la même façon un malade au Bénin ou en France. Pour exemple, une des conditions du bon fonctionnement des anti-rétroviraux est l’observance, à savoir le respect des horaires fixes pour la prise du traitement. « Au Bénin, la difficulté de l’accès aux médicaments empêche les malades de suivre une bonne observance, raconte Céline Grillot. Il faut parfois faire des kilomètres pour avoir un traitement et revenir le lendemain parce qu’il y a une rupture de stock, ce n’est pas toujours possible. » Or qui dit mauvaise observance dit à terme traitement inefficace. 

       Dans la pharmacopée des anti-rétroviraux, il existe des médicaments de première, deuxième et troisième ligne. Lorsqu’un traitement 1ère ligne devient inefficace on passe à la catégorie au-dessus. Les médicaments de 1ère ligne étant considérés comme éminemment toxiques, ils ne sont plus distribués en France mais constituent les principaux traitements des pays pauvres, qui en revanche, brevets obligent, n’ont pas accès aux médicaments de 3ème ligne. Donc si on résume, les malades séropositifs des pays du Sud sont plus nombreux, leurs pharmacies sont moins remplies, ils ont accès à des traitements plus toxiques, moins efficaces. Et lorsque ceux-ci ont cessé de faire effet, ils n’ont pas de plan B. De l’importance de soustraire les médicaments aux règles du commerce et de les envisager comme des biens communs. La bataille du libre doit sortir de l’ombre.



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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS LE DISCIPLE QUE TU N'AURAIS
    JAMAIS CRU ETRE)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/2)
    pcc Benoît Barvin

       Nous sommes à Chicago en 1931. Tom Drake et Peter Duncan, deux agents du FBI, nouvellement créé, sont appelés par leur chef, Eliot Ness. Ils doivent rejoindre les lieux d'un massacre. Il s'agit d'un club, le "Blue Circle", qui a été ravagé par une violente explosion. Les deux agents constatent sur place que les seules victimes de cet attentat sont les malheureuses danseuses du club.

    Ace G-Man Stories [v 1 #2, July-August 1936] 
    (Popular Publications, 10¢, ...


       Notre quartier général était basé dans le bar d’en face, réquisitionné pour l’occasion. Ness était assis en face de moi. Près de lui le procureur Davidson et Stanton. A mes côtés se tenait Duncan qui, coup sur coup, venait d’avaler deux verres de schnaps. Malgré la prohibition, le patron de l’endroit avait eu ordre de nous servir un vrai remontant. Je dégustai mon propre verre, heureux de me réchauffer car j’étais maintenant glacé jusqu’aux os. Je remarquai du coin de l’œil que le procureur avait commandé une mixture qui ressemblait à de la tisane. 

       - Bon, si nous récapitulions ce que nous avons, dit soudain Davidson, en avalant précautionneusement une gorgée de son breuvage. 

       Le divisionnaire posa son verre, s’essuya la bouche avec un mouchoir, remisa le carré de toile dans sa poche, avant de dire. 

       - D’après nos premières constatations, il s’agit d’une expédition punitive d’un des groupes mafieux de la ville. Le portier – un certain Soames - a noté la présence d’une Oldsmobile roadster 2 portes, couleur violet, vers les cinq heures. Mais il n’a pas fait attention aux deux types qui étaient à l’intérieur. Le « Blue Circle » était sur le point de fermer. Il n’y avait plus aucun client. Les danseuses s’étaient rhabillées et s’apprêtaient à partir. Le portier les a saluées alors qu’elles sortaient, par groupe de trois, par la grande porte, puis il est rentré dans la boîte. C’est à ce moment-là que l’explosion a retenti. Une belle charge… Quelques kilos de TNT, je suppose, qui a tout soufflé sur quelques mètres. Le portier et le personnel ont été projetés en avant, mais sans bobo particulier, hormis les contusions d’usage. C’est la façade qui a tout pris… 

       - Et les filles, le coupai-je, sur un ton lugubre, m’attirant ainsi un coup d’œil furieux de sa part. 

       - Bien entendu, bien entendu… Elles se sont trouvées là au mauvais moment… 

       - Ou, justement, au bon moment, intervint Ness en ôtant son chapeau et en le posant soigneusement sur la table, à côté de lui. 

       - Que voulez-vous dire ? grogna le procureur, en fronçant les sourcils. 

       - Les types qui ont causé l’attentat savaient ce qu’ils faisaient, expliqua Ness. Ils surveillaient le « Blue Circle ». Il leur aurait été facile d’attendre qu’il n’y ait plus aucun client pour actionner leur machine infernale. Or ils l’ont faite sauter juste au moment où les girls se pointaient… 

       - Vous pensez que c’était voulu ? demanda Stanton. 

       - C’est une hypothèse qui n’est pas à exclure. 

       - Pourtant cet attentat a quelque similitude avec celui qui a eu lieu l’année dernière, non ? Un massacre où Capone était partie prenante. 

       Le commissaire n’avait pas tout à fait tort. Le 14 février 1929, Capone avait mis en place une opération destinée probablement à éliminer un de ses concurrents, George Moran. Dans un garage, via ses affidés déguisés en policiers – un comble ! -, il avait fait assassiner 7 personnes, toutes appartenant au gang rival. Sans réussir à dessouder Moran. On avait mis le vieux renard en prison, mais il venait d’en ressortir, deux mois plus tôt.  Pour «bonne conduite»(1)… 

       - Depuis qu’il est dehors, nous surveillons Capone, dit Ness d’une voix sèche. J’ai interrogé mes hommes pour savoir où il se trouvait pendant la nuit. Il n’a pas quitté une « cache », à cinquante kilomètres d’ici. Quant à ses hommes, ils étaient tous autour de lui comme de fidèles toutous. 

       Stanton ricana et, pointant un doigt accusateur vers Ness, il rétorqua. 

       - Cette ordure se moque éperdument de la police et des autorités en général. Qui vous dit qu’il n’a pas commandité cet attentat, en souvenir de l’année dernière ? Il en serait bien capable… Même si le patron de la boîte, Dogson, entérine l’alibi de ce gredin. Quant à des truands capables d’exécuter ce genre de mission, aujourd’hui on en ramasse à la pelle à la soupe populaire ! 

       Je vis passer un éclair dans le regard sombre d’Eliot Ness. Puis il plissa les yeux et c’est d’un ton très calme qu’il répondit. 

       - Je vous répète, Monsieur le divisionnaire, que nous gardons un œil – et le bon - sur Capone. Depuis sa sortie de prison, il n’a pas eu le temps de réorganiser ses réseaux contre lesquels, vous ne l’ignorez pas, nous nous sommes acharnés, profitant de son temps de détention. Non, à mon avis il s’agit d’une histoire bien différente. Et certainement aussi dangereuse… 

       Le procureur se massa lentement le lobe de l’oreille droite. Il avait l’air de quelqu’un qui réfléchit intensément. Ou qui s’ennuie ferme. Il demanda enfin, avec une pointe de raillerie. 

       - Vous avez peut-être déjà une théorie, Monsieur Ness ? 

       - Pas encore, évidemment, mais mes hommes vont en trouver une. Si vous me le permettez, Monsieur le procureur, nous prenons maintenant l’affaire à notre charge. Mais en sous-main, bien entendu. Officiellement, ce sont les services du commissaire divisionnaire qui enquêteront. 

       Stanton chercha bien à tergiverser, mais il dut finalement se plier aux ordres du procureur Davidson qui approuvait Ness. Quant à moi, enquêter sur cette affaire ne me disait rien. Je sentais, derrière ce massacre, une histoire bien sordide que je n’avais pas envie de renifler. J’avais l’odorat très délicat, vous comprenez…

    (1) authentique.

    (A Suivre)
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    (Le monstre électromagnétique ricanait dans le noir...)

    (c) Joshua Hoffine
    Le débat sur les ondes 
    électromagnétiques se poursuit

       (...) Une nouvelle étude viendrait confirmer certains effets des ondes électromagnétiques sur l'organisme, selon Top Santé. À tout le moins sur celui des rongeurs, car l'effet démontré ne l'a été que sur des rats, et non sur des humains. Perte de sommeil ou insomnie et prise de poids feraient partie des «symptômes», des phénomènes observés chez les rongeurs-tests.

       Plus précisément, certains rats ont démontré des baisses de température, une faim supérieure, un sommeil fractionné et une certaine anxiété. Plus encore, la queue de certains rats a carrément été modifiée!

       Les chercheurs tiennent mordicus à ce que d'autres études sur le sujet soient produites, afin de voir si cette corrélation peut s'étendre et s'appliquer à l'humain.

       Si la France parle des antennes-relais, il en va de même au Québec, avec nos fameux nouveaux compteurs d'électricité, en plus de tous les appareils émetteurs d'ondes retrouvés dans nos maisons.

       Donc, ces appareils producteurs d'ondes dans notre environnement peuvent-ils avoir un effet sur notre santé? Oui, répond l'équipe de chercheurs de l'Université d'Amiens et de l'INERIS.

       Les chercheurs, dont les conclusions sont publiées dans le magazine Environnement Science and Pollution Research, croient qu'on peut parler d'effet sur l'équilibre énergétique, ce qui pourrait mener à certains problèmes de santé. (...)


    +++

    (La bunny girl se demandait si ses grandes oreilles
    pouvaient lui servir d'antenne)

    Irish McCalla  Bunny Girl

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    ("Difficile de décrocher" songea l'ex golden-boy à qui il ne
    restait plus que 345 euros et 15 centimes 
    pour acheter sa nouvelle tablette)


    La pureté de l'esprit
    @mlarsenault

       (...) «Les sages de l'Inde ancienne disent que bonheur et souffrance, enfer et paradis, sont essentiellement des créations de l'esprit.» Voici, tirée d'une lecture de vacances, (un livre de philosophie d'inspiration bouddhiste datant des années soixante-dix), une phrase que je m'applique à méditer, quelque part sur une île tropicale.

       Alors que j'observe mes semblables, occupés à pratiquer toutes sortes d'activités dites de vacances comme la voile, la plongée sous-marine ou la consommation d'alcool à partir de 10 heures le matin, je réalise que voir et être vu, deux créations de l'esprit, devenues composantes dominantes de l'attitude virtuelle, qui passent désormais par l'usage systématique des médias sociaux, même agglutinés sur une plage ensoleillée, même en maillot de bain, même en vacances, ces besoins relativement neufs dans l'histoire de l'humanité, voir et être vu, rythmant désormais les journées de beaucoup d'êtres humains.

       Ainsi, le fameux repos de l'esprit, pour lequel on était prêts à payer très cher jadis et qui consistait à se couper des autres et du monde dans lequel on évolue normalement, n'a semble- t-il plus la même valeur, alors que la majorité des vacanciers déambulent maintenant armés d'un ordinateur portable ou d'une tablette électronique, branchés en permanence sur le reste de leur monde, la plupart d'entre eux affichant d'ailleurs un poids bien au-dessus des normes médicales, ce qui, en passant, ne peut pas être une coïncidence.

       Sur la Toile Hier matin, sur la terrasse de l'hôtel, une jeune fille d'environ 13 ans était totalement absorbée par l'écran de son ordinateur, où elle utilisait à la fois Facebook, Twitter et un site de conversation instantanée, passant d'une fenêtre à l'autre au gré de ses besoins, de ses envies ou de ses rencontres virtuelles, tapant sur les touches de son clavier à une vitesse vertigineuse, digne représentante de cette génération rompue aux médias sociaux, qui a appris à exister au travers des regards rassurants de cette ère virtuelle, en même temps(ou presque) qu'elle a maîtrisé l'usage de la bicyclette. La jeune fille d'aujourd'hui (et ses parents avec elle), prostrés en permanence sur la toile, présence continue qui prend plaisir à donner de ses nouvelles et à entretenir un dialogue avec tout le monde et même, fournir des images, est devenue, c'est une évidence, une créature qui ne prend plus jamais de vacances.

       "Faites en sorte que votre esprit n'attende rien des plaisirs du monde», dit encore le livre d'inspiration bouddhiste. Pour cela, il faudrait un monde totalement privé d'internet, et cela, c'est devenu carrément impossible. (...)


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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE PASSE PAS TA VIE
    A CHERCHER LE MAÎTRE)

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    "J'ai rien programmé, Nom de Diou...
    Y'a qu'cette machine, elle me pompe
    le ciboulot depuis un bon moment..."

    Bientôt une loi pour lutter 
    contre l’obsolescence programmée ?
    KARINE LE LOËT

       (...) Ce mardi (23 avril), le Sénat sera appelé à discuter d’une proposition de loi sur l’obsolescence programmée. En clair, la planification délibérée, par les industriels, de la mort d’un objet. Et ce, afin d’inciter les consommateurs à en acheter un nouveau, plus beau, plus à la mode. Déposée par le sénateur Jean-Vincent Placé (Europe Ecologie – Les Verts) le 13 mars, le texte vise à augmenter la durée de vie des produits. Mais comment donc ? 

       En augmentant graduellement la durée légale de conformité des produits établie par le Code de la consommation de deux ans à cinq ans d’ici à 2016. « La plupart des produits sont fiables pendant au moins cinq ans, les fabricants ne devraient donc pas être particulièrement pénalisés par cette mesure. L’allongement de la durée de garantie peut même constituer un avantage concurrentiel », souligne le texte. La proposition de loi propose aussi une mise à disposition de pièces détachées pendant une période de dix ans et une meilleure information sur les possibilité de recyclage du produit usagé.

       Et si c’était un mythe ? Il était temps. Car la mort planifiée se décline sous de multiples formes, comme le souligne le Centre européen de la consommation (CEC) – une association franco-allemande qui œuvre pour la protection des droits des consommateurs en Europe – dans son étude (PDF). Là, il répertorie les différentes formes d’obsolescence : technique (un appareil tombe en panne et est irréparable), par péremption (des produits alimentaires affichés comme bons à jeter alors qu’ils sont encore consommables), esthétique (c’est la mode qui rend l’objet caduc), ou encore écologique (on envoie au garage sa titine pour une nouvelle voiture qui consomme moins). 

       Conclusions du rapport : pour chaque appareil acheté, le consommateur devrait pouvoir connaître « la durée de vie de l’appareil », « la réparabilité de l’appareil et la durée de disponibilité des pièces détachées et accessoires », « l’impact environnemental du produit » et recevoir « une incitation au recyclage de l’ancien appareil ». Une transparence que promet en partie la proposition de loi de Jean-Vincent Placé.

       Mais responsabiliser les industriels ne fera pas tout. Le citoyen a aussi sa part à accomplir, assurait en novembre dernier dans nos colonnes, Damien Ravé, le fondateur du site Commentreparer.com : « En fin de chaîne, l’acte d’achat est toujours accompli par le consommateur. Il peut évoquer la manipulation, la dissimulation, l’absence de choix, mais est-il prêt à croire qu’il n’a aucune responsabilité dans la qualité des produits qu’il achète ? (…) L’obsolescence programmée est peut-être bien un mythe affirme même l’économiste Alexandre Delaigue On peut expliquer la durée de vie réduite de nos appareils beaucoup plus simplement : par leur faible prix. » (...)



    °°°
    "Qu'est-ce que tu fais?
    - Je m'aère la tête"


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    "Je cherche des citoyens prêts à m'aider...
    En connaissez-vous?"


    La République
    JANET-LANGE
    (1815-1872)

    La proportionnelle a bon dos. 
    Roger Martelli répond à Jacques Julliard
     Roger Martelli

       (...) Dans le dernier numéro de Marianne, Jacques Julliard se lance dans une diatribe contre Mélenchon et le Front de gauche. « Une stupidité, la VIe République », assène-t-il en titre. Pourquoi ? Parce qu’elle réintroduirait la représentation proportionnelle. Il a tort. Ce qui est stupide est de laisser les institutions en l’état. Ou de penser que l’on peut les améliorer en respectant leur esprit. Jacques Julliard se trompe doublement.

       Il se trompe d’abord sur le constat historique. Ce qui a tué la Quatrième République, ce n’est pas la représentation proportionnelle. Ce sont les guerres coloniales et, plus encore, la guerre froide. Pour une raison toute simple : la guerre froide tend à substituer, au conflit de la droite et de la gauche, celui de l’Est et de l’Ouest. À gauche, le Parti communiste est durablement isolé ; à droite, le parti du général de Gaulle, le Rassemblement du Peuple français, refuse toute alliance avec le « régime des partis ». Or le total des deux partis « hors système » approche alors la moitié du corps électoral. Pour constituer des majorités, il semblait alors qu’il n’y avait pas d’autre solution que de rassembler une partie de la gauche et une partie de la droite. Comment, sur cette base, les majorités peuvent-elles être stables, quel que soit le mode de scrutin ? 

       La République n’a pas souffert d’un mode de représentation qui empêchait la formation de majorité, mais de ce que les majorités du centre tuent la gauche dans ses valeurs et donc dans sa dynamique. De quoi peut mourir la gauche aujourd’hui ? De ce qu’elle se positionne au centre, au nom des contraintes de la « gouvernance ». De quoi peut mourir la République ? De ce que la droite est trop à droite pour la respecter et de ce que la gauche n’est pas assez à gauche pour la défendre.

       Julliard se trompe par ailleurs sur le constat présent. Si la crise est à la fois économique, sociale, politique et morale, c’est que nous subissons les effets d’une trentaine d’années dominées à la fois par la logique économique de l’ultralibéralisme et par la méthode technocratique de la gouvernance. Le pouvoir de décider s’est concentré, la représentation s’est affaiblie, les citoyens se sont sentis écartés. Or c’est l’esprit même des institutions, son présidentialisme et son tropisme bipartisan qui ont généré cette dépossession. 

       Si l’on veut se sortir de la crise, il faut se sortir de cette logique-là. Si la Cinquième République se limitait au changement de mode de scrutin, je comprendrais à la rigueur les doutes qui s’expriment. Mais qui propose de s’en tenir à cela ?

       Le fond de la crise est dans le gouffre qui sépare désormais la société et les institutions politiques. Les citoyens ont le sentiment qu’ils ne sont pas représentés ; ils ont le sentiment que les choses leur échappent de plus en plus. Comment combler ce gouffre ? En améliorant la représentation tout d’abord : en rendant possible une correspondance visible entre les représentants et les représentés, en n’écrasant pas les opinions minoritaires jusqu’à les nier, en déprofessionnalisant la politique, en accélérant la rotation des responsabilités publiques, en élargissant la citoyenneté. Les citoyens se sentent mis à l’écart ? 

       Multiplions les occasions de les associer, de les solliciter, de les impliquer directement, dans l’élaboration de la loi, dans la gestion des biens communs, dans les choix les plus décisifs, nationaux ou supranationaux. Améliorons la représentation et ouvrons la voie à une démocratie d’implication, à la fois politique, économique et sociale. (Les technocrates de Bruxelles sont-ils d'accord?) (...)

    Lire sur:

    °°°
    Luc Desle

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE DISCIPLE QUI SERT LE MAÎTRE
    N'EST QUE LE DISCIPLE)

    @@@

    Dans la série "Les-articles-qu'ils-sont-très-importants-
    -surtout-quand-ce-sont-de-vrais-professionnels-qui-les-
    gribouillent), en voici deux:

    @@@

    "La self-défense, c'est moi qui l'ai
    pratiquement inventée"


    (On ne s'en lasse pas...)

    @@@

    Cours de combat
    Urbangirl

       Les cours de self défense et de combat ont le vent en poupe ! Dans les clubs de sport, on propose de plus en plus de cours de combat pour les femmes. Mais pourquoi cette tendance ?
       Les sports de combat comme le “bodycombat”, “bodyattack”, “box” et tant d’autres mixent plaisir et efficacité ! En plus d’apprendre des gestes de self défense, ces gestes permettent de travailler en souplesse notre silhouette. En bref, ces sports nous musclent autant le corps que le mental !

       Plus qu’un phénomène de mode, aujourd’hui, les attentes des femmes évoluent et elles veulent dorénavant se sentir en sécurité et avoir en gagnant en confiance en soi, c’est le pari que se sont lancés les coach sportifs et les responsables de clubs fitness ! (...)

       Exit le cours de “cuisse-abdo-fessier” qu’on connait tou(te)s, ces sports de combat permettent de travailler l’intégralité du corps (bras, ventre, cuisses, fessier) mais surtout de se défouler et d’assurer une perte de poids, de s’affiner et de se muscler ! (...) 

       Parmi les dizaines de cours existants, il y en aura forcément un qui répondra à vos besoins pour être au top de votre forme ! Débutantes, timides et motivées? Le body combat ou L’adi boxing sont des cours de tonification chorégraphiée, ils renforcent ainsi le système cardiovasculaire. Ce cours reprend des exercices de fitness et des mouvements issus des arts martiaux, le tout en musique ! (...) .

       Plus accessibles que certains sports d’arts martiaux, le body combat et l’adi boxing sont de bons compromis entre le sport pratique, ludique et utile, et les cours de “self defense”. Vous gagnerez ainsi en bien-être pour votre corps et votre esprit ! (...)

    En savoir plus sur 

    "Mais enfin, Chérie, c'était la seule couleur disponible!"

    Sam Peffer (by oldcarguy41)

    @@@

    "Toi, je vais te priver de Facebook...
    Ce truc d'humain ça te donne des
    idées stupides..."



    Une ado privée de Facebook 
    pendant un an par la justice
    Brokenbird

       (...) L’histoire se passe à Brandon, en plein centre du Canada. Une jeune fille de 12 ans a menacé de mort deux de ses camarades. La cause est une banale histoire de coeur et l’adolescente a tenu responsables les deux autres filles de sa détresse. Mais la mère de l’une des deux jeunes filles n’a pas apprécié les menaces en question et a décidé de porter plainte devant les tribunaux.

       La plaignante a demandé que la jeune fille soit bannie de Facebook. La mère de l’accusée a approuvé cette demande, clamant que sa fille « n’avait pas besoin de Facebook ». Le juge a tenu compte que l’adolescente avait déjà été condamnée par ses soins à 50 heures de travaux d’intérêt général étalés sur une période d’un an pour avoir giflé une autre élève de son collège. Il a alors décidé d’étendre la sentence en obligeant la jeune fille à se désinscrire de Facebook jusqu’à la fin de cette période.

       Une décision de Justice pas banale qui montre que le réseau social prend de plus en plus de place dans nos vies. A noter que la jeune fille condamnée n’avait déjà pas le droit de s’inscrire sur le réseau, puisque Facebook est théoriquement interdit aux moins de 13 ans.(...) 
    En savoir plus sur 


    @@@
    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOURIS A LA VIE
    MÊME SI ELLE NE TE SOURIT PAS)

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    "Je n'ai pas, je n'ai jamais eu
    de compte ouvert aux îles Caïmans..."

    «Les politiques ne mesurent pas 
    le niveau d'écœurement des citoyens»
    MANON GAUTHIER-FAURE

       (...) Plusieurs journaux dans le monde, dont The Guardian et le Monde publient les noms d’une série de personnalités et de dirigeants actionnaires de sociétés dans des paradis fiscaux, dont le président d’Azerbaïdjan et l'ancien trésorier de la campagne de François Hollande Jean-Jacques Augier qui aurait investi aux îles Caïman.

       Alors que le monde politique français est déjà secoué par l'affaire Cahuzac, retour sur la situation actuelle en matière de paradis fiscaux et de lutte contre la corruption avec Daniel Lebègue, président de la section française de Transparency International.

       / Les îles Caïman sont-elles un paradis fiscal à part ?

       - Il n'est pas sûr que ce soit un paradis fiscal si différent des autres. Certes, c'est un territoire où il n'y a pratiquement pas d'administration, ni de régulation financière. Il n'y a que très peu, voire pas du tout, de fiscalité de quelque nature qu'elle soit, ou d'impôt sur le patrimoine.

       / La situation a-t-elle évolué au niveau international en matière de paradis fiscaux ?

       - La géographie tient une place importante à ce sujet. Les îles Caïman, les Bermudes ou encore les îles Vierges, sont surtout prisées par les Américains du nord et du sud. Les Asiatiques ont davantage tendance à se tourner vers la République de Nauru, état insulaire d'Océanie. Concernant les Européens, jusqu'en 2008, 2009, ils avaient à leur diposition un large panel : Suisse, Luxembourg, Andorre...

       Mais depuis cette période, des craintes sont apparues sur la pleine application du secret bancaire. Les dossiers qui ont défrayé la chronique, comme UBS, ont également pesé. On remarque maintenant une certaine méfiance. Ces affaires ont été des coups de semonce pour ceux qui se pensaient à l'abri. Donc ceux qui sont aujourd'hui en situation de fraude se déplacent, y compris sur les conseils de leur banque ou de leur gestionnaire de fortune, qui les invitent à placer leur argent sur les îles Caïman par exemple, ou encore à Dubaï et Singapour. Ce mouvement de capitaux se fait aux détriments des places offshore européennes.

       / A combien s'élèvent les pertes de recettes annuelles dues à la fraude et à l'évasion fiscale ?

       - Nous ne disposons pas de statistiques à ce sujet en France ou en Europe. Les études les plus fouillées ont été réalisées par la Commission budgétaire du Congrès américain. Lors d'une conférence de presse organisée en Allemagne en 2011, le ministre du Budget de l'époque, Eric Woerth avait toutefois estimé le montant des pertes de recettes annuelles dues à la fraude et à l’évasion fiscale en France. Elles oscillaient alors entre 25 et 30 milliards d'euros. Or, toutes les augmentations d'impôts que nous avons faites dans le cadre du redressement budgétaire en 2012, et que nous ferons en 2013, équivalent à ces 30 milliards d'euros.

       / Quelle est la part de particuliers et d'entreprises qui ont recours aux paradis fiscaux ?

       - On pourrait attribuer deux tiers de ces pertes de recettes aux entreprises, soit 20 milliards d'euros, en sachant que la moitié correspond peut-être à des fraudes à la TVA. Le dernier tiers, soit 10 milliards d'euros, pourrait être attribué aux particuliers. (...)
    Lire sur:

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    "Pardon, Madame, vous n'auriez pas vu
    Boucle d'Or, par hasard?"


    (Source: pureutopia)

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    "Moi, je ne m'excuse jamais...
    Pas plus que mes petits camarades!"


    Pour être heureux, 
    arrêtons de nous excuser

       (...) «Excuse-toi, tu verras, tu te sentiras mieux après.» Cette phrase, vous l’avez déjà certainement entendue, et pourtant, des chercheurs semblent avoir prouvé le contraire.

       Un post de blog sur le site Smithsonian évoque une étude démontrant que les personnes qui ne s’excusent pas seraient, en définitive, bien plus heureuses que celles qui prennent le temps de le faire.

       «Peut-être que vous lui avez mis ce coup de pied dans les tibias à Jimmy; que vous lui avez piqué quelque chose ou que vous n’étiez qu’un morveux. Mais le pire dans cette histoire n’était pas le fait d’avoir des ennuis ou d’être privé de dessert. En réalité, le plus grave était plutôt de devoir présenter ses excuses.»

       Des chercheurs de l’European Journal of Social Psychology ont demandé aux participants de l'étude de se remémorer des transgressions de leur passé. Des plus petites –comme griller la priorité à un piéton en conduisant en ville– aux plus importantes comme des vols... Les participants étaient ensuite invités à envoyer un mail pour s’excuser de leurs écarts de conduite, ou ne rien faire s'il ne désiraient pas présenter d'excuses.

       Et les résultats de l’enquête sont les suivants: refuser de s’excuser contribue à avoir une «meilleure estime de soi», un sentiment «de pouvoir et de contrôle».

       Arrêter de s’excuser est-il pour autant une bonne idée? Pas sûr, surtout quand on sait que l’excuse a le pouvoir non seulement de rattraper une erreur, mais aussi souvent de consolider une relation personnelle ou professionnelle... à condition de bien le faire. D'ailleurs,un site a même été créé pour vous fournir les meilleures excuses en toute circonstance.

       Et pour ceux qui n'ont pas l'intention d'arrêter de s'excuser, un problème de fond se pose alors: comment distinguer les excuses sincères des excuses forcées? Pour les chercheurs Jane L. Risen et Thomas Gilovich qui ont étudié la question, la conclusion est sans appel: dans nos vies quotidiennes, la majorité des excuses que nous formulons ne sont pas sincères et ne sont généralement formulées que par convenance –le «pardon!» que l'on lance par exemple lorsqu'on bouscule quelqu'un dans la rue.

       «Bien que nous parvenions à faire la distinction entre des excuses forcées et sincères, nous acceptons les excuses lorsque nous sommes dans le rôle de "victime"», apprend-on sur le blog du cours de Cognition sociale de l'Université libre de Bruxelles.

       Et si nous les acceptons, c'est parce que nous sommes nous-mêmes habitués à formuler quotidiennement des excuses par politesse, la sincérité n'intervenant qu'au second plan de ce joli manège.(...)



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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE CHEMIN N'A PAS
    QU'UNE SEULE VOIE)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (87)
    pcc Benoît Barvin


    Sagesse

       "Si vous continuez comme ça, Cher Monsieur, vous courez tout droit à la catastrophe", affirma mon médecin de famille. Question santé, tous mes clignotants étaient au rouge: cholestérol en hausse constante; les sautes d'humeur des battements de mon coeur ne cessaient plus; on venait de me découvrir un début de diabète ainsi que d'autre pathologies qui, accumulées, avaient conduit à un malaise "vagal". Je devais prendre un tas de médicaments et surtout calmer mon stress.

       J'étais comptable dans une petite entreprise qui, en raison de la crise, battait de l'aile. Mon patron m'avait demandé de trafiquer les comptes, pour le bien des employés, paraît-il. J'avais obéi en rechignant, moi qui étais la probité incarnée. Quant à mon épouse, elle m'avait quitté quelques mois plus tôt pour un "godelureau" de dix ans son cadet et elle parlait de m'intenter un procès pour "harcèlement moral", si j'avais bien compris. Bref, mon quotidien était peu tenable. D'où cette santé en dent de scie.

       Je sortais du cabinet lorsque j'avisai, en face, de l'autre côté de la rue, un placard publicitaire qui vantait les mérites d'un petit centre de yoga. "Pourquoi pas?", me dis-je en m'inscrivant au secrétariat. Après tout, moi aussi j'avais eu ma période "Peace and Love" et elle n'avait pas été désagréable, loin s'en faut. Le Maître était un homme d'un certain âge, mince, presque maigre, le crâne rasé, le regard vif, comme hypnotique, vêtu d'un Tee-shirt et d'un pantalon de coton blanc et les pieds chaussés de sandales.

       C'est sa voix qui m'a d'abord impressionné: elle était douce, caressante, mais l'on sentait, en sous-jacence, une force tranquille, sûre d'elle-même et de ses capacités. Maître Chandra avait également un sens évident de la divination: il me brossa un portrait intime de ma situation qui fit beaucoup pour que je devienne un de ses élèves les plus assidus.

       Dire que les postures de yoga me déstressaient serait mentir. Je me sentais mieux dans mon corps; mieux - un peu - dans ma tête, mais l'angoisse me serrait toujours les tripes, surtout quand, après avoir maquillé les comptes, je fus confronté à l'Administration fiscale. Heureusement le Maître m'avait donné des "trucs" pour répondre le mieux possible aux questions insidieuses et je m'en sortis honorablement.

       Pour ma femme, ce fut également aisé de faire comprendre, à la juge devant laquelle nous nous présentâmes, que les accusations de mon ex étaient aberrantes. D'ailleurs l'infidèle s'en rendit compte et elle me proposa de reprendre la vie commune. "Je suis impressionnée, m'avoua-t-elle. Tu as changé... Tu es moins...". "Moins quoi?". Elle rougit, me donna un bref baiser sur les lèvres et s'en fut rejoindre son amant qui me jeta un regard de haine.

       Les séances avec Maître Chandra changeaient peu à peu de nature. L'homme me parlait des Dieux Hindous, mais il abordait également toutes sortes de sujets, notamment philosophiques. Il évoqua la violence qui gangrenait le Monde, avouant qu'elle lui évoquait un cancer sans cesse renouvelé. "C'est bizarre, me fis-je la remarque au bout de six mois de relation assidue. Le Maître me dit toutes sortes de Vérités, il évoque par de jolies formules la Bonté qui réside en chacun de nous, mais je ne suis pas fichu d'en retenir une seule".

       Qu'à cela ne tienne: je me sentais bien, chaque jour,  face à lui, imitant les postures qu'il pratiquait avec une souplesse surprenante pour une homme de son âge. Ma vie s'améliorait: l'entreprise surmontait peu à peu ses difficultés et je n'eus plus besoin de faire ma sale besogne de falsificateur de chiffres. Mon ex ne cessait pas de me tourner autour; nous fîmes de nouveau l'amour. Elle me parla d'enfants...

       Lors de la fête nationale, Maître Chandra me confia une mallette à remettre à un cousin. Je sortis de la salle, confiant en l'avenir, heureux de la tournure prise par les événements. J'avais à peine tourné au bout de la rue que je m'aperçus que j'avais inexplicablement oublié la mallette. Je revins sur mes pas,  alors qu'autour de moi la Ville se préparait pour le défilé. Je traversai la foule qui commençait à piétiner sur les trottoirs, me faufilai dans le centre et débouchai dans la pièce où nous pratiquions les postures.

       Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir Maître Chandra en conversation avec mon épouse et le directeur de mon entreprise. Les trois cessèrent de parler - vivement me sembla-t-il -, pour se tourner dans ma direction. Je parlai de mon "oubli" avec un petit rire d'enfant. Le Maître avoua qu'il avait donné rendez-vous à ma femme et à mon supérieur pour leur parler des "progrès" qu'il constatait dans mon attitude... Nous rîmes tous les quatre. Je sentis quand même que quelque chose n'allait pas, puis le Maître me fourra la mallette dans les mains et m'invita à la remettre à son ami. Ensuite, je devais revenir car il avait une surprise pour moi.

       Le directeur me serra chaleureusement la main et se permit de me donner une tape amicale sur l'épaule. Ma femme, elle, m'embrassa avec tendresse. Je saluai, sortis du centre, tournai à droite en espérant que la bombe qui se trouvait dans la mallette n'explosât pas tout de suite. Comme je connaissais le Sage, il avait dû soigneusement calculer l'instant où le système mortel se déclencherait. Celui de la parade militaire... quand il y a le plus de monde.

       J'étais près d'un poste de Police quand un bref déclic m'apprit que le Maître était plus malin que je ne croyais et qu'il avait même anticipé mon éventuelle découverte de ses activités terroristes...

    ***

    (Petites filles naïves allant à la rencontre du loup)

    Hill


    ***

    (Cette fille n'avait jamais entendu parler du Vinyl maudit. 
    Tant pis pour elle)


    Record Player.

    ***
    (Un... Deux... Trois... Ce sera toi qui mourras...)


    Stick.

    ***
    "Quel chapeau je vais mettre aujourd'hui...?"


    clothesline
    (Cette blonde était légèrement miro)




    ***
    Jacques Damboise

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'INJUSTE PEUT TE SEMBLER JUSTE
    ET VICE ET VERSA)

    +++
    "Attentionem modernismi!"


    Habemus lexico
    Lionel Huot
    Sciences et Avenir

       (...) En 1992, le cardinal Carlo Egger s’est vu confié une mission originale par la Fondation Latinatas : rédiger un dictionnaire latin en créant de nouveaux mots pour décrire des concepts plus modernes. Avec plus de 15000 mots dans ses archives, le Lexicon recentis Latinitatis permet désormais à tous les fidèles de parfaire leur latin moderne. Avec des distributeurs de billets qui s’affichent en latin, on comprend l’utilité d’une telle démarche au Vatican.

    Quelques exemples extraits du dictionnaire :

    abat-jour : umbráculum lámpadis
    baby-sitter : infantária (-ae)
    bar : thermopólium (-ii)
    bus scolaire : discipulorum laophorum
    camping : campus tentórius
    casino : aleatórium
    discothèque : taberna discothecária
    flirt : amor levis
    goulag : campus captivis custodiendis
    kamikaze : voluntárius sui interemptor
    minigolf : pilamálleus mintus
    playboy : iúvenis voluptárius
    popcorn : máizae grana tosta (pl.)
    safari : venátio Africana
    week-end : éxiens hebdómada

       Ainsi, minijupe se dit tunicula minima, cigarette devient istula nicotiana, ou encore ordinateur se traduit par instrumentum computatórium. Plus polémique, le jazz, d’abord traduit par nigritarum musica, a été remplacé par iazensis musica. Bien que le port du préservatif ne soit toujours pas toléré par l’Eglise, il a au moins le droit à une traduction :tegumembra. Impossible de ne pas penser au film de Jean Yanne Deux heures moins le quart avant Jésus Christ !

       Plus sérieusement, on se rappelle que Benoit XVI a annoncé sa démission, lors d’un consistoire ordinaire avec ses cardinaux, en latin. La journaliste italienne Giovanna Chirri, correspondante au Vatican de l’agence de presse ANSA, qui parle couramment le latin, a compris avant tout le monde le discours prononcé. Elle s’est empressée de divulguer l’information, avant la confirmation du porte-parole. Une situation - rare, on vous l'accorde - où la maîtrise du latin moderne fait toute la différence !(...)


    +++

    (Cet étrange monde me perplexifie...)

    Pensive by Carney Malone

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    "Casse-toi de là, sale dopé!
    - Ouch!"


    Dopage: 
    le rugby est le sport le plus touché
    Le HuffPost/AFP

       (...) Le sport le plus touché par le dopage n'est sans doute pas celui que vous croyez. Loin devant le cyclisme, c'est en effet le rugby qui arrive en première position, en proportion des contrôles effectués par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) sur l'année 2012.

       "Je me suis intéressée aux sports sur lesquels au moins 400 échantillons nous sont parvenus en 2012 afin d'avoir des statistiques fiables, explique la directrice du département des analyses de l'AFLD. Huit disciplines correspondent à ce critère. Si nous tenons compte de toutes les molécules interdites présentes sur la liste de l'Agence mondiale antidopage, le sport qui donne le plus haut pourcentage (de cas positifs) est le rugby", a déclaré Françoise Lasne devant la commission d'enquête du Sénat sur l'efficacité de la lutte contre le dopage. "Vient ensuite le football puis l'athlétisme, le triathlon, le basket-ball, le cyclisme, le handball et la natation", a-t-elle déclaré.

       "En proportion, c'est exact, mais il faut relativiser", a développé Bruno Genevois, le président de l'AFLD. "Il faudrait s'appuyer sur des données plus vastes et sur des durées plus longues. On sait par exemple qu'en s'appuyant sur les statistiques de l'AMA (agence mondiale antidopage) pour l'année 2011 par rapport au nombre de pratiquants, c'est l'haltérophilie qui apparaît comme le sport le plus touché". "Par ailleurs, en 2012 comme en 2011, le cyclisme et l'athlétisme ont présenté sur un plan d'ensemble et en valeur absolue le plus d'échantillons anormaux trouvés par l'AFLD", explique Bruno Genevois. (...)

       (...) En 2012, le cyclisme a ainsi représenté 14,9% des résultats anormaux enregistrés par l'AFLD, devant l'athlétisme (12,6%), le rugby (10,4%), le football (6,8%) et le triathlon (4,5%), selon des chiffres communiqués par l'agence. Ces résultats sont à mettre en regard du nombre de contrôles effectués dans chacune de ces disciplines et que la directrice du département des analyses de l'AFLD a livré lors de son audition (et confirmé par l'AFLD dans un communiqué).

       Le cyclisme apparaît ainsi, et de loin, comme le sport le plus contrôlé en 2012, avec 1812 échantillons analysés. Dans l'ordre apparaissent ensuite l'athlétisme avec 1164 échantillons, le rugby (588), le football (548), le handball (452), le triathlon (433), la natation (418) et le basket-ball (394).

       "Ce qui est intéressant, c'est qu'en 2012 comme en 2011, on a retrouvé une assez forte proportion de cannabis et de glucocorticoïdes", souligne le président de l'AFLD. En 2012, les cannabinoïdes (28,4%) et les glucocorticoïdes (22,8%) ont représenté les deux classes de substances le plus souvent détectées, précise l'AFLD.

       Lors de son audition, la directrice du département des analyses de l'AFLD a également procédé à un calcul des sports les plus touchés en proportion des contrôles en excluant le cannabis "un dopant indirect (...) qui n'améliore pas directement la performance". Et c'est de nouveau le rugby qui est apparu malgré tout comme le sport le plus touché. "Si l'on exclut le cannabis, le rugby reste en tête, devant l'athlétisme, le triathlon, puis le cyclisme, la natation, le football, le basket-ball et le handball", a énuméré Françoise Lasne.


    +++
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TANT VA LA BUCHE A l'EAU
    QU'A LA FIN ELLE SE MOUILLE)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (86)
    pcc Benoît Barvin


    Regard

       C'était un beau bébé pesant dans les trois kilos. Un bébé tout rose, le crâne imberbe, avec une bouille ronde, un nez retroussé, une bouche charnue, un sourire charmeur. Une vrai frimousse de publicité. Sauf qu'il y avait ces yeux: des petits trucs ronds, durs, pareils à des billes d'acier, qui vous fixaient comme s'ils voulaient vous perforer l'âme. Et alors que tout le monde s'extasiait, ses parents et mon épouse, je restai debout, mal à l'aise, transpercé par ces yeux que j'estimais méchants car ils ne cessaient de revenir à moi...

       Mon épouse Déborah se retournait souvent dans ma direction, visage extatique, ce qui lui donnait l'air d'une vraie gourde: "qu'il est mignon, ne cessait-elle de répéter, un vrai petit ange". Et elle me serrait convulsivement la main, retournant à son objet d'adoration alors que les heureux parents, eux, ne cessaient d'arborer l'expression niaise de ceux qui sont comblés. Comblés par la naissance de ce faux angelot! Je me retenais à grand peine de ricaner...

       Cette nuit-là, Déborah se montra très réceptive au lit. C'est même elle qui me sauta dessus et fit si bien que la "séance" dura jusqu'au petit matin. Elle était déchaînée, moi pas du tout. Je connaissais les raisons de cet entrain: cela faisait quatre ans, maintenant, que nous essayions d'avoir une enfant, sans succès. La naissance du "bébé" avait enclenché, chez elle, la surmultipliée de ce désir maternel. Moi, je n'avais jamais été taraudé par cette envie. Au fond, me prolonger via une petite larve, ça ne me disait rien.

       J'avais une vie insignifiante. Pas vraiment ennuyeuse, non. Pas exaltante non plus, c'est vrai. Une vie, quoi, un "truc" dans lequel les jours succédaient aux jours, les propos sans intérêt aux actions inutiles... Pas folichonne, cette vie, mais pas inintéressante non plus. Quoique. Bref, entre moi et Déborah ça n'avait jamais été la grande passion et l'exercice physique de la nuit ne fit rien pour la faire naître...

       "Naître"... Nous allâmes deux ou trois fois voir le bébé. Il souriait, vagissait, tétait directement au sein de sa mère. La voisine - Denise - semblait métamorphosée à chaque fois qu'elle sortait son organe, qu'elle le tendait vers la bouche goulue de son rejeton. Celui-ci faisait des bruits dégoûtants en pompant le lait maternel. Jacques, le père, arborait la fierté du mâle qui a produit, du premier coup, une descendance masculine et je savais, pour l'avoir entendu de nombreuses fois me l'avouer, qu'il voulait faire de son "fils" un champion de foot. C'est dire.

       Jacques et Denise... Mon Dieu, quelle engeance. J'oubliais Déborah, bien sûr, dégotée dans la Fac des Lettres où elle apprenait le Français. Elle le baragouinait toujours, après quelques années, enflait peu à peu, bref c'était la classique américaine qui-adore-les-enfants, son-mari-reproducteur et accumule-les-régimes-pour-lui-plaire... Pas sotte, en plus, puisqu'elle officiait en tant  qu'ingénieur en informatique. 

       Jacques, Denise, Déborah... La Sainte Trinité "Travail/Famille/Patrie" que je honnissais, depuis toujours j'en étais sûr, trinité qui faisait de ma vie un banal enfer, mais un enfer quand même. Et voilà qu'à présent arrivait le "gniard". Un lardon qui, chaque fois que j'entrais dans la pièce où il se trouvait, tournait la tête dans ma direction et me plantait son regard féroce dans le mien. Je savais ce qu'il pensait... Je le savais!

       Nos voisins et notre couple avions immédiatement sympathisé. Enfin, à cause de mon épouse, évidemment. Nous passions des soirées à jouer à toutes sortes de jeux de cartes, passion chez Déborah, abhorration chez moi. Les parties duraient une partie de la nuit. Les trois autres prenaient plaisir aux échanges verbaux, et je riais avec eux, avec l'envie de les étriper sur place. Mais, depuis que je suis enfant, j'ai toujours su déguiser mes mauvaises sentiments. Alors j'éclatais également d'un rire hystérique et n'étais pas le dernier à lancer une blague en dessous de la ceinture...

       Il y eut cette fois où, ayant trop abusé d'alcool, tout le monde s'endormit dans le salon, qui dans un fauteuil, qui sur le tapis, qui sur le divan. Pendant la nuit, je sentis des mains qui se faufilaient entre la ceinture de mon pantalon et mon ventre. La suite est facile à deviner: Denise était chatte, chaude, ruisselante. Je l'avoue, ce fut un bon moment. Mais, au petit matin, tout le monde avait repris ses esprits...

       "C'est le tien", disait les yeux de ma voisine, à chaque fois qu'elle me regardait. Elle me l'avoua même, à mi-voix, en me le désignant, un jour. "C'est la conséquence de... enfin tu sais de quoi je veux parler... Jacques est fou de joie. Lui qui se croyait stérile... Tu lui as fait un beau cadeau..."

       Un beau cadeau, ce bambin qui gigotait comme un ver? Un cadeau empoisonné, alors. D'autant qu'il ne m'avait toujours pas à la bonne, même trois mois plus tard. C'était toujours une sorte de concert silencieux quand nos regards croisaient le fer et, à ma grande honte, j'avoue que c'était moi qui rompait le premier le combat.

       Au quatrième mois, ma décision fut prise. Je m'étais renseigné sur la mort subite du nourrisson. Je savais comment m'y prendre. Il fallait que je la supprime, cette sale petite ordure qui allait faire du reste de ma vie, cette fois, une douleur sans nom. Je me fis câlin avec Denise, proposai de garder l'enfant pendant qu'elle irait faire les courses, un jour où je ne travaillais pas. Elle accepta. A peine sa voiture avait-elle disparu de l'allée que je me précipitai dans la chambre du mioche, étreignant un coussin. Il m'attendait. Il souriait, m'a-t-il semblé, alors que j'avançais en brandissant mon engin de mort.

       Je dégoisai toute ma haine, avant de plonger le coussin sur le visage de l'enfant qui se mit à gigoter avec une force peu commune. Je l'entendis même hurler, m'appelant par mon nom, bredouillant que j'étais fou, qu'un père ne pouvait pas faire ça. Si, je le pouvais. Je le devais même...

       Et puis il se dégagea, à ma grande surprise. Je reçus un coup violent dans le visage. Sonné, je fis trois pas en arrière, alors qu'on me saisissait. Je me débattis et, de nouveau, on me frappa. Je m'effondrai, ceinturé par des mains vigoureuses. Quelqu'un - Déborah? - lançait des phrases incohérentes: "Précipité vers moi... m'étranglait... Si tu n'étais pas arrivé à ce moment... Jacques! Il est fou! Fou!".

       Quelque chose de dur résonna sur le haut de mon crâne. Une douleur subite m'envahit. Je poussai un beuglement: "Mais je ne te veux aucun mal, Déborah! Lâchez-moi! C'est le bébé! Cette saloperie de gniard! C'est l'enfant du Diable, vous ne voyez pas! Il faut le supprimer!!!"

       Alors, la voix déformée par l'émotion, j'entendis clairement Denise bredouiller: "Le bébé? Quel bébé? Il n'y a jamais eu de bébé... Oh Mon Dieu, Déborah! Tu as raison, ton mari est complètement dingue... Appelle les flics!"

       Un dernier coup, asséné par Jacques, je suppose, me fit glisser dans des gouffres amers.

    ***
    (Madame Zaza effleurant une fausse marguerite)


    Jacques TARDI - Sketchbook, 1999

    ***
    "Moi aimer toi Princesse...
    - Grand sot! Tu sais parler aux femmes, toi!"


    Caza (B. 1941, Paris) 
    Abzalon 2002

    ***
    (Les officiers d'appontage s'entraînant dans le désert)

    Jacques TARDI - Drawing for the movie “Le Désert Rouge” 
    (The Red Desert) by Antonioni - with actress Monica Vitti - 
    1997 - In french comics magazine (A SUIVRE) 
    Editions Casterman

    ***
    "Mais je suis trop beeellleee...
    Que fais-je donc dans cette page
    où les filles sont moches?"



    ***
    Blanche Baptiste

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (VOIS TOUJOURS LE MEILLEUR
    DU MEILLEUR)

    ***
    "Une conférence de qui?
    - Wouahahahahahaha!!!"

    Aller voir Nicolas Sarkozy en conférence, 
    combien ça coûte ? (en neurones?)
     Etienne Comte

       (...) Depuis qu'il n'est plus président de la République (mais l'a-t-il jamais été?), Nicolas Sarkozy gagne sa vie en donnant des conférences. Sa nouvelle orientation est un succès puisque, selon les estimations, il gagne entre 100 000 et 250 000 euros par intervention (pour des prestations durant rarement plus de deux heures).

       Habituellement, l'organisateur débourse une somme pharaonique et accueille gratuitement ses invités. Ce n'est pas le cas de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain (CCMM) qui fait payer (cher) le ticket d'entrée (voir les tarifs dans le tableau ci-contre). (...) 



       Le "Billet Général", le plus abordable coûte la bagatelle de 225 dollars canadiens (169€). Et encore, il faut être membre de la CCMM. Pour le spectateur lambda, il faudra payer 325 dollars (243€). Et ne vous réjouissez pas trop vite : les prix indiqués sont hors taxes.

        Malheureusement, la réduction de 10% pour la location d'une table de 10 personnes est aussi réservée aux membres. (...) 

       Pour les fans absolus de l'ancien président, 150 places d'exception sont à vendre au prix de 795 dollars (595 euros). Les possesseurs de ces billets d'exception seront assis aux premiers rangs, seront autorisé à pénétrer le salon VIP (pénétrer le salon VIP... Miam!) et auront le plaisir d'être pris en photo individuellement avec Nicolas Sarkozy. Ce dernier devra donc enchaîner 150 clichés avec un grand sourire. Attention au claquage des zygomatiques. (...)

       Peut-être soucieuse de justifier ces tarifs très onéreux, la CCMM a légèrement gonflé le CV de Nicolas Sarkozy. La Chambre de Commerce lui a attribué à tort un diplôme de Sciences-Po Paris. L'ancien président n'avait jamais obtenu ce sésame, la faute à une note éliminatoire en anglais. Fort heureusement, l’événement se tiendra en français. (français causé ou parlé?) (...)


    ***
    (Député hésitant entre son mandat 
    et son porte-feuille d'actions)


    Substitutes for Said (T-Y)
    ***
    "Tu veux des conseils, peut-être?
    J'te les fais gratos!"


    De Fillon à Chatel : 
    enquête sur les députés 
    qui vendent leurs conseils
    (et leur âme... mais cela fait longtemps)
    François Krug

       (...) Le cas des députés-consultants n’avait jusqu’ici guère ému l’Assemblée nationale. En 2011, l’écologiste François de Rugy avait bien proposé à ses collègues d’interdire cette double activité, mais n’avait pas réussi à les convaincre. (...)

       François Hollande l’a promis la semaine dernière, en annonçant sa grande loi post-Cahuzac : certaines activités seront désormais interdites aux parlementaires. Le texte ne sera présenté en Conseil des ministres que mercredi prochain, mais selon Le Canard enchaîné qui a pu le consulter, il précise bien que « l’exercice des professions de journaliste et d’avocat est incompatible » avec un mandat de député ou de sénateur. Cette interdiction concerne aussi les « fonctions de conseil ».

       L’affaire Cahuzac oblige l’Assemblée à se pencher un peu plus sérieusement sur la question. Le consulting devrait faire partie des activités interdites aux parlementaires dans le futur projet de loi organique pour la moralisation de la vie politique (voir l’encadré).

       Combien sont-ils, ces députés-consultants ? Pour le savoir, il ne faut pas compter sur l’Assemblée : contrairement au Sénat et au gouvernement, elle rechigne encore à publier les déclarations d’intérêts de ses membres, recensant leurs éventuelles activités parallèles. (...) 

       (...) Rue89 a identifié ceux qui possèdent leur propre cabinet de consulting, en croisant la liste des députés avec les données des registres du commerce(disponibles sur le site Infogreffe). Cette méthode ne permet pas de mettre en lumière des activités plus discrètes, mais offre une première indication.

       Ils sont actuellement neuf dans ce cas, selon notre décompte. Ils seraient dix si Jérôme Cahuzac ne s’était pas résolu à démissionner : Cahuzac Conseil, désormais célèbre pour ses liens avec les labos pharmaceutiques, est en sommeil depuis la fin des années 90, mais reste inscrite au registre du commerce.

       Parmi ces petits patrons, une vedette : François Fillon. Rue89 avait déjà signalé l’été dernier que l’ex-Premier ministre avait créé en toute discrétion sa société, 2F Conseil. La semaine dernière, en dévoilant sa déclaration de patrimoine sur France 2 et sur son blog, il n’a pas jugé utile d’évoquer cette activité annexe.

       Ce n’était pas un oubli, nous assure la responsable de la communication de François Fillon. La déclaration rendue publique serait tout simplement celle qu’il avait remise à l’Assemblée après les législatives, comme tous les députés. Or, à cette époque, 2F Conseil n’avait encore eu aucune activité. (...) 

       Depuis, la société ne servirait qu’à facturer les prestations de François Fillon lors de conférences, organisées par des entreprises pour leurs cadres et leurs clients. On ne connaîtra pas les noms de ces entreprises, mais pas d’inquiétude :

       « Ce sont des interventions sur les perspectives économiques de l’Europe. Il n’y a aucun souci de conflit d’intérêts, car c’est sa vision (vision?) d’ancien Premier ministre que les gens recherchent. »

       Pour se lancer dans cette nouvelle activité, François Fillon a respecté à la lettre la loi en vigueur. C’est-à-dire en profitant pleinement de ses failles : l’article 146-01 du code électoral interdit seulement à un parlementaire « de commencer à exercer une fonction de conseil qui n’était pas la sienne avant le début de son mandat » ; il n’interdit donc pas explicitement de faire semblant d’avoir été consultant avant le début du mandat, en créant une société peu avant les législatives.


       C’est ce qu’a fait François Fillon, deux semaines avant d’être élu à Paris. C’est aussi ce qu’a fait son ancien ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, désormais vice-président délégué de l’UMP : il a immatriculé sa société LCH début juin 2012.

       L’équipe de Luc Chatel nous précise simplement qu’il se livre à une double activité de conseil « en stratégie et en organisation » et de conférencier (comme l’annoncent déjà les statuts de sa société), et que celle-ci a été déclarée au bureau de l’Assemblée et à sa déontologue (1) (comme l’exige déjà le règlement). (...)


    (1) Sur proposition de M. Claude Bartolone, Mme Noëlle Lenoir a été désignée le 10 octobre 2012, à l'unanimité du Bureau, déontologue de l'Assemblée nationale, après avoir recueilli l'aval des Présidents des groupes d'opposition (on n'attend plus que la désignation de la proctologue de l'Assemblée nationale?)

    Lire sur:

    ***
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (FAIS EN SORTE QUE TES POCHES TROUÉES
    CONTIENNENT BEAUCOUP DE PIÈCES)

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    (Femme indigène à double plateau
    pour mendier deux fois plus)



    cgi.ebay.fr

    Impérialisme : 
    Le combattre ou en être complice ?
    Jean-Pierre Dubois

       (...) Le combat anticolonialiste n’a jamais fait recette en France. Cela tient sans aucun doute au conditionnement idéologique (...) que la bourgeoisie a su mettre en oeuvre pour convaincre l’opinion du bien-fondé de la constitution et de la conservation d’un empire colonial.

       Cela tient aussi au fait, moins reconnu, que les forces impérialistes - toutes à leurs conquêtes territoriales et désireuses de s’assurer la paix sociale à domicile - ont fait en sorte qu’une fraction non négligeable de la population française bénéficie d’une partie de la rente coloniale. (principe qui prévaut pour tous les colonialismes, voir Rome notamment...)

       Dès la fin du XIXème siècle, Engels observait avec consternation comment la classe ouvrière anglaise s’était ralliée à la politique coloniale de son État. En 1858, il notait que celle-ci s’embourgeoisait de plus en plus et que cela lui semblait « logique » dans la mesure où leur nation exploitait « l’univers entier ». [1] Les ouvriers anglais jouissaient « en toute tranquillité […] du monopole colonial de l’Angleterre et de son monopole sur le marché mondial », ajoutera-t-il, plus tard.

       En 1902, c’est John Atkinson Hobson qui observe que les Etats qui possèdent des colonies peuvent à la fois enrichir leur classe gouvernante et corrompre leurs classes inférieures, « afin qu’elles se tiennent tranquilles ». [2]

       Sur ce point, Lénine est de l’avis d’Hobson qu’il cite dans sa célèbre brochure parue en 1916 [3]. Pour le révolutionnaire russe, l’idéologie de l’impérialisme et la défense de sa politique de domination pénètrent toutes les classes sociales, y compris la classe ouvrière.

       Il écrit : « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée […] d’Etats particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier […]. On conçoit que ce gigantesque surprofit […] permette de corrompre les chefs ouvriers et la couche supérieure de l’aristocratie ouvrière. Et les capitalistes des pays avancés la corrompent effectivement : ils la corrompent par mille moyens, directs et indirects, ouverts et camouflés. » Pour parvenir à cette corruption, la bourgeoisie utilise « mille façons » parmi lesquelles les « milliers de sinécures aux dirigeants des coopératives, des syndicats, des chefs parlementaires », note Lénine.

       C’est cette corruption que Hannah Arendt qualifiera, plus tard, de distribution des « miettes du banquet impérialiste ». [4]

       En 1919, le Ier congrès de l’Internationale communiste dénonce la communauté d’intérêts dirigée contre les peuples coloniaux qui enchaîne l’ouvrier européen ou américain à la « patrie » impérialiste.

       En juillet 1920, Lénine revient sur le sujet : « Qu’est-ce qui explique la persistance de ces tendances réformistes en Europe et pourquoi cet opportunisme réformiste est-il plus fort en Europe occidentale que chez nous ? Mais parce que ces pays avancés ont pu bâtir et bâtissent toujours leur culture sur l’exploitation d’un milliard d’opprimés. » [5]

       Commentant les thèses de Lénine, le sociologue brésilien Emir Sader [6] remarque qu’elles permettent d’expliquer comment de larges secteurs de la classe ouvrière des pays capitalistes avancés en sont venus à privilégier les « intérêts nationaux » de leur propre Etat impérialiste au détriment des intérêts des peuples dominés. En quelque sorte, la solidarité nationale a primé sur la solidarité internationale.

       Pour Sader, « la question nationale a croisé le XXème siècle comme une des plus importantes et, en quelque sorte, des plus énigmatiques. Si dans la périphérie elle a assumé le caractère - plus ou moins prononcé - d’anti-impérialisme, de réaction et de résistance à la domination externe, au centre du capitalisme c’est le chauvinisme qui a prédominé ».

       Aujourd’hui, tout comme au temps de leur empire colonial, les Français acceptent très majoritairement les aventures guerrières de leur État en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. Dans le même temps, les partis de la gauche ont non seulement renoncé à s’y opposer mais le plus souvent font leur les « phrases philanthropiques-humanitaires » [7] censées les justifier.

       Le combat politique et les textes théoriques de Lénine et de ses compagnons n’auraient-ils plus rien à nous apprendre ? (...)

    [1] Engels écrivait à Marx : « […] le prolétariat anglais s’embourgeoise de plus en plus, et il semble bien que cette nation, bourgeoise entre toutes, veuille en arriver à avoir, à côté de sa bourgeoisie, une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois. Evidemment, de la part d’une nation qui exploite l’univers entier c’est, jusqu’à un certain point, logique ».

    [2] John Atkinson Hobson, Impérialism, A Study, 1902.

    [3] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

    [4] Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, L’impérialisme, Ed. Fayard.

    [5] IIème Congrès de l’Internationale communiste.

    [6] Emir Sader est diplômé de l’université de São Paulo (philosophie et science politique). Penseur d’orientation marxiste, il est membre du conseil éditorial du périodique anglais New Left Review. Il a présidé l’association latino-américaine de sociologie (ALAS, 1997-1999) et est un des organisateurs du Forum social mondial.

    [7] Expression utlisée dans une résolution du Ier congrès de l’Internationale communiste : « La question coloniale révéla clairement que la conférence de Berne était à la remorque de ces politiciens libéraux-bourgeois de la colonisation, qui justifient l’exploitation et l’asservissement des colonies par la bourgeoisie impérialiste et cherchent seulement à la masquer par des phrases philanthropiques-humanitaires ». La conférence de Berne en février 1919 était une tentative des partis sociaux-démocrates de faire renaître la Deuxième Internationale.


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    (Dieux parla à la femme
    et la supplia d'être moins nue)

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    "Vous voulez bien être nos ami(e)s?
    - Et nous apporter des bananes, surtout...
    - Tais-toi! Ils vont croire qu'on
    est intéressés..."


    Le bavardage, des primates à Facebook
    Fmariet

       (...) Robin Dunbar, Grooming, Gossip and the Evolution of Language, Cambridge, Harvard University Press, 1996, 230 p., Bibliogr., Index
       
       L'ouvrage de Robin Dunbar, publié dix ans avant le développement des réseaux sociaux, permet de mieux comprendre leur rôle et certaines de leur propriétés et limites

       (...) Le bavardage, terme péjoratif, traité avec condescendance serait en réalité essentiel. D'où le succès des réseaux sociaux numériques qui accordent au bavardage une place primordiale.

       Le langage est d'abord fait pour bavarder, pour se tenir au courant de la vie alentour, des proches, famille élargie, voisins, collègues, amis, etc. On bavarde dès la prime enfance. On bavarde en attendant, on bavarde au bistrot, dans les boutiques, on papotait à la veillée, on papote devant la télé, lors des cérémonies religieuses, au marché, dans la cour de récréation ; bavarder, c'est "rapporter" les toutes petites choses de la vie, parler pour ne rien dire sauf l'essentiel "tu es là, je suis là, voilà ce qui se passe". Le bavardage est tellement fondamental et urgent qu'il s'infiltre partout, même dans les réunions professionnelles, les conférences, les cours. Rien ne résiste à la tentation du bavardage. On "veut dire" ("You see what I mean"...), on répète...

       Racontars et commérages : le bavardage est formé d'énoncés échangés sur le monde qui "nous regarde", des autres qui nous intéressent (l'entre-nous : inter-esse) : qui fait quoi, avec qui ? Qu'est-ce qu'elle / il devient (gestion des stratégies amoureuses et matrimoniales) ? Qui dit du bien / du mal, elle le trompe, tu as vu comment il l'a regardée, tu crois qu'il est gay, etc. ? Que font ses enfants ? Et tout cela à propos des voisins, des collègues, des copains d'avant, des décès et des mariages, des récoltes.

       Pour Robin Dunbar, ce qui fait marcher le monde, le lubrifie en quelque sorte, est ce bavardage continu, sorte de grooming verbal : "it's the tittle-tattle of life that makes the world go round, not the pearls of wisdom that fall from the lips of the Aristotles and the Einsteins" (Ce sont ces petites saveurs de vie qui font le Monde, pas les perles de Sagesse sortant des lèvres d'Aristote ou d'Einstein) . "L'universel reportage" que dénonçait Mallarmé (et qu'illustraient selon lui les journaux) importe donc davantage que "l'absolu". Robin Dunbar réhabilite le bavardage.

       Le bavardage (gossip), interprété comme grooming, est déterminant pour l'entretien de la réputation, la gestion de l'influence (le rôle des invitations, des repas, etc.), de l'image.    Echanges, partages d'information, recommandations, complicité... 

       Les humains évoluent au sein de réseaux sociaux dont la taille maximum est de l'ordre de 150 personnes ("cognitive limit", "Dunbar's Number"). Au-delà, on ne sait plus de qui l'on parle, qui nous parle, ni à qui l'on parle. Que signifie, dans cette optique, 500 amis ou plus sur Facebook ? Tous les amis ne se valent pas (quantilage ?).

       - Le cercle restreint des personnes avec qui l'on a des relations étroites ("people with whom you can simultaneously have a deeply empathic relationship"), les "intimes", compte une quinzaine de personnes. C'est le nombre que l'on obtient si l'on demande à quelqu'un le nombre de personnes dont le décès le / la dévasteraient ; en moyenne, il / elle en cite en moyenne une douzaine (son nom : "the sympathy group").
       - La fréquence des inter-relations au sein d'un groupe varie avec sa taille. Couverture / répétition ?
        - La presse locale peut alimenter ce bavardage avec ses rubriques de faits divers locaux, son état-civil) ; la presse magazine peut aussi étendre le bavardage à des inconnus, des "people" ("intimate strangers"). 

       Si l'évolution du langage va dans le sens de l'optimisation du temps disponible pour les interactions (le grooming original prenant trop de temps), le réseau social avec son bavardage numérique représente-t-il le stade supême du grooming ? Les réseaux sociaux n'inventent pas le social, ils l'industrialisent, réseaux de sociétés qui n'ont plus le temps (cf. "It's complicated. C'est la faute à Facebook" !).

       Comment évoluera le bavardage ? Avec la communication numérisée (omniprésence, photographie et vidéo), le bavardage qui était jusqu'à présent un discours sans trace est désormais enregistré, écrit, réduit en data et metadata, stocké. Sa valeur pour le ciblage publicitaire est incomparable, d'autant que, pour l'instant, cette data est collectée gratuitement.
    .
    En savoir plus sur 

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    Luc Desle (avec le bref concours de Jacques Damboise)

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